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l 'étude.

Publié le 19/01/2013

Extrait du document

l 'étude. E n effet, Socrate, si t u veux b ien r éfléchir s ur ce q u'on a ppelle c hâtier les m échants, e t s ur l a f orce a ttachée à c ette p unition, t u y r econnaîtras l 'opinion o ù s ont les h ommes q u'il d épend d e n ous d 'être vertueux. P ersonne n e c hâtie c eux q ui se s ont r endus c oupables d 'injustice, p ar l a seule raison q u'ils o nt c ommis u ne i njustice, à m oins q u'on n e p unisse ( 324b) d 'une m anière b rutale e t d éraisonnable. Mais, l orsqu'on fait savant d e sa raison d ans les châtiments q u'on inflige, o n n e p unit p as à c ause d e l a faute passée; c ar o n n e s aurait e mpêcher q ue c e q ui e st fait n e s oit fait, mais à cause d e l a f aute à venir, afin q ue l e c oupable n 'y r etombe p lus, e t q ue s on c hâtiment r etienne c eux q ui e n s eront les témoins. E t q uiconque p unit p ar u n tel m otif e st p ersuadé q ue l a vertu s 'acquiert p ar l 'éducation: aussi se proposet-il p our b ut e n p unissant d e d étourner d u vice. Tous c eux d onc q ui i nfligent d es p eines, (324c) soit e n p rivé, s oit e n p ublic, p artagent c ette o pinion. O r, t ous les h ommes p unissent e t c hâtient c eux q u'ils j ugent c oupables d 'injustice, e t les A théniens, tes concitoyens, a utant q ue p ersonne. D onc, suivant ce r aisonnement, les A théniens n e p ensent p as m oins q ue les autres, q ue l a vertu p eut ê tre acquise e t enseignée. Ce n 'est d onc p as sans raison q ue tes citoyens t rouvent b on q ue l e f orgeron e t le c ordonnier a ient p art a ux d élibérations p olitiques, e t q u'ils r egardent l a v ertu c omme p ouvant ê tre e nseignée e t a cquise. Voilà q ui est, ce m e s emble, suffisamment d émontré. ( 324d) Il r este e ncore u ne d ifficulté à éclaircir, e t q ui a p our o bjet les h ommes v ertueux. T u m e d emandes p ourquoi ils f ont a pprendre à l eurs e nfants t out c e q ui d épend d es m aîtres, e t les r endent h abiles e n t outes c es choses, t andis q u'ils n e s auraient les r endre m eilleurs q ue l e d ernier d es citoyens d ans l a v ertu o ù ils e xcellent e ux-mêmes. Ici, S ocrate, j e n 'aurai p lus r ecours a u m ythe, mais j 'emploierai l e discours o rdinaire. Fais-toi, j e t e p rie, les réflexions suivantes. Y a-t-il o u n on u ne c hose u nique ( 324e) q ue t ous les citoyens n e p euvent se d ispenser d 'avoir a fin q ue l a c ité puisse subsister? D e c e p oint d épend l a levée d e t on d oute, e t l 'on n e s aurait r ésoudre l e p roblème a utrement. C ar s 'il y a effectivement u ne c hose d e c ette n ature, e t q ue c e n e s oit n i l 'art d u c harpentier, n i celui d u f orgeron o u d u c ordonnier, m ais l ajustice ( 325a), l a t empérance, l e fait d 'être p ieux, c e q ue j 'appelle e n u n m ot l a v ertu c onvenable à l 'homme, s 'il est nécessaire q ue t ous participent à c ette v ertu e t q ue c hacun e ntreprenne avec elle t out c e q u'il a d essein d e faire e t d 'apprendre, e t j amais sans elle, q ue l 'on i nstruise e t q ue l 'on c orrige q uiconque e n est d épourvu, e nfant, h omme, f emme, j usqu'à c e q u'il d evienne m eilleur, e t q ue l 'on chasse d e l a c ité o u q ue l 'on fasse m ourir 41 p arce q ue n on r écupérable (325b) celui q ui n e s era pas docile a ux c orrections e t a ux i nstructions, s'il e n e st ainsi, e t si, malgré cela, les h ommes v ertueux e nseignent à l eurs e nfants t out l e reste, e t n e l eur a pprennent p as l a v ertu, c onsidère q uels drôles d 'hommes v ertueux ils d eviennent p ar là! Nous avons d émontré q u'en privé c omme e n p ublic ils p ensent q ue l a v ertu p eut s 'enseigner. C ette v ertu é tant d onc u n f ruit d e l 'éducation e t d e l a c ulture, se p ourrait-il q u'instruisant l eurs enfants s ur t outes les autres choses, d ont l 'ignorance n e f ait e ncourir n i la p eine d e m ort, n i a ucun a utre c hâtiment, (325c) ils n e l eur e nseignassent p oint, e t n e se d onnassent p as tous les soins possibles p our l eur f aire a pprendre l a vertu, l orsque, s'ils n e l 'apprennent e t n e l a cultivent, ils s ont e xposés à la m ort, à l 'exil, e t o utre l a m ort, à l a confiscation d e l eurs b iens, et, p our l e d ire e n u n m ot, à l a r uine e ntière d e l eur f amille? N on, S ocrate, il f aut c roire, a u c ontraire, q u'ils le font. E n r éalité, e n c ommençant d epuis l 'âge l e p lus t endre, ils les i nstruisent e n l eur d onnant d es leçons, e t ils n e c essent d e le faire d urant t oute l eur vie. Aussitôt q uel' e nfant c omprend c e q u'on lui dit, la n ourrice e t l a m ère, le p édagogue 42 e t l e p ère l ui-même d isputent à l 'envi (325d) à q ui d onnera à l 'enfant l a p lus excellente é ducation, lui e nseignant e t l ui m on- t rant d u d oigt, à c haque p arole e t à c haque a ction, q ue telle c hose e st j uste e t q ue telle a utre e st i njuste; q ue c eci e st b eau, e t c ela l aid; q ue c eci est p ieux, e t c ela i mpie; q u'il f aut f aire ceci, e t n e p as faire cela. S 'il e st d ocile à ces leçons, t out va b ien; s inon, ils le r edressent p ar les m enaces e t les coups, c omme o n r edresse u n a rbre t ortu e t c ourbé. Ils l 'envoient e nsuite à l 'école, c hez u n m aître a uquel ils r ecommandent b ien p lus d'avoir soin d e f ormer ses m oeurs ( 325e), q ue d e l 'instruire d ans les lettres e t d ans l 'art d e t oucher l a c ithare. C 'est aussi à q uoi les m aîtres a ccordent l eur p rincipale a ttention, e t l orsque les e nfants a pprennent les lettres, e t s ont e n é tat d e c omprendre les écrits, c omme a uparavant les discours, ils l eur d onnent à l ire s ur les bancs, e t les obligent à a pprendre p ar c oeur les vers d es b ons p oètes, (326a) o ù se t rouvent q uantité d e p réceptes, d e d étails instructifs, d e l ouanges e t d 'éloges d es g rands h éros d es s iècles passés, afin q ue l 'enfant se p orte, p ar u n p rincipe d 'émulation, à les imiter, e t c onçoive le d ésir d e l eur r essembler. Les m aîtres d e c ithare e n u sent d e m ême : ils o nt s oin q ue les e nfants soient s avants e t n e c ommettent a ucun m al. D e p lus, lorsqu'ils l eur o nt a ppris à m anier l e c ithare, ils l eur e nseignent les p ièces d es b ons p oètes l yriques 43 , ( 326b) e n les l eur f aisant e xécuter s ur l 'instrument; ils o bligent e n q uelque s orte l e r ythme e t l 'harmonie

« la vertu comme pouvant être enseignée et acquise.

Voilà qui est, ce me semble, suffisamment démontré.

(324d) Il reste encore une difficulté à éclaircir, et qui a pour objet les hommes vertueux.

Tu me demandes pourquoi ils font apprendre à leurs enfants tout ce qui dépend des maîtres, et les rendent habiles en toutes ces choses, tandis qu'ils ne sauraient les rendre meilleurs que le dernier des citoyens dans la vertu où ils excellent eux-mêmes.

Ici, Socrate, je n'aurai plus recours au mythe, mais j'emploierai le discours ordinaire.

Fais-toi, je te prie, les réflexions suivantes.

Y a-t-il ou non une chose unique (324e) que tous les citoyens ne peuvent se dispenser d'avoir afin que la cité puisse subsister? De ce point dépend la levée de ton doute, et l'on ne saurait résoudre le problème autrement.

Car s'il y a effectivement une chose de cette nature, et que ce ne soit ni l'art du charpentier, ni celui du forgeron ou du cordonnier, mais lajustice (325a), la tempérance, le fait d'être pieux, ce que j'appelle en un mot la vertu conve­ nable à l'homme, s'il est nécessaire que tous partici­ pent à cette vertu et que chacun entreprenne avec elle tout ce qu'il a dessein de faire et d'apprendre, et jamais sans elle, que l'on instruise et que l'on corrige quiconque en est dépourvu, enfant, homme, femme, jusqu'à ce qu'il devienne meilleur, et que l'on chasse. »

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