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La première guerre mondiale, une guerre d'un nouveau type

Publié le 28/03/2011

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LA PREMIERE GUERRE MONDIALE: UNE GUERRE D’UN TYPE NOUVEAU Travail de recherche Dans le cadre du cours«Conférence de méthode de science politique» Enseignant : Esra Atuk Département de relations internationalesUniversité Galatasaray 26 mai 2008 LA PREMIERE GUERRE MONDIALE : UNE GUERRE D’UN TYPE NOUVEAU       Comment peut-on définir la guerre? Les théoriciens, les historiens donnent plusieurs définitions à ce terme donc chacun a sa propre manière de le voir et de l’interpréter. Carl von Clausewitz (1780 – 1831), un officier et théoricien militaire prussien, développe ses théories sur la guerre dans son ouvrage qui s’appelle «  De la guerre » et d’après lui la guerre ne reste pas d’être seulement une action politique mais elle est un vrai instrument politique, une suite des relations politiques et la réalisation de ces dernières par d’autres moyens[1]. De son coté, Dictionnaire Robert définit la guerre comme une « lutte armée entre des Etats ou entre des groupes d’hommes »[2].  D’après les  buts prévus ou bien les stratégies formées et adaptées ou bien les armes employées, les guerres prennent de différentes formes et de divers noms qualificatifs. Citons quelques types de guerre : guerre asymétrique, guerre civile, guerre propre, guerre sainte, guerre psychologique, guerre froide, guerre d’indépendance, guerre économique, guerre totale. Dans cette recherche sur la première guerre mondiale (1914-1918), ce qui nous intéresse le plus c’est le terme de « guerre totale ». Voyons d’abord ce qu’on veut dire par ce terme. Le terme de la guerre totale est définit premièrement par le général allemand Erich Ludendorff pendant la première guerre mondiale et il signifie la lutte d’une nation en mobilisant toutes ses ressources pour détruire la force militaire d’une autre nation[3]. La guerre totale dont le but est de détruire l’adversaire, est accompagnée des guerres économique et idéologique ayant le but de réduire les chances de résistance matérielle et morale[4]. De l’autre côté, Chickering explique : « La guerre totale est distinguée par son intensité et son ampleur sans précédent. Les théâtres des opérations enjambent le globe donc la guerre est pratiquée sans limites. La guerre totale est insouciante des contraintes de la morale, de la coutume, ou du droit international, parce que les combattants sont inspirés par des haines soutenues par des idéologies modernes. La guerre totale exige la mobilisation non seulement des forces armées mais également des populations entières. La cause déterminante la plus cruciale de la guerre totale est l'inclusion répandue, aveugle, et délibérée des civils en tant que cibles militaires légitimes[5]. »  Dans cette analyse on partira de l’affirmation deStéphane Audoin-Rouzeau, historien et spécialiste de la première guerre mondiale, citée dans   un propos paru dans le magazine L’Express du 8 octobre 2004 :      « 14-18 marque l'invention de la guerre totale. Et l'un des critères de la guerre totale, c'est la rupture de la barrière d'étanchéité entre population en armes et population civile. Il faut distinguer quatre phases. D'abord, les grandes invasions de l'été 1914, qui se traduisent par des massacres de masse immédiats, en Belgique et dans le nord de la France, en Prusse-Orientale, en Serbie. Puis la phase des tranchées, véritables murailles en creux, qui contribue à «essentialiser» l'ennemi: derrière la tranchée adverse, il n'y a plus seulement des soldats, mais l'ennemi tout entier. D'où le recours aux bombardements stratégiques: on considère comme légitime de frapper, sans bénéfice militaire, des populations civiles. La totalité de la population adverse est devenue l'ennemi, et c'est un phénomène absolument nouveau dans l'histoire militaire occidentale moderne. »Et puis, on essaiera de montrer que la première guerre mondiale, dans le sens strict du terme, est la première guerre totale. D’abord on parlera de la mobilisation humaine, ensuite on passera à la mobilisation économique et scientifique et dernièrement on racontera la participation  de l’arrière.     A- LA MOBILISATION HUMAINE La première guerre mondiale commencée en 1914 était la fin du système de 19ieme siècle qui avait commencé à être ébranlé  dans les années 1870. Ce système dépendait de l’hégémonie de la Grande-Bretagne sur le monde, et surtout dans le domaine commerciale. L’Angleterre visait à préserver la paix et l’équilibre existants entre les grands pays européens pour la continuité de son hégémonie tandis que l’Allemagne, victorieuse de la guerre de 1870-1871 contre la France, défiait à la Grande-Bretagne avec sa politique d’économie nationale et son industrialisation rapide et visait à son tour de mettre le point final à la prépondérance anglaise. C’est pourquoi la première guerre mondiale, étant différente aux autres guerres, a été une guerre totale ayant le but d’une victoire absolue et non d’un gain limité. Les efforts de guerre, étant conformes à ce but, ont été organisés et exécutés d’une manière massive pour la première fois[6]. A ce point-là il nous faut d’abord aborder la question des alliances formées avant la guerre. Les développements soit économiques, soit politiques avaient orientés tous les pays à des relations complexes d’alliances. L’axe principal de la formation des camps de la première guerre mondiale est apparu en 1907. Face aux développements dans l’Europe, le Royaume-Uni, bien qu’il était en conflit d’intérêts, dans des diverses endroits du monde, avec la France et la Russie, a formé le bloc de Triple Entente avec ces deux dernières. De l’autre coté, l’alliance de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie a pris le nom de Triple Alliance avec la participation de l’Italie. Ces alliances donnaient aux pays la responsabilité de faire la guerre à côté de leurs alliés. La répétition et l’aggravation des crises internationales dans des champs d’affrontements des impérialismes ont créées une psychose de guerre qui a concourt au renforcement de ces blocs et ainsi de suite, la course aux armements a pris une allure inquiétante. « L’Allemagne augmente son budget militaire dès 1911-1912, décide l’année suivante de faire passer son effectif du temps de paix de 600000 à 800000 hommes et accélère son programme d’armement naval. L’Autriche-Hongrie adopte, à son coup, deux lois militaires visant également à renforcer son dispositif de défense, et le parlement français vote en 1913 la « loi des trois ans » qui permet de placer 750000 hommes sur le pied de guerre[7]. »  Après toutes ces préparations, l’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche François Ferdinand par un étudiant bosniaque le 28 juin 1914 a été l’événement déclencheur de la grande guerre et un mois plus tard l’Autriche a déclaré la guerre à la Serbie. En deux semaines la crise balkanique s’est transformée en un conflit généralisé. Devant l’échec des premières offensives, chacun des deux camps ont essayé de rompre à son profit l’équilibre des forces en se trouvant de nouveaux alliés. Jusqu’en 1917 on voit plusieurs pays à la scène militaire tels que la France, le Royaume-Uni, la Russie, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche-Hongrie, la Serbie, la Bulgarie, l’Empire Ottoman, le Portugal, la Roumanie, la Grèce, les Etats-Unis, le Japon, la Chine. La mondialisation du conflit est accompagnée naturellement d’une extension des théâtres d’opérations par exemple en Extrême-Orient (Iles Marshall, Carolines, Mariannes), en Afrique (Togo, Cameroun, Sud-Ouest africain allemands) et au Moyen-Orient (Basse Mésopotamie, Palestine)[8]. La guerre était entre les pays européens mais les colonies pour la première fois, ont fait partie de la guerre laquelle est exécutée comme une guerre totale. Les colonies ont été non seulement des théâtres d’opérations mais aussi ils ont aidé les empires coloniaux dans le domaine de ressources matérielles et humaines. Dans l’armée anglaise, à côté des anglais, des canadiens et des australiens, les asiatiques surtout les indiens ont poursuivi plusieurs missions. Quant à l’armée française les africains y ont pris part[9]. L’Angleterre a mobilisé 12 % de sa population masculine tandis que l’Allemagne en mobilise 15 % et que la France 17 %. D’après les statistiques observées on apprend approximativement qu’au total pendant quatre années de guerre 65 millions d’hommes ont étémobilisés[10]. Un effondrement de la production industrielle et même la fermeture de nombreuses entreprises ont résulté de cette mobilisation humaine générale et massive donc il fallait réorganiser l’économie aussi afin de répondre à l’effort de guerre. B- LA MOBILISATION ECONOMIQUE ET SCIENTIFIQUE En 1914, les belligérants croyaient que la guerre serait courte mais à la suite de l’effondrement économique, tous les Etats ont pris la conscience de former une économie de guerre et d’ « orienter la production dans le sens d’une guerre longue, technique, industrielle, moderne, nécessitant des armes nouvelles et plus puissantes. Les Empires centraux (pays de l’entente), paralysés par le blocus allié ont été confrontés à d'énormes problèmes d'approvisionnement en produits alimentaires, en énergie et matières premières.Par exemple, en France, l'occupation par les armées allemandes de 9 départements situés dans les régions productrices de charbon et d'acier (Nord-Pas-de-Calais et Lorraine) a entraîné une perte non négligeable du potentiel industriel. Le Royaume-Uni et la France qui pouvaient s'appuyer pour leur ravitaillement sur leurs empires coloniaux, ont dû faire face à la guerre sous-marine déclenchée par l'Allemagne pour riposter au blocus de ses côtes[11]. » Pour toutes ces raisons-la, il était nécessaire que la production et la distribution des besoins soient faites par une planification centrale et cela a poussé les Etats à adopter des politiques interventionnistes dans l’économie. Tout d’abord les importations, les exportations, les changes ont été contrôlés par l’Etat et puis il a réquisitionné les flottes marchandes. Il a rationné la répartition des matières premières et des aliments, par exemple en France occupée la ration de pain était fixée à 150 grammes par tête d'adulte et à 75 grammes par enfant au-dessous de dix ans[12]. Pour assurer les fabrications de guerre, les gouvernements ont du mobiliser la main d’œuvre en retirant des fronts les ouvriers qualifiés et en faisant appel aux prisonniers de guerre, aux réfugiés, aux immigrés, aux travailleurs indigènes et aux femmes. L’importance des industries et de la main-d’œuvre peut être compris de l’exemple suivante : «  Pour la seule opération, à objectif limité, de la bataille de la Malmaison (23-26 oct. 1917), concernant un front d'attaque de dix kilomètres, en six jours de préparation, sont tirés 2 millions d'obus de 75, et 800'000 d'artillerie lourde, alimentant 768 pièces de 75, 998 lourdes, courtes et longues; il faudrait ajouter 232 pièces de tranchée, et les munitions correspondantes[13]. » Le tableau ci-dessous nous donne une idée sur l’ampleur de la mobilisation du fabricant d’automobiles Renault et que l'industrie automobile est au service de la Défense nationale : PRODUCTION DE RENAULT (FRANCE)[14]                                 1913         1918            

Voitures                         1484         553              

Camions                          174          1793            

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