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Le poète est-il un homme comme tous les autres ?

Publié le 18/09/2010

Extrait du document

 

 

 

Texte :

Charles Cros, Le collier de griffes (1908)

Sonnet

 

Moi, je vis la vie à côté,

Pleurant alors que c’est la fête.

Les gens disent : «  Comme il est bête ! «

En somme, je suis mal côté

 

J’allume le feu dans l’été,

Dans l’usine je suis poète ;

Pour les pauvres je fais la quête.

Qu’importe ! J’aime la beauté.

 

Beauté des pays et des femmes,

Beauté des vers, beauté des flammes

Beauté du bien, beauté du mal.

 

J’ai trop étudié les choses ;

Le temps marche d’un pas normal :

Des roses, des roses, des roses !

 

Intro : 

 

Au XIXème et XXème siècle, un nouvel art poétique se met en place avec une succession de mouvements littéraires. Les poètes expriment alors ce qu’ils pensent et ceux qu’ils ressentent au fond d’eux même.

Tout le long de cette dissertation, nous allons répondre a cette problématique : en quoi le poète est il à la fois semblable aux autres hommes et diffère d’eux ?

Pour atteindre notre objectif, cette dissertation sera composée de deux parties. Dans un premier temps nous verrons en quoi le poète est un homme comme tous les autres puis, nous étudierons ses différences. 

 

Tout d’abord, le poète a des envies et des sentiments communs aux autres hommes. En effet, le poète peut être une personne qui souffre comme dans le poème de Pierre Reverdy : «  Plus haut de mes entrailles où la foudre a frappé trop souvent « au vers 10 et 11.

De plus, le poète désire les femmes comme nous le montre Charles Cros : «  Beauté des femmes « au vers 9. Cette idée se retrouve dans  première soirée d’Arthur Rimbaud ainsi que dans Vent d’été de Charles Cros où celui-ci écrit : « vent d’été, tu fais les femmes plus belles ; baisons nous ; avant que mon sang se fige et montrez vos seins, éternel prodige «. Cette dernière citation nous prouve que le poète a les mêmes désirs, les mêmes envies que le commun des mortels.

Le poète peut être heureux tout comme un autre homme. Arthur Rimbaud appuie sur cette idée dans Sensation : «  heureux comme avec une femme «. Cette citation indique que le poète peut lui aussi être réjoui, satisfait. On a aussi le sentiment de l’amour qui revient très souvent dans la poésie. En effet, l’expression de l’amour est un thème poétique majeur. Première soirée illustre bien cette idée : « elle était fort déshabillée « ou encore dans les Réparties de Nina : «  Muet d’amour «. On retrouve une fois de plus ce sentiment dans Mes petites amoureuses. Le poète peut donc avoir des sentiments communs aux autres hommes : la douleur, l’amour, le désir, la joie. 

Aussi, le poète est impliqué dans la société ainsi que tout autre homme. En effet, il peut manifester son désaccord vis-à-vis de la politique exercée. Le forgeron montre que le poète sait se révolter. Dans Rages de César, Rimbaud dénonce la politique de Napoléon III exercée pendant 20 ans. Le poète dénonce aussi la guerre dans Le mal ou encore dans Les corbeaux. Enfin, Rimbaud dans les Effarés, dénonce différents problèmes sociaux. Le poète est donc une personne engagée qui se bat contre les massacres de la guerre comme n’importe quel homme. 

Le poète rattache aussi le lecteur a sa cause : « insensé qui croit que je ne suis pas toi « de Victor Hugo dans l’unique objectif de ressembler a l’Homme. Il se rassure lui  même en disant cela. On remarque que le poète emploie dans de nombreux poèmes, le pronom : « je « dans le but que le lecteur puisse s’identifier au poète.

 

Malgré ses quelques points communs avec l’Homme, le poète reste rejeté par le fait qu’il est un homme solitaire. 

 

Puis, comme nous l’indique Sonnet de Charles Cros, le poète vis en marge de la société : «  moi je vis la vie à coté «. On peut donc se poser la question de savoir si le poète est apprécié des autres hommes : «  En somme, je suis mal côté « (Charles Cros). Cette idée de marginalisation se retrouve dans quelques poèmes d’Arthur Rimbaud notamment La bohème. En effet, alors qu’à l’époque, l’objectif principal des hommes est de grimper dans la société, le poète lui préfère « vagabonder « et vivre au jour le jour comme les bohémiens.

De plus, le poète n’a pas la même vision des choses. En effet, un homme quelconque admire Vénus, la déesse de la beauté, alors que Rimbaud transforme cette beauté en laideur en la désacralisant : «  Puis le col gras et gris, les larges omoplates « dans Vénus Anadyomène. Cette idée de vision différente se retrouve dans L’albatros de Charles Baudelaire. On peut aussi remarquer que le poète ne s’exprime pas de la même manière que les hommes en général. Ses paroles sont très souvent constituées de rimes et ses mots employés sont quantifiés (alexandrin…).

Le poète ne joue pas le même rôle que les autres hommes. En effet, il nous donne l’impression qu’il est le messager divin de l’humanité. Victor Hugo par exemple, le compare à un prophète : « pareil aux prophètes «. Il joue un rôle fondamental pour l’avenir de l’humanité : «  faire flamboyer l’avenir «. On retrouve cette même idée dans Poèmes de l’humour triste de Jules Supervielle : «  il précède les prophètes « ainsi que dans Les rayons et les ombres de Victor Hugo : « il est l’homme des utopies « ; «  Dieu parle à voix basse à son âme «. Pour finir, le poète est une personne dévouée. En effet, alors que le reste de l’humanité est sur terre pour essayer de gravir des échelons dans la société, le poète lui est sur terre pour faire régner le «  Bien «. Ce sentiment d’altruiste se retrouve notamment dans le poème d’Henri Michaux Pour noyer le mal : «  Vient préparer des jours meilleurs «. De plus, dans Les rayons et les ombres, Hugo insiste sur cette idée : «  Faire flamboyer l’avenir «.

Le poète diffère donc des autres hommes du point de vue de son mode de vie, de sa destinée et de son langage.

 

Pour conclure, on peut dire que le poète est une personne comme les autres car c’est avant tout une personne qui possède des sentiments. Cependant, il n’a pas le même rôle que le commun des mortels sur Terre et diffère totalement d’eux par son mode de vie.

Jean Ferrat a écrit : «  Le poète a toujours raison «. Cette phrase d’Aragon  nous amène à nous poser la question : Quel serait le visage d’un monde géré par les poètes ?

 

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