L'art asiatique

L'Occident n'a pas toujours apprécié l'art oriental. La distance était trop grande entre ces deux mondes totalement différents. Ce n'est que vers 1600, après la capture par les Hollandais d'un navire portugais chargé de porcelaine chinoise, qu'un semblant d'intérêt se manifesta pour l'art asiatique. Cet intérêt se développa même rapidement, au point que, vers la fin du xvne siècle, la demande en laque, soie et porcelaine devint tellement grande en Occident que l'approvisionnement de ces matières présenta de sérieuses difficultés.

Vers 1900, la Chine connut une période troublée de guerres et de bouleversements politiques. L'aménagement du chemin de fer mit des tombes millénaires au jour, et d'innombrables objets en bronze, porcelaine et jade prirent le chemin de l'Europe. Lorsque les paysans affamés comprirent tout ce qu'ils pouvaient tirer de ces vestiges, ils se mirent à dévaliser les nécropoles abandonnées. Les musées européens et les antiquaires envoyèrent des émissaires en Chine pour acheter les plus belles pièces.

Vers la même époque, Paris se découvrit une soudaine passion pour une autre forme d'art oriental : l'estampe japonaise. Les peintres impressionnistes appréciaient ces pièces colorées et les utilisaient pour introduire. une touche nouvelle dans leurs oeuvres. La demande en estampes japonaises était tellement forte qu'elle permit à d'autres formes d'art japonais de prospérer. L'art coréen a toujours été, et reste encore, très méconnu en Occident, peut-être parce que tous les objets d'art produits par ce pays ont été accaparés par le Japon au cours des guerres du début de ce siècle. C'est donc par l'intermédiaire du Japon que l'art coréen réussit peu à peu à pénétrer en Occident, où des musées d'art asiatique se sont constitués, grâce à la générosité de collectionneurs particuliers. En France, par exemple, on peut noter le musée Guimet, fondé à Lyon en 1878 par Emile Guimet, puis transféré à Paris en 1888. Aux Pays-Bas, en 1918, fut fondée l'Association de l'art asiatique. A l'origine, les membres de cette association 'étaient de simples amateurs d'art asiatique. Leurs donations et leurs héritages formèrent bientôt une considérable collection d'objets précieux, actuellement exposée au Rüksmuseum d'Amsterdam.