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L'art s'emballe

Publié le 22/02/2012

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11 novembre 1987 - 54 millions de dollars, 320 millions de francs, tel est le prix record atteint, mercredi 11 novembre 1987, par les Iris, un tableau de Van Gogh vendu par Sotheby's, à New-York. Les Iris, peints en 1889, un an avant la mort de l'artiste, ont donc très largement dépassé le prix atteint en mars dernier par un autre Van Gogh, les Tournesols, qui avait été vendu par Christie's à Londres pour l'équivalent de 220 millions de francs. C'est un " agent européen pour le compte d'un acheteur anonyme ", selon la formule vague d'un porte-parole de Sotheby's, qui a acquis les Iris par téléphone. Un anonymat semblable avait, dans un premier temps, protégé l'identité de l'acheteur des Tournesols, qui devait, finalement, se révéler être une société d'assurances japonaise. La somme atteinte par les Iris-49 millions de dollars plus 10 % de commission, soit près de 54 millions-peut, toutefois, laisser penser qu'il ne s'agit pas d'un particulier. Les Iris, une toile de 71 91 centimètres, appartenaient, depuis quarante ans, à une famille de collectionneurs américains du Maine, les Whitney Payson. Ce tableau avait été la propriété de Julien Tangy, puis, dès 1892, de l'écrivain Octave Mirbeau. C'est en 1947 que Mme Joan Whitney Payson l'avait enfin racheté pour l'accrocher tout simplement au-dessus d'une cheminée dans sa propriété du Maine. Dans un premier temps, son fils aurait envisagé de l'exposer dans un petit musée consacré à la mémoire de sa mère. Mais les prix atteints par les Tournesols puis, en juillet dernier, par le Pont de Trinquetaille ( 11,5 millions de dollars) l'auraient finalement dissuadé de présenter les Iris, faute de pouvoir en assurer la sécurité. D'autant que cette toile, en meilleur état que les Tournesols et considérée par les experts comme plus " importante ", promettait naturellement, si le marché restait optimiste, d'atteindre de nouveaux sommets. Le marché de l'art reste donc optimiste, alors que la Bourse connaît les souffrances que l'on sait. La vente de Sotheby's était d'ailleurs attendue comme un test. Valeur refuge ? Certains l'espèrent, d'autres le redoutent, qui craignent que ce marché ne s'effondre à son tour. Les musées, eux, sont au désespoir, devant cette flambée des prix qui, durable ou non, met hors de leur portée des oeuvres parfois essentielles. FREDERIC EDELMANN Le Monde du 13 novembre 1987

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