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Hegel, Principes de la philosophie du droit, La vie éthique § 260, Vrin, p. 264 : L'État réalité effective de la liberté

Publié le 20/03/2015

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L'État réalité effective de la liberté

« L'État est la réalité effective de la liberté concrète. Or, la liberté concrète consiste en ceci que la personne individuelle et ses intérêts particuliers trouvent leur développement complet et obtiennent la reconnaissance de leur [droit-pour-soi] (dans le système de la famille et de la société civile) ; mais elle consiste aussi bien en ceci que, d'une part, ils passent (d'eux-mêmes) à l'intérêt de l'universel et que, d'autre part, avec leur savoir et leur vouloir, ils reconnaissent cet universel, le reconnaissent comme leur propre esprit substantiel et agissent en vue de l'universel comme de leur but final. Il en résulte que l'universel ne vaut et ne peut s'accomplir sans l'intérêt, le savoir et le vouloir particuliers et que pareillement, les individus ne vivent pas uniquement pour leur propre intérêt comme de simples personnes privées, sans vouloir en même temps dans et pour l'universel, sans avoir une activité consciente de ce but. Le principe des États modernes a cette force et cette profondeur prodigieuses de permettre au principe de la subjectivité de s'accomplir au point de devenir l'extrême autonome de la particularité personnelle et de le ramener en même temps dans l'unité substantielle et ainsi de conserver en lui-même cette unité substantielle. «

Hegel, Principes de la philosophie du droit, La vie éthique § 260, Vrin, p. 264.

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« Textes commentés 47 Ce texte de Hegel analyse exclusivement l'État moderne (lignes l à 14), il affirme et montre que l'État moderne est la « réalité effective de la liberté concrète».

Chacun de ces termes mérite une analyse.

L'expression «réalité effective » est la traduction du terme allemand « Wirklichkeit » qui signifie l'action de réaliser et d'effectuer ; ce terme contrairement au terme français de réalité qui, à travers le mot latin res renvoie à la choséité, signifie ce qui est devenu, ce qui s'est développé au cours de l'histoire humaine.

L'État est l'effectivité (la réalité devenue à travers le temps) de la liberté, il peut seul rendre réelle la liberté ; c'est-à-dire que, sans lui, elle demeure formelle et donc seulement pensable.

Certes l'homme doit être conçu comme fondamentalement libre, mais ce n'est là que le simple concept de la liberté, liberté seulement toujours possible.

La liberté n'est concrète que si elle est liberté, non seulement dans sa forme - c'est-à-dire pour le sujet qui est pour lui-même (pour-soi), qui s'intéresse à lui-même et à la réalisation de soi, c'est­ à-dire aux possibilités qui lui sont offertes dans un monde donné - mais aussi dans son contenu.

Aucune liberté n'est concevable en dehors d'un monde où sont proposés des rôles à assumer, des fonctions à occuper, des actes à accomplir (et quand bien même on choisirait contre ce monde on agirait encore dans ce monde).

La liberté concrète suppose donc que soit garanti à l'individu le droit de s'épanouir, en tant que tel, dans un monde dont le bien fondé soit pour lui évident, et donc sensé.

Que l'État moderne permette cela n'est pas seulement dû au fait qu'il soit une organisation politique mais qu'il contienne (ou dépasse) des moments dans lequel l'homme est reconnu tour à tour dans chacune de ses dimensions.

Dans la famille (il s'agit ici bien entendu de la famille dans l'État et non d'un simple rapport naturel) l'individu existe et est reconnu dans sa particularité, il est aimé parce que c'est lui, il est irremplaçable.

Dans la société civile il est reconnu comme un sujet indépendant qui vaut par ce qu'il fait et qui reçoit prestige et faveur du fait de la fonction qu'il occupe.

Ces deux sphères de la famille et de la société ne sauraient toutefois suffire (l'une est strictement privée l'autre est abstraite et ne connaît que des rôles) et constituer la réalité totale de la liberté.

La réalité effective de la liberté concrète ne peut être qu'au sein d'un «universel concret» (dépassant infiniment les individus et cependant historique) ou un esprit substantiel (nous parlerions de nos jours de« culture») qui s'est élevé à la conscience (capable de prendre des décisions) sous la forme de l'État.

L'État constitue en effet l'organisation du substantiel (des traditions, mœurs, représentations collectives), il permet donc, non seulement de vouloir, mais de vouloir quelque chose.

C'est en exerçant son droit à l'intérieur de toutes les instances (famille, société) en vivant sa vie i. »

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