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La Mort De César, Voltaire Et Jules César, Shakespeare : Hommage Ou Trahison?

Publié le 24/09/2010

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voltaire

 

La mort de César: hommage ou trahison?

 

Petitesse de la pièce (III actes) : volonté de provocation de Voltaire. Dénouement de Cinna : le dénouement de la pièce la rapproche d’une tragicomédie. Mais elle reste une tragédie, car l’enjeu reste politique et collectif. A la fin de la pièce, tous les conjurés « s’agenouillent « devant Auguste, et la pièce s’achève sur une sorte d’apothéose, et Livie prononce une sorte de prophétie : elle annonce une ère de prospérité politique. On peut se demander si le mélange que fait Corneille du pouvoir monarchique est un éloge pur et dur. Corneille chante t-il vraiment le pouvoir monarchique pour lui-même? L’apothéose final censé nous éblouir et nous faire adhérer, ne peut néanmoins pas nous faire oublier qu’à l’acte II, 1 il y a eu une réflexion sur le statut de roi et de tyran, et qu’il y aura plus tard un autre monologue d’Auguste qui reconnait ses crimes. Dans les 2 derniers vers : Auguste : « Auguste a tout appris et veut tout oublier « => nouvelle légitimité d’Auguste, qui propose une sorte de marché aux conjurés. Les républicains doivent oublier qu’ils ont voulu tuer Auguste et qu’ils ont voulu revenir à l’ancienne Res publica. Ce pacte d’oubli montre que Corneille reste relativement réaliste et qu’il ne fait pas un éloge sans nuance de la monarchie absolue. Pièce à problème : la pièce est plus complexe : elle n’est pas un simple éloge à la monarchie. Chez Corneille, il y a toujours un lien entre l’éthique,  la politique et l’esthétique. 

 

I - La tragédie au XVIIIème siècle

 

a) Le goût de la tragédie

 

   Au XVIIIème, on écrit encore beaucoup de tragédies. On associe plus facilement au siècle des Lumières les genres épistolaire et l’essai. 3 noms d’auteurs pour la tragédie du XVIIIème : Voltaire (carrière de 60 ans), Crébillon-père (a donné une atmosphère plus dramatique à la tragédie : « Corneille a pris la terre, Racine a pris le Ciel, moi il me reste l’Enfer «), Houdar de la Motte (critique et auteur de la plus grande tragédie du XVIIIème : Inès de Castro). Siècle qui innove peu : répertoire recyclé. Sorte de nouvelle tragédie : la tragédie pastiche (parodiée). 2 nouvelles tendances s’affirment :  

- le goût pour l’horreur (des tragédies n’hésitent pas à montrer des cadavres, des spectres)

- le goût pour le pathétique (ex: confrontation de Brutus et César) cf. peintures de Greuze (s’est spécialisé dans les scènes familiales larmoyantes).

 

b) Genre militant et pathétique

 

   Caractéristiques spécifiques de la tragédie du XVIIIème = genre militant. La scène tragique devient une sorte de tribune permettant aux auteurs d’exposer leurs opinions politiques, religieuses. Genre beaucoup moins complexe que la tragédie du XIXème qui cherche à provoquer chez le lecteur une prise de conscience. 

Voltaire, Mahomet ou le fanatisme. 

Dans La mort de César, le but de Voltaire est de faire de la propagande politique pour le despotisme éclairé. Il avait deux craintes : la guerre civile et la division politique. Selon lui, le meilleur régime politique est la monarchie, mais tempérée par un idéal philosophique. Despotisme éclairé = oxymore. Le despote éclaire = celui qui reçoit les lumières d’un philosophe. Dans La Mort de César : Voltaire a utilisé la tragédie romaine pour projeter son propre idéal politique et philosophique sur César. Il veut expliquer ce qu’est un bon despote éclairé. Ce despote éclairé (César) = humain. Avant d’être un homme politique, il est un père aimant. Voltaire montre toute la positivité de César. Il est également un sage politicien. C’est un homme mûr ayant une longe expérience politique. Figure positive sur les plans affectif et politique. César apparaît comme un visionnaire, comme un personnage doté d’une sagesse supérieure. Voltaire ne se prive pas de présenter les républicains qui l’opposent comme des fanatiques sectaires (terme secte revient souvent pr les qualifier). Ils sont aussi présentés comme des fanatiques religieux inhumains (Acte II : quand ils jurent de tuer César, ils évoquent Dieu etc.). Il oppose sans nuance 2 camps. Brutus = inhumain, barbare, farouche, sauvage. Pas de doute sur qui est le héros de la pièce. 

 

c) La mort du genre tragique

 

  * Emphase mis sur les sentiments : les auteurs multiplient les scènes de reconnaissance, les intrigues parallèles pour transmettre des émotions, faire pleurer les spectateurs, les faire trembler. Voltaire a calqué la fin de Shakespeare : il fait venir sur scène le cadavre de César pour provoquer le bouleversement du spectateur. Tragédie encore pratiquée pendant la Révolution, mais elle est concurrencée par un nouveau genre : le drame bourgeois, théorisé par Diderot. L’univers des héros et des rois laisse place à la famille bourgeois. La sensibilité du public s’accorde mieux aux intrigues plus quotidiennes et aux sentiments plus communs représentés. La pièce de Voltaire annonce, par certains aspects, le genre bourgeois (conflit père-fils = original). Montre que les auteurs s’intéressent de plus en plus aux problèmes de légitimation, aux drames qui peuvent exister au sein d’une famille. 

 

II - La genèse de la pièce de Voltaire

 

a) Une pièce de jeunesse écrite dans un contexte politique particulier

 

   En 1726, Voltaire est en Angleterre. Il est en exil car il a été chassé de France pour avoir insulté plusieurs nobles. Il a été embastillé sur ordre du Régent. En Angleterre, il découvre Shakespeare. Voltaire va avoir une révélation. Il dit que les pièces de Sh. Le transportent, le ravissent, mais qu’elles sont aussi répulsives (« farces monstrueuses «). L’une des pièces qui le frappent le plus : Jules César. Oraison funèbre d’Antoine : « un des morceaux les plus frappants et les plus pathétiques qu’on aie jamais vu sur aucun théâtre. « Dans La Mort de César, c’est Cassius qui vient justifier le meurtre de César. 

   Voltaire rédige sa pièce rapidement (en un mois de 1731). Il la rédige sans avoir le texte de Shakespeare sous les yeux, car aucune traduction de Shakespeare n’existait. Pièce publiée en 1735, et très peu jouée car elle ne répondait pas aux critères acceptés de la tragédie du XVIIIème. Elle est courte et répond ainsi à la volonté de Voltaire de mettre à mort un grand héros. Voltaire a normalisé la pièce de Shakespeare. Il l’a francisée. Le fait qu’il n’y ait pas de rôle féminin constituait un scandale pour la Comédie Française et le public était avide de galanterie

 

b) Une provocation : l’absence d’amour

 

   Voltaire a voulu « secouer « les habitudes esthétiques et le code tragique du XVIIIème. Il a voulu faire une pièce expérimentale.   

 

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