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Le fou et la Venus - Baudelaire

Publié le 02/04/2011

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Le fou et la Vénus Charles Baudelaire – Extrait du Spleen de Paris

I- Les oppositions entre les deux tableaux

1-  La splendeur du décor  (l. 1 à 13) a)  L’harmonie Le jardin public est une nature domestiquée, artificielle, ce n’est pas la nature à l’état brut. Avec le terme « brûlant » (l.2) on peut en déduire que la scène se déroule en été, lorsque le soleil est à son Zénith.  C’est le soleil qui donne de la lumière, il est à l’origine de la fête de la nature. On peut constater le champ lexical de la lumière : « soleil » (l.2), « lumière » (l.8), « étinceler » (l.9). On a une personnification à la ligne 2 : « l’œil brûlant du soleil » entre l’œil et le soleil. Ceci aboutit sur une métaphore entre l’œil qui est rond et le soleil qui forme un cercle de lumière, il y a une analogie avec la lumière, avec cette expression on peut voir que le soleil est une sorte de dieu, il domine tout.  Il y a un hypallage dans cette expression.  On peut voir aux lignes 8 & 9 que la lumière est de plus en plus croissante : « toujours croissante », « de plus en plus étinceler ».  On insiste sur la diffusion et l’augmentation de l’intensité et ceci nous amène au terme « étinceler » (l.8). C’est donc de plus en plus agréable à regarder, le soleil embellit le jardin, il donne au décor une netteté. Les mots « astre comme des fumées » (l.13) désignent le soleil. On peut également constater que le premier & le deuxième  paragraphe s’ouvre et se ferme sur le soleil. Il ya une composition circulaire du texte, le cercle et donc ici la composition renvoient à la perfection.  L’harmonie se retrouve donc aussi dans la composition de ces deux premiers paragraphes.   b) L’extase On peut voir le champ lexical de l’extase « extase universelle » (l.4), « se pâme » (l.2), « désir » (l.10), « domination de l’amour » (l.3), « orgie » (l.7), « jouissance universelle » (l.14). Cette jouissance universelle correspond au fait que c’est la jouissance de la nature dans son entier, c’est un amour cosmique de la nature, c’est grâce au soleil que la vie se perpétue. Il y a une union élémentaire entre le ciel et la terre « monter vers l’astre » (l.13). Le ciel et la terre veulent s’unir, même le parfum des fleurs veut s’unir : « la chaleur rendant visibles les parfums » (l.12). Il y a une union de tous les éléments sous l’œil du soleil qui représente la vie (l.13 à 15). Le soleil suscite le désir de tous les éléments naturels de s’unir, et la nature se perpétue grâce au soleil.

  c) Le silence On peut constater que l’orgie végétale est silencieuse : « aucun bruit » (l.5), « endormi » (l.6), « silencieuse » (l.6), contrairement aux orgies humaines qui sont bruyantes. La nature se reproduit dans un grand silence et l’homme ne s’en rend pas compte.

 

2- La solitude désespérée du bouffon Les lignes 14 & 15 nous donnent la clé du texte, la ligne 14 représente le début du texte et « être affligé » (l.15) nous prépare à la fin du texte. Les lignes 16 à 20 nous décrivent le bouffon et son rôle. A partir de « tout ramassé » jusqu’à la fin, on nous exprime la solitude de ce bouffon. On peut donc distinguer deux parties : le rôle du bouffon et sa solitude.

   a) Le rôle du bouffon Le bouffon est le produit de la civilisation qui a besoin de se distraire « artificiels » (l.17)  pour échapper à un malaise. Le bouffon a pour rôle d’amuser le roi, pour lui empêcher « l’Ennui » et « les Remords » (l.17).  Les rois qui peuvent regretter leurs actes de cruauté oublient momentanément leurs soucis grâce au bouffon.  Le bouffon est perçu comme un remède. Le rôle du bouffon est exprimé à la ligne 18. On peut voir une image dépréciative du bouffon qui apparait à la ligne 19 : « affublé », « ridicule ». Le bouffon est négativement perçu, le bouffon est celui dont on se moque. A cette époque on exploitait les gens difformes pour les exhiber, le bouffon est un être marginal.  A partir de l’expression « tout ramassé »  (l.20) on insiste sur sa posture, il est inférieur à la statue « le dernier » (l.23), « bien inférieur » (l.25) , il est blottit contre elle. C’est une posture humiliante comparée à la Vénus qui lui est supérieur. Il lève les yeux comme s’il implorait la déesse, « lève des yeux » (l.21). Il y a une distance entre lui et la divinité. Il se situe en dessous des animaux dans sa hiérarchie des êtres. Il se perçoit au plus bas. L’infériorité du bouffon est confirmée par le discours direct (l.24). Il est « privé » (l.24), cela explique sa solitude, sa mise à l’écart, il est privé d’amour. On voit qu’il implore encore la déesse avec « ayez pitié » (l.28).

 3- L’attitude de la déesse La Vénus est représentée comme imposante « colossale Vénus » (l.16), « piédestal » (l.21). Vénus est indifférente et inaccessible, en effet elle est « implacable » (l.29), ce qui renvoie à sa froideur, elle ne se laisse pas attendrir. Le 5ème paragraphe s’ouvre et se ferme sur l’image de Vénus. Par sa structure ce paragraphe reproduit l’écrasement du bouffon.

II- Un poème allégorique La vénus est l’allégorie de la beauté ; il y a une métaphore entre le bouffon et le poète, ils sont égaux

1- L’interprétation du « Je » Le « je » représente le poète, on a le point de vue (interne) du poète, c’est le poète qui voit et interprète les paroles du bouffon

 2- Le bouffon, incarnation de l’artiste Le bouffon est un autoportrait de l’artiste, on peut voir aux lignes 26 & 27 que derrière le bouffon c’est l’idéal de Baudelaire qui parle. L’artiste cherche le beau, un idéal à atteindre. Avec les termes « comprendre » et « sentir » (l.27) il doit d’abord avoir une réflexion sur la beauté puis ensuite avoir des ressentis par rapport au beau. Il fait appel à ses émotions et sa réflexion pour écrire. Baudelaire nous exprime donc ici son travail avec sa raison et ses émotions.  Le poète veut transmettre une impression, il se bat avec cet idéal et le poursuit même si il ne l’atteint pas forcément, comme le peintre qui va sans cesse retoucher son tableau pour atteindre la perfection. Le bouffon représente le cauchemar du poète (la peur de ne pas avoir d’inspiration, de ne pas écrire), la posture humiliante du bouffon représente également le poète. Il recherche l’idéal comme le bouffon avec la Vénus mais ils ne peuvent l’atteindre. On peut voir que le pour le poète, son métier est un choix de souffrance « bouffon volontaire » (l.17).  Dans la création de poèmes, il y a des hauts et des bas, le poète est martyr. Dans ce texte on voit le poète mal avec la création, il est torturé, angoissé par son travail.

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