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Le gland et la citrouille

Publié le 29/05/2013

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Le Gland et la Citrouille Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve En tout cet Univers, et l'aller parcourant, Dans les Citrouilles je la treuve. Un villageois considérant, Combien ce fruit est gros et sa tige menue : A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ? Il a bien mal placé cette Citrouille-là ! Hé parbleu ! Je l'aurais pendue A l'un des chênes que voilà. C'eût été justement l'affaire ; Tel fruit, tel arbre, pour bien faire. C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré Au conseil de celui que prêche ton Curé : Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple, Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt, Ne pend-il pas en cet endroit ? Dieu s'est mépris : plus je contemple Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo Que l'on a fait un quiproquo. Cette réflexion embarrassant notre homme : On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit. Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme. Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit. Il s'éveille ; et portant la main sur son visage, Il trouve encor le Gland pris au poil du menton. Son nez meurtri le force à changer de langage ; Oh, oh, dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde, Et que ce Gland eût été gourde ? Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ; J'en vois bien à présent la cause. En louant Dieu de toute chose, Garo retourne à la maison. Jean de La Fontaine Commentaire de la fable de La Fontaine « Le Gland et la Citrouille «. Introduction (Amorce) La fable, genre très ancien (Esope, Phèdre), mais mineur jusqu'au XVIIème siècle où La Fontaine lui donne ses lettres de noblesse et en fait un genre littéraire à part entière. (Le texte) « Le Gland et la Citrouille « appartient au deuxième recueil (IX, 4) : enjeux plus sérieux. Or ici, La Fontaine s'inspire de la farce populaire qu'il transforme en fable. (Annonce du plan) La Fable prend l'allure d'une petite comédie, vivante et populaire ; mais, comme la comédie qui « châtie les m?urs par le rire «, elle porte, sous l'apparence d'une démonstration presque scientifique, un message particulièrement grave sur le monde et la société. I - Une petite comédie La Fontaine définissait ses fables comme « une ample comédie à cent actes divers «. Cette fable pourrait être une de ces « mini-comédies «. Il n'y a qu'un seul protagoniste. Vers 4 à 31 : récit illustrant la morale. Il se fait en deux étapes. 1.1.Une piécette en deux « actes « Le villageois veut donner une leçon...

« Commentaire de la fable de La Fontaine « Le Gland et la Citrouille ». Introduction (Amorce) La fable, genre très ancien (Esope, Phèdre), mais mineur jusqu’au XVIIème siècle où La Fontaine lui donne ses lettres de noblesse et en fait un genre littéraire à part entière.

(Le texte) « Le Gland et la Citrouille » appartient au deuxième recueil (IX, 4) : enjeux plus sérieux.

Or ici, La Fontaine s’inspire de la farce populaire qu’il transforme en fable.

(Annonce du plan) La Fable prend l’allure d’une petite comédie, vivante et populaire ; mais, comme la comédie qui « châtie les mœurs par le rire », elle porte, sous l’apparence d’une démonstration presque scientifique, un message particulièrement grave sur le monde et la société. I – Une petite comédie La Fontaine définissait ses fables comme « une ample comédie à cent actes divers ».

Cette fable pourrait être une de ces « mini-comédies ».

Il n’y a qu’un seul protagoniste.

Vers 4 à 31 : récit illustrant la morale.

Il se fait en deux étapes. 1.1.

Une piécette en deux « actes » - Le villageois veut donner une leçon à Dieu (v.

4 à 19) : mise en relief de l’orgueil du paysan.

Rythme des vers assez alerte (majorité d’octosyllabes, assez légers). - Démonstration par l’expérience : la Nature donne une leçon au paysan (v.

20 à 31).

Longueur plus ample et rythme posé des vers (majorité d’alexandrins).

Vers 32 à la fin : conclusion de l’anecdote.

Rythme des vers à nouveau alerte (octosyllabes).

La fable est une sorte de démonstration close.

Le premier et l’avant-dernier vers se ressemblent fortement.

1.2.

Un personnage de farce : le villageois - Son nom le signale déjà comme personnage de comédie : nom d’un paysan emprunté à une comédie de l’homme de lettres et de sciences Cyrano de Bergerac, contemporain de Molière ( Le Pédant joué). - Personnage assez frustre, simple, qui s’occupe de réalités très terre-à-terre, notamment celles liées au corps : « nez, poil, menton ». - Un parler pittoresque : la moitié de la fable est occupée par les paroles qu’il s’adresse à lui-même (v.

6 à 19).

Mélange humoristique : De familiarité : langage trivial : « parbleu ! », « oh ! oh ! », « hé parbleu » ; syntaxe du langage parlé : reprise pronominale et postposition du sujet (« A quoi songeait-il […], l’auteur de tout cela ?, v.

6). De ton très théâtral et didactique : sorte de maxime (« tel fruit, tel arbre, pour bien faire » ; v.

11 + « plus je…, plus il semble… » ; v.

17-18) ; dédoublement de soi : « il semble à Garo » = il me semble. Se fait sur un registre comique, traité sur le mode burlesque (traitement comique d’un sujet sérieux).

1.3.

Le comique de situation : des airs de Commedia dell’arte - De menues péripéties et de petits tableaux amusants : le villageois contemplant la citrouille, le somme de Garo, la chute du gland et le nez meurtri. - Comique de retournement de situation : l’arroseur arrosé, « tel est pris qui croyait prendre ».

Garo n’est décidemment pas l’égal de Dieu ! - La mention du « quiproquo » dont Dieu serait à l’origine !. »

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