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Le dénouement tragique

Publié le 06/03/2012

Extrait du document

CORPUS SUR LE DÉNOUEMENT TRAGIQUE

 

  • Document A : Œdipe-Roi de Sophocle, 420 av. J.-C. : tragédie antique / politique / philo. : mythe qui illustre le fait que l’homme ne peut échapper à son destin, le passage où Œdipe déplore pour ses filles une destinée funeste est commenté par le Coryphée qui souligne la portée didactique du mythe tragique. On a dépassé le moment de l’action tragique qui précipite le dénouement quand Œdipe se crève les yeux.

OEDIPE. - Le bonheur soit donc avec toi ! et, pour te payer de cette venue, puisse un dieu te sauvegar-der, et mieux qu'il n'a fait moi-même ! - ô mes enfants, ou donc êtes-vous ? venez, venez vers ces mains fraternelles, qui ont l'ait ce que vous voyez de ces yeux tout pleins de lumière du père dont vous êtes nées ! ce père, mes enfants qui, sans avoir rien vu, rien su, s'est révélé soudain comme vous ayant en-gendrées dans le sein où lui-même avait été formé !...  Sur vous aussi, je pleure - puisque je ne suis plus en état de vous voir. -, je pleure, quand je songe combien sera amère votre vie à venir et quel sort vous feront les gens. A quelles assemblées de votre cité, à quelles fêtes pourrez-vous bien aller, sans retourner chez vous en larmes, frustrées du spectacle attendu ? Et, quand vous atteindrez l'heure du mariage, qui voudra, qui osera se charger de tous ces opprobres faits pour ruiner votre existence, comme ils ont fait pour mes propres parents ?Est-il un crime qui y manque ? Votre père a tué son père ; il a fécondé le sein d'où lui-même était sorti ; il vous a eues de celle même dont il était déjà issu : voilà les hontes qu'on vous reprochera ! Qui, dès lors, vous épousera ? Personne, à mes enfants, et sans doute vous faudra-t-il vous consumer alors dans la stérilité et dans la solitude... ô fils de Ménécée, puisque tu restes seul pour leur servir de père - nous, leur père et leur mère, sommes morts tous les deux -, ne laisse pas des filles de ton sang errer sans époux, mendiant leur pain. Ne fais point leur malheur égal à mon malheur. Prends pitié d'elles, en les voyant si ,jeunes, abandonnées de tous, si tu n'interviens pas. Donne-m'en ta parole, prince généreux, en me touchant la main... (Créon lui donne la main.) Ah ! que de conseils, mes enfants, si vous étiez d'âge à comprendre, j'aurais encore à vous donner ! Pour l'instant, croyez-moi, demande ? seulement aux dieux, où que le sort vous permette de vivre, d'y trouver une vie meilleure que celle du père dont vous êtes nées. CRÉON. - Tu as assez pleuré, rentre dans la maison. OEDIPE. - Je ne puis qu'obéir, même s'il m'en coûte. CRÉON. - Ce qu'on fait quand il faut est toujours bien fait. OEDIPE. - Sais-tu mes Conditions pour m'éloigner d'ici ? CRÉON. - Dis-les-moi, et Je les Saurai. OEDIPE. - Veille à me faire mener hors du pays. CRÉON. - La réponse appartient au dieu. OEDIPE. - Mais je fais horreur aux dieux désormais. CRÉON. - Eh bien ! alors tu l'obtiendras sans doute.                                                                                                                OEDIPE. - Dis-tu Vrai ? CRÉON. - Je n'ai pas l'habitude de parler contre ma pensée. OEDIPE. - Emmène-moi donc tout de suite. CRÉON. - Viens alors et laisse tes filles. OEDIPE. - Non, pas elles ! non, ne me les enlève pas ! CRÉON. - Ne prétends donc pas triompher toujours : tes triomphes n'ont pas accompagné ta vie. On ramène les fillettes dans le gynécée, tandis qu'on fait rentrer Oedipe par la grande porte du palais. LE CORYPHÉE. - Regardez, habitants de Thèbes, ma patrie. Le voilà, cet Oedipe, cet expert en énigmes fameuses, qui était devenu le premier des humains. Personne dans sa ville ne pouvait contempler son destin sans envie. Aujourd'hui, dans quel flot d'effrayante misère est-il précipité ! c'est donc ce dernier jour qu'il faut, pour un mortel, toujours considérer. Gardons-nous d'appeler jamais un homme heureux, avant qu'il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin.

  • Document B : Cinna ou la clémence d’Auguste, Corneille, 1639 : tragédie classique, transposition d’une histoire antique pour légitimer la monarchie absolue lorsque le pouvoir est exercé avec générosité, faits historiques. Acte V, scène 3, la « clémence d’Auguste » pardonnant à Emilie le complot qu’elle a ourdi contre l’empereur en demandant à Cinna de le tuer est tout à fait inattendue, compte tenu des précédents ds l’Histoire romaine (César assassiné par Brutus, son fils adoptif…)

AUGUSTE En est-ce assez, ô ciel ! et le sort, pour me nuire, A-t-il quelqu'un des miens qu'il veuille encor séduire ? Qu'il joigne à ses efforts le secours des enfers ; Je suis maître de moi comme de l'univers ; Je le suis, je veux l'être. Ô siècles , ô mémoire ! Conservez à jamais ma dernière victoire ! Je triomphe aujourd'hui du plus juste courroux De qui le souvenir puisse aller jusqu'à vous. Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie : Comme à mon ennemi je t'ai donné la vie, Et, malgré la fureur de ton lâche destin, Je te la donne encor comme à mon assassin.                                                                                                                Commençons un combat qui montre par l'issue Qui l'aura mieux de nous ou donnée ou reçue. Tu trahis mes bienfaits, je les veux redoubler ; Je t'en avais comblé, je t'en veux accabler : Avec cette beauté que je t'avais donnée, Reçois le consulat pour la prochaine année. Aime Cinna, ma fille, en cet illustre rang, Préfères-en la pourpre à celle de mon sang ; Apprends sur mon exemple à vaincre ta colère : Te rendant un époux, je te rends plus qu'un père. ÉMILIE Et je me rends, seigneur, à ces hautes bontés ; Je recouvre la vue auprès de leurs clartés : Je connais mon forfait qui me semblait justice ; Et (ce que n'avait pu la terreur du supplice) Je sens naître en mon âme un repentir puissant, Et mon coeur en secret me dit qu'il y consent. Le ciel a résolu votre grandeur suprême ; Et pour preuve, seigneur, je n'en veux que moi-même : J'ose avec vanité me donner cet éclat, Puisqu'il change mon coeur, qu'il veut changer l'État. Ma haine va mourir, que j'ai crue immortelle ; Elle est morte, et ce coeur devient sujet fidèle ; Et prenant désormais cette haine en horreur, L'ardeur de vous servir succède à sa fureur.                                                                                                                           CINNA Seigneur, que vous dirai-je après que nos offenses Au lieu de châtiments trouvent des récompenses ? Ô vertu sans exemple ! ô clémence, qui rend Votre pouvoir plus juste, et mon crime plus grand ! AUGUSTE Cesse d'en retarder un oubli magnanime Et tous deux avec moi faites grâce à Maxime : Il nous a trahis tous ; mais ce qu'il a commis Vous conserve innocents, et me rend mes amis. (À Maxime.) Reprends auprès de moi ta place accoutumée ; Rentre dans ton crédit et dans ta renommée ; Qu'Euphorbe de tous trois ait sa grâce à son tour ; Et que demain l'hymen couronne leur amour. Si tu l'aimes encor, ce sera ton supplice. MAXIME Je n'en murmure point, il a trop de justice ; Et je suis plus confus, seigneur, de vos bontés Que je ne suis jaloux du bien que vous m'ôtez.

  • Document C : Polyeucte, Corneille (acte V, fin de la scène 3) tragédie chrétienne, sujet religieux // faits historiques de l’Antiquité (persécut° des 1ers chrétiens ds l’Empire romain), 1641 : f° politique : il s’agit de réaffirmer la prééminence du catholicisme romain, religion d’Etat, contre les contestations protestantes (venues d’Allemagne - Luther - et de Suisse - Calvin-) : mort volontaire de Polyeucte : stoïcisme. La surprise vient du caractère inébranlable de la foi du héros (« Je suis Chrétien ») qui force l’admiration du spectateur par son stoïcisme.

PAULINE Ah ! Mon père, son crime à peine est pardonnable, Mais s'il est insensé, vous êtes raisonnable, La Nature est trop forte, et ses aimables traits Imprimés dans le sang ne s'effacent jamais, Un père est toujours père, et sur cette assurance J'ose appuyer encore un reste d'espérance. Jetez sur votre fille un regard paternel, Ma mort suivra la mort de ce cher criminel, Et les Dieux trouveront sa peine illégitime, Puisqu' elle confondra l'innocence, et le crime, Et qu'elle changera par ce redoublement En injuste rigueur un juste châtiment. Nos Destins par vos mains rendus inséparables Nous doivent rendre heureux ensemble, ou misérables, Et vous seriez cruel jusques au dernier point, Si vous désunissiez ce que vous avez joint. Un cœur à l'autre uni jamais ne se retire, Et pour l'en séparer il faut qu'on le déchire. Mais vous êtes sensible à mes justes douleurs, Et d'un œil paternel vous regardez mes pleurs. FÉLIX Oui, ma fille, il est vrai qu'un père est toujours père, Rien n'en peut effacer le sacré caractère, Je porte un cœur sensible, et vous l'avez percé, Je me joins avec vous contre cet insensé. Malheureux Polyeucte, es-tu seul insensible, Et veux-tu rendre seul ton crime irrémissible ? Peux-tu voir tant de pleurs d'un œil si détaché ? Peux-tu voir tant d'amour sans en être touché ? Ne reconnais-tu plus ni beau-père, ni femme, Sans amitié pour l'un, et pour l'autre sans flamme ? Pour reprendre les noms, et de gendre, et d'époux, Veux-tu nous voir tous deux embrasser tes genoux ? POLYEUCTE Que tout cet artifice est de mauvaise grâce ! Après avoir deux fois essayé la menace, Après m'avoir fait voir Néarque dans la mort, Après avoir tenté l'amour et son effort, Après m'avoir montré cette soif du Baptême, Pour opposer à Dieu l'intérêt de Dieu même, Vous vous joignez ensemble ! Ah ! Ruses de l'Enfer ! Faut-il tant de fois vaincre avant que triompher ? Vos résolutions usent trop de remise, Prenez la vôtre enfin puisque la mienne est prise. Je n'adore qu'un Dieu, maître de l'Univers, Sous qui tremblent le Ciel, la Terre, et les Enfers, Un Dieu qui nous aimant d'un amour infini Voulut mourir pour nous avec ignominie, Et qui par un effort de cet excès d'amour, Veut pour nous en victime être offert chaque jour. Mais j'ai tort d'en parler à qui ne peut m'entendre, Voyez l'aveugle erreur que vous osez défendre. Des crimes les plus noirs vous souillez tous vos Dieux, Vous n'en punissez point qui n'ait son maître aux Cieux : La prostitution, l'adultère, l'inceste, Le vol, l'assassinat, et tout ce qu'on déteste, C'est l'exemple qu'à suivre offrent vos Immortels ; J'ai profané leur Temple, et brisé leurs Autels, Je le ferai encor, si j'avais à le faire, Même aux yeux de Félix, même aux yeux de Sévère, Même aux yeux du Sénat, aux yeux de l'Empereur. FÉLIX Enfin ma bonté cède à ma juste fureur, Adore-les, ou meurs. POLYEUCTE Je suis Chrétien. FÉLIX Impie ! Adore-les, te dis-je, ou renonce à la vie. POLYEUCTE Je suis Chrétien. FÉLIX Tu l'es ? Ô cœur trop obstiné ! Soldats, exécutez l'ordre que j'ai donné. PAULINE Où le conduisez-vous ? FÉLIX À la mort. POLYEUCTE À la gloire. Chère Pauline, Adieu, conservez ma mémoire. PAULINE Je te suivrai partout, et mourrai si tu meurs. POLYEUCTE Ne suivez point mes pas, ou quittez vos erreurs. FÉLIX Qu'on l'ôte de mes yeux, et que l'on m'obéisse, Puisqu' il aime à périr je consens qu'il périsse.

 

  • Document D : Bérénice, Racine. Coup de théâtre : Bérénice finit par accepter la décision de Titus, et même à l’approuver : elle accède ainsi à un statut héroïque en dépassant sa propre souffrance (« histoire douloureuse » v. 1492) pour comprendre que la raison d’État, collective, a davantage de valeur que sa peine individuelle. Elle ne veut pas être responsable « des pleurs », du « trouble », des « horreurs » et du « sang prêt à couler » si Titus l’épousait. Histoire antique.

Scène 7 Titus, Bérénice, Antiochus

TITUS Venez, Prince, venez, je vous ai fait chercher. Soyez ici témoin de toute ma faiblesse ; Voyez si c'est aimer avec peu de tendresse : Jugez-nous.

ANTIOCHUS                Je crois tout : je vous connais tous deux. Mais connaissez vous-même un prince malheureux. Vous m'avez honoré, Seigneur, de votre estime ; Et moi, je puis ici vous le jurer sans crime, A vos plus chers amis j'ai disputé ce rang : Je l'ai disputé même aux dépens de mon sang. Vous m'avez, malgré moi, confié l'un et l'autre, La reine son amour, et vous, Seigneur, le vôtre. La reine, qui m'entend, peut me désavouer : Elle m'a vu toujours ardent à vous louer, Répondre par mes soins à votre confidence. Vous croyez m'en devoir quelque reconnaissance ; Mais le pourriez-vous croire en ce moment fatal, Qu'un ami si fidèle était votre rival ? TITUS Mon rival ! ANTIOCHUS                Il est temps que je vous éclaircisse. Oui, Seigneur, j'ai toujours adoré Bérénice Pour ne la plus aimer j'ai cent fois combattu : Je n'ai pu l'oublier ; au moins je me suis tu. De votre changement la flatteuse apparence M'avait rendu tantôt quelque faible espérance : Les larmes de la reine ont éteint cet espoir. Ses yeux, baignés de pleurs, demandaient à vous voir. Je suis venu, Seigneur, vous appeler moi-même ; Vous êtes revenu. Vous aimez, on vous aime ; Vous vous êtes rendu : je n'en ai point douté. Pour la dernière fois je me suis consulté ; J'ai fait de mon courage une épreuve dernière ; Je viens de rappeler ma raison toute entière : Jamais je ne me suis senti plus amoureux. Il faut d'autres efforts pour rompre tant de noeuds : Ce n'est qu'en expirant que je puis les détruire ; J'y cours. Voilà de quoi j'ai voulu vous instruire. Oui, Madame, vers vous j'ai rappelé ses pas. Mes soins ont réussi, je ne m'en repens pas. Puisse le ciel verser sur toutes vos années Mille prospérités l'une à l'autre enchaînées ! Ou, s'il vous garde encore un reste de courroux, Je conjure les dieux d'épuiser tous les coups, Qui pourraient menacer une si belle vie, Sur ces jours malheureux que je vous sacrifie. BERENICE, se levant Arrêtez, arrêtez. Princes trop généreux, En quelle extrémité me jetez-vous tous deux ! Soit que je vous regarde, ou que je l'envisage, Partout du désespoir je rencontre l'image. Je ne vois que des pleurs, et je n'entends parler Que de trouble, d'horreurs, de sang prêt à couler. (à Titus) Mon cœur vous est connu, Seigneur, et je puis dire Qu'on ne l'a jamais vu soupirer pour l'empire. La grandeur des Romains, la pourpre des Césars N'a point, vous le savez, attiré mes regards. J'aimais, Seigneur, j'aimais : je voulais être aimée. Ce jour, je l'avouerai, je me suis alarmée : J'ai cru que votre amour allait finir son cours. Je connais mon erreur, et vous m'aimez toujours. Votre cœur s'est troublé, j'ai vu couler vos larmes. Bérénice, Seigneur, ne vaut point tant d'alarmes, Ni que par votre amour l'univers malheureux, Dans le temps que Titus attire tous ses vœux Et que de vos vertus il goûte les prémices, Se voie en un moment enlever ses délices. Je crois, depuis cinq ans jusqu'à ce dernier jour, Vous avoir assuré d'un véritable amour. Ce n'est pas tout : je veux, en ce moment funeste, Par un dernier effort couronner tout le reste. Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus. Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus. (à Antiochus) Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même Que je ne consens pas de quitter ce que j'aime, Pour aller loin de Rome écouter d'autres vœux. Vivez, et faites-vous un effort généreux. Sur Titus et sur moi réglez votre conduite. Je l'aime, je le fuis : Titus m'aime, il me quitte. Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers. Adieu : servons tous trois d'exemple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse Dont il puisse garder l'histoire douloureuse. Tout est prêt. On m'attend. Ne suivez point mes pas. (à Titus) Pour la dernière fois, adieu, Seigneur. ANTIOCHUS                Hélas !

 

  • Document E : Phèdre      

En faisant représenter Phèdre en 1677, Racine revient au récit mythologique qu'avaient déjà repris Euripide et Sénèque : l'épouse de Thésée, frappée par Vénus, se prend d'une passion aussi irrésistible que condamnable pour son beau-fils, Hippolyte. Chez Euripide, Hippolyte donnait son titre à la tragédie (Hippolyte porte-couronne), et Racine, dans un premier temps, intitula sa pièce Phèdre et Hippolyte ; mais c'est finalement Phèdre qu'il retiendra, et ce choix, entre autres adaptations de l'intrigue, révèle une importance plus grande accordée à la « Brillante ». La scène 7 de l'acte V est la dernière de la pièce, et vient compléter le dénouement : maudite par Phèdre pour avoir calomnié Hippolyte auprès de Thésée, Œnone s'est suicidée, comme l'annonce Panope dans la scène 5 ; Théramène, lui, fait le récit de la mort horrible d'Hippolyte, qui est la conséquence de la malédiction envoyée par son père (scène 6). Dans la scène 7, Thésée est désespéré et en proie au doute quant à la culpabilité de son fils.

S c è n e   d e r n i è r e . Thésée, Phèdre, Théramène, Panope, Gardes.

T h é s é e . Hé bien vous triomphez, et mon Fils est sans vie.

1595

Ah que j' ai lieu de craindre ! Et qu' un cruel soupçon L' excusant dans mon coeur, m' alarme avec raison ! Mais, Madame, il est mort, prenez votre Victime. Jouissez de sa perte, injuste, ou légitime. Je consens que mes yeux soient toujours abusés.

1600

Je le crois criminel, puisque vous l' accusez. Son trépas à mes pleurs offre assez de matières, Sans que j' aille chercher d' odieuses lumières Qui ne pouvant le rendre à ma juste douleur, Peut-être ne feroient qu' accroître mon malheur.

1605

Laissez-moi, loin de vous et loin de ce Rivage De mon Fils déchiré fuir la sanglante image. Confus, persécuté d' un mortel souvenir, De l' Univers entier je voudrois me bannir. Tout semble s' élever contre mon injustice.

1610

L' éclat de mon nom même augmente mon supplice. Moins connu des mortels, je me cacherois mieux. Je hais jusques au soin dont m' honorent les Dieux ; Et je m' en vais pleurer leurs faveurs meurtrières, Sans plus les fatiguer d' inutiles prières.

1615

Quoi qu' ils fissent pour moi, leur funeste bonté Ne me sauroit payer de ce qu' ils m' ont ôté. P h è d r e . Non, Thésée, il faut rompre un injuste silence. Il faut à votre Fils rendre son innocence. Il n' étoit point coupable. T h é s é e . Ah Père infortuné !

1620

Et c' est sur votre foi que je l' ai condamné ! Cruelle, pensez-vous être assez excusée... P h è d r e . Les moments me sont chers, écoutez-moi, Thésée. C' est moi qui sur ce Fils chaste et respectueux Osai jeter un oeil profane, incestueux.

1625

Le Ciel mit dans mon sein une flamme funeste. La détestable Oenone a conduit tout le reste. Elle a craint qu' Hippolyte, instruit de ma fureur Ne découvrît un feu qui lui faisoit horreur. La Perfide abusant de ma foiblesse extrême

1630

S' est hâtée à vos yeux de l' accuser lui-même. Elle s' en est punie, et fuyant mon courroux A cherché dans les flots un supplice trop doux. Le fer auroit déjà tranché ma destinée. Mais je laissois gémir la Vertu soupçonnée.

1635

J' ai voulu, devant vous exposant mes remords, Par un chemin plus lent descendre chez les Morts. J' ai pris, j' ai fait couler dans mes brûlantes veines Un poison que Médée apporta dans Athènes. Déjà jusqu' à mon coeur le venin parvenu

1640

Dans ce coeur expirant jette un froid inconnu, Déjà je ne vois plus qu' à travers un nuage Et le Ciel et l' Époux que ma présence outrage. Et la Mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour, qu' ils souilloient, toute sa pureté. P a n o p e .

1645

Elle expire, Seigneur ! T h é s é e . D' une action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ! Allons de mon erreur, hélas ! trop éclaircis Mêler nos pleurs au sang de mon malheureux Fils. Allons de ce cher Fils embrasser ce qui reste,

1650

Expier la fureur d' un voeu que je déteste. Rendons-lui les honneurs qu' il a trop mérités. Et pour mieux apaiser ses Mânes irrités, Que malgré les complots d' une injuste Famille Son Amante aujourd' hui me tienne lieu de Fille.

DISSERTATION                                                                                              

La « Voix » du prologue de La Machine infernale de Jean COCTEAU déclare : Regarde spectateur, remontée à bloc, de telle sorte que le ressort se déroule avec lenteur tout au long d’une vie humaine, une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l’anéantissement mathématique d’un mortel. Après avoir réfléchi sur la métaphore filée du « ressort » et de la « machine », vous réfléchirez à la notion de « dénouement ». Vous appuierez notamment votre argumentation sur des exemples tirés du groupement, sur les œuvres étudiées en classe et sur vos lectures personnelles.

INTRODUCTION d’une dissertation

1. Cours sur l’objet d’étude restreint à l’angle de vue que propose le sujet : ici, le fatum (comment les décrets des dieux s’abattent sur les héros quoi qu’ils tentent pour y échapper : destinée tragique) qui illustre l’une des plus grandes frustrations de la condition humaine : sa mortalité, sa finitude. Bon nombre de mythes sont construits sur le refus des hommes d’accepter cette fin certaine quel que soit leur statut de leur vivant (Icare, Prométhée, la tour de Babel…). La tragédie leur rappelle leur mortalité, invitant les êtres supérieurs, les héros, à dépasser leur peur de la mort par le stoïcisme. Jean Cocteau, dramaturge, romancier et poète du XXème siècle, revisite le mythe d’Œdipe dans La Machine infernale en choisissant de mettre l’accent sur la marche inéluctable vers la mort des personnages. La métaphore du « ressort » et de la « machine » contenue dans le titre de sa tragédie laisse envisager le dénouement tragique comme le produit, le résultat d’une logique sans conscience qui broie l’être humain.                                                                                                                                                                                                                   2. Trouver une problématique (sur la notion de dénouement tragique, ici) suppose que l’on passe par une démarche définitoire jusqu’à faire apparaître des paradoxes : Dénouement : résolut° apparemment impossible d’1 pb, souvent sous forme de dilemme (conflit entre l’intérêt privé qui fait envisager au héros la possibilité d’un bonheur individuel et l’intérêt collectif qui prévaut lorsque le protagoniste devient « héroïque » en se sacrifiant), d’1 « nœud » (imbricat° de conflits qui ne semblent pas pouvoir se résoudre), « nœud gordien » (par mphore : pb inextricable, finalement résolu par une action brutale - trancher le nœud gordien : Alexandre le Grand le coupa d’un coup d’épée) // Nicolas Boileau insiste sur la surprise que doit provoquer le dénouement, sa rapidité et spontanéité. Tension de la pièce vers le dénouement. Ainsi, le dénouement apparaît d’autant plus surprenant qu’il ne semblait pas possible. Il faut soit un prodige, soit un acte terrible passant par une perte, un deuil, pour que la résolution de la tension dramatique soit possible mais le spectateur sait que l’acte V mènera le héros à une transformation radicale qui équivaut à une mort à soi, soit réelle, soit symbolique.

Ne pourrait-on, alors, envisager la violence de la tragédie comme nécessaire à cette métamorphose de l’être humain en héros ?

 

I – LA VIOLENCE TRAGIQUE OU LE FATUM À L’ŒUVRE

 1°) L’action tragique : drama : « action » : étymologiquement, c’est l’action elle-même qui précipite les personnages ds l’engrenage tragique : ts les mythes peuvent se résumer par une histoire, une fable, ils suivent les étapes du schéma narratif avec un ou pls événements tragiques.

a)      Mythe d’Icare : la transgression du conseil de son  père par Icare lui vaut la mort (il vole trop près du soleil et la cire qui fixe ses ailes fond)

b)     Andromaque, veuve d’Hector, voit la spirale infernale de ses souffrances sans cesse démultipliée par la cruauté de Pyrrhus, fils du meurtrier de son époux dont elle est prisonnière. Il ira jusqu’à lui imposer le spectacle du sacrifice d’Astyanax, le fils qu’elle a eu avec Hector.

c)      Même le drame romantique proposait des événements extraordinaires. Ainsi Lorenzaccio d’Alfred de Musset est la transcription dramatique des événements historiques qui agitèrent Florence en 1537.

d)     On peut considérer que le théâtre moderne (appelé encore « Nouveau Théâtre » ou « Théâtre de l’absurde ») présente, d’une manière générale, une vision particulièrement tragique de l’existence, même s’il ne se centre plus sur l’action. Par réaction, au contraire, il nie volontairement le principe même de l’action tragique pour souligner le sentiment d’absurdité qui envahit la scène et les personnages. Mais on est, là encore, dans une réaction à un modèle antique et classique. Dans En attendant Godot, Estragon et Vladimir, des vagabonds au bord d’une route, évoquent l’arrivée d’un certain « Godot » qui ne viendra jamais et lorsque l’action tragique par excellence pourrait avoir lieu (les personnages tentent de se suicider), elle échoue.

2°) La violence sur scène : malgré la règle de bienséance qui veut qu’aucun crime ne soit représenté dans l’arène ou sur la scène, les tragédies, par les récits des actions terrifiantes qu’elles proposent, évoquent des images violentes :

a)      L’extrait d’Œdipe-Roi de Sophocle nous livre un héros aveugle qui a pris conscience de ses fautes et s’effraie de l’avenir qu’il entrevoit pour ses filles. Il raconte lui-même l’horreur que suscite chez lui ses propres actions : « Votre père a tué son père, il a fécondé le sein d’où lui-même était sorti ; il vous a eues de celle – même dont il était déjà issu »

b)     Le récit de Théramène dans la tragédie de Racine, Phèdre, est resté célèbre pour son pouvoir d’évocation. Le serviteur raconte la mort d’Hippolyte, déchiqueté par ses propres chevaux en voulant abattre un monstre (acte V, scène 6). Le dénouement tragique offre donc cette action violente et terrifiante qui surprend le spectateur.

c)      Les pièces à machines, d’ailleurs, au XVIIème siècle, fournissent au spectateur la vision concrète de prodiges que l’on ne peut normalement qu’imaginer : la fin du Dom Juan de Molière offrait une scène saisissante puisque la statue du Commandeur, tué par Dom Juan, revenait pour l’inviter à souper, et, lui demandant sa main, l’embrasait en le touchant. La règle de bienséance était par conséquent détournée par le merveilleux.

3°) La violence d’être humain : mais si les actions violentes, à proprement parler, peuvent faire éprouver au spectateur de la crainte et de la pitié pour le héros (selon les règles du genre posées par Aristote), c’est surtout la mise en scène de l’impuissance humaine face à des forces supérieures qui revient dans la tragédie, antique, classique ou moderne.

a) Dans l’Antiquité, on pensait que les dieux avaient décidé du sort de chaque homme et que rien ne pouvait changer ces décrets. La fatalité s’abattait sur tel ou tel héros parce que ses ascendants ou lui-même avaient offensé les Immortels. Les Atrides, comme les Labdacides pour Œdipe, constituaient une lignée maudite : Artémis se venge du roi Atrée qui avait voulu lui dissimuler un agneau doré alors qu’il avait promis le plus beau du troupeau à la déesse. S’ensuit un enchaînement d’atrocités : ayant offert cet agneau à sa femme, qui elle-même en fait cadeau à son amant, le frère jumeau d’Atrée, Thyeste, le mari découvre l’adultère et se venge de son frère en l’invitant à un banquet où il mangera ses propres enfants. è les tragédies mettant en scène ce mythe insistent sur le fait que tout puissants que soient les deux frères (jumeaux) qui se disputent le pouvoir, ils ne peuvent échapper à l’éthique humaine.

b) Dans Bérénice de Jean RACINE, on assiste au dilemme de l’empereur Titus qui doit sacrifier son bonheur amoureux à la raison d’État : « Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus. » (V, 7), lui dit Bérénice, reine de Palestine qu’il allait épouser et qui doit le quitter à jamais pour que Rome ne soit pas mise à feu et à sang. Cette tragédie illustre l’idée qu’un homme public est puissant, certes, mais qu’il ne peut cependant pas décider de son propre sort : il appartient au peuple.

c) Huis-clos est une pièce existentialiste de Jean-Paul SARTRE écrite après la Seconde Guerre Mondiale. Elle met en scène trois personnages morts qui se retrouvent en enfer. Le titre même fait référence à l’enfermement de l’être humain dans sa condition : être obligé de s’appréhender lui-même à travers les autres qui, pourtant, ne le comprennent jamais vraiment. L’auteur illustre ainsi par sa célèbre maxime : « L’enfer, c’est les autres. », l’idée que nous soyons perpétuellement condamnés à l’incommunicabilité. De nombreuses pièces du « Théâtre de l’Absurde » évoquent cette incompréhension tragique entre les êtres (Fin de partie de Samuel BECKETT).

è Ces héros modernes versent souvent dans le désespoir, d’autres sont profondément transformés par la confrontation avec la douleur et la mort.

II – FACE À LA VIOLENCE : LES RÉACTIONS DES HÉROS TRAGIQUES

1°) Le désespoir

a)     Œdipe réagit en père désespéré dans la pièce écrite par Sophocle en 420 avant J.-C. : « je pleure, quand je songe combien amère sera votre vie à venir et quel sort vous feront les gens ». Le personnage, qui dit à ses filles n’être « plus en état de [les] voir » puisqu’il a choisi de se crever les yeux plutôt que d’être aveuglé par son ambition, parvient, à la fin de la pièce, à affronter l’idée d’échec : ce sera le premier de la lignée des Labdacides à être conscient de la malédiction qui pèse sur chacun(e) de ses descendants (« vie à venir », « quel sort vous feront les gens »). Son héroïsme consiste à assumer la responsabilité de ses actes au lieu de fuir sa condition d’être humain. En effet, c’est en père inquiet qu’il réagi vis-à-vis de ses enfants. Il nous touche finalement par cet aspect pathétique alors qu’il n’avait été que violence et autorité auparavant. Le Coryphée peut ainsi conseiller au spectateur la prudence et l’humilité : « Gardons-nous d’appeler jamais un homme heureux, avant qu’il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin. » L’héroïsme serait alors la force dont chacun(e) peut faire preuve pour supporter le malheur.

b)     Bérénice n’acquerra le statut d’héroïne qu’après avoir surmonté, elle aussi, la déception de ne pouvoir se marier avec Titus. Si l’on compare ses deux tirades (IV, 5, vers 1103-1117 et V, 7, v. 1479-1494), on s’aperçoit que la détresse fait place à la grandeur. Elle abandonne sa colère pour finir par rejeter l’idée même du désespoir que pourrait provoquer, autour d’elle, son mariage avec l’empereur romain : « Partout du désespoir je rencontre l’image. » (v. 1482). Comme Œdipe, elle apprend à perdre quelque chose à quoi elle croyait tenir plus que tout, à titre personnel : « je voulais être aimée » (v. 1489). Cependant, quand elle fait le deuil de cette ambition, elle peut se résigner à la séparation : dans la scène 5 de l’acte IV, c’est de dépit qu’elle jette « Je n’écoute plus rien ; et pour jamais, adieu. » A la scène 7 de l’acte V, Bérénice prend congé de Titus plus sereinement : « Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus. »

 La tragédie ns apprend dc à affronter deuil, perte, à demeurer stoïque face à la mort.

 

2°) Le stoïcisme[1]

a) Le dénouement de Phèdre propose au spectateur, après la mort injuste et insupportable de l’innocent Hippolyte[2], le châtiment que sa belle-mère s’impose à elle-même : « J’ai pris, j’ai fait couler dans mes brûlantes veines / un poison que Médée apporta dans Athènes. » (v. 1636-1637). Par son suicide, Phèdre, qui a laissé accuser et tuer son beau-fils à tort, accède à une capacité morale nouvelle. La peur de la mort la lui avait masqué. Dès l’instant où elle choisit de mourir, elle revient de son erreur, même si les conséquences de cette dernières st irrémédiables dans la tragédie. Cependant, le spectateur ne peut plus la voir comme un monstre après avoir assisté à son aveu et à son agonie sur scène. Stoïcisme (posture philo. qui consiste à s’habituer à l’idée de la mort, pour ne plus la craindre et ne plus vivre ds la peur = héroïsme) de Phèdre face à la douleur (v. 40-43) : jansénisme de Racine

b) Polyeucte meurt en martyr chrétien dans la tragédie éponyme de Pierre Corneille, à l’image du Christ (« Un Dieu qui nous aimant d’une amour infinie, / Voulut mourir pour nous avec ignominie », acte V, scène 3). Le stoïcisme du héros tragique prend dans cette pièce toute son ampleur. Non seulement accepte la mort, mais la choisit même comme un gage de foi en la vie éternelle : 

                                               PAULINE : « Où le conduisez-vous ?

                                                                                                                      FÉLIX : À la mort.                                                                                                                                                   POLYEUCTE : À la gloire. » (acte V, scène 3)   

 

Les stichomythies (répliques brèves prononcées successivement par plusieurs personnages et occupant chacune un hémistiche au plus de manière à ne former, sur deux ou trois vers, qu’un seul alexandrin) donnent l’intensité de cette foi chez Polyeucte qui apparaît grandiose face aux menaces et à la cruauté des Romains. En effet, pour le janséniste qu’est Racine, la vie terrestre n’a que peu de valeur au regard de la puissance divine. Les hommes portent tous le poids du péché originel et tous leurs sacrifices ne sont rien à côté de celui de Dieu qui a immolé son fils unique pour leurs fautes.                                         

è Le sang-froid face à la mort, que pers. acceptent et même préfèrent à une vie impie, est une force qui les rd héroïques, les libère et les réhabilite parfois parce qu’il les transforme.  

 

3°) La métamorphose

En effet, la tragédie, dt l’intrigue s’articule autour du protagoniste, peut svt se résumer par la métamorphose du héros. À partir d’un monologue, par ex., le pers. va être amené à faire un choix déchirant, qu’il considère comme impossible (dilemme) mais avant d’y parvenir, il lui faudra changer de point de vue, se libérer de ses propres sentiments pour arriver à une vision plus large de la situation.

 a)            Auguste dit qu’il « triomphe […] du plus juste courroux. » au vers 1699 de Cinna, de Pierre Corneille (acte V, scène 3). Mais il a dû, avant de pardonner au conjurateur qui a eu le dessein de le tuer, rentrer en soi-même (« Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre ! », acte IV, scène 2), c’est-à-dire, débattre avec lui-même de la légitimité du pouvoir qu’il exerce. Par conséquent, la tentative d’assassinat menée par Cinna provoque chez lui une prise de conscience et une réflexion sur l’autorité politique. Sa « clémence » (Cinna ou La Clémence d’Auguste) n’est alors que le fruit de cette métamorphose : il comprend que pour inspirer le respect, un empereur doit montrer, par ses actes, qu’il concentre des qualités héroïques, qu’il n’est pas soumis aux passions de la plupart des hommes et qu’il sait s’en dégager par la maîtrise de soi : « Je suis maître de moi comme de l’Univers. / Je le suis, je le veux l’être. » Pour gouverner les autres, il faut être un exemple : « Apprends sur mon exemple à vaincre ta colère »

 b)            Dans Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, le perso. paraît ridicule tt qu’il refuse de se ranger à l’avis du médecin et de se rendre à l’évidence que lui rappellent pourtt sans cesse les autres : son royaume et lui-même st en pleine décrépitude. Même si cette pièce du Théâtre de l’Absurde est une sorte de farce tragique autour du thème même de la fin, on y trouve une métamorphose du protagoniste qui lui permet d’occuper la place du « roi » annoncée ds le titre. Chacun(e) de ns croit ou veut croire à sa puissance mais n’est rien face à la mort. Ce scandale de la condit° hum. face à la brutalité de sa fin est ici mis en scène par l’entêtement du roi voulant ignorer qu’il va mourir. La tens° dramatique repose s/réact° successives du perso. pr fuir cette réalité jusqu’au moment où il parvient à accepter sa finitude.

 c)            Ds Les Bonnes de Jean Genet, un personnage nommé « Claire » imite sa maitresse lorsque celle-ci est sortie, et sa grande sœur, Solange, elle, endosse l’identité de Claire. Elles haïssent  « madame » et ont fait envoyer « monsieur » en prison. Celui-ci peut en sortir et madame part le retrouver. De peur d’être démasquées, les bonnes tentent d’empoisonner « madame » grâce à une tasse de tilleul. Malheureusemt la maitresse ne boit pas l’infus° et, lorsque celle-ci est partie, Claire dans le rôle de « madame » boit le tilleul empoisonné. Cette pièce de théâtre tragique ns montre la convers° de Claire dans son projet d’assassinat à son suicide face à l’échec.

 


[1] Stoïcisme (posture philo. qui consiste à s’habituer à l’idée de la mort, pour ne plus la craindre et ne plus vivre ds la peur = héroïsme) de Phèdre face à la douleur (v. 40-43) : jansénisme de Racine.                                                                                   

2 « Non, Thésée, il faut rompre un injuste silence ; / Il faut à votre fils rendre son innocence. / Il n’était point coupable. »

 

 

 

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