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Le meilleur des monde et Frankenstein ou le Prométhée moderne: Utopie et contre-utopie

Publié le 30/07/2010

Extrait du document

''Le meilleur des Mondes'' : Une anti-utopie    Le Meilleur des Mondes est, avant tout, la description d'une société imaginaire que l'auteur présente comme un possible aboutissement de certaines tendances du monde moderne. Le roman de Aldous Huxley, appartient donc à la tradition philosophique et littéraire de l'Utopie.    Utopie, dans son acception traditionnelle, désigne un plan de gouvernement ou de société imaginaire, où tout est parfaitement réglé pour le bonheur de chacun.  Elle contribue à augmenter le dynamisme humain en projetant dans l'avenir et en donnant pour réalisées, les aspirations vers un monde meilleur.  Le terme d'Utopie est forgé à partir du grec au XVIè siècle par l'écrivain anglais Thomas More, qui en a fait le titre de son oeuvre, Utopia. Ce terme signifie « Nulle part «. Ce qui est logique puisque les utopies se consacrent à l'invention de sociétés idéales qui n'existent nulle part dans la réalité. Ces formes imaginaires de sociétés, sont érigées en modèles par les auteurs. Modèles que, selon eux, les hommes devraient s'efforcer d'appliquer.    En publiant à Louvain, en 1516, un petit livre intitulé Utopie, traité sur la meilleure forme de république et sur une île nouvelle, Thomas More, haut dignitaire de la cour d’Angleterre, fonde un genre nouveau, au croisement de la littérature, de la politique et de la philosophie. Ce faisant, il donne une forme durable à un motif essentiel de la modernité.  L’ouvrage se présente comme un dialogue, dont le personnage principal est un voyageur fictif, un compagnon d’Amerigo Vespucci qui aurait poursuivi l’exploration des îles du Nouveau Monde. Au livre premier, il développe une critique sévère de l’Angleterre de l’époque. En contrepoint, au livre II, il décrit les institutions, le mode de vie et l’histoire des habitants heureux de l’île d’Utopie.

La nouveauté de l’ouvrage tient à ce que cette société idéale est, ici-bas, l’œuvre des hommes eux-mêmes : l’environnement naturel n’est pas idéalisé, comme dans les légendes de l’âge d’or ou des pays de cocagne ; les Utopiens sont des hommes comme les autres, marqués par la Chute et le péché ; ils n’ont bénéficié d’aucune grâce divine particulière. S’ils sont parvenus à chasser les maux et les vices, c’est simplement en construisant une autre organisation sociale.    Au cours des années 1910, l’Europe artistique connaît un double phénomène. D’une part, quelques artistes, parmi lesquels Kandinsky, Mondrian et Malevitch, chacun selon son mouvement propre, fondent l’abstraction ; en renonçant à la figuration, ils ont le sentiment que l’art ouvre désormais sur un monde nouveau, proprement pictural, qui rompt ses liens avec celui des objets. Pour les uns, ce sera un monde spirituel ou métaphysique, pour les autres un nouveau monde technique.  D’autre part, avec le Bauhaus en Allemagne, le mouvement De Stijl aux Pays-Bas et les grandes mobilisations déclenchées par la révolution de 1917 en Russie, les artistes veulent s’engager dans la transformation sociale, briser les barrières entre beaux-arts et arts appliqués, se mettre au service de la création industrielle, “ revêtir la terre, comme le dit un manifeste révolutionnaire soviétique de 1920, d’une forme et d’un sens nouveaux ”. À la charnière entre abstraction et construction se dessine la figure de l’artiste créateur d’utopie, inventeur de formes inédites, anticipateur de l’avenir.    La société crée par Huxley constitue un système qui présente les caractéristiques principales de l'utopie. Dans cette société, les moindres composantes du système ont été entièrement pensées et organisées.    Nous sommes en face d'une société hiérarchisée, qui repose sur un système de castes. Cinq castes principales qui se subdivisent à leur tour en sous-groupes. A chacune de ces catégories correspondent des niveaux de responsabilité et des types de profession bien définis. Une société aussi hiérarchisée ne peut se maintenir que dans la mesure où elle s'appuie sur la reproduction artificielle et un conditionnement sans faille de ses sujets. Le conditionnement psychologique a pour but de parfaire l'adaptation de chaque individu à la place qui sera la sienne dans la société. Les enfants apprennent à n'aimer que leur futur travail et que la caste dont ils font partie. L'hypnopédie constitue la pièce maitresse de cet apprentissage.  Dans le meilleur des mondes, la soumission à un ordre social est d'autant plus fort que cet ordre assure à ses sujets d'excellente conditions de vie. Tout est conçu pour rendre l'existence la plus agréable, la plus facile possible.  Le but des dirigeants est de distraire au maximum leurs sujets de toutes formes de réflexions en multipliants les occasions de rapports sexuels, les jeux, les activités sportives les divertissements. La société offre à tous, y compris les castes les plus basses, un éventail extraordinaire des loisirs. Tout le monde est pris dans cet engrenage et personne n'a un instant à arracher au plaisir pour penser, réfléchir, s'interroger.  L'économie est elle aussi entièrement planifiée. Les responsables programment la production et la consommation l'une en fonction de l'autre. Pour cela, ils déterminent les besoins et les gouts de la population par le biais du conditionnement : ils savent donc à l'avance de manière fort précise, ce que sera la demande du consommateur et ce qu'il convient de produire.  Ainsi, production et consommation sont toujours équilibrées. Pour inventer cette économie, Aldous Huxley, s'est inspiré à la fois des théories marxistes, ainsi que du mode d'organisation des plus modernes parmi les grandes entreprises des années 1920.  Ce système économique semble difficilement applicable dans les faits, mais est présenté dans le texte, comme d'une grande cohérence.    Les divers aspect présents dans le meilleur des mondes sont interdépendants. L'organisation est entièrement circulaire, d'une logique de cercle vicieux. Ce raisonnement produit un modèle social dont tous les éléments se tiennent si bien, que la modification ou la suppression du moindre d'entre eux, menace l'édifice dans son entièreté. Nous sommes en face d'une cohérence absolue, qui donne un système clos et inapte à l'évolution.    L'utopie s'énonce comme le Paradis sur terre. Reste à savoir si une fois réalisée, elle constitue effectivement le paradis annoncé. Dans le Meilleur des Mondes, c'est loin d'en être le cas.  Tout d'abord parce que cette société a besoin d'un conditionnement pour exister et être acceptée de ses sujets. Mais aussi, parce que malgré le conditionnement, de nombreux citoyens se sentent mal à l'aise dans leur univers. Le roman met en scène deux mécontents, Bernard Marx et Helmholtz Watson. Ces deux personnages incarnent chacun un type particulier de remise en cause du Meilleur des Mondes.  Le premier, Bernard Marx attire d'abord l'attention par son aspect physique. Cet Alpha plus n'a ni la taille élevée ni la beauté des membres de cette caste. C'est au sens strict, un « raté « de la reproduction artificielle puisque ses défauts physiques résulteraient d'une erreur de manipulation en laboratoire quand il n'était encore qu'un foetus. Bernard est une preuve vivante de l'échec de l'ectogenèse, mais aussi d'un échec du conditionnement, ce qui est beaucoup plus grave. Un conditionnement réussi, aurait du empêcher ses déficiences physiques d'avoir des répercussions sur son psychique.  Helmholtz Watson est quant à lui un personnage rayonnant, le double positif de Marx. Les deux hommes ont en commun la connaissances d'être des individus, la conscience d'être lui-même et tout seul. Mais alors que chez Bernard Marx, cette différence résulte d'un défaut physique, chez Watson, elle provient d'un excès de capacité. Il est trop intelligent, trop capable. Il est en un sens lui aussi un « raté « de l'ectogenèse et du conditionnement car trop réussi.  Si Bernard Marx se sent frustré de ce que la société lui refuse, Watson lui, st décu de ce qu'elle lui a donné.  Toutefois ces derniers sont loin d'être les seul car si l'on en croit les propos de Moustapha Meunier en personne qui déclare que, en parlant des individus que le système ne satisfait pas et qu'on a pris l'habitude d'expédier dans les iles : « Il est heureux... qu'il y ait autant d'iles au monde. Je ne sais pas ce que nous ferions sans elles «.  Le mal de vivre est donc des plus répandus dans le Meilleur des Mondes; ce qui signifie, que cet univers n'est en aucun cas, une société parfaite.    Cette idée d'exclure les hommes qui ne rentrent pas dans le moule de la société se retrouve également dans le récit de Mary Shelley, ''Frankenstein ou le Prométhée moderne''.  La créature, de part son aspect physique différent, est rejetée par la monde car il incite à la peur. La créature est punie alors qu'elle est innocente, elle est rejetée même si ce n'est nullement sa faute. Quoi qu'il fasse, le monstre ne pourra échapper à un destin aveugle et fixé d'avance. Il est poussé au crime par la fatalité, par la souillure des ses origines que rappelle sa difformité.    En montrant les failles d'une telle société, l'auteur veut dénoncer la démarche utopique en général, il nous invite à travers la fiction à mesurer les conséquences du refus de changement et de nouveauté. Et a prendre conscience du danger que peut représenter cette démarche.    Il est important de savoir que lorsque Huxley écrit son roman, les utopies restées longtemps de simples vues de l'esprit, ont tendances à s'inscrire dans les faits et la réalité historique, notamment avec le développement du fascisme et du socialisme.  Pour les hommes de lucidité, il devient clair alors que la démarche utopique, quand elle se réalise, aboutit à la dictature, au refus de la morale, au figement de l'histoire, au mépris de l'homme et du réel.  Au XXè siècle, l'utopie ne doit plus être considérée comme une hypothèse intellectuelle mais comme une menace effective, en cours de réalisation.    Une des conséquences pour les sujets de l'utopie, est l'absence totale de liberté. Dans une société où tout doit rester immuable, il est hors de question que l'on puisse modifier les lois ou la forme du gouvernement. Les sujets n'ont donc aucune liberté politique. Dans ce cas précis, l'utopie peut s'apparenter aux monarchies absolues d'ancien régime ou aux tyrannies antiques.  Mais alors que ce genre de pouvoir n'était exercé que sur la politique, l'utopie, elle exige une soumission qui concerne tous les aspects de l'existence humaine.  Par exemple, la pratique généralisée des sports constitue dans le Meilleur des Mondes, un moyen pour le gouvernement, d'encadrer la population. Le désintérêt pour les sports devient une faute contre la société, un mauvais exemple qui si il était suivi, risquerait d'affecter tout un pan de l'édifice social.    Bernard Marx refuse les activité sportives instituées par l'Etat Mondial et leur préfère les promenades dans la région des lacs. Signe de son rejet de l'univers technique, artificiel et urbain du Meilleur des Mondes.  Les sujets sont donc privés de droits civiques mais aussi de toute liberté d'action et d'initiative, car comme le souligne Menier à maintes reprises, dans le Meilleur des Mondes, « toute l'ordre social serait bouleversé si les hommes se mettaient à faire les choses de leur propre initiatives. « L'homme qui agit en dehors, ou pire, à l'encontre de la société est nécessairement un élément déstabilisateur, qui menace bien plus que la vie d'un simple individu, mais qui frappe la Société même.    L'utopie ne connait qu'une seule forme de pensée, qu'une seule vérité, unique et officielle : la sienne.  Toutes les notions, attitudes ou philosophies d'inspiration idéaliste (religion, art, ...) sont bannies.    Dans la mesure où l'utopie refuse l'évolution, elle se condamne donc au rejet de la pensée vivant, à la stérilité et la stagnation créatrice et artistique. Elle ne saurait avoir d'art authentique puisque ce dernier est par essence créateur, c'est à dire producteur de formes inédites et d'idées nouvelles. La pratique artistique est par définition, mouvante, évolutive, imprévisible. N'importe quelle utopie, reposant sur des principes totalement opposés à ceux du Meilleur des Mondes, connaitrait une telle pauvreté artistique.  Dans Le Meilleur des Mondes, l'art mécanique est déshumanisé : les machines sont les artistes de ce nouveau monde. En effet, les exemples ne manquent pas : « Une Machine à Musique synthétique roucoulait un solo de super-cornet à pistons « (p. 54) ; « Les haut-parleurs dans la tour du bâtiment principal du Club de Stoke Poges se mirent, d'une voix de ténor qui avait quelque chose de plus qu'humain, à annoncer la fermeture des terrains de golf. « (p. 92) ; « Le Meilleur orgue à Parfums et à couleurs de Londres. Toute la Musique Synthétique la plus récente « (p. 96)[3] ; « par le pavillon de vingt-quatre énormes trompettes d'or ronflait une solennelle musique synthétique « (p. 99) ; « Le Président se leva [...] et, mettant en marche la musique synthétique, déchaîna un battement de tambours doux et infatigable et un choeur d'instruments - para-bois et super-cordes - qui répétèrent avec agitation, maintes et maintes fois, la mélodie brève et obsédante du Premier Cantique de Solidarité. « (p. 100). L'homme créatif a été remplacé par la machine génératrice ; il est vrai que l'on ne connaît pas de classe sociale ou de “groupe bokanovsky” qui exerce des professions artistiques.    L'utopie qui exclut tout ce qui n'est pas d'elle, rejette nécessairement, ce qui l'a précédée. En faisant table rase du passé. Dans le Meilleurs de Mondes, les premiers dirigeants ont détruits toutes les formes de cultures antérieure grâce à une campagne contre la passé, à la fermeture des musées, à la destruction des monuments historiques et à la suppression de tous les livres publiés avant l'instauration de la société nouvelle.  En se proclamant société parfaite, l'utopie légitime toutes les exigences qu'elle peut avoir vis-à-vis des ses sujets. En se définissant comme monde idéal, elle justifie du même coup son immobilisme, son refus du changement car dans une société dite parfaite, les pensées qui ne s'intègrent pas pas au système ne peuvent qu'être néfaste. Dans une société parfaite, les évolutions qui risquent de se produire ne peuvent être que reculs, retour en arrière ou processus de dégradation. Dans une société parfaite, l'homme qui se rebelle ou exprime son insatisfaction, ne peut être qu'un méchant ou un fou qu'il faut soigner ou mettre à l'écart. Le Meilleur des Mondes dispose à cet effet, dans les cas les plus graves, de Centres de Reconditionnement pour Adultes.    L'erreur principale de la démarche utopique, est de penser que tous les problèmes humains seraient justiciables d'une solution collective, que le bonheur des individus pourrait être obtenu grâce à une organisation sociale adéquate. Cette idée est fausse car en contradiction totale avec la vraie nature de l'homme. Au cours de l'évolution, la nature s'est donné un mal extrême pour que chaque individu soit différent de tous les autres.  Physiquement et mentalement, chacun d'entre nous doit être un être unique. Toute civilisation qui, soit dans l'intérêt de l'efficacité, soit au nom de quelque dogme politique ou religieux, essaie de standardiser l'individu, commet un crime contre la nature biologique. L'homme ne serait que plus malheureux dans cette société qui convient le moins à sa nature profonde et qui, de ce fait, ne saurait se maintenir sans contraintes ni dictature.    Une autre erreur de l'utopie est qu'en se présentant comme la société idéale, elle se donne pour l'aboutissement de l'aventure humaine alors qu'elle est seulement le blocage de cette aventure. L'utopie se définit comme la fin de l'histoire, au sens d'une sorte d'apogée naturelle de cette dernière, alors qu'elle n'est que l'arrêt artificiel de celle-ci.    ''Frankenstein ou le prométhée moderne'' : Une création idéale    Dans le récit de Mary Shelley, ''Frankenstein ou le prométhée moderne'', nous ne sommes pas en face d'une société idéale mais d'un acte de création qui se veut idéal.  Victor Frankenstein, n'accepte pas la mort de se mère, il a le désire de bricoler, à partir de cadavres, un être plus robuste physiquement. Le but de Frankenstein est louable : vaincre les maladies et la mort, arriver à l'immortalité. La créature est l’assemblage de chaire, de fer ; c’est un mélange hétéroclite de chaire humaine morte et matière inanimée. Il se présente comme un autodidacte, seul avec les sciences. Il vit beaucoup en vase clos, toujours entouré des mêmes personnes, il a un coté idéaliste. Son éducation est est assez limitée du coup, il peut tout apprendre tout seul. Il a envie de reconnaissance, un réel désir d'existé aux yeux des autres.  Dès le départ, Frankenstein se situe en marge à beaucoup de points de vue. Certes, il jouit d’une situation sociale reconnue et de l’affection de ses parents, mais ceux-ci accusent « une différence d’âge considérable «, et mènent une existence un peu vagabonde jusqu’à ce que leur fils ait atteint l’âge de sept ans. Celui-ci avoue être indifférent à ses camarades de classe dans leur ensemble, et contrairement à Clerval, passionné d’histoire et de langues, il se désintéresse de tout ce qui concerne les sciences humaines, au profit des secrets du ciel et de la terre. D’emblée, Frankenstein tourne le dos à l’homme. Du même coup, ce n’est pas autour de lui qu’il cherche ses modèles non pas en fonction de leur caractère raisonnable ou humain mais selon qu’ils correspondent plus ou moins à l’image surévaluée qu’il a de lui-même. À partir de là il ne saurait se contenter de modèles correspondant à une norme humaine.  Frankenstein a besoin d’un stimulant extérieur, à la mesure de ses aspiration délirantes. Frankenstein n’admire pas tant Clerval pour lui-même que parce qu’il croit retrouver en celui-ci sa propre image idéale. Au lieu de chercher à se construire et se développer à travers l’autre, comme tentent de le faire tous les autres personnages, y compris le monstre, Frankenstein ne recherche dans l’autre que son reflet narcissique. En fonction de cette logique, Frankenstein a tôt fait de s’isoler encore davantage.    Frankenstein, veut correspondre à une image idéale tant à ses propres yeux qu’aux yeux des autres. La prise de conscience de son échec entraîne toutes sortes de conséquences parallèles. D’une part, il se construit de lui-même une image aussi négative que la précédente était démesurée. Tout lui renvoie son échec en pleine figure, jusqu’à ces montagnes auxquelles ils s’identifiaient précédemment.  Ce sentiment d’avoir été déchu lui donne l’envie de mourir et il se réfugie alors dans toutes les  formes de l’oubli possible : sommeil, drogue, maladie. Ces différentes réactions présentent en  outre un inconvénient majeur ; elles confortent le monstre dans le sentiment qu’il a de sa force  et de son pouvoir sur son créateur, provoquant ainsi un renversement des rapports de force.  D’autre part, Frankenstein ne peut accepter le regard d’autrui, ce qui l’amène à s’isoler encore  davantage. Dans les deux cas, sa réaction correspond à une marque d’orgueil. Ce qu’il ne  supporte pas, c’est l’idée que les hommes pourraient avoir de lui une image dégradée. Mary  Shelley dénonce donc ici la prétendue bonté naturelle de l’homme. Selon une vision un peu  pascalienne qui parcourt l’ensemble du roman, elle laisse toujours apparaître derrière les  déclarations altruistes ou désintéressées les motivations beaucoup plus communes des  personnages révélatrices de leur égoïsme et de leur amour-propre.  Au moment de la création, Victor est dans un état de totale inconscience, il n'a pas la notion du libre arbitre et de l'esprit critique. Lorsque sa créature prend vie, Victor se retrouve effrayé par l'aspect physique. Cet homme qui au départ était animé par la curiosité scientifique, plus que par un désir de changer le monde, se montre dépassé par une invention qui l'effare, l'effraie et dont il est incapable d'en assumer les conséquences.  Cette irresponsabilité de Victor, permet une comparaison à Dieu, le créateur suprême. En créant les hommes, Dieu a agi par jeu, comme Frankenstein, et à fait preuve de la même légèreté. Lorsqu'il s'est lassé d'eux, il s'en est débarrassé en leur faisant cadeau du libre arbitre.  On peut se poser des questions sur la responsabilité, sur l'inconscience du créateur qui n'assume en rien ce qu'il a fait et qui se lave les mains du mal qu'il occasionne, se contentant de haïr sa créature après que celle ci s'est rebellée et se venge.    En identifiant Frankenstein à Prométhée, Mary Shelley semble lui donner une dimension humaine des plus positives : créateur de la race humaine selon certaines traditions, Prométhée est celui qui, osant rivaliser avec les dieux, a contribué au salut de l’homme lui apportant le feu.  Mais en même temps, ce Prométhée « moderne «, sorte de Prométhée déformé, n’est  capable, par opposition à l’autre, que de créer un monstre hideux et difforme ; lui-même  est bien loin d’avoir une dimension titanesque, épouvanté qu’il est par sa propre créature,  et ne songeant qu’à se dérober aux conséquences de ses actes.    On peut soutenir que créateur et créature sont des doubles. Le monstre originellement bon commet des crimes atroces, Victor avec les meilleures intentions crée un être immonde. Chacun d'eux se voit bon innocent et victime de l'autre. Comme Victor, le monstre est à la fois bon et mauvais: il se révolte, remplit le ciel de menaces, ou bien il se plaint.  Victor s'enfuit, pendant ce temps là, la créature grandit, se développe et prend conscience qu'elle fait peur. Elle développe une série de comportement de survie, comme le vol. La créature observe et imite, elle commence a distinguer une différence entre le bien et le mal. In ne fait pas le mal, il se défend. La créature apprend seule dans la nature. Il lit ''Le paradis perdu'' de John Milton, considéré comme un livre de base, aussi important que Shakespeare. Le thème du récit est l'histoire d'Adam chassé du paradis et la question de celui-ci à son créateur. Pourquoi Dieu m'a-t-il chassé ?  Comme Adam chassé du paradis, le monstre est chassé de l'univers des Lacey .Comme Adam, le monstre est rejeté, mais à la différence de l'Adam biblique, le monstre n'a rien fait pour cela, sauf qu'il a été crée laid et monstrueux d'apparence.  Grâce à ce texte, la créature se rend compte que les hommes sont issus d'un créateur et elle prend conscience que son créateur, Victor, l'a abandonnée. La créature développe un sentiment de haine envers son créateur. Cette haine est le véritable moteur dramatique du roman. Cette haine, et elle seule, détermine l'action, son intensité, ses péripéties. Le véritable héros du roman n'est pas le ''Prométhée moderne'', c'est le monstre.    Les personnages du roman sont tous plus ou moins à la recherche de l’être qui pourra les guider, leur servir de modèle ou suppléer à leurs manques. En ce sens, ils se trouvent dans une situation à la fois différente et proche de celui du monstre. Contrairement à lui, ils disposent de cadres rigoureux et protecteurs. À de rares exceptions près comme la mère de Justine ou le père de Safie, les nombreux parents dont il est question dans le roman sont des modèles exemplaires et ils aiment tendrement leurs enfants. Ceux de Frankenstein sont parés de toutes les qualités et ont prodigués à leur fils une éducation excellente et une enfance heureuse, le vieux De Lacey se ruine dans la défense désintéressée d’une cause juste, la mère de Safie forme sa fille selon les meilleurs principes et Walton parle à sa soeur aînée de son « bon oncle Thomas «. En ce sens, le monstre n’a pas tort de souligner à plusieurs reprises combien sa situation est différente de celle des autres.    La créature a besoin de trouver, de se référer à un modèle comme d'ailleurs tous les personnages du roman.  Elizabeth et Justine sont recueillies ou adoptées, Walton est un orphelin élevé par son oncle, ma mère de Frankenstein est morte, tout comme celle de Félix et d’Agatha celle de Safie, et rien n’est dit de celle de Clerval. Tous les personnages importants du roman sont orphelins et se trouvent contrains de chercher ailleurs guide et assistance, avec plus ou moins de bonheur.  En procédant ainsi, Mary Shelley peut d’une part souligner combien la démarche du monstre est profondément humaine, et d’autre part de montrer comment les différents personnages vont réagir face à cette situation particulière. L’une des idées maîtresses du livre est que l’homme a besoin de l’autre pour se construire et pour vivre et, plus précisément encore, de reproduire les modèles que celui-ci  représente.    La créature veut donc elle aussi s'identifier à l'homme, mais sa tentative se heurte très vite à plusieurs problèmes insolubles. D’abord parce que toute relation sociale ou simplement humaine lui est interdite du fait de son aspect extérieur. Pire encore, c’est la simple contemplation du modèle qui est source de malheur.  Loin d’être un stimulant, l’autre devient au contraire une sorte de miroir négatif qui renvoie au personnage la conscience de sa propre misère. Le monstre constate l’écart qui le sépare de ceux qu’il cherche à imiter et la contemplation de l’idéal inaccessible entraîne chez lui un sentiment profond d’envie. Le modèle joue un rôle positif tant qu’il représente un pôle de tension, mais son caractère inaccessible engendre la prise de conscience de sa faiblesse et de son manque.  La conscience tragique du monstre résulte de l’écart qu’il ressent entre se nature matérielle et l’idéal humain vers lequel il tend. Or cet écart est vécu d’autant plus douloureusement que le monstre place l’être humain au niveau de dieu. Il voit en Félix et Agatha « des êtres supérieurs, susceptibles d’arbitrer son destin futur. « Cette démarche l’amène à considérer Dieu créateur d’un nouvel Adam.  L’homme s’avère ne pas être à la hauteur de la dimension divine où le monstre l’avait placé, mais ce n’est pas pour autant que lui va renoncer à atteindre le divin. Et donc cet être qui se déclarait prêt à se soumettre entièrement à l’homme s’affirme maintenant supérieur à lui et prétend le soumettre à son pouvoir. Il tient d’ailleurs à Frankenstein un discours étrangement semblable à l’un des dialogues entre Dieu et des hommes.  De plus, au moment même où le monstre se prend pour un surhomme qu’il régresse en fait à l’état sauvage. Laissant libre cours à ses pulsions, il s’éloigne définitivement de l’idéal humain qu’il s’était fixé. Le monstre est désormais pris dans un cercle vicieux, car tout en s’avouant incapable de contrôler ses passions, il n’en garde pas moins une certaine idée de lui-même et de l’idéal auquel il prétend correspondre ou se conformer. Il souffrait d’abord de l’écart qu’il consistait entre les hommes et lui ; il souffre maintenant de l’écart entre son idéal du moi et ses actes.

« Les divers aspect présents dans le meilleur des mondes sont interdépendants.

L'organisation est entièrementcirculaire, d'une logique de cercle vicieux.

Ce raisonnement produit un modèle social dont tous les éléments setiennent si bien, que la modification ou la suppression du moindre d'entre eux, menace l'édifice dans son entièreté.Nous sommes en face d'une cohérence absolue, qui donne un système clos et inapte à l'évolution. L'utopie s'énonce comme le Paradis sur terre.

Reste à savoir si une fois réalisée, elle constitue effectivement leparadis annoncé.

Dans le Meilleur des Mondes, c'est loin d'en être le cas.Tout d'abord parce que cette société a besoin d'un conditionnement pour exister et être acceptée de ses sujets.Mais aussi, parce que malgré le conditionnement, de nombreux citoyens se sentent mal à l'aise dans leur univers.

Leroman met en scène deux mécontents, Bernard Marx et Helmholtz Watson.

Ces deux personnages incarnent chacunun type particulier de remise en cause du Meilleur des Mondes.Le premier, Bernard Marx attire d'abord l'attention par son aspect physique.

Cet Alpha plus n'a ni la taille élevée ni labeauté des membres de cette caste.

C'est au sens strict, un « raté » de la reproduction artificielle puisque sesdéfauts physiques résulteraient d'une erreur de manipulation en laboratoire quand il n'était encore qu'un foetus.Bernard est une preuve vivante de l'échec de l'ectogenèse, mais aussi d'un échec du conditionnement, ce qui estbeaucoup plus grave.

Un conditionnement réussi, aurait du empêcher ses déficiences physiques d'avoir desrépercussions sur son psychique.Helmholtz Watson est quant à lui un personnage rayonnant, le double positif de Marx.

Les deux hommes ont encommun la connaissances d'être des individus, la conscience d'être lui-même et tout seul.

Mais alors que chezBernard Marx, cette différence résulte d'un défaut physique, chez Watson, elle provient d'un excès de capacité.

Ilest trop intelligent, trop capable.

Il est en un sens lui aussi un « raté » de l'ectogenèse et du conditionnement cartrop réussi.Si Bernard Marx se sent frustré de ce que la société lui refuse, Watson lui, st décu de ce qu'elle lui a donné.Toutefois ces derniers sont loin d'être les seul car si l'on en croit les propos de Moustapha Meunier en personne quidéclare que, en parlant des individus que le système ne satisfait pas et qu'on a pris l'habitude d'expédier dans lesiles : « Il est heureux...

qu'il y ait autant d'iles au monde.

Je ne sais pas ce que nous ferions sans elles ».Le mal de vivre est donc des plus répandus dans le Meilleur des Mondes; ce qui signifie, que cet univers n'est enaucun cas, une société parfaite. Cette idée d'exclure les hommes qui ne rentrent pas dans le moule de la société se retrouve également dans le récitde Mary Shelley, ''Frankenstein ou le Prométhée moderne''.La créature, de part son aspect physique différent, est rejetée par la monde car il incite à la peur.

La créature estpunie alors qu'elle est innocente, elle est rejetée même si ce n'est nullement sa faute.

Quoi qu'il fasse, le monstre nepourra échapper à un destin aveugle et fixé d'avance.

Il est poussé au crime par la fatalité, par la souillure des sesorigines que rappelle sa difformité. En montrant les failles d'une telle société, l'auteur veut dénoncer la démarche utopique en général, il nous invite àtravers la fiction à mesurer les conséquences du refus de changement et de nouveauté.

Et a prendre conscience dudanger que peut représenter cette démarche. Il est important de savoir que lorsque Huxley écrit son roman, les utopies restées longtemps de simples vues del'esprit, ont tendances à s'inscrire dans les faits et la réalité historique, notamment avec le développement dufascisme et du socialisme.Pour les hommes de lucidité, il devient clair alors que la démarche utopique, quand elle se réalise, aboutit à ladictature, au refus de la morale, au figement de l'histoire, au mépris de l'homme et du réel.Au XXè siècle, l'utopie ne doit plus être considérée comme une hypothèse intellectuelle mais comme une menaceeffective, en cours de réalisation. Une des conséquences pour les sujets de l'utopie, est l'absence totale de liberté.

Dans une société où tout doitrester immuable, il est hors de question que l'on puisse modifier les lois ou la forme du gouvernement.

Les sujetsn'ont donc aucune liberté politique.

Dans ce cas précis, l'utopie peut s'apparenter aux monarchies absolues d'ancienrégime ou aux tyrannies antiques.Mais alors que ce genre de pouvoir n'était exercé que sur la politique, l'utopie, elle exige une soumission quiconcerne tous les aspects de l'existence humaine.Par exemple, la pratique généralisée des sports constitue dans le Meilleur des Mondes, un moyen pour legouvernement, d'encadrer la population.

Le désintérêt pour les sports devient une faute contre la société, unmauvais exemple qui si il était suivi, risquerait d'affecter tout un pan de l'édifice social. Bernard Marx refuse les activité sportives instituées par l'Etat Mondial et leur préfère les promenades dans la régiondes lacs.

Signe de son rejet de l'univers technique, artificiel et urbain du Meilleur des Mondes.Les sujets sont donc privés de droits civiques mais aussi de toute liberté d'action et d'initiative, car comme lesouligne Menier à maintes reprises, dans le Meilleur des Mondes, « toute l'ordre social serait bouleversé si leshommes se mettaient à faire les choses de leur propre initiatives.

» L'homme qui agit en dehors, ou pire, à l'encontrede la société est nécessairement un élément déstabilisateur, qui menace bien plus que la vie d'un simple individu,mais qui frappe la Société même. L'utopie ne connait qu'une seule forme de pensée, qu'une seule vérité, unique et officielle : la sienne.Toutes les notions, attitudes ou philosophies d'inspiration idéaliste (religion, art, ...) sont bannies.. »

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