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Le rapport des sociétés à leur passé

Publié le 24/05/2013

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Le rapport des sociétés à leur passée b. Oublier et tourner la page. Dans les faits, de nombreux collaborateurs, notamment des hauts fonctionnaires, ne sont pas jugés au nom de l'intérêt national et continuent leur carrière dans l'administration de la 4eRépublique. C'est le cas de Paul Touvier, René Bousquet et même Antoine Pinay, parlementaire en 1940 ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain et Président du Conseil en 1952. Des lois d'amnistie sont votées en 1952-1953, créant la polémique. Dans le domaine culturel aussi, des écrivains comme Paul Morand ou Félicien Marceau entrent à l'Académie Française alors qu'ils ont été des collaborateurs actifs. La commémoration officielle est elle-même en reflux : le jour férié du 8 mai est annulé en 1959. Un an avant, les pensions aux anciens combattants avaient été supprimées (les soldats de 1940 ne sont pas traités comme des héros en dépit de la férocité des combats : 100 000 morts en 6 semaines en 1940 ; mais on retient surtout la débâcle)En 1964, une loi prévoit bien l'imprescriptibilité contre les criminels de guerre mais ce sont moins les collaborateurs du régime de Vichy qui sont visés que les ex-nazis. On retrouve là le schéma du procès Oberg-Knochen de 1954 : Oberg et Knochen, chefs de la SS en France entre 1942 et 1944 sont sévèrement condamnés tandis que René Bousquet est traité avec plus de clémence alors qu'il avait négocié avec Oberg et Knochen les modalités de la collaboration entre la police française et la SS. c. L'Historien reste lui aussi en retrait Le travail de l'Historien a mis du temps à reprendre ses droits après la Seconde Guerre mondiale. Il faut attendre 1951 pour que le Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale se mette en place et commence à travailler sous la direction d'Henri Michel.L'année 1954 constitue pourtant un premier tournant avec la parution de la première histoire du régime de Vichy sous la plume de Robert Aron. Cet ouvrage, très controversé, montre que la collaboration n'était pas un aspect de la politique de Vichy mais le coeur de l'idéologie maréchaliste de la Révolution Nationale. En 1970, le premier colloque sur Vichy est organisé sous la houlette de René Rémond. On y évoque beaucoup d'aspects de la période mais le caractère antisémite du régime de Vichy n'est pas évoqué.Dans l'ensemble, sur la période, on constate un recul de la parution d'ouvrages consacrés à la Seconde Guerre mondiale . a. Un mythe construit Ce mythe veut faire croire que la France fut un pays majoritairement résistant à l'occupation allemande et à la Collaboration.Ce mythe est l'oeuvre des Gaullistes et des communistes, les deux principales forces politiques de l'après-guerre :o Il est l'oeuvre des Gaullistes, qui célèbrent par là même : - la figure du Général De Gaulle et de son appel du 18 juin.- le patriotisme de la « France éternelle « pour reprendre les mots de De Gaulle lui-même.- la continuité du combat militaire (FFI et FFL, les Forces Françaises de l'Intérieur et les Forces Françaises Libres). o Il est aussi l'oeuvre des communistes qui forgent q- la légende du « parti de 75 000 fusillés «.- le mythe de la lutte antifasciste menée par la Résistance (alors que certains ont servi Vichy avant de devenir des Résistants comme Juin, De Lattre de Tassigny, Couve de Murville alors que d'autres comme Tom Morel, chef du maquis des Glières fut membre de l'Action Française, un mouvement d'extrême-droite).Ce mythe atteint son apogée quand le général De Gaulle revient au pouvoir en 1958 : on inaugure en 1960 un mémorial de la France combattante et les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon en 1964.

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