Le Mariage de Figaro, Beaumarchais : Acte I, scène 7
Publié le 27/02/2008
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Introduction :
Dans un siècle de contestation et de critique sociale comme le XVIIIème siècle, le théâtre de Beaumarchais connaît un succès croissant, notamment avec le Mariage de Figaro, une pièce écrite en 1778. Ainsi, dans cette comédie, l’auteur nous propose une critique de la société à travers les nombreuses péripéties que rencontre, Figaro, un valet, qui désire se marier avec Suzanne. A l’acte I, scène 7, nous assistons à l’arrivée d’un nouveau personnage : Cherubin. Comment, dans une scène gaie, Beaumarchais nous présente-t-il un jeune Dom Juan ? Tout d’abord, nous verrons comment la scène introduit la menace du comte. Ensuite, nous étudierons l’aspect vif et gai de la scène. Et enfin, nous examinerons le personnage du jeune Chérubin amoureux.
I-La menace du Comte Almaviva A- Une scène d’exposition
• Cette scène brève et rapide présente la situation de Chérubin.
• Chérubin arrive en courant « Chérubin, accourant ». Cela caractérise autant la jeunesse du personnage que son émotion, après qu’on l’ait chassé. • Il vient voir Suzanne pour chercher de l’aide. Indice de temps « deux heures » • « Depuis deux heure, j’épie le moment de te trouver seule » suggère un hors scène.
• La scène nous apprend que Suzanne n’est qu’un recours pour approcher sa maîtresse. « Mais que tu es heureuse ! À tous moments la voir, lui habiller, lui parler… »
B- Une scène encadrée par un même danger
• Mime le comte brutal : la menace reproduit par Chérubin traduit une imminence « Sortez ; et demain, vous ne coucherez pas au château ! »
• Le comte est montré comme quelqu’un de brutal : « gros mots »
• Chérubin aggrave son cas en évoquant les dames qui le séduisent : Fanchette, Marceline, Suzanne, la Comtesse. Toutes les femmes du château.
C- Le comte qui fait irruption, brise l’aspect ludique de la scène
• La seule présence du Comte glace les deux jeunes gens et brise leur univers ludique. (L’univers ludique présenté dans la deuxième partie du commentaire) « Chérubin voit le Comte entrer ; il se jette derrière le fauteuil avec effroi »
Malgré cette atmosphère menaçante qui projette les personnages vers le drame, nous allons voir, dans cette deuxième partie que la scène est d’une irrésistible gaieté.
II-Une scène vive et gaie
A- Un rythme très soutenu
• Le rythme et l’humour de la scène se caractérise par la légèreté, la variété et la vivacité des répliques et des mouvements.
• Répliques brèves et rapides : « Il devient fou ! » • Nous avons un effet de miroir renforcé par le ton « Piteusement » « Le contrefait »
• Il y a des jeux d’écho : « mon cœur » « eh que non pas ; son cœur ! »
B- La manière dont traite Suzanne
• La camériste de la comtesse traite, avec distance, les élans de l’amoureux, qui la ont rire « ah, ah, ah, ah ! » • Elle se moque et parodie. • La jeune femme gronde l’insolent mais le protège, en le laissant dans le monde de l’enfance. Chaque reproche est annulé par l’adjectif « petit » • Elle le gronde avec gentillesse « le plus grand petit vaurien » oxymore Elle n’est pas dupe mais elle est tout de m^me sensible à Cherubin. Elle n’est également jamais vraiment en colère même quand elle mime la dénonciation au comte : il y a une complicité entre elle et Chérubin.
• L’exclamation : « Il est fou ! » discrédite Chérubin.
C- La gestuelle renforce l’impression de gaieté
• Le ruban de nuit devient l’enjeu d’un combat coquin.
• Le fauteuil est détourné de sa fonction première : il devient un instrument de jeu « Chérubin tourne autour du grand fauteuil »
• Didascalie : « vivement »
• Chacun son tour joue celui de celui qui arrache le ruban. • Marchandage du ruban
III-Chérubin amoureux
A- La jeunesse du personnage
• Chérubin a 13 ans tout comme Fanchette qu’il évoque fugitivement.
• Suzanne est en quelque sorte la grande sœur de Chérubin • Vocabulaire hyperbolique. • Suzanne s’amuse à résumer le caractère amoureux de Chérubin
B- Les hésitations du personnage
• Le verbe « oser » est présent trois fois dans la scène « Je n’ose pas oser » : euphémisme mis en valeur par la répétition. L’amour est un risque. • Erotisme présent : « épingle à épingle » lenteur, proximité du corps traduit pas les silences « […] », ruban (supplication, répétition « laisse ». C- Un adolescent amoureux de l’amour
• Répétition sous forme de chiasme « fille », « femme ».
• Trouble physique (au niveau des mots) • La femme est évoquée de manière très générale.
• Quelqu’un qui est encore dans le langage, évocateur d’érotisme. Evocation de la nature « aux arbres, aux nuages, au vent » (Chateaubriand) Conclusion :L’examen de ce texte nous a donc permis de voir l’importance de la scène. En effet, cette scène rapide, brillante et écrite au rythme de Molière, avec la malice de Marivaux et avec la tendresse de Musset, nous expose la menace du Conte et nous permet ainsi de découvrir le personnage de Chérubin. L’attitude de ce dernier ainsi que sa description que nous donne Suzanne, nous laisse apercevoir un jeune personnage amoureux de la comtesse mais plus encore, de l’amour. Le caractère de cet adolescent nous laisse à penser que ce dernier aura, dans l’avenir une attitude de libertin tel que Dom Juan, personnage du célèbre dramaturge, Molière. Autre possibilité d’ouverture : Les Noces de Figaro, Mozart (opéra/lyrisme).
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