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Le noyau dur de l'Union européenne

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

1er septembre 1994 - Le coup d'envoi a été donné, presque simultanément, à Bonn et à Paris : les questions européennes ont fait leur apparition comme l'un des grands thèmes sur lesquels les électeurs allemands auront à choisir le mois prochain leurs députés et sur lesquels, en France, les candidats à l'élection présidentielle devront se déterminer. On se flatte, du côté de la CDU-CSU au pouvoir à Bonn, comme du côté du gouvernement français, de la bonne entente franco-allemande qui préside à la réflexion sur ce que doit devenir cette Europe en passe de s'agrandir et contrainte, de ce fait, de se doter de nouvelles structures. Mais il n'est pas certain que la communauté de vues entre les deux chefs de gouvernement soit, à ce stade, totale : autant les interventions de M. Balladur sur l'avenir de l'Union, notamment sur l'élargissement et la " géométrie variable ", sont restées théoriques, autant le document présenté par le parti du chancelier jeudi présente les choses avec rudesse, en désignant nommément les rares pays élus pour faire partie du " premier cercle ". L'idée que tous les membres de l'Europe ne peuvent d'emblée participer sur un même pied à toutes les politiques communautaires n'est pas nouvelle : il y a des mois que, dans l'entourage de Jacques Delors, on souhaitait que soit lancée une réflexion précise sur ce sujet. L'élément nouveau, en France et en Allemagne, c'est que l'on renonce officiellement au " dogme " de Maastricht : non seulement au principe (illusoire) selon lequel les nouveaux membres de l'Union devront souscrire à " tout l'acquis communautaire ", mais aussi à l'idée que les Douze partagent tous les objectifs du traité, fût-ce avec des dérogations présentées comme provisoires. L'Union à douze éclate, à la fois dans la version de M. Balladur, qui, sans citer personne, déclare que certains Etats de l'Union seulement " devront créer entre eux une organisation mieux structurée sur le plan monétaire et militaire ", et dans la version de la CDU, qui cite les cinq membres du " noyau dur ". Sans doute la justification est-elle le réalisme et l'un des objectifs de se libérer des éternelles obstructions britanniques et de mettre Londres au pied du mur. Les exclus - britanniques et autres - apprécieront. Il y a dans la démarche allemande une brutalité qui choquera. Mais il y a aussi un désir explicite de forcer la France à davantage de clarté. Il faut, a dit l'un des auteurs du document, Karl Lamers, que Paris " annonce la couleur ". On en est encore loin, tant sur l'élargissement à l'Est que sur les futures institutions européennes, alors que s'amorce en France une très délicate partie, sur ces questions et d'autres, au sein de la majorité. BULLETIN Le Monde du 5 septembre 1994

« d'armement, et pratiquement pas d'industrie métallurgique la plupart des produits nécessaires à la poursuite des hostilitésdevraient donc venir du dehors : essence, machines, matières premières, équipements, etc.

Les armes antichars faisaientabsolument défaut, et seules les bases maritimes possédaient quelques moyens de défense en DCA.

Mais les hommes nemanquaient pas, ni les bateaux, et toute l'Afrique noire aurait suivi.

Pour que la France continuât à figurer dans le camp allié, lamasse africaine aurait pesé d'un autre poids que la mince cohorte de la France libre ! De toute façon, aucun plan allemand n'existait pour porter la guerre en Afrique si Hitler en avait pris la décision, il lui aurait falludes mois pour l'indispensable mise au point un assez long répit aurait donc été laissé aux Français pour se préparer à l'assaut. Ce qui est certain, c'est que l'escadre anglaise de Méditerranée, qui, par la suite, a neutralisé puis battu à elle seule la marineitalienne et la flotte française intacte, aurait totalement dominé la Méditerranée et assuré une protection efficace des côtesd'Afrique du Nord.

Prises dans l'étau de la Tunisie et de l'Egypte, la Tripolitaine et la Libye italiennes n'auraient guère pu résisterlongtemps et la péninsule italienne se serait offerte plus tôt aux coups des Alliés. Dans son analyse rapide et son rejet de l' " opération AFN ", le général Weygand commet un oubli étonnant.

" Rien, dit-il, nepouvait être attendu des Etats-Unis, qui n'étaient pas en guerre ".

Sans doute le général était-il encore sous le coup de la réponsenégative de Roosevelt aux appels au secours de Paul Reynaud, et son affirmation est exacte s'il pensait à une interventionaméricaine par l'envoi de troupes.

Elle ne l'est pas s'il s'agit de l'envoi d'armes et de matériel les missions franco-britanniquesd'achat aux Etats-Unis avaient déjà passé d'importants marchés celui du 4 juin 1940 portait sur 400 canons de 75, 500 000fusils, 80 000 mitrailleuses, dont 60 000 pour avions, 100 millions de cartouches.

Une grande partie était prête à embarquer c'est la Grande-Bretagne qui en héritera.

De plus, la France avait commencé à recevoir en nombres des avions de chasse Curtissqui arrivaient précisément par Casablanca.

A l'été de 1940, les Etats-Unis ne sont pas encore l'arsenal des démocraties , mais ilssont déjà des fournisseurs de matériel sans équivalent. Raisons militaires et politiques En fait, l'hypothèse de la continuation de la lutte en Afrique avait été écartée par les responsables, le général Weygand en tête,sans qu'elle eût été étudiée, et comme par principe.

Deux raisons peuvent être données pour expliquer ce comportement.

Lapremière, la plus vraisemblable, est de caractère militaire elle est le fruit, une fois de plus, des " leçons de 14-18 ".

Tandis que legénéral de Gaulle, à Londres, proclamait que la guerre était mondiale, les nouveaux dirigeants de la France pensaient que, l'arméefrançaise mise hors de combat, l'Allemagne avait définitivement gagné la partie.

Les Etats-Unis, qui n'avaient pratiquement pasd'armée, et où dominait la tendance isolationniste, si jamais ils intervenaient dans le conflit, le feraient trop tard.

Quant auxAnglais, ils ne leur restait plus qu'à s'incliner à leur tour, s'ils étaient raisonnables.

Bref, après avoir parié en 1939 sur une guerrelongue, les dirigeants français misaient maintenant sur une défaite rapide de l'Angleterre pari destiné à être perdu, comme l'avaitété le premier. La deuxième raison de mettre fin aux combats est de caractère politique, et elle complète la première.

Qu'ils pensent, commePétain, à ne pas abandonner les populations ou qu'ils redoutent, comme Weygand, des " désordres sociaux ", les nouveauxdirigeants de Bordeaux répugnent à quitter la France. Une des idées qui les ont conduits à demander l'armistice était que la France n'aurait pas dû déclarer la guerre, parce qu'ellen'était pas prête, et elle n'était pas prête parce que son régime politique ne valait rien.

Selon cette conception des intérêts du pays,la poursuite de la guerre en Afrique du Nord n'aurait été que de la persévérance dans l'erreur, ce qui est diabolique, commechacun sait.

Mieux valait accepter la défaite et refaire la France.

C'est dans cette optique que l'arrêt des combats annonce laRévolution nationale et la politique de collaboration. HENRI MICHEL Le Monde du 11 mai 1980. »

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