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La fortune des Rougon, chapitre 7: La crise de la tante Dide.

Publié le 24/09/2010

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Introduction:

La Fortune des Rougons est un roman écrit par Zola(1840-1902) en 1871. Il s'agit du premier volume du cycle des Rougon-Macquart. Le cadre est une petite ville appelée Plassans, qui correspond à Aix-en-Provence où Zola a passé son enfance et une partie de sa jeunesse ainsi qu'à Lorgues, dans le Var, où se sont déroulés en décembre 1851 les évènements inssurrectionnels décrits dans le roman.

Dans le chapitre 7, qui montre la corruption de Pierre Rougon et la folie d'Adélaïde (Tante Dide), nous pouvons voir qu'il nous indique la suite du cycle et qu'il reprend les caractèristiques des intrigue, folies et complots.  Nous allons voir tout d'abord qu'il s'agit d'une scène de délire hystérique, puis qu'il s'agit d'un dénouement tragique et enfin que cet extrait est une scène fondatrice pour l'ensemble du cycle.

 

Texte:

« Le prix du sang, le prix du sang ! dit-elle, à plusieurs reprises. J'ai entendu l'or… Et ce sont eux, eux, qui l'ont vendu. Ah ! les assassins ! Ce sont des loups. « Elle écartait ses cheveux, elle passait les mains sur son front, comme pour lire en elle. Puis elle continua :

« Je le voyais depuis longtemps, le front troué d'une balle. Il y avait toujours des gens, dans ma tête, qui le guettaient avec des fusils. Ils me faisaient signe qu'ils allaient tirer… C'est affreux, je les sens qui me brisent les os et me vident le crâne. Oh ! grâce, grâce !… Je vous en supplie, il ne la verra plus, il ne l'aimera plus, jamais, jamais ! Je l'enfermerai, je l'empêcherai d'aller dans ses jupes. Non, grâce ! ne tirez pas… Ce n'est pas ma faute… Si vous saviez… « Elle s'était presque mise à genoux, pleurant, suppliant, tendant ses pauvres mains tremblantes à quelque vision lamentable qu'elle apercevait dans l'ombre. Et, brusquement, elle se redressa, ses yeux s'agrandirent encore, sa gorge convulsée laissa échapper un cri terrible, comme si quelque spectacle, qu'elle seule voyait, l'eût emplie d'une terreur folle.

« Oh ! le gendarme ! « dit-elle, étranglant, reculant, venant retomber sur le lit où elle se roula avec de longs éclats de rire qui sonnaient furieusement.

Pascal suivait la crise d'un œil attentif. Les deux frères, très effrayés, ne saisissant que des phrases décousues, s'étaient réfugiés dans un coin de la pièce. Quand Rougon entendit le mot de gendarme, il crut comprendre ; depuis le meurtre de son amant à la frontière, tante Dide nourrissait une haine profonde contre les gendarmes et les douaniers, qu'elle confondait dans une même pensée de vengeance.

« Mais c'est l'histoire du braconnier qu'elle nous raconte là «, murmura-t-il.

Pascal lui fit signe de se taire. La moribonde se relevait péniblement. Elle regarda autour d'elle, d'un air de stupeur.

 

Analyse:

I/ Une scène de délire hystérique:

a)Des propos incohérents.

Les segments de phrases qu'elle prononce n'ont aucun rapport. Elle ne s'adresse à personne.

Délire personnel « j'ai entendu l'or «. Pas de sens (au premier abord).

b)Réaction de la tante Dide à ce dont elle a été témoin.

Témoin d'une chose traumatisante.

« J'ai entendu l'or « = référence à l'argent que Rougon a passé à Antoine (fausse prise de la mairie pour héroïser Rougon). 

« Il n'y avait qu'un enfant et il l'ont mangé « = Métaphore sur Silvère.

Le narrateur et elle sont les seuls à savoir pour le meurtre de Silvère.

Ses propos deviennent compréhensibles en les interprétant.

Discours se terminant par une malédiction « Maudits! Maudits! « = réf. aux tragédies grecques. 

C'est une intuitive, elle avait prévue que Silvère risquait un danger.

 

Passage important qui présente le caractère du nerveux. Montre la croyance de Zola en la méthode de l'humain humoral (Les sanguins: les coléreux, Les biles jaunes: les nerveux, Les biles noires: les mélancoliques, Les lymphatiques: ceux qui ne s'énervent jamais).

 

II/ Le dénouement tragique:

a)Dénouement construit.

On s'appuie sur la structure du roman, les cinq premiers chapitres suivent un fil conducteur: la colonne des Insurgés. À la fin du cinquième chapitre, Miette est tuée, Silvère emprisonné.

La mort de Silvère nous est toujours racontée en analepse. Le roman commence par leur amour et se termine par la mort de Silvère, au même endroit, l'aire St Mittre. 

Tante Dide annonce le dénouement tragique, accuse, dévoile les passions = jalousie, cupidité...

b)Scène révélatrice des autres personnages.

« Pascal, les larmes aux yeux «. Pascal est le bon fils, l'exception de la famille, il a peur pour Silvère « j'ai un doute affreux « et veut le sauver.

Pierre est quelqu'un qui se dissimule, il est hypocrite. Il a peur d'être compromis car il comprend l'allusion à l'or. 

On rappelle sa cupidité « l'ancien marchand d'huile «.

Il décharge sa responsabilité sur les autres. 

 

Cette extrait sert de révélateur pour les personnages tout en participant au dénouement, proche. 

 

III/ Une scène fondatrice pour le cycle:

a)La place importante donnée à Pascal.

Pascal a le rôle le plus actif pour le soin de Dide.

Dernier paragraphe en focalisation interne sur Pascal, rapporte son monologue intérieur.

« il crut entrevoir « = vision du futur, révélation.

La tante Dide somatise: elle passe sa maladie des nerfs à certains de ses descendants, dont Pascal.

C'est le porte-parole des idées naturalistes de Zola. « Il étudiait cette mère et ses fi ls «.

Il désapprouve sa famille, et privilégie son métier.

b) L'avenir des Rougon-Macquart

Basé sur deux métaphores. 

-Lignes 38 à 42. Champ Lexical des végétaux « germe «, « souche «...

On trouve cette métaphore dans la théorie de Zola. 

-Les loups.

Image de l'or et du sang, jaune et rouge, l'argent et la mort. 

 

Le docteur Pascal est un double de Zola, et il donne l'impression de connaître déjà la suite du cycle.

Son monologue intérieur reflète bien cette pensée.

 

Conclusion:

Zola construit son roman de façon très complexe. On reprend les angoisses, les presciences de la tante Dide et les intrigues des Rougon. Le docteur Pascal sort du lot.

 

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