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La liberté : un mythe ou une réalité ?

Publié le 17/01/2011

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Toutes les semaines, nous entendons parler de personnes injustement incarcérées pour avoir dit ou fait quelque chose qui va à l’encontre du mode de pensée du dirigeant de leur pays respectif. Cela nous amène vers la problématique suivante : « L’être humain est-il complètement libre? «. Plusieurs croient, comme le philosophe René Descartes (1596-1650) qui avait une conception rationaliste de l’être humain, que toute personne est libre si elle le veut car son âme a la faculté de penser. Cependant, d’autres prônent la conception déterministe de l’être humain qui dit que l’homme n’est pas libre car « tout événement (ou toute action) est déterminé par la totalité des événements antérieurs. « (Métayer, La philosophie éthique, édition ERPI Canada, p.176). Dans ce texte, nous allons défendre la thèse que l’être humain n’est pas complètement libre car il est déterminé par son environnement.

 

Premièrement, Descartes est né presqu’un siècle après le début de la Renaissance. Grand mathématicien et physicien (il est l’inventeur du plan cartésien), il est surtout reconnu comme étant le père de la philosophie moderne. Cette période de l’histoire française a grandement contribué à changer la place de l’homme par rapport au monde, à l’univers. La Révolution copernicienne est ce qui a particulièrement causé tout cette remise en question. Ainsi, le géocentrisme (théorie selon laquelle les humains et la Terre sont au centre de l’univers) laisse de plus en plus sa place à l’héliocentrisme (le fait que les planètes tournent au tour du soleil). Les gens doutent de plus en plus des dogmes établis par l’église.

D’après Descartes, l’être humain est complètement libre s’il le veut, car son âme peut penser : elle a le pouvoir de critiquer, d’agir, de choisir, etc. La raison est ce qui nous caractérise, ce qui nous différencie par rapport aux autres animaux, parce qu’elle nous permet de douter de tout ce qui nous entoure, même de nos sens. Prenons en exemple la couleur des objets. Nous savons maintenant que si un objet est vert, c’est qu’il reflète le vert et qu’il est en fait un mélange de toutes les autres couleurs. Sur ce point, le sens de la vue est trompeur en quelque sorte, mais comme l’homme a la raison, il est libre de ne pas se laisser tromper et de comprendre le phénomène.

Descartes explique également, à l’aide de sa conception rationaliste de l’être humain, le fait qu’il nous est possible de contrôler certaines pulsions corporelles (qu’il appelle « passions «). Même si l’instinct de reproduction pousse à faire le contraire, il est possible pour toute personne de refuser de « coucher « avec quelqu’un d’autre si la situation ne favorise pas un rapport sain. Bref, l’être humain est libre puisqu’il a la faculté de penser.

 

Contrairement à Descartes, les penseurs prônant la conception déterministe de l’être humain croient que nous ne sommes pas libres, car tout est déterminé à l’avance par les événements du passé, tout ce qui doit arriver est nécessaire sans que notre volonté puisse changer quoi que ce soit. Cette perception se base sur le principe de causalité : tout effet a une cause. L’Américain Skinner (1904-1990), qui est un des nombreux penseurs influents du déterminisme, est un psychologue et un des plus grands scientifiques du 20e siècle. Il s’est beaucoup inspiré des travaux de Pavlov et de Locke (deux noms importants du mouvement déterministe) pour réaliser ses expériences sur les animaux et écrire des œuvres célèbres et controversées telles que L’analyse expérimentale du comportement (1969) ou bien Par delà la liberté et la dignité (1971). Il devint directeur du laboratoire de psychologie de l’Université de l’Indiana durant la 2e guerre mondiale. Les États-Unis de l’époque avaient énormément de préoccupations importantes, c’est pourquoi il fut en mesure de réaliser ses expériences comme bon lui semblait.

Selon les divers penseurs qui ont une perception déterministe de l’homme, nous ne sommes pas libres : « En fait, nous n’avons ni le choix de l’action, ni le choix de nos conduites, car ces dernières sont programmées par nos gènes ou par l’éducation que nous avons reçue tout au long de notre apprentissage de la vie en société. « (Cuerrier, L’être humain, 2005, édition Chenelière, Montréal). Ceux qui, comme Skinner, prônent le béhaviorisme (position du déterminisme selon laquelle tout être humain est déterminé par des acquis tels que l’éducation ou la culture de son pays) affirment que nous sommes déterminés par notre environnement. Prenons en exemple l’expérience qu’a réalisé Skinner sur un pigeon. Il a réussi à faire picorer l’oiseau sur un disque lumineux afin qu’il obtienne sa nourriture. Ce comportement, qui n’est pas naturel, a été appris à cause d’une influence provenant de l’environnement extérieur. Il en est de même pour les humains, sauf que l’environnement extérieur est ce qui regroupe éducation, société, etc. Notre environnement peut nous conditionner à faire certaines choses qui nous n’aurions pas fait normalement : nous nous sommes adaptés à lui.

Plusieurs autres optent pour la position biologique du déterminisme qui est que nos choix, nos actions et nos comportements sont déterminés par nos gènes, nos talents ou nos instincts. Cette branche du déterminisme explique notamment pourquoi un enfant qui vient tout juste de naître a déjà le réflexe de respirer, sait comment retirer et boire le lait de sa mère, etc. Bref, l’être humain n’est pas complètement libre car tout ce qu’il fait est déterminé à l’avance par son environnement et sa biologie.

 

En ce qui me concerne, j’opte pour la théorie déterministe car je crois que l’être humain n’est pas complètement libre parce qu’il est déterminé par son environnement et, de moins grande envergure, par sa biologie. Même si nous avons la faculté de penser, il y a tellement d’éléments extérieurs qui influencent nos réflexions de nos jours que nous ne pouvons nous considérer comme étant « libres «.

Certes, il nous est encore possible de dire, de faire ou même de penser ce que l’on veut, mais notre environnement (la société) nous a imposé un nombre si important de règles à propos de ce qui est acceptable ou de ce qui ne l’est pas que nous ne pouvons dire que nous avons une liberté totale. Par exemple, il nous est probablement tous déjà arrivé de vouloir manifester notre mécontentement à quelqu’un, verbalement ou physiquement, mais nous y avions renoncé à cause d’un mélange de facteurs (notre éducation, la société qui n’accepte pas la violence verbale ou physique, etc.). En suivant nos pensées, cette personne aurait compris que nous sommes en désaccord avec ce qu’elle a dit ou fait, mais notre environnement nous a poussés à faire l’inverse de ce que nous voulions faire.

Ensuite, le fait que beaucoup de nos comportements et de nos actions sont prévus à l’avance par l’influence qu’a notre environnement sur nous explique également pourquoi plusieurs personnes faisant partie d’une secte sont allées jusqu’au suicide pour suivre leur « gourou «. En 1978, Jim Jones incita 978 personnes à s’enlever la vie à Jonestown, au Guyana. Cet homme a certainement eu une grande influence sur la façon de penser de ces personnes durant leur séjour au Guyana. Le fait de se suicider vient totalement à l’encontre de notre instinct de survie. Sans influence extérieure, ces personnes ne se seraient probablement jamais suicidées. Il a fallu que leur environnement (ici, les paroles et les actes de Jim Jones) intervienne pour qu’ils se détachent de cet instinct animal primaire qu’est la survie. Ils n’étaient donc pas complètement libres de faire leur propre choix par rapport à leur bien-être : ils ont posé cette action après une série d’événements antérieurs.

 

En conclusion, nous avons pu constater que la liberté de l’être humain est encore une question philosophique actuelle. Dans ce texte, nous avons successivement étudié la conception rationaliste de l’être humain de Descartes et la conception déterministe de Skinner ainsi que d’autres penseurs adoptant sa position par rapport aux hommes. Nous croyons que l’être humain n’est pas complètement libre parce que son environnement peut avoir une certaine influence sur ses paroles, ses actes et ses comportements. À l’heure actuelle, plusieurs pays ont encore des prisonniers d’opinion. Est-ce qu’un jour tous les humains s’entendront sur le fait que la liberté d’expression est un des droits fondamentaux de l’homme?

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