Le mythe de l'Ogre
Publié le 10/04/2012
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L' étymologie du mot "ogre" est incertaine. L'idée la plus communément admise de nos jours
soutient que le terme nous vient du latin orcus qui signifie "enfer, dieu des enfers".
Sa trace écrite la plus ancienne remonte au XIIe siècle dans l'oeuvre de Chrétien de Troyes Perceval
ou la quête du Graal . On a longtemps cru qu'il s'agissait d'une déformation du mot Hongrois, en
référence aux destructions commises en Gaule par les Huns.
On retrouve aussi un uerco, ou orco dans les contes du napolitain Giambattista Basile où l'ogre est
décrit comme un monstre bestial et aveugle, proche du cyclope.
Mais ce n'est qu'à partir de 1697, avec la publication
des Contes de ma mère d'Oye de Charles Perrault que
le terme se popularise. L'auteur le définit alors comme
un "homme sauvage se nourrissant de petits enfants".
Les caractéristiques générales de l'ogre sont sa taille
surdimensionnée et ses habitudes alimentaires hors du
commun puisqu'il se nourrit de chair humaine et
apprécie plus particulièrement les enfants. On lui prête
souvent des pouvoirs magiques comme les bottes de
sept lieues dans le Petit Poucet ou la capacité
d'emprunter une forme animale, comme dans le Chat
Botté. Les ogres sont réputés cruels, inintelligents mais
ils sont souvent riches et puissants.
Certains soutiennent que la figure de l'ogre s'est laissé inspirer par un personnage réel, Gilles de
Rais, qui était un seigneur de Bretagne, compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, qui fut pendu puis
brûlé pour "sorcellerie, sodomie et meurtre de trente petits enfants".
Mais l'ogre primaire est sûrement Cronos, Saturne pour les Romains, un titan, père de Zeus, qui,
après avoir castré son père Ouranos est averti qu'il sera à son tour détrôné par son père. Il
entreprend alors de dévorer ses enfants à mesure qu'ils naissent. Il est souvent confondu avec
Chronos, le dieu du temps car il remplit le même rôle que lui; il dévore autant qu'il engendre. Il
symbolise le père tout-puissant qui a peur de se faire remplacer par son successeur. Le règne de
Cronos marque le début de l'Âge d'Or, mais là aussi il s'illustre en souverain incapable de s'adapter
aux changements de la société.
Pour les disciples de Freud, l'ogre constitue comme pour Cronos, l'image
pervertie et cauchemardesque du père castrateur qui veut garder son
pouvoir et refuse de le partager et d'y renoncer. Le fait aussi d'avaler les
enfants représente le retour au ventre maternel avec une volonté
d'empêcher les enfants de devenir adultes et de s'épanouir.
L'ogre désigne par extension toute forme de tyrannie. Napoléon Ier était
par exemple surnommé l'Ogre par les Anglais.
On peut aussi voir en l'ogre le symbole d'une puissante aveugle et
destructrice qui se retrouve chez les enfants en bas âge qui portent tout à
leur bouche. D'où l'importance des contes pour surmonter cette phase. En
effet, on remarque que le héros qui vainc l'ogre est souvent petit et rusé.
Autre aspect intéressant, le cannibalisme. Il est considéré dans notre
société comme un tabou. L'ogre représenterait à ce niveau tous nos désirs
enfouis. De plus, l'ogre ne se contente pas de dévorer de la chair humaine
comme le ferait un animal, mais la cuisine avec raffinement.
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