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LA VIOLENCE EST-ELLE UN OUTIL POLITIQUE ?

Publié le 12/03/2011

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Introduction

 

Thomas HOBBES dans le LEVIATHAN déclare que « l'homme est un loup pour l'homme ». Il conçoit l'homme à l'état de nature comme un être violent. La violence de l'être humain à l'état de natre nait de la satisfaction de ses désirs. L'homme désire d'autant plus ce que l'autre désire aussi car il ne pourra pas l'avoir, du moins sans avoir recours à la violence. Ainsi placés en concurrence dans la satisfaction de leurs désirs, ils vont vivre dans un danger permanent, condamnés à une existence brève. Pour améliorer cette condition misérable, l'homme va créer un ordre politique. HOBBES affirme que la mission première de tous les systèmes politiques est d'assurer la sécurité de ses membres. Il faut donc retirer à chacun le droit de faire justice et laisser ce droit à l'ordre politique. On peut dès lors se demander ce qu'est la violence et comment sont liés les ordres politiques à la violence. La violence est-elle l'outil de la politique ?

 

I. Définition de la politique

 

La politique est une façon de véhiculer ses idées. On fait de la politique car on a des choses à dire, des idées que l'on partage avec un certain nombre de personnes. Pour que ses idées soient concrètement mises en place et matérialisées, on constitue un parti, on réunit autour de soi des militants, on créer un quartier général ou auront lieu les réunions qui évoquent diverses stratégies pour gagner son combat politique.

 

II. La politique semble indissociable de la violence

 

On remarque ainsi, en définissant la politique, que l'on utilise un vocabulaire propre à la guerre. Or, la guerre n'est elle pas une des formes les plus extrêmes de la violence ? En effet, la violence est animale, les gens se battent coute que coute (des militant payent pour adhérer un parti et pour se battre contre les opposants). Il existe plusieurs formes de violence, notamment la violence verbale : la politique n'est elle pas l'art de savoir parler ?

Quand on voit actuellement le continuel affrontement entre les candidats à la présidentielle, ne retrouvons nous donc pas là l'attitude qu'avaient les français et les allemands pendant la seconde guerre mondiale quand leur quotidien était consacré à miner le moral et impressionner leurs adversaires ?

Ainsi, la politique (ne serait ce que dans sa définition) implique une violence. Certes, les degrés de violence ne sont pas toujours élevés en politique, mais ils sont bien présents. On peut en effet citer deux exemples : José BOVÉ et ses militants, qui détruisent, avec violence, des chaînes de restauration rapide, ou bien simplement Monsieur FABIUS et ses remarques machistes contre Madame ROYAL. Ces deux violence s'opposent, mais restent violences.

 

III. La politique, un phénomène cérébral

 

Cependant, il serait réduire à très peu de chose la politique en affirmant qu'elle se résume à une violence implicite, vicieuse et en quelque sorte moderne. En effet, la politique est à la base un moyen fiable pour garantir une égalité entre tous quand la violence prône la loi du plus fort.

Dans la violence, on règle les choses par le conflit, la bataille, contrairement à la politique ou l'on réfléchit les choses, on les discute. La violence est l'antithèse de la réflexion et de la pensée, c'est un comportement primaire, contrairement à celle-ci, la politique est née dans les esprits des personnes cultivées et élevées socialement parlant. L'art de la politique est proprement humain, il est digne et respectable, à l'opposé de la violence animale et irraisonnée. La politique ne supposerait ainsi pas réellement la violence, mais d'avantage l'intelligence et la clairvoyance qui sont deux termes radicalement opposés à la violence.

 

 

IV. L'ordre politique exclut-il vraiment la violence ?

 

La problématique suggère une exclusion de la violence de l'ordre politique. « Exclure », du latin excludere, signifie renvoyer ou expulser. Cela prend aussi le sens de ne pas compter sur quelque chose dans un ensemble ou d'être incompatible avec quelque chose d'autre. C'est en ce sens que l'on peut se demander si le régime politique ne comprend pas en son sein une forme de violence, ou s'il rejette la violence de son fonctionnement. Les termes « politique » et « violence » semblent liés dans la mesure où l'on entend fréquemment parler de violence politique. Ce qui à première vue revient encore sur les guerres, les massacres, les purifications ethniques, autrement dit, une violence volontaire et organisée par un ordre politique ou une minorité. Il faut souligner que la violence revêt un caractère ordonné et que ses actes sauvages, quand ils ne sont pas commis lors d'un moment de démence, sont prémédités, calculés et organisés rationnellement tout comme peut être organisé un système politique. Même si l'on a tendance à voir la violence comme une chose néfaste, il faut remarquer le problème de la violence qui se justifie. Par exemple, Mussolini a déclaré en 1922 qu'il y a « une violence qui libère et une autre qui asservit ». Il semble donc y avoir deux types de violence. Le premier étant à ses yeux normal et justifiable puisque c'est la libération d'une obligation affligeante ou d'un ordre politique oppressant. Alors, ceci doit bien s'agir de se libérer d'une violence asservissant une autre violence, cependant, dans un but positif et libérateur. On confirme donc l'existence de deux sortes de violence, néanmoins, le problème est de savoir à partir de quel moment on peut la juger acceptable ou totalement injustifiable. Ainsi, Rousseau va dénoncer les systèmes politique qu'il juge violents, utilisant cette violence pour en tirer profit et dont il dévoile ce qu'ils sont.

 

V. Existence de différents ordres politiques

 

Pour ce dernier, il existe trois types d'ordres politiques qui sont inconcevables car ils expriment la violence pour le peuple ; Il accuse les systèmes où règne le droit du plus fort. Ce type de régime est violent car son dirigeant, en plus de prendre le pouvoir parce qu'il est, soit disant passant, le plus puissant, prétend que c'est légitime. Or, ce principe n'est valable que pour lui alors qu'il le déclare universel. Exemple avec ADOLF Hitler, le maître absolu de la N.S.D.A.P. (Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei), proclamé Führer, désigné comme étant le tout puissant souverain ainsi que le seul et unique chef responsable de l'avenir du peuple.

Rousseau démontre que ce droit est faux puisqu'il affirme que « l'effet change avec la cause », ainsi dès lors que le plus fort ne l'est plus il devrait laisser la place du pouvoir à celui qui est devenu plus fort que lui, mais ce n'est pas toujours le cas. Ce régime est violent car il s'établit sur un principe mensonger qui asservit le peuple de la dominance de cet individu. Le totalitarisme en fait l'exemple parfait puisqu'il se base sur des idéaux trompeurs nommant un seul dirigeant guidant la population vers cet idéal dérisoire et chimérique.

L'écrivain dénoncerait également les régimes de type patriarche qui confèrent au peuple un statut d'enfant duquel il n'en sortira pas. Cet ordre politique n'est pas acceptable si l'on admet que l'homme ne doit pas rester sous tutelle car c'est une violence faite à son évolution naturelle. Selon Rousseau, il faut aussi rejeter les régimes politiques où l'on admet qu'il y ait deux catégories d'hommes ( par exemple les sang de bourbe et les sang bleu). Les hommes sont selon lui tous égaux puisqu'ils viennent tous au Monde grâce au soutien du Seigneur ; créer des inégalités ne fait qu'affirmer le règne d'une violence psychique au sein d'un ordre politique.

Un ordre politique sera proposé par ce dernier dans le Contrat Social, système excluant la violence dans le sens où elle semble absente du régime politique mais demeure présente dans les relations interétatiques.

Effectivement, Rousseau semble exclure la violence en créant un système qui serait juste et bénéfique pour tous ses citoyens, par contre, il repousse cette violence dans le rapport aux autres états en présumant une relation conflictuelle à d'autres peuples. Mais peut on réellement imaginer la politique sans avoir à l'associer à la violence ? C'est à cette question que Freud va répondre non.

Selon lui, la politique s'exerce depuis la révolution française « au nom d'une idéologie qui sous prétexte d'éliminer l'ennemi politique au nom d'une conception plus humaine » la rend plus cruelle, mauvaise et perdant son temps à découvrir ceux qu'elle appelle des « coupables ». Il pense que la reconnaissance de la violence comme un fait politique est moins dangereuse que sa négation au nom de principes moraux. On dénonce couramment la violence de l'adversaire alors qu'on la minimise, voir même, la nier dans son propre camps.

 

VI. La violence dans la politique d'aujourd'hui

 

On peut se demander quelle place a la violence dans notre système politique actuel. L'ordre politique actuel en tant que système libéral et capitaliste n'autorise pas la violence, qu'elle soit physique ou morale, car elle est condamnée par la loi. Pourtant on peut considérer qu'elle est incluse directement dans son fonctionnement. Si l'on considère que cette société est basée sur le travail on se rend compte que le prolétaire (selon Marx) subit une violence morale car celui-ci ne passe pas un contrat d'association juste et équitable avec le capitaliste mais un contrat d'achat ou de vente de ce qu'il appelle « la force du travail ». Ainsi le travailleur est aliéné puisqu'ayant vendu sa force de travail, celle-ci ne lui appartient plus et, par la même occasion, le fruit de son travail non plus. L'ordre politique dans la mesure où il intervient pour protéger une infrastructure économique qui est responsable d'une violence morale dans le travail, se rend en un sens coupable de la violence faite aux travailleurs qui sont ses citoyens.

 

Conclusion

 

On peut souligner que la seule violence qui soit légitime est celle de l'état. L'état n'a pas toujours besoin d'y recourir car souvent la menace, à elle seule suffit à faire obéir ses citoyens. Mais l'état a le droit de priver les individus de liberté et aussi de les « forcer » à faire la guerre. Le problème soulevé par cette violence dite « légitime » par l'état est de savoir s'il est réellement légitime ou acceptable de punir une violence commise par une autre forme de violence, qu'il s'agisse de l'emprisonnement ou de la peine capitale.

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