Devoir de Philosophie

Le nazisme et le stalinisme, deux totalitarismes différents?

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

1) Les fondements et les objectifs.

Le nazisme est un parti unique qui repose sur le guide du Reich, le «Reichsfürer« : Hitler (au pouvoir depuis le 30 janvier 1933). C'est un chef charismatique, qui use de son pouvoir pour imposer un culte de la personnalité. 

Pour les nazis, les pays et territoires germaniques avaient vocation à dominer le reste du monde. Ils considéraient que les peuples germaniques étaient une «race supérieure«, dit la race «aryenne«, dont auraient été issus tous les génies de l'humanité.  La race aryenne était selon eux la plus pure, la plus supérieure, et la plus noble. Pour sauvegarder un tel «patrimoine«, les nazis se devaient de préserver la race aryenne (dit aussi race blanche) des races inférieures, qui polluaient la génétique humaine, la menant ainsi à sa perte. Les nazis supprimèrent tout ceux qu'ils considéraient comme étant une honte pour l'humanité: les malades (maladies héréditaires également: cécité, schizophrénie...), des maladies mentales, certains peuples (plus particulièrement les juifs), les homosexuels, etc...Les nazis étaient clairement xénophobes.

Les peuples qui désiraient survivre devaient donc s'incliner devant la «race des seigneurs«. 

La doctrine nazie se fonde sur une classification raciale des hommes, selon la «qualité de leur sang«. Ainsi, les Tziganes, les Asiatiques, les Noirs, les Juifs, et les Slaves étaient considérés comme des déchets humains. 

Le nazisme prône la supériorité de la race aryenne sur toutes les autres «races« humaines. Selon Hitler, seul ceux qui ont une trace de sang aryen peuvent avoir du génie.  Les autres races ne font qu'imiter, voire, comme les Juifs, détruire le génie humain. A ce titre, la race aryenne doit conserver la pureté de son sang pour concentrer le génie humain dans une race qui dominera le monde. Les nazis classèrent ainsi les populations en fonction de ce qu'ils appelaient les «races à éduquer« (les Latins, les Japonais par exemple), les «races à réduire en servitude« (les Slaves, les Asiatiques, les Noirs) et les «races à exterminer« (les personnes de confession ou d'ascendance juive et le peuple tzigane). 

Son but est de prôner le racisme pour forger «un homme nouveau«: la race aryenne=>Création d'un espace vital. 

 

Le stalinisme est un parti unique (depuis 1918) qui repose sur «le petit père des peuples«: Staline (au pouvoir depuis 1928). C'est un chef charismatique qui use de son pouvoir pour imposer un culte de la personnalité. 

L’URSS sous Staline fut un État dictatorial au caractère totalitaire, modelé par un dirigeant qui disposa du pouvoir absolu et se fit entourer d'un intense culte de la personnalité. L’avènement de Joseph Staline, entre 1927 et 1929, marque le lancement d’une transformation brutale et radicale de la société soviétique. En quelques années, l’URSS est profondément changée par la collectivisation agricole intégrale et par l’industrialisation «à toute vapeur« agencée par les très ambitieux plans quinquennaux (planification économique gouvernementale fixant les objectifs de production sur une période de 5ans). 

La modernisation économique du pays fut cependant payée par d'énormes exigences de travail imposées. Le bilan fut mitigé: si certaine catégories sociales bénéficièrent des progrès obtenus (nomemklatura, stakhanovistes), la majorité de la population vit la promesse d'une société  "juste, et sans classes sociales" laisser place à un climat de privations et d'inégalités. Dans certaines régions, les famines décimèrent plusieurs millions de paysans. 

Le changement de société fut accompagnée d'une politique de  répressions massives, inaugurée par une chasse aux paysans récalcitrants, qualifiés de koulaks, ou aux opposants politiques. Minorités nationales, cadres du parti ou simples particuliers étaient tous potentiellement exposés, chaque citoyen pouvant brusquement se retrouver rangé au rang des prétendus «ennemis du peuple«, «saboteurs« et autres «espions de l'impérialisme«. Payée de millions de victimes, mais soigneusement dissimulée par le régime, dans un contexte d'endoctrinement total, cette politique ouvre une longue période de terreur et de dénonciation.

Le régime stalinien se caractérise par une économie planifiée bureaucratisée (capitalisme d'État), où la bureaucratie d'État constitue l'exploiteur et oppresseur unique de la population. 

Son but est d'atteindre la phase communiste pour avoir une société sans classes sociales. Le parti communiste mène la dictature au nom du prolétariat (marxisme – léninisme). Cette nouvelle société est destinée à forger une «nouvelle catégorie humaine«.

 

2)Le contrôle de la société et de l'économie.

Pour arriver à leur fin, les nazis en arrivèrent à contrôler la société par de la propagande sociologique, notamment en contrôlant et censurant les moyens de communications (radios et journaux censurés, livres brûlés, contrôle de l'art => affiche d'Hitler partout dans le pays, entraînant un culte de la personnalité -promotion de l'individu-). C'est la fin de la liberté d'expression, le peuple est embrigadé de force. 

Malgré cela, les femmes ont une fonction traditionnelle: elles doivent veiller au développement de la race aryenne. Autrement dit, elles sont réduites au rôle de poule pondeuse. 

Mais l'éducation des enfants ne les concernent pas: ils sont dès l'école embrigadés, enrôlés dans des organisations de jeunesse (la jeunesse hitlérienne).  C'est du bourrage de crâne, on les force à croire les idées qu'on leur inculque, ils ne pensent plus par eux même. On les transforme en petits soldats.

Dans les Jeunesses hitlériennes, l'entraînement physique et militaire passait bien avant l'éducation académique et scientifique. L'apprentissage prodigué aux jeunes comprenait le maniement des armes, le développement de la force physique, la stratégie militaire et un endoctrinement antisémite.

 

On note les propagandes les plus connues: 

-La propagande nazie, comme tous les mouvements politiques de l'époque, a abondamment utilisé les affiches.

-Les autodafés: les autodafés consistent à brûler des livres considérés comme dissident. Les nazis brûlaient sur les places publiques des livres par milliers, pour montrer que seules les idées du Führer étaient les meilleures (ainsi donc les écrits de Trotsky et de Karl Marx furent brûlé par les nazis).

-Les jeux Olympiques: La volonté des nazis de contrôler tous les aspects de la vie nationale s'étendit aussi au sport.

Une politique d'aryanisation fut mise en œuvre dans toutes les organisations sportives allemandes. Les sportifs «non aryens« - Juifs, demi-Juifs ou Tsiganes - furent systématiquement exclus des centres et associations.

Pendant la durée des épreuves olympiques, le régime nazi essaya de camoufler la violence de sa politique raciste. La plupart des panneaux antisémites furent provisoirement enlevés. De cette façon, le régime exploita les Jeux olympiques pour fournir aux spectateurs et aux journalistes étrangers une fausse image d'une Allemagne pacifique et tolérante.

L'Allemagne sortit victorieuse des XIe Jeux olympiques. L''hospitalité et l'organisation allemandes reçurent les éloges des visiteurs. Ces jeux olympique furent l'occasion pour le régime nazi de montrer ses capacités d 'organisation, et la nouvelle puissance de l'Allemagne.

-La presse: Les journaux d'avis contraires au régime sont interdits de parution.

-Les médias:Hitler fonda un ministère de la Culture et de la Propagande. Ce ministère avait pour mission de véhiculer la doctrine nazie par l’intermédiaire des arts, de la musique, du théâtre, des films, des livres, de la radio, de la télévision, des documents pédagogiques et de la presse.

Parallèlement, Hitler prend le contrôle de l'économie: il instaure l'autarcie, prétendant que l'Allemagne se suffit à elle même,  et le volontarisme d'État (Hitler pense modifier le cours des événements par le biais de sa seule volonté). En quelques années, l’économie est remise sur pied, entre autres grâce à des emplois publics créés par l’État :autoroutes, ligne Siegfried, grands travaux à buts militaires...

Lors du réarmement, le chômage subit une baisse importante, grâce à la production industrielle en hausse. Voyant le déficit financier de l'État se creuser un peu plus chaque jour, Hitler décide de baisser les salaires de 5%.

 

De son côté, Staline se sert des mêmes moyens que les nazis pour atteindre son but: 

il contrôle la société par de la propagande d'intégration (psychologie sociale), il contrôle et censure les moyens de communications (presse, télévision et radio censurés, apparition des médias de masse qui font de la publicité pour présenter de manière positive le stalinisme, livres brûlés, contrôle de l'art=> affiche de Staline dans tous le pays, entraînant un culte de la personnalité très important) de manière à endoctriner la population.

On note les plus connus:

-Les affiches et le photomontage vantant l'industrialisation, la planification et la collectivisation des terres. Publicités et affiches de recrutement dans l'Armée rouge. 

-Statistiques de productions de céréales truquées durant les famines

-Manifestations «spontanées« et grandes parades (comme la parade des «pionniers« en 1930)

-Les retouches des photographies (éliminations de Léon Trotski, Lejov...), ainsi que des falsifications de faits dans les encyclopédies, les publications ou les manuels scolaires. L'histoire était fréquemment réécrite, les événements du passé modifiés de telle sorte que les actions des autorités soviétiques soient toujours décrites positivement. 

-Endoctrinement de la jeunesse dans les écoles et les organisations dès l'âge de 8ans. 

-Utilisation de la presse, de la radio et de la télévision. 

-De nombreux éloges de Staline  grâce au culte de la personnalité

-Le cinéma: La Chute de Berlin dans lequel Staline est présenté comme le vainqueur génial de la Seconde Guerre mondiale. 

-La vénération du stakhanovisme. 

Les enfants sont embrigadés à l'école et dans les organisations de jeunesse, où ils sont formés pour tuer. Beaucoup des activités proposées aux garçons ressemblaient à un entraînement militaire: lancer de grenades factices, ramper sous des fils barbelés, apprendre à plonger en mer depuis des sautoirs, et escalader des obstacles. On inculquait aux jeunes les mêmes idées, jours après jours, répétées encore et encore, jusqu'à leur complète absorption. C'était un lavage de cerveau, pour les empêcher de penser par eux même, de se poser des questions, de chercher à en savoir plus. Leurs actes, leurs paroles, leurs pensées étaient contrôlées par Staline. 

Mais Staline va encore plus loin: avide de contrôler absolument tout, il tente une déchristianisation du peuple, les forçant à ne plus pratiquer, interdisant toute religion. Il veut être leur Dieu. Des statues, des bas-reliefs, des portraits, des hymnes, des oratorios, des opéras, des symphonies, des poèmes, des romans, des films, des pièces de théâtres, des ballets louèrent sa gloire. 

 

Lorsque Staline prend le contrôle de l'économie, il impose l'autarcie et une politique volontariste de l'État. Il nationalise systématiquement toutes les propriétés, se les appropriant pour mieux les contrôler. Il instaure les plans quinquennaux, donnant la priorité à l'industrie lourde, imposant un rythme de travail acharné. 

L'avènement des plans quinquennaux entraîne un mouvement massif de stakhanovisme: une doctrine faisant l'apologie d'un travailleur très productif et entièrement dévoué à son travail. 

Il collectivise l'agriculture (création des kolkhozes), rendant collectifs ses moyens de production. C'est un désastre pour l'agriculture. La conséquence de la collectivisation agricole est un immense exode rural des paysans pour trouver du travail en ville, ce qui a provoqué la désertification des campagnes. 

Parallèlement, il lance de grands travaux:  le métro de Moscou, des villes nouvelles, des canaux, des barrages, des énormes usines… Mais le prix est tout autant démesuré: un gouffre financier se creuse, l'inflation s'installe, il y a du gaspillages, des travaux bâclés.

Il impose la suppression de certaines libertés sociales acquises lors de la Révolution: l'avortement, le suffrage universel pour les femmes, la liberté de sexualité (homosexualité).  Il abaisse également l'âge limite pour la condamnation à mort à 12ans.

 

3) La violence comme mode de gouvernement.

 

La violence nazie s'est d'abord traduite par l'encadrement de la population allemande, intimidée, violentée par la propagande. Les nazis au pouvoir vont criminaliser certains comportements sociaux (par exemple l'homosexualité). La violence s'abat ensuite sur les territoires conquis : exploitation économique, déportation massive de populations, épuration raciste, extermination de 70 000 handicapés, et enfin le génocide des juifs et des tziganes. 

Après avoir conquis le pouvoir absolu, les nazis éliminèrent entre 5 et 6 millions de Juifs (notamment, mais pas uniquement, à l'aide de chambres à gaz) ainsi que de nombreux Tziganes, entre 500 000 et 1 million dont 23 000 ont été recensés dans le seul camp d'Auschwitz. Ils stérilisèrent aussi 400 000 Allemands et incarcérèrent tous les opposants au pouvoir dans des camps de concentration (ou d'extermination). 

On note différent procédé de violence:

-l'enfermement et la peine capitale : Avec l'invention de la guillotine comme moyen d'exécution, on mécanise le procédé, ce qui tend à déresponsabiliser le bourreau. La prison aussi se déshumanise: les nazis vont réaliser la fusion, dans les camps de concentration, entre l'enfermement et la mise à mort, les victimes ne sont plus des détenus, mais une matière première déclassée nécessaire à la production de cadavres, une dépersonnification en désignant les déportés par des numéros, et non leurs nom et prénom.

- La 1ère guerre mondiale : Elle constitue un bond en avant décisif, sans lequel les pratiques d'extermination nazies n'étaient peut être pas imaginables. On mobilise en masse, on fait des prisonniers en masse (dans des camps), la guerre s'industrialise (baisse du chômage car hausse de l'emploi dans les industries d'armements), l'ennemi est déshumanisé, racialisé. La guerre efface la distinction civils/militaires. 

-l'exclusion des juifs de la société: les commerces juifs sont boycottés par les SA, une milice politique chargée de pérsécuter les juifs. Les juifs sont exclut de tout emploi dans les gouvernements, puis plus tard (par les Lois de Nuremberg) aux emplois de la fonction publique et aux universités, l'enrôlement dans l'armée ou la pratique de professions libérales. Ils ne peuvent plus avoir de permis de conduire. Les Juifs sont déchus de leur nationalité allemande. Les mariages mixtes ou les relations sexuelles entre juifs et Allemands sont également proscrits. L'objectif est la ségrégation complète entre le peuple allemand et juifs, ce qui est valable également pour les écoles, le logement, ou les transports en commun. Une loi "d'aryanisation" vise à déposséder les Juifs des entreprises qu'ils possèdent. On porte de fausses accusations à leur encontre, à l'origine de pérsécution (Nuit de Cristal).

-la création de polices politiques à l'origine de tueries perpétrées: SA, SS(Nuit des Longs Couteaux), la Gestapo, réduisant au silence les opposants du régime, et assurant à Hitler le contrôle absolu. 

 

Le stalinisme est associé à des pratiques de terreur organisée par l'État. Il a laissé sa marque dans:

-l'élimination systématique de tous les opposants réels ou potentiels (bien souvent imaginaires). Staline fait assassiner un grand nombre de cadres polonais (Katyń, entre autres), ses opposants bolcheviks (dont Trotski), des paysans ukrainiens, etc.; 

-la déportation massive dans les goulags de peuples entiers et d'opposants réels ou supposés; 

-lorsque la déportation ou l'action policière et militaire n'est pas possible, l'utilisation de la famine pour dompter les peuples rebelles; 

-une manipulation permanente de l'Histoire et de l'idéologie, avec des «purges« visant à éliminer tous les «traîtres«, c'est-à-dire en pratique tous les concurrents potentiels, tous les témoins et toutes les traces des évolutions de Staline; 

-le concept de procès stalinien: l'accusé est coupable d'avance (car il reconnaît son crime, suite à une préparation psychologique adéquate et, si nécessaire, sous la menace directe ou indirecte visant ses amis ou sa famille) est jugé sans pitié et avec un respect formel des procédures, car tout est préparé d'avance. Le procès sert à justifier les grandes purges, mais aussi à faire porter le poids des échecs à des boucs émissaire; 

-un régime militariste et «totalitaire«; 

-une propagande très active et entièrement au service du chef (annonçant une récolte importante pendant une année de famine, par exemple);

-une surveillance de la population entière par elle-même, sous la férule de services secrets (Tchéka, Guépéou, NKVD/NKGB), eux-mêmes régulièrement purgés. 

 

4) Quels points communs entre le nazisme et le stalinisme?

 

Dans ces deux idéologies, nous retrouvons plusieurs points communs non négligeables:

-La violence menée contre les opposants, les «ennemis« du peuple par une police politique chargée de la répression. Les opposants sont déportés dans des camps de concentration-extermination.

-Le contrôle de la société par la propagande, l'utilisation des médias de masse pour l'endoctrinement. 

-L'encadrement et l'embrigadement des enfants grâce aux écoles et aux organisations de jeunesse.

-Un Parti unique qui repose sur un chef charismatique. L'utilisation du culte de la personnalité.

-Le contrôle de l'économie: développement de l'autarcie, d'une politique volontariste d'État, construction de grands travaux. 

Tous ces points communs pour un même but: la volonté de forger idéologiquement un «homme nouveau« et une nouvelle société.

 

6)Quelles différences entre le nazisme et le stalinisme?

 

Dans ces deux idéologies, nous remarquons plusieurs différences:

-Des victimes différentes: la classe «bourgeoise«, les koulaks, et membres du Parti en URSS; contre les opposants, les Juifs, les asociaux et les handicapés en Allemagne.

-La régression des femmes en URSS (suppression du suffrage universel et du droit à l'avortement); contre une fonction traditionnelle qui leur est attribuée en Allemagne. 

-La différence des doctrines idéologique: la «purification« de la race humaine en Allemagne, tandis qu'en URSS le stalinisme est lui même inspiré du marxisme et du léninisme. 

-Le contrôle de l'économie s'appuie sur le patronat en Allemagne. C'est l'inverse en URSS: la collectivisation des terres et la nationalisation des entreprises. 

 

     Le nazisme et le stalinisme sont donc deux totalitarisme différents, bien qu'ayant des points communs importants, leurs idéologies n'est pas la même.

Liens utiles