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Le Bloc soviétique de 1945 à 1968 (Histoire)

Publié le 17/01/2011

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histoire

  A la fin de la seconde guerre mondiale, deux blocs se constituent : le bloc de l’Ouest, mené par les USA, et le bloc de l’Est, dominé par l’URSS. Celui-ci est constitué de tous les Etats communistes eurasiatiques durant la Guerre Froide: l’URSS, les pays d’Europe de l’Est, la Chine, la Mongolie, la Corée et le Viêtnam du Nord. Communiste ne signifie pas cependant pas soviétique. Selon le Petit Robert, « soviétique « signifie « relatif  à l’Etat fédéral socialiste né en 1917 et appelé URSS «. Juste en dessous, la définition de « soviétiser « désigne le fait « soumettre à l’autorité de la Russie soviétique «. D’après ces explications, on comprend que le bloc soviétique est plus restreint que le bloc de l’Est : tous les pays qui composent le second ne sont pas sous l’autorité du premier, la plupart sont de simples alliés. Ainsi le bloc soviétique n’est constitué que de l’URSS et des démocraties populaire d’Europe de l’Est installées par l’Union Soviétique. Entre 1945 et les années 70, le bloc soviétique reste soudé, malgré quelques crises réprimées dans la violence. Cependant, après le printemps de Prague en 1968, la déchéance de Moscou commence. Jusque là, la politique soviétique était intrinsèquement lié au Secrétaire Général du Parti Communiste, dirigeant effectif du bloc. A Staline ont succédé Khrouchtchev et Brejnev. De quelle manière chacun d’eux a marqué son passage au pouvoir, tant à l’international qu’intra muros ? On étudiera à tour de rôle l’action de ces trois dirigeants.

 

Staline, qui dirige l’URSS depuis 1924, souhaite bien avant la fin de la guerre étendre son pouvoir en Europe. Pour cela, il lui faut apparaître comme un protecteur de l’Europe libre, faire oublier le pacte Germano-Soviétique et acquérir la puissance nucléaire. Il fournit un effort de guerre très important, souhaitant avancer rapidement dans la libération des territoires occupés par les nazis pour libérer Berlin avant les Alliés. La conférence de Yalta, qui a lieu du 4 au 11 février 1945 pour déterminer le sort de l’Europe après la défaite de l’Allemagne, réunit les dirigeants de l’URSS, du Royaume-Uni et des USA. Ces derniers ont pour priorité de finir la guerre avec un minimum de pertes et sont peu méfiant envers l’URSS. Ajouté à la position de force de Staline en Europe, les accords de Yalta sont largement en sa faveur : il reçoit les îles Kouriles et un déplacement vers l’Ouest de la frontière européenne de l’URSS, ainsi que l’occupation d’un quart de l’Allemagne et de Berlin. En échange, il s’engage entre autre à quitter les pays d’Europe de l’Est que l’Armée Rouge a libéré des nazis et à permettre l’organisation d’élections libres. Staline ne respectera pas ses engagements. Il va épurer les milieux politiques des pays occupés et organiser des simulacres d’élection qui placeront au pouvoir des pantins communistes soumis à Moscou. Ces « démocraties populaires « communistes constituent un glacis territorial protecteur pour l’URSS. Face à cet expansionnisme, les USA deviennent méfiants et mettent fin au Prêt-Bail avec l’Union Soviétique dès 1945. La doctrine Jdanov énoncée en 1947, qui prône la lutte contre le capitalisme, signe la fin définitive de l’Alliance entre les deux Grands et le début de la Guerre Froide.

En 1947, Staline empêche les pays d’Europe de l’Est d’accepter le Plan Marshall des Etats-Unis et leur propose en remplacement le Kominform, une organisation plus politique qu’économique qui centralisera tous les PC européens. Il mène une véritable politique de répression et entretient une forte propagande centrée sur le culte de la personnalité. Toute tentative d’indépendance est réprimée dans la violence, comme le coup de Prague en février 48 : Staline envoie des troupes reprendre le contrôle de la Tchécoslovaquie, où des socialistes avaient remportés élections libres et souhaitaient se détacher de Moscou. Les Alliés réagissent en unifiant leurs zones d’occupation allemandes et berlinoises. Staline estimant que cette situation réduirait considérablement sa puissance en Allemagne, organise le blocus de Berlin durant 11 mois, mais cette opération sera un échec, la ville étant ravitaillée par avion, et prendra fin en mai 1949. Cette crise n’était que la première d’une longue série. Le bloc soviétique maintenant constitué, et armé depuis 1949 de l’arme nucléaire, Staline entame une politique expansionniste en Asie, qui se heurte à la stratégie de containment américaine. L’URSS soutiendra les révolutionnaires communistes indochinois, signera un accord d’aide financière avec la République Populaire de Chine de Mao pour que celle-ci calque son modèle sur le sien. Enfin, Staline tente en 1950 d’envahir la Corée du Sud occupée par les Américains, mais sans succès. Il meure  avant la résolution du conflit.

 

Cet expansionnisme n’agrandit cependant pas le bloc soviétique. Il constitue le bloc de l’Est, car l’URSS ne soumet pas tous les pays communistes. La coexistence pacifique, qui marque la fin des grandes tensions entre l’URSS et les USA, débute en 1953, au moment de l’accession de Nikita Khrouchtchev au pouvoir, pour des raisons externes aux deux blocs, mais aussi grâce à la politique interne menée par le successeur de Staline.

 

Dès son arrivée à la tête du bloc soviétique, Khrouchtchev entame une politique intérieure de déstalinisation. Il condamne les excès de son prédécesseur, notamment son culte de la personnalité et le trop-plein d’arrestations arbitraires. En 1953, il réhabilité Tito et son communisme indépendant, et, en 1956, le Kominform est dissout. Ces décisions donnent aux peuples des démocraties populaires l’espoir d’une démocratisation du système, comme le prouve la crise Hongroise de 1956. Les Hongrois demandaient le retour au pouvoir du réformateur Nagy et le départ des troupes soviétiques. L’insurrection d’octobre est réprimée dans la violence. De fait, la déstalinisation ne fait que condamner la personne de Staline et ne remet pas en cause le système qu’il a instauré. La volonté de conserver le contrôle sur les démocraties populaire est toujours présente, et se manifeste notamment par le Pacte de Varsovie, accord militaire signé en 1955 par l’URSS et les démocraties populaires pour répondre  l’OTAN occidental. La deuxième crise de Berlin est une autre manifestation de la politique de Khrouchtchev, qui souhaite interrompre la fuite des Allemand de RDA vers la RFA. La construction du « mur de la honte « en 1961 témoigne des limites intérieures et internationales du bloc soviétique.

Depuis 1953, la Guerre Froide est entrée dans la coexistence pacifique : chacun se contente de condamner verbalement les agissements de l’autre sans interférer dans sa politique intérieure. L’équilibre de la terreur, ou fait que chacun possède désormais l’arme nucléaire, n’est pas étranger à ce comportement. Les deux Grands parviennent même à s’entendre sur certains points. En 1956, lorsque la France et l’Angleterre tentent de récupérer le contrôle du canal de Suez, pris par le général égyptien Nasser, ils condamnent tous deux ces actions. L’URSS menace d’user de l’arme nucléaire, ce qui renforce sa crédibilité en Afrique. En effet, les USA, d’abord passifs, n’interviennent que pour désamorcer la crise.  Cette union a cependant des limites : la construction du mur de Berlin en 1961 scandalise les occidentaux et est un échec politique pour les soviétiques puisqu’elle dément l’image idyllique de la RDA répandue par les soviétiques. Mais avec la crise de Cuba, en 1962, la tension nucléaire atteint son paroxysme. Kennedy ordonne le blocus de l’île communiste et lance un ultimatum à Khrouchtchev lors de la découverte de missiles nucléaires pointés vers les USA. Chacun étant en état d’atteindre le territoire de l’autre, on craint le déclenchement d’une troisième guerre mondiale. Pourtant, après deux semaines de tensions, Khrouchtchev accepte d’enlever ses missiles, et les USA les leurs en Turquie. Après cet événement, le danger nucléaire est désormais perçu par tous. Désireux de l’éviter, les superpuissances optent pour une politique systématique de Détente, concluant plusieurs traités, notamment le traité de Moscou en 1963, à propos de l’interdiction partielle des essais nucléaires.

 

La crise de Cuba a énormément affaibli Khrouchtchev au sein du bloc de l’Est. On lui reproche d’avoir affaibli l’image de l’URSS dans le monde en acceptant d’enlever les missiles cubains. Certaines membres du Parti Communiste profitèrent de son absence pour provoquer son renvoi du pouvoir. Le 13 octobre 1964, il est remplacé par Léonid Brejnev.

 

Brejnev arrive au pouvoir alors que le bloc soviétique semble moins puissant à l’internationale. Cependant, la politique de Détente commencée depuis 1962 permet à Brejnev de conserver un certain prestige. En effet, le temps des guerres périphériques est terminé. Chaque bloc respectant la zone d’influence de l’autre, le jeu des alliances devient moins crucial qu’en 1945. Dans cette situation, Brejnev peut se permettre d’être moins tolérant vis à vis de son voisin asiatique. Alors que depuis la mort de Staline les relations entre l’URSS et la Chine ne cessent de se dégrader, des affrontements frontaliers ont lieu, et les soviétiques augmentent fortement leurs effectifs à ces endroits. En 1967, bien que la guerre soit proche, les deux Etats optent pour l’apaisement, mais coupent toutes relations diplomatiques. Les USA profitent de cette situation pour faire de la Chine un allié en lui proposant une place permanente au Conseil de Sécurité de l’ONU. Malgré la perte de cet allié, le bloc soviétique reste fort à l’international, notamment grâce à son armement nucléaire. Il signe le pacte de non prolifération des armes nucléaires en 1968 et s’ouvre petit à petit aux échanges économiques extérieurs.

La politique intérieure reste cependant très stricte. Bien que Brejnev ait été la pupille de Khrouchtchev au Parti Communiste, il ne continue pas sa politique lors de son accès au pouvoir. Sans revenir à la répression de rigueur pendant la période stalinienne, on assiste à un durcissement de la répression, alors que l’URSS entre dans une phase de déclin : l’Union perd des alliés et les tensions dans les démocraties populaires sont de plus en plus vives, et le printemps de Prague de 1968 marque un réel tournant à ce sujet. En janvier 1968, Alexandre Dubcek parvient au pouvoir et souhaite instaurer un « socialisme à visage humain « en Tchécoslovaquie. Ce sont des dirigeants communistes qui souhaitent l’indépendance pour leur pays, mais ces actions inquiètent l’URSS. Malgré une intervention militaire des membres du Pacte de Varsovie, les dirigeants refusent de se soumettre et les soviétiques doivent négocier avec la Tchécoslovaquie. Le gouvernement libéral est finalement maintenu, mais Dubcek est remplacé par Gustav Husak, un libéral plus favorable à des compromis avec l’URSS. Il se chargera de la « normalisation « du pays. Ce premier échec de répression dans une démocratie populaire marque un tournant dans l’histoire du bloc soviétique.

 

Conclusion : Les changements de dirigeant de l’Union Soviétique sont marqués par un changement de la politique du bloc, et correspondent aux différentes phases de la Guerre Froide. Si le déclin du bloc soviétique est visible dès 1961, il ne sera véritablement amorcé qu’à partir de 1968, lorsque la contestation dans les démocraties populaires deviendra générale. En effet, la Tchécoslovaquie sera un exemple pour d’autres pays d’Europe de l’Est, notamment la Pologne, où Lech Walesa fondera le Solidarnosc.

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