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L'autorité Est Elle Indispensable À L'éducation ?

Publié le 16/01/2011

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Notre monde d’aujourd’hui « rejette « toute forme d’autorité. Il revendique l’individualité. L’individu n’a plus envie de subir des contraintes qui entravent son libre choix et son action. A partir de ce contexte il importe donc qu’il y ait des modèles d’autorités différents de ce qui sont aujourd’hui rejetés. C’est pourquoi  en plus de l’autorité hiérarchique qui peut être basée sur le pouvoir de la sanction, il peut y avoir une autorité pédagogique qui peut être basée sur un monde de personnes égales. Que ce soit dans une relation qui unit parents et enfants ou encore une relation enseignants élèves, l’autorité joue un rôle important. Il est à se demander si l’éducation appelle l’autorité ou bien est ce parce qu’il y a autorité qu’il y a éducation ? L’autorité est elle un mal nécessaire ? Punir peut il être un acte éducatif ? L’autorité d’un enseignant et celle des parents diffère t’elle ? Ou bien à l’inverse se rejoigne t’elle ? C’est ce que nous allons voir au cours de ce développement.

 

L’autorité est le pouvoir de se faire obéir volontairement sans contrainte physique ou psychique, sans avoir à persuader par argumentation. Il existe deux formes d’autorité : La potestas qui est une  autorité de droit, le pouvoir est fondé sur la fonction ou le statut légalement reconnu. On parle de leadership de droit. L’auctoritas est une autorité personnelle, elle ne dépend d’aucune instance, elle ne peut pas être donnée. Elle émane de la personne, elle est de l’influence et du crédit. On parle alors de leadership de fait. On les retrouve toute deux à la fois dans l’enseignant mais aussi dans le parent. Toute la différence se fait entre avoir l’autorité et avoir de l’autorité. L’autorité peut également relever des conceptions de vie. Une conception optimiste pensera que l’autorité met l’accent sur la liberté, les ressources intérieures et la motivation pour le développement. Une conception pessimiste passera par le fait que l’accès au savoir et l’acceptation des règles sociales et morales ne se font pas sans contraintes et sans sanctions. Le fait d’avoir autorité sur un enfant ou un élève, peut amener la personne responsable à avoir recours à des sanctions ou à des punitions. Dans quels cas ces dernières se révèlent-elles éducatives ? La sanction doit rendre l’enfant ou l’élève responsable de ses actes et doit lui permettre un retour sur lui-même. Elle peut être bénéfique si elle a un sens, si elle est immédiate ; afin que le lien de cause à effet soit saisi et compris. La punition est éducative elle ne doit pas être par conséquent violente ou humiliante. Enfin, elle doit être utilisée à bon escient, une multiplication inutile lui ferait perdre tout son poids et sa crédibilité.

 

L’autorité c’est ce qui permet à l’enfant d’assimiler les interdits fondamentaux. La frustration est une expérience indispensable au développement de l’enfant : pour vivre en société il doit apprendre à renoncer à la satisfaction immédiate de tous ses désirs. Il faut également garder à l’esprit qu’amour et autorité sont compatibles : l’un découle même de l’autre. En effet, c’est parce qu’on aime nos enfants qu’on leur fixe des interdits, pour leur sécurité, leur bien être. Mettre des barrières sur le chemin de l’enfant, c’est aussi l’aider à avancer : un chemin balisé est rassurant, l’enfant gagnera en confiance et sera mieux paré pour son autonomie. Sans autorité, l’enfant peut aussi se sentir négligé, abandonné. L’ingrédient essentiel est la communication : une interdiction pure est simple, sans explication, n’a aucun sens pour l’enfant, elle est donc inutile, voire nuisible. Il est important d’expliquer clairement et simplement, pourquoi vous interdisez à votre enfant telle ou telle chose. Toutefois, il est important de laisser une marge d’action à l’enfant. Il ne faut pas le frustrer avec des interdictions toujours plus nombreuses. L’enfant doit pouvoir se forger sa propre expérience. L’échec a également des vertus éducatives. Il faut également que vos consignes soient dictées de manière logique, il ne faut pas qu’elles soient injustes et qu’elles interdisent à votre enfant toute expression de ses humeurs ou de ses états d’âme. Au fil de son développement, l’enfant passe par plusieurs crises d’opposition. Ces périodes sont essentielles car ce sont des phases durant lesquelles l’enfant se construit en s’opposant.

 

Les parents ont le souci de bien faire avec leurs enfants, même si parfois ils n’en n’ont pas les moyens. C’est dans le cadre scolaire, lorsque les enfants deviennent élèves, qu’ils se retrouvent confronter à une deuxième autorité : celle de l’enseignant.

 

L’enseignant est chargé d’exercer son autorité en conciliant fermeté et bienveillance. Celle-ci  sera légitimée sur deux bases : lorsqu’elle est fondée sur le respect réciproque et lorsque les élèves reconnaissent en lui un adulte qui transmet des savoirs de qualité avec une pédagogie adaptée suscitant intérêt et curiosité. Si l’autorité de l’enseignant est basée sur la confiance et le respect, alors il refusera de faire preuve d’autorité et d’abuser de son pouvoir. Par conséquent il n’aura rien à attendre de la puissance des sanctions, mais il sera plus enclin à trouver des solutions personnelles.

L’autorité nécessite désormais parole, explication voire négociation pour recueillir l’adhésion de ceux sur lesquels elle s’exerce. C’est une condition première de son efficience. 

Enfin la qualité d’être, et notamment la compétence émotionnelle (écoute, soutien, compassion, communication…) de l’enseignant est primordiale dans l’éducation : elle donne la tonalité à son message, elle conditionne sa relation aux élèves et elle est un facteur de réussite ou non pour ces derniers.  Elle modifie durablement le rapport à l’autorité, des lors, celui qui fait autorité n’est pas autoritaire. C’est la compétence qui fait l’autorité. L’autorité est ce à quoi l’élève se réfère pour pouvoir se situer s’orienter. La véritable autorité des enseignants ne se construira que s’ils savent montrer que ce qu’ils imposent aux élèves leur permet de grandir et de réussir leur vie.

 

En somme il existe un grand paradoxe. Celui-ci consiste à ce que, si le mot autorité évoque souvent le pouvoir, l’obligation et l’interdit, il en va différemment de son verbe « autoriser «. L’enseignant ou le parent qui a une autorité est une personne qui autorise. On comprend par là que l’autorité a pour fonction première d’autoriser à exister, à évoluer, à apprendre, à se tromper… L’autorité n’est donc ni contrainte, ni persuasion, elle est influence éducative. Elle augmente l’élève ou l’enfant, elle le fait grandir. Elle est une influence positive. Elle n’est pas une volonté qui s’oppose et qui s’impose à une autre volonté pour la soumettre mais une volonté qui s’allie à une volonté naissante pour l’aider à vouloir et pouvoir.

Enfin, elle présuppose la reconnaissance. L’autorité n’a pas son fondement dans un acte de soumission mais tout au contraire dans un acte de reconnaissance.

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