La bataille romantique

UNE RÉVOLUTION LITTÉRAIRE A LONG TERME

• Après les Méditations, il ne faudra pas moins de dix années

pour voir se constituer définitivement la doctrine romantique.

Deux causes principales expliquent ia lenteur de cette révolution

littéraire :

1° La ·France ayant été le berceau du rationalisme classique,

la résistance des partisans du classicisme aux idées nouvelles

y reste infiniment plus forte qu'ailleurs.

2° D'autre part, pendant longtemps, la politique entretient

la confusion dans les rangs romantiques eux-mêmes, et l'idée

de révolution littéraire ne s'impose que très progressivement

aux esprits.

• Si l'on veut comprendre le sens de la révolution romantique,

il faut donc suivre pas à pas cette lente recherche d'une unité.

1. LA CONFUSION (1820-1823).

• De 1820 à 1823 environ, bien que l'idée de Romantisme commence

à s'imposer et qu'on cherche de toutes parts à la définir,

ses partisans eux-mêmes sont loin de former un groupe

homogène. Tandis que les uns, réunis autour de Victor Hugo

et de quelques jeunes poètes inféodés au parti conservateur,

continuent à y voir surtout l'expression d'une sensibilité

nouvelle et d'aspirations religieuses et spirituelles, d'autres,

réunis autour de Delécluze et de Stendhal, héritiers de

Mme de Staël et libéraux en politique, entrevoient déjà plus

nettement la nécessité d'une révolution littéraire.

II. PREMIERS COMBATS (1824-1826).

• De 1824 à 1826, les deux groupes restent nettement distincts.

Mais la guerre que les partisans du classicisme ont déclarée

aux Romantiques leur fait sentir de plus en plus la nécessité

de s'unir, et ils se rendent compte peu à peu que c'est autour

des problèmes du théâtre qu'ils peuvent se rejoindre et

triompher.

III. L'UNITÉ (1827-1830).

• Vers 1827, Victor Hugo et ses amis glissent vers le libéralisme,

et le« Cénacle«, en réunissant les deux groupes, assure l'unité

du mouvement, que plusieurs manifestes, dont le plus important

est la Préface de Cromwell (1827), puis enfin la bataille d'Hernani

(1830) conduisent à la victoire.