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LA LITTERATURE COURTOISE

Publié le 16/12/2018

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LA LITTERATURE COURTOISE
Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, les Chansons de Geste trouvent des auditoires enthousiastes. Mais l’aristocratie, qui a évolué, se tourne vers des œuvres moins rudes.
 
1. L’ADOUCISSEMENT DES MŒURS : La noblesse devient une classe héréditaire de plus en plus fermée. Sous l’influence de l’Église se développent des sentiments de générosité et de politesse. Une vie mondaine se crée, très influencée par les dames.
 
2. LES ŒUVRES COURTOISES : Les écoles épiscopales et monastiques forment un public attiré par des ouvrages en latin et surtout en français. Ces œuvres content des aventures sentimentales et présentent des tableaux de la vie élégante et luxueuse.
 
Cette littérature « courtoise » (destinée à un public « de cour ») se rattache à trois courants essentiels : influence antique, influence bretonne, influence méridionale.
 
Les romans antiques Au XIIe siècle, la littérature latine connaît un renouveau. Entre 1130 et 1165, ce sont les «Romans Antiques » qui ont la faveur de l’aristocratie. Le Roman d'Alexandre (vers 1150) est écrit en vers de douze pieds (d’où leur nom d'alexandrins). Le Roman de Thèbes, inspiré de la Thébaïde de Stace, conte l’histoire d’Œdipe et de ses enfants. En 1160 le Roman d'Eneas tire de l'Énéide un conte romanesque et galant. Cette production aboutit, en 1165, à l’énorme Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, protégé de la reine Aliénor d’Aquitaine.
 
Ces œuvres adaptent les légendes antiques, sans souci des anachronismes : les héros anciens deviennent des chevaliers héroïques et galants ; les devins sont des évêques, etc. Elles constituent une sorte de transition entre l’épopée et le roman courtois :
 
a) Comme les Chansons de Geste, elles contiennent beaucoup d’exploits chevaleresques.
 
b) Comme les Romans courtois, elles font déjà une grande place au merveilleux, aux aventures romanesques. Déjà l’amour occupe le centre du roman et parfois commande l’intrigue. Ces intrigues amoureuses invitent les auteurs à présenter des analyses de sentiments. Autre élément précurseur du Roman courtois : la peinture de la vie matérielle contemporaine. Ces Romans antiques eurent un immense succès et ont exercé une influence très sensible sur la littérature proprement courtoise.
 
La « Matière Cette expression d’un poète du XIIIe siècle désigne
 
de Bretagne » l’inspiration celtique.
 
En 1135, Geoffroi de Monmouth publie en latin son
 
Histoire des Rois de Bretagne, qui fut traduite pour la reine Aliénor, par l’anglo-normand Wace, chanoine de Bayeux, dans son Roman de Brut (1155).
 
Wace révélait aux Français la légende du roi Arthur, chef celtique de la résistance bretonne contre l’invasion saxonne au VIe siècle. Ce chef était très populaire en Grande-Bretagne. La légende en a fait un roi puissant et raffiné, tenant une cour luxueuse, et entouré des vaillants chevaliers de la Table Ronde. Les romanciers courtois puiseront abondamment à cette source. Ils lui doivent leurs héros, le cadre de leurs aventures (la « Bretagne »), les détails romanesques et féeriques, caractéristiques de la mythologie celtique. Ces éléments apparaissent déjà dans le roman de Tristan et Iseut.
 
Le Midi de la France a connu avant le Nord les douceurs d’une civilisation plus aimable. Initiés par la croisade aux splendeurs orientales, les seigneurs du Midi douce où la femme occupait une place importante. Ils eux-mêmes furent poètes ou « troubadours ».
Les principaux de ces poètes sont Jaufré Rudel, Bertran de Born, Raimbaut de Vaqueyras, Bernard de Ventadour et Giraut de Borneil. Leurs œuvres, surtout lyriques, chantent le printemps, les fleurs, l’amour heureux, l’amour lointain, l’amour perdu.
 
Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, ces mœurs plus polies ont gagné lentement le Nord de la France. C’est Aliénor d’Aquitaine qui paraît avoir le plus contribué à y acclimater la courtoisie du Midi, d’abord comme reine de France, puis comme reine d’Angleterre.
 
La courtoisie Elle apparaît dans les romans à la rencontre de ces
 
trois influences, et place la préoccupation amoureuse au centre de toute activité humaine.
 
1. LE SERVICE D’AMOUR : Les chevaliers sont aussi vaillants que dans les Chansons de Geste. Leurs exploits ne sont plus dictés par leur fidélité à Dieu ou à leur suzerain mais par le « service d'amour », soumission absolue du chevalier à sa « dame ».
 
2. LE CODE DE L’AMOUR COURTOIS : Ce service d’amour se codifie en un certain nombre de règles charmantes et artificielles. Pour plaire à sa dame, le chevalier recherche la perfection : en lui, la vaillance et la hardiesse s’allient à l’élégance de l’homme de cour. La dame ennoblit son héros en le soumettant à des épreuves : l’amour est la source de toute vertu et de toute prouesse.
 
Mais les exploits ne suffisent pas à fléchir une dame inaccessible : il faut encore savoir aimer et souffrir en silence, être ingénieux pour exprimer sa passion, s’humilier pour traduire son adoration. C’est seulement quand le chevalier a souscrit aux caprices de son idole qu’il est récompensé de sa constance et payé de retour.
 
Cette « courtoisie » était-elle à l’image des mœurs qui régnaient, même dans l’élite ? Certainement pas : c’était un idéal capable de séduire l’élément féminin et peut-être de contribuer à adoucir les mœurs d’une société où, selon le mot de Lanson, « le règne des femmes » commençait.
 
TRISTAN ET ISEUT
 
La légende celtique de Tristan et Iseut a connu une large diffusion dans toute l’Europe. Aucun ouvrage original ne nous la présente dans son ensemble. C’est en confrontant des fragments des versions française, anglaise, italienne, Scandinave, allemande, que J. Bédier a pu reconstituer « Le Roman de Tristan et Iseut ».
 
Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, s’inspirant semble-t-il d’un roman antérieur, Béroul et Thomas ont, chacun de son côté, écrit un Tristan. Il en reste des fragments assez importants (environ 3 000 vers pour chacun), mais d’inspiration fort différente.
 
Béroul C’était peut-être un jongleur. Dans la partie centrale
 
du roman qui nous est parvenue, il rappelle la manière simple, rude et poignante des Chansons de Geste, par exemple quand il nous peint l’âpre bonheur des amants dans la forêt du Morois.
 
Thomas d'Angleterre Plus cultivé, il a vécu à la cour de la reine Aliénor.
 
Son art se caractérise par l’agencement dramatique du récit, la recherche du pathétique et surtout la subtilité de l’analyse psychologique. Parfois monotone, parfois trop ingénieux, il a toutefois réussi à rendre le caractère obsédant de la passion qui consume deux êtres, occupe inlassablement leur esprit et ne peut leur laisser d’autre paix que celle de la mort.
 
La fatalité de la passion, voilà l’originalité de cette légende : l’amour s’est emparé de Tristan et d’Iseut en dépit de leur volonté. Il s’impose à eux malgré leurs efforts pour s’en libérer. Victimes de leur passion, ils luttent, et pourtant ne peuvent s’empêcher de goûter, dans l’amertume, le bonheur défendu. Les causes mystérieuses de cette passion irrésistible sont symbolisées par l’action du philtre magique.
 
Cette histoire, où passe le souvenir des mythes antiques de Thésée et du Minotaure, a inspiré au musicien Richard Wagner son admirable Tristan et Isolde.
Orphelin et neveu du roi Marc de Cornouailles, Tristan
 
DE Loonois est élevé en parfait chevalier par l'écuyer
 
Gorneval. A peine arrivé à la cour du roi Marc, il accom-
 
plit son premier exploit : il tue en duel le Morholt, géant venu exiger, au nom du roi d'Irlande, un tribut de 300 garçons et de 300 filles. Empoisonnées par l'épée du géant, les blessures de Tristan s'enveniment et dégagent une puanteur si odieuse que le malheureux s'abandonne, dans une barque, aux hasards de la mer.
 
Jeté sur la côte d'Irlande, il est guéri par les philtres magiques de la reine, sœur du Morholt, et de sa fille Iseut la Blonde. Mais il craint d'être reconnu comme le meurtrier du géant, et retourne en Cornouailles. A Tintagel, Tristan a toute l'affection du roi Marc qui n'a pas d'enfant ; il paraît destiné à lui succéder, mais les barons jaloux imposent au roi de prendre femme. Pour déjouer le piège, Marc décide d'épouser la femme à qui appartient un cheveu d'or apporté le matin même par deux hirondelles. Qui la retrouvera? Tristan se souvient d'Iseut la Blonde : il ramènera la Belle aux cheveux d’or.
 
Déguisé, il aborde en Irlande et délivre le royaume d'un dragon qui dévore les jeunes filles. Il tranche la langue empoisonnée du monstre, la glisse dans sa chausse et tombe évanoui à ce contact. Or Iseut la Blonde était promise à qui triompherait du dragon. Le sénéchal du palais trouve la bête morte, lui tranche la tête et réclame la main de la jeune fille. Mais elle retrouve Tristan évanoui et le guérit une seconde fois, espérant que ce beau chevalier confondra l'imposteur. Hélas ! l'épée de son héros est ébréchée, et elle découvre qu'un fragment retrouvé autrefois dans la tête du Morholt s'y adapte parfaitement. La princesse devine qu'elle a sauvé Tristan de Loonois, le meurtrier de son oncle. Furieuse, elle va le tuer dans son bain, de sa propre épée, mais le jeune homme est si séduisant qu'elle lui fait grâce. Il l'épousera, pense-t-elle, puisqu'il est le vainqueur du monstre. Mais non, Tristan obtient la main d'Iseut... pour son oncle, le roi Marc de Cornouailles : la déception d'Iseut est inexprimable.
Le philtre d’amour Mais voici que, sur la nef du retour, ils boivent par
 
erreur un philtre magique destiné à unir d'un amour éternel Iseut la Blonde au roi Marc son futur époux. Tristan et Iseut se sentent invinciblement attirés l'un vers l'autre.
 
Par loyauté pour le roi Marc qui vient d'épouser Iseut, ils luttent contre leur folle passion, mais ne peuvent s'empêcher de se rencontrer en secret. Un jour, le roi, prévenu par les barons jaloux, surprend les amants et les condamne au bûcher.
 
Cependant Tristan parvient à se sauver. Iseut est abandonnée aux lépreux. Tristan la délivre et ils se réfugient, en compagnie de l'écuyer Gorneval, dans la forêt du Morois.
LE SAUT DE LA CHAPELLE
 
De Tristan et Iseut on ne retient d’ordinaire que le roman d’une passion exigeante et fatale ; mais, surtout dans l’œuvre de Béroul, Tristan nous apparaît aussi comme un beau chevalier d'aventure dont les exploits romanesques devaient ravir un public encore
sensible à la rudesse de la vieille épopée.
 
Oez, seignors, de Dam-le-Dé Comment il est plains de pitié, Ne vieut pas mort de péchéor : Recéu out le cri, le plor
 
5 Que faisoient la povre gent Por cens qui eirent a forment. Sor la voie par ou cil vont
Écoutez, seigneurs, du Seigneur Dieu Comme il est plein de pitié
 
Et ne veut pas la mort du pécheur :
 
Il entendit le cri, le pleur
 
Que faisaient les pauvres gens 5
 
Pour ceux qui étaient à la torture.
 
Près du chemin par où ils vont

« Les principaux de ces poètes sont Jaufré Rudel, Bertran de Born, Raimbaut de Vaqueyras, Bernard de Ventadour et Giraut de Borneil.

Leurs œuvres, surtout lyriques, chantent le printemps, les fleurs, l'amour heureux, l'amour lointain, l'amour perdu.

Dans la deuxième moitié du XII• siècle, ces mœurs plus polies ont gagné lentement le Nord de la France.

C'est Aliénor d'Aquitaine qui paraît avoir le plus contribué à y acclimater la courtoisie du Midi, d'abord comme reine de France, puis comme reine d'Angleterre.

La courtoisie Elle apparaît dans les romans à la rencontre de ces trois influences, et place la préoccupation amoureuse au centre de toute activité humaine.

1.

LE SERVICE D'AMOUR : Les chevaliers sont aussi vaillants que dans les Chansons de Geste.

Leurs exploits ne sont plus dictés par leur fidélité à Dieu ou à leur suzerain mais par le « service d'amour "• soumission absolue du chevalier à sa « dame ».

2.

LE CODE DE L'AMOUR COURTOIS : Ce service d'amour se codifie en un certain nombre de règles charmantes et artificielles.

Pour plaire à sa dame, le chevalier recherche la perfection : en lui, la vaillance et la hardiesse s'allient à l'élégance de l'homme de cour.

La dame ennoblit son héros en le soumettant à des épreuves : l'amour est la source de toute vertu et de toute prouesse.

Mais les exploits ne suffisent pas à fléchir une dame inaccessible : il faut encore savoir aimer et souffrir en silence, être ingénieux pour exprimer sa passion, s'humilier pour traduire son adoration.

C'est seulement quand le chevalier a souscrit aux caprices de son idole qu'il est récompensé de sa constance et payé de retour.

Cette « courtoisie» était-elle à l'image des mœurs qui régnaient, même dans l'élite? Certainement pas : c'était un idéal capable de séduire l'élément féminin et peut-être de contribuer à adoucir les mœurs d'une société où, selon le mot de Lanson, « le règne des femmes » commençait.

TRISTAN ET ISEUT La légende celtique de Tristan et Iseut a connu une large diffusion dans toute l'Europe.

Aucun ouvrage original ne nous la présente dans son ensemble.

C'est en confrontant des fragments des versions française, anglaise, italienne, scandinave, allemande, que J.

Bédier a pu reconstituer « Le Roman de Tristan et Iseut ».

Dans la deuxième moitié du XII• siècle, s'inspirant semble-t-il d'un roman antérieur, Béroul et Thomas ont, chacun de son côté, écrit un Tristan.

Il en reste des fragments assez importants (environ 3 ooo vers pour chacun), mais d'inspiration fort différente.

Béroul C'était peut-être un jongleur.

Dans la partie centrale du roman qui nous est parvenue, il rappelle la manière simple, rude et poignante des Chansons de Geste, par exemple quand il nous peint l'âpre bonheur des amants dans la forêt du Morois.

Thomas d'Angleterre Plus cultivé, il a vécu à la cour de la reine Aliénor.

Son art se caractérise par l'agencement dramatique du récit, la recherche du pathétique et surtout la subtilité de l'analyse psychologique.

Parfois monotone, parfois trop ingénieux, il a toutefois réussi à rendre le caractère obsédant de la passion qui consume deux êtres, occupe inlassablement leur esprit et ne peut leur laisser d'autre paix que celle de la mort.

LA FATALITÉ DE LA PASSION, voilà l'originalité de cette légende : l'amour s'est emparé de Tristan et d'Iseut en dépit de leur volonté.

Il s'impose à eux malgré leurs effor�s pour s'en libérer.

Victimes de leur passion, ils luttent, et pourtant ne peuvent. »

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