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L'assommoir commentaire composé

Publié le 15/02/2012

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Commentaire composé

 

Les romanciers du XIXème siècle ont souvent essayé de reproduire la société de leur époque. Le naturalisme, courant littéraire né au milieu du XIXème siècle, a largement été critiqué pour la dureté des péripéties vécues par les personnages des romans. Zola, dans le cycle des Rougon-Macquart, a fait vivre de nombreux personnages dans divers milieux, comme Gervaise Macquart dans l'Assommoir, à qui il a fait subir toute une suite de mésaventures. En 1877, son roman l'Assommoir a provoqué un réel scandale, perçu comme choquant aux yeux des lecteurs. Pourtant ce dernier s'est inspiré de faits réels, et affirme qu'il cherchait à reproduire « un tableau très exact de la vie du peuple avec ses ordures, sa vie lâchée, son langage grossier ». Ce roman raconte la vie misérable d'une ouvrière qui vit dans un quartier populaire de Paris, dont le mari sombre dans l'alcoolisme, et qui l'entraîne elle aussi dans ce milieu. Elle ne rêve que d'une vie sans problèmes d'argent avec un toit et de quoi nourrir elle et ses enfants, mais termine sa vie endettée, forcée à vendre la blanchisserie dont elle avait toujours rêvé. L'extrait que nous allons étudier se passe durant un moment où Gervaise est à son apogée, dans sa boutique, un jour d'été, avec deux des trois ouvrières qui travaillent pour elle. Dans ce passage, Zola a aussi intégré un mouvement artistique du milieu du XIXème siècle, l'impressionnisme, qui vise à insister sur les jeux de lumière et les couleurs claires.

Dans un premier temps, nous verrons l'aspect réaliste de cet extrait, puis nous étudierons l'esthétique impressionniste de ce texte.

 

Zola renforce le réalisme en introduisant un portrait réaliste à ce passage. En effet, il décrit Madame Putois physiquement, en utilisant les termes “maigre” et “petite”, il décrit sa tenue vestimentaire de “boutonnée dans un vieux caraco marron” et son bonnet “noir garni de rubans verts tournés au jaune”. Il évoque aussi le fait qu'elle “repassait […] avec des gestes cassés de marionnette”, et ajoute même “sans une goutte de sueur”, puisque c'est la seule qui ne soit pas transpirante malgré “les fortes chaleurs”.

Zola détaille aussi l'activité de Gervaise, il décrit son travail avec minutie et des verbes techniques tels que “trempait”, “roulait”, “plongé”, “passer du linge”, de sorte à étayer l'effet de réel. De plus, il décrit sa tenue vestimentaire “jupon blanc”, “camisole retroussée jusqu'aux manches” et sa posture “accroupie par terre” qui nous permet d'imaginer parfaitement la scène.

Il nous fait part de la souffrance des deux femmes, en intégrant un dialogue où Gervaise se plaint de la chaleur, et son cou « suant », ainsi que celle de Mme Putois, qui repasse avec des « gestes cassés de marionnette ».

Zola reflète ici la période ouvrière.

 

 

Dans un second temps, Zola a crée une mise en scène réaliste. Il décrit une scène de la vie quotidienne de l'époque. La blanchisserie est un lieu anodin au milieu du XIXème siècle, et cette scène n'apporte aucun élément important à la suite de l'histoire.

Par ailleurs, il théâtralise cet extrait, en insistant sur la description et sur la précision du panorama. L'impression est que le narrateur fait son entrée dans la blanchisserie, et qu'il décrit ce qu'il voit au fur et à mesure qu'il marche. Il commence par les “dix fers” qui chauffent, puis par son entrée avec la porte laissée ouverte, les pièces qui sèchent, Gervaise accroupie occupée à “passer le linge à l'amidon”. Puis il passe à Madame Putois, qu'il décrit entièrement, ainsi que ce qu'elle fait, “poussant son fer avec des gestes cassés de marionnettes” sur l'établi “trop haut pour elle”. Ainsi, il corrobore l'effet de réalisme.

De plus, Zola a intégré un dialogue à ce passage. Cela nous donne l'impression de vivre la scène au moment où elle prend place.

Pour finir, il ancre l'extrait à l'aide d'indices spatio-temporels qui nous indiquent que cette scène a lieu un samedi après-midi de Juin, dans la blanchisserie de Gervaise, et il insiste aussi sur la température, qu'il décrit à l'aide d'hyperboles « température à crever », de comparaisons « raides comme des copeaux », ou encore de métaphores dans le dialogue « si nous ne fondons pas », « montrez toute votre boutique ».

En intégrant un dialogue à ce passage, nous avons l'impression de vivre la scène au moment où elle prend place. En plus de cela, il englobe le lecteur en utilisant le pronom personnel « on ».

 

Zola a dit : « Je n'ai pas seulement soutenu les impressionnistes, je les ai traduits en littérature, par les touches, notes, colorations, par la palette de beaucoup de mes descriptions. » En apportant une description très minutieuse de chaque personnage, ainsi que de leur posture et de leur occupation, Zola transforme cet extrait en un tableau composé d'une palette de couleurs claires : « blanc » « rose » « laiteuse » « jaune » « vert ».

Le point de vue adopté donne l'impression que c'est l'un des trois hommes en face de la boutique qui peignent le tableau, car ils ont une vue de l'extérieur. En effet Zola insiste sur les jeux de lumière extérieurs tels que « réverbération ardente », les « grandes moires », le « jour aveuglant », ou encore la « poussière de soleil ». Par ailleurs, il mentionne le « reflet du papier ».

 

 

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