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Le comique

Publié le 10/01/2021

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?Le comique de Molière Lors de la représentation des pièces de Molière, le comique passe au premier plan et nous fait oublier la gravité des peintures. L?art de ce dramaturge consiste justement à traiter de façon amusante des situations pénibles. I. PERMANENCE DU COMIQUE CHEZ MOLIÈRE Il évite d?assombrir ses comédies. Si certains personnages sont odieux, ils sont tellement absurdes qu?au lieu d?indigner ils provoquent le rire; généralement ils sont escortés de valets chargés de détendre l?atmosphère aux moments les plus graves. Dans la scène où Harpagon fait avouer à Cléante qu?il aime Mariane (IV, 3), Maître Jacques essaie ridiculement de réconcilier les deux rivaux : après cet intermède d?énorme farce, le spectateur peut entendre sans émotion la querelle où le fils insulte son père et où l?avare déshérite son fils ! (cf. au contraire Mithridate. On étudiera encore cette intervention de la farce dans l'Avare, II, 2; Tartuffe, III, 6, et IV, 4. La vie des personnages n?est jamais en danger et les dénouements heureux viennent dissiper la tristesse de certaines situations (cf. p. 193). Le comique est le moyen d?expression naturel de MOLIÈRE. Tous les procédés signalés plus haut (p. 198) pour peindre les caractères aboutissent naturellement au rire; inversement, ses effets comiques sont toujours liés à la vérité psychologique (p. 181). C?est cette ambiance comique qui fait « l'unité d'atmosphère » de ses pièces. II. QUELLES SONT LES SOURCES DE CE COMIQUE ? On trouve chez MOLIÈRE tout ce qui peut susciter le rire : comique de mots, de gestes, d?interruptions, de répétitions, quiproquos, mots de nature, situations, extravagance des idées et des actes. Deux tendances essentielles : 1. Le contraste Molière aime opposer ses personnages par le caractère, le vocabulaire, les m?urs : Gorgibus et les précieuses; Alceste et Philinte; Orgon et Dorine; M. Jourdain et sa femme; Chrysale et Philaminte. Il aime opposer ses personnages à eux-mêmes : contradictions d?Alceste, de Chrysale, d?Armande, de M. Jourdain. De là l?impression de déséquilibre, d'inadaptation où BERGSON voyait l?essence même du rire. Dans les scènes à renversement, c?est un revirement de situation qui provoque le contraste comique : entrevues d?Alceste et de Célimène (II, 1, et IV, 3), entretiens entre Célimène et Arsinoé (III, 4), entre M. Jourdain et Dorante (III, 4); entre Harpagon et Frosine (II, 5), entre Vadius et Trissotin (F. Sav., II, 5); scènes de dépit amoureux (Tartuffe, II, 4; Bourgeois, III, 10). 2. Comique de parodie Plus raffiné que le précédent, ce comique fait participer le spectateur à une sorte de jeu intellectuel : c?est à lui de découvrir (avec quelle délectation !) les intentions satiriques de l?auteur. Parodie des m?urs contemporaines dans les Précieuses (sc. 3 et 9), dans le Misanthrope (II, 5); parodie littéraire (Misanthrope, I, 2; Critique et Impromptu); parodie du jargon médical (p. 195); parodie du théâtre tragique (Misanthrope, IV, 3). Au comique de parodie se rattache le recours au langage indirect : critique du sonnet d?Oronte par Alceste (I, 2), échange de politesses empoisonnées entre Célimène et Arsinoé (III, 4), déclaration déguisée de Cléante à Mariane en présence d?Harpagon (III, 3). Les chefs-d??uvre de ce langage à double sens sont peut-être les tirades amoureuses en style dévot de Tartuffe et le langage d?Elmire adressé à la fois à Tartuffe et à Orgon (III, 3, et IV, 5). III- LA HAUTE COMÉDIE C?est par ce comique plus relevé, par ce « rire dans l'âme », que MOLIÈRE voulait plaire aux « honnêtes gens ». Sans tomber dans le drame bourgeois qui aboutira à la pièce sérieuse moderne, il tendait vers l?idéal d?un comique épuré et de scènes semblables à des tranches de conversation, pleines de vie et de naturel. Il l?a réalisé en partie dans l?École des Femmes, Dom Juan, Tartuffe, Les femmes Savantes. Il l?a réalisé totalement dans le Misanthrope, où il parvient à éviter toute vulgarité et à rester néanmoins comique à peu près jusqu?au bout.

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