Devoir de Philosophie

La poésie sert-elle à transfigurer le monde ou sert-elle à exprimer la réalité du monde ?

Publié le 05/05/2011

Extrait du document

Le mot « poésie « vient du verbe grec « poïèin « qui signifie « créer «. Définir la poésie est difficile, puisque chaque personne peut la voir comme elle le veut. Elle prend des formes diverses et ne saurait se laisser enfermer dans une définition unique et définitive. Le poète Baudelaire dit qu’un poète est un traducteur, un déchiffreur, le poète Pierre Emmanuel dit que « chaque grand poète intègre le monde d’une façon qui n’est qu’à lui «, etc.. Tout le monde a son point de vue. C’est pourquoi nous allons aborder une question qui est souvent posée : Le poète est-il là pour exprimer la réalité du monde ou bien pour la transformer ? Nous allons répondre à cette question en commençant par expliquer ce qu’est la poésie, puis nous verrons la réalité du monde, et enfin que dans chaque poème il y a un peu de réalité et de la transfiguration.            Tout d’abord, nous allons voir ce qu’est la poésie. Pour cela, nous verrons en premier lieu que la poésie est avant tout un moyen de communication. C’est une façon originale et inhabituelle de s’exprimer. Un poème tente de faire passer un message au lecteur, qu’il soit politique, personnel etc. , de plusieurs manières possibles. L’auteur exploite des mots pour cela, mais aussi la forme du poème ! Un poème, pouvant être soit en vers, soit en prose, est toujours présenté de manière stratégique. Quand le poème est en vers, chaque mot a une importance, dans son placement et son sens. L’auteur a réfléchi sur chacun d’entre eux avant de les écrire. Par exemple, dans Nevermore de Verlaine, dans les vers « Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne // Faisait voler la grive à travers l’air atone « , les mots « l’automne « sont ici en contre rejet. Un contre rejet est un procédé métrique visant à mettre en relief le mot, à lui donner d’avantage d’importance. D’autres procédés permettent également de mettre en valeur un mot, tel qu’un mot placé au milieu d’un hémistiche. Le poète a donc a sa disposition de nombreuses façon de jouer avec le rythme des mots.      Le poète joue aussi énormément sur les sonorités. Pour le poème en vers, les rimes se trouvent en fin de vers ( rimes croisées ou embrassées ), mais pour le poème en prose, la musicalité joue un rôle d’autant plus important. Puisqu’il n’a pas de vers, la métrique n’existe pas. Par contre, la place des mots est peut être plus précise que celle d’un poème en vers étant donné que la structure du poème est plus libre. La sonorité est donc un élément essentiel des poèmes en prose. L’auteur joue aussi beaucoup avec la prononciation des phrases. Par exemple, dans «La valise « de Ponge, dans le passage « selle et bride, bride et sangle ou dessangle dans la chambre de l’hôtel proverbial «, la répétition du mot « bride « et le mot « sangle « qu’on retrouve dans le mot « dessangle « donne un coté musical à cette phrase, comme si c’était le refrain d’une chanson.    En conclusion, quelle que soit la forme de la poésie, qu’elle soit en vers, en prose, en alexandrin ou en sonnet, le poète a toujours le même objectif : se servir de l’esthétique et de la musicalité des mots pour faire passer son message.      Les procédés poétiques cités précédemment ont tous pour objet de permettre au poète de décrire sa vision du monde. La poésie du XIXème et du XXème siècle s’est attachée à observer des objets ordinaires, de la vie de tous les jours avec pour but de les détacher de la routine, c’est-à-dire en s’occupant de leur utilité. C’est ainsi que Rimbaud ou Verlaine prennent comme sujet de poésie un buffet ou un piano ( «le buffet « ou « le piano que baise une main frêle «). D’autres auteurs décrivent simplement des paysages, d’autres encore écrivent des poèmes d’amour pour une personne chère à leurs yeux. Par exemple, Victor Hugo écrit pour sa fille Léopoldine, morte noyée, le poème « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne « dans lequel il fait part de sa tristesse et de sa solitude au lecteur. Il exprime ce qu’il ressent, ce qui montre bien que la poésie exprime la réalité du monde, puisque ce sont des sentiments réels.    Les sujets de la vie quotidienne ou les poèmes pour des personnes chères ne sont pas les seules formes de la poésie permettant d’exprimer la réalité du monde. Théophile Gautier a dit « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid «. Si nous devions suivre son raisonnement, la poésie étant belle, elle serait inutile. Toute sorte de poésie est belle, certes, mais certaines sont écrites dans un but précis. L’art poétique peut servir une cause en devenant un outil de combat, tout cela en défendant son opinion. Cette poésie est alors militante, et le poète, qui est alors engagé, utilise les jeux de sonorités, la disposition des vers et des images pour faire partager au lecteur sa conviction ( exemple dans « La nuit d’Avril 1915 « de Guillaume Apollinaire qui dénonce la première guerre mondiale ). Les fables sont aussi utiles pour cela, car elles sont écrites pour les enfants, mais elles ont un double sens pour les adultes. Par exemple, La Fontaine se sert des animaux pour parler des hommes de cette planète, et dénoncer leurs actes ( Par exemple « Le loup et l’agneau « qui dénonce le comportement des bourgeois)    Pour conclure, la poésie évoque toutes sortes de sujets, quotidiens, personnels ou encore militants... Tous ces sujets sont des sujets de la vie et de sa réalité.      Certes, les sujets choisis par les poètes expriment la réalité du monde. Cependant, nous allons voir que dans la majorité des poèmes se mêlent la réalité du monde et sa transfiguration. Le poète veut ainsi mettre en avant les qualités essentielles de l’objet dont il parle. L’objet le plus ordinaire du monde peut alors devenir le plus significatif, comme par exemple « Le buffet « de Rimbaud. Ici, Rimbaud ne s’attarde pas sur ce qui fait l’utilité quotidienne du buffet mais sur ce qui peut être source d’imagination, comme les parfums qui font de celui-ci un espace ouvert sur les souvenirs (« - O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires « v.12 ). Paul Verlaine, dans son poème « le piano que baise une main frêle « décrit un air qui s’envole avec un très léger bruit d’ailes.      Pour transfigurer la réalité, le poète utilise des figures de styles, telles que la métaphore, l’animalisation, l’allégorie.. Le poète peut alors inventer des images qui lui permettent de créer un monde nouveau. Ainsi, dans « La Bicyclette « de Réda, le vers « un torrent de soleil qui roule entre des branches « est une métaphore qui sert à embellir la scène décrite. De même, la personnification dans ce même poème « Le jardin continue en silence// de déverser à flots ce feu vert et doré qui danse// pieds nus… « cherche à donner un sentiment de légèreté à ce jardin. Francis Ponge dans « La valise « animalise sa valise en la comparant à un cheval. Il utilise le champs lexical de l’équitation « harnache ; selle, bride, sangle « afin d’accentuer la comparaison entre la valise et le cheval, et également accentuer l’impression de mouvements   

Liens utiles