Devoir de Philosophie

le madrigal du roi

Publié le 21/02/2012

Extrait du document

Le madrigal du roi

Introduction

 

La marquise de Sévigné faisait partie de la noblesse de Cour avant même que commence le règne de Louis XIV. Elle est née en 1626 et disparue en 1696. Elle avait une expérience de la fréquentation de l’aristocratie au plus près du pouvoir et des salons du XVII ème siècle, puis elle s’est mise à fréquenter la cour de Versailes. M. de Sévigné a écrit plus de 1500 lettres au cours de son existence, à qqs amis (Pomponne) mais surtout à sa fille. Bien que Mme de Sévigné n’ait pas directement le statut d’écrivain car sa correspondance était privée, la totalité de ses lettres a définitivement été regroupée et intégrée dans la litt. Française sous la forme d’un recueil en 1867.   On les répertorie en récit historique, en observation des mœurs et en anecdotes ou visée morale. C’est ainsi que ce texte entre dans la 3ème catégorie et se rapproche du genre argumentatif que l’on appelle « l’apologue » (= court récit à portée morale implicite ou explicite) -> « Je vous conte une petite historiette », « plaire… qui vous divertira », « moi qui aime tjrs à faire des réflexions, je voudrais » =docere et placere : divertir pour donner à penser.

 

Un \"journal de la Cour\"

La lettre a d'abord évoqué le procès de Fouquet.

 

ACCROCHE

Première phrase = phrase d'accroche, incipit de la petite séquence qui s'ouvre dans la lettre.

il faut que= mise en valeur de l'anecdote qui suit (il est indispensable de le raconter

je vous conte = marque de communication = appel à l'attention du destinataire

une petite historiette = L'épistolière minimise doublement (petite / suffixe \"ette\" l'événement - qui vous divertira = détendre et intéresser - ce fait divers a un  le caractère divertissant et anodin, (après l'évocation du procès Fouquet)  = fable.

qui est très vraie = superlatif = suspens, l'épistolière en garantit l'authenticité = ce ne sera pas banal. Tout le récit est d'ailleurs au superlatif \"la plus cruelle / les plus naturels / le plus ridicule / bien fat etc...)

Effet d'attente

 

RECIT

Le récit progresse rapidement selon plusieurs étapes :

– la situation

- la rédaction par le roi Louis XIV d ’un madrigal

– le «piège »tendu par le roi à un vieux courtisan et la bévue du Maréchal

– le dénouement la confusion du Maréchal.

 

Première phase du récit : mise en situation (depuis peu) dans l'actualité : les caprices et fantaisies du Roi, avec le verbe un peu péjoratif \"se mêle\" qui présente un premier indice de jugement. Non sans une certaine lucidité. \"pas trop joli. Utilisation de plusieurs adverbes de temps pour placer le cadre temporel.

Entrée en scène du maréchal de Gramont avec un dialogue au style direct. Ce dialogue est rapide. Les phrases de récit qui le coupent sont brèves voire inexistantes. Effet de conversation prise sur le vif.

Le lecteur est immédiatement en position de spectateur de la comédie jouée au maréchal. Le roi mêle le vrai et le faux dans une invention vraisemblable et trompeuse.

Le roi entame la conversation et donne les ordres.

le \"on\"représente le groupe des flatteurs et des parasites du Roi.

le maréchal obséquieux flatte le roi \"divinement et \"de toutes choses\" (universel, le roi s'entend à juger de l'art comme de l'économie !)

et croit lui complaire - son jugement est péremptoire avec deux superlatifs (le plus sot / le plus ridicule).

Le roi joue avec sa proie en le poussant à un mépris encore plus grans \"fat\" = sot+ridicule+orgueilleux\" On peut dire que c'est le mot qui manifeste le personnage détestable cf Les caractères de La Bruyère.

La révélation est abrupte et immédiate. Avec un verbe semi-ironique \"ravi\". Car le roi n'est pas ravi de sa fatuité, mais de comprendre combien son entourage lui ment.

Pour refuser les repentances de Gramont, le Roi termine par une sorte de proverbe \"les premiers sentiments sont toujours les plus naturels.\"

Echo à la cour \"tout le monde\"

la conclusion de S en deux aspects :

- le roi

allitération fort ri / folie

- l'affaire

\"la plus cruelle petite chose\" = à la fois sans gravité (cf Fouquet !) et cependant infâmante pour le courtisan ridiculisé.

- Gramont

le vieux courtisan

 

L'épistolière réapparaît dans la conclusion comme le fabuliste après sa fable.

réflexions = morale, art de vivre

pessimisme de S = le roi ne peut connaître la vérité que les courtisans ne peuvent pas lui dire quand elle est critique.

 

 

PERSONNAGES

Le Roi = capricieux et fantaisiste,

sait être fin et cruel,

mais légéreté d'esprit = il fait des vers, s'amuse \"a fort ri de cette folie\"

 

Les courtisans : tout le groupe est présent : les maîtres de poésie, les poètes parasites, le vieux courtisan, les adulateurs.

Gramont, balourd et peu attentif, excessif dans ses jugements, excessivement complaisant \"caméléon\". C'est la victime de cette farce.

 

L'épistolière. Elle conduit et la lettre et le récit, le rend vif et enjoué, le termine par une morale sérieuse. Elle reste fort pessimiste. Le roi ne peut connaître la vérité.

 

Le destinataire, qui se tient au courant de la vie parisienne, découvre les faits grands et minimes de la vie de cour, en phase avec mme de Sévigné, qui partage évidemment les valeurs et les critiques des courtisans.

 

L'art de l'épistolière

1 S. suscite l’attention de son correspondant (et du lecteur)  2 Madame de Sévigné rend son récit vivant 3 Humour

Un apologue :

Le journal de la cour

La lettre est un miroir de la société du XVIIème

Un \"journal de la cour\" (lettres fréquentes à sa fille).

L'anecdote - Les courtisans - La nouvelle manie du Roi \"se mêle de faire des vers\".

 

CONCLUSION

rapprocher cette chronique si spirituelle de la Cour de Louis XIV de la fable de La Fontaine,«Les obsèques de la Lionne » où les courtisans «Sont ce qu’il plaît au Prince,ou, s’ils ne peuvent l’être, /Tâchent au moins de le paraître »(v.19-20). On notera que,dans la fable de La Fontaine, c’est le roi qui est pris au piège.

 

 

Perspective d’étude en classe

Convaincre, persuader et délibérer : les formes et les fonctions de l'essai, du dialogue et de l’apologue Il s'agit de réfléchir aux différentes formes de l’argumentation (directe ou indirecte) afin de développer la maîtrise de la comparaison entre plusieurs opinions pour constituer la sienne propre. Corpus : une œuvre littéraire et un groupement de textes, complété par des documents (pouvant inclure des articles de presse et des images) au choix du professeur. Perspective dominante : étude de l'argumentation et des effets sur le destinataire. Perspective complémentaire : étude des genres et des registres.

Liens utiles