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Le retour vers la nature peut il contribuer au bonheur?

Publié le 31/03/2011

Extrait du document

Introduction 

L'Américain Christopher McCandless a fait l'objet du récit biographique de Jon Krakauer, Into The Wild . Ce livre a ensuite été adapté au cinéma en 2007 par Sean Penn. Ce film nous a tout les trois beaucoup fait réfléchir. C'est un film qui marque.

En colère après ses parents et envers la société, Christopher était une personne complexe et réfléchie, d'après Krakauer. Son dégout de la société moderne de consommation et de l'être humain dans cette société la poussé à s'isoler. Le récit de sa vie nous a amené à nous poser des questions sur le retour vers la nature, le pourquoi du geste de ce jeune homme dont même l'avenir prometteur ne satisfaisait pas sa curiosité du monde. Sa détermination à retourner vers le « vrai » de la vie humaine est bluffante. Son envie de sérénité et son dégoût de l'existence au sein de notre société, d'après lui futile, l'a amené à la mort.

Son aventure pousse à une réflexion sur soi-même, car tout le monde s'est imaginé un jour comment serait la vie en pleine nature. On se sent concerné par ce personnage attachant et déterminé dans sa quête du bonheur. On est tous à sa recherche mais celui-ci est différent et unique pour chaque personne, même si sa définition reste la même.

 

Le bonheur est un état de bien être, de plénitude, mais chaque personne le ressent différemment. Pour trouver le bonheur, il faut être en harmonie, être libre, être dans un état de plénitude. Mais, dans notre société, qui amène dans nos vies des contraintes sociales et souvent une dégradation morale, peut-on être pleinement heureux et s'épanouir ? Puisque le bonheur est ici défini par une vie saine et pure, ne pourrions nous pas le trouver dans la nature ?

La nature représente toutes les choses qui n'ont pas été transformées par l'être humain. La nature véritable est pure, sans additions. Elle représente souvent la sérénité, la pureté et la vérité mais aussi, parfois, la violence, la profondeur et la peur. Avant tout, elle est l'origine de toute vie. Depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui, l'homme cherche à acquérir un retour vers soi-même, qu'il pense parfois pouvoir retrouver en étant en communion avec cette nature nourricière. Elle est l'origine. Se poser la question d'un retour total vers la nature peut être une solution pour nous satisfaire, mais une solution plutôt radicale. On ne sait pas si l'être humain peut y survivre puisqu'il n'est pas un être à proprement parler « de la nature ». On peut se demander si elle est véritablement un échappatoire à cette société ou si c'est un mythe.

 

Un retour vers une nature brute et sauvage peut-il contribuer au bonheur humain ? Pourquoi l'homme a-t-il eu besoin de réfléchir à l'idée du retour vers la nature, est-ce une solution pour accéder au bonheur et enfin, est-ce une réussite ou une totale illusion ?

I) L’idée du retour à la Nature

A) Références à la mythologie Romaine

 

Probablement en l’an 1, Ovide écrit les Métamorphoses, un poème Latin composé de prés de 12 000 vers. Il y décrit quatre âges : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge d’airain et l’âge de fer.

 

Selon la mythologie romaine, l’âge d’or domine aux premiers temps du monde. C’est un âge qui suit la création de l’homme, lorsque Saturne règne dans le ciel. A cette époque, ils ne connaissaient alors ni la crainte, ni les supplices et la paix était établie sans nécessité de guerres. L’âge d’or est assimilé à Rome et au règne de Saturne, il se caractérise par le respect du droit, l’absences de règles, de lois et la paix entre les hommes. C’est un âge ou les êtres humains se contentent de ce que la nature produit.

 L'âge d'or est un mythe qui apparaît principalement dans la mythologie grecque puis dans la mythologie romaine, c'est un temps dit d'innocence, de justice et de bonheur ; la Terre est dans un printemps perpétuel, les champs produisent sans avoir besoin d’être cultivés par les hommes et ceux ci meurent sans souffrances. Il symbolise alors une époque prospère là où les hommes sont en communion avec la nature, en harmonie totale. L'absence de saisons lors de cet âge symbolise l’immobilité du temps. La fuite du temps est considéré dans beaucoup de philosophies comme l'origine de la décadence : Tempus edax rerum (« le temps qui dévore les choses », Ovide, Les métamorphoses, vers 234).

Cette époque mythique appelée également « règne de Saturne » est le premier âge de la création: « En l'absence de tout justicier, sans loi, la bonne foi et l'honnêteté y étaient pratiquées. (...) La Terre elle-même, aussi, libre de toute contrainte, épargnée par la dent du hoyau, ignorant la blessure du soc, donnait sans être sollicitée tout ses fruits. »

On retrouve des évocations de l'âge d'or chez d'autres auteurs et poètes latins tels que Virgile, dans les Géorgiques, chez Fénelon au livre XIII des Aventures de Télémaque ainsi que chez Tibulle, dans l'une de ses Elégies (I, 3, 35-48 traduction de Héguin de Guerle, 1862) :

 « Que l'homme était heureux sous le règne de Saturne, avant

que la terre fût ouverte en longues routes !

Le pin n'avait point encore bravé l'onde azurée,

ni livré une voile déployée au souffle des vents.

Dans ses courses vagabondes, cherchant la richesse sur des plages inconnues,

le nautonier n'avait point encore fait gémir ses vaisseaux sous le poids des marchandises étrangères.

Dans cet âge heureux, le robuste taureau ne portait point le joug ;

le coursier ne mordait point le frein d'une bouche domptée ;

les maisons étaient sans porte ; une pierre fixée dans les champs

ne marquait point la limite certaine des héritages ;

les chênes eux-mêmes donnaient du miel ;

les brebis venaient offrir leurs mamelles pleines de lait aux bergers sans inquiétude.

On ne connaissait ni la colère, ni les armées, ni la guerre ;

l'art funeste d'un cruel forgeron n'avait pas inventé le glaive. »

Durant la période de l’âge d’or, les hommes vivaient en  harmonie avec la nature nourricière, mais lorsque Saturne fut envoyé sur Terre, Jupiter devint le maître du monde. C’est alors le début de l’âge d’argent.

Jupiter transforme le printemps éternel en saisons, ce qui oblige les humains à s’abriter contre le climat et à développer l’agriculture. Il devint nécessaire de pratiquer l’art, pour faire face à des besoins d’expression, absents jusque là. Les hommes perdent alors une partie de leur bonheur.

L’âge d’airain vint, et ce fut une période où la cohabitation du bien et du mal devint difficile, où le mal va petit à petit, dominer le bien. Cet âge connaît des hommes plus prompts à faire la guerre, des hommes qui voient naître l’envie, les vices, le vol. La dernière période du mythe des âges est l’âge de fer. A cette époque, tout sens moral se perd au profit de la violence et de la soif de posséder. Tout les vices et les excès connaissent des débordements. C’est ainsi que les dieux, dégoûtés des hommes, quittèrent la Terre. Cette succession d'âges cherche à montrer progressivement la dégradation des valeurs fondamentales et l’éloignement envers les Dieux.

Hésiode, poéte Grec du VIII° avant J.C, fait une description de ces quatre âges dans La naissance des Dieux et dans Les Travaux et les Jours. Il insère l’âge des Héros entre ces 4 âges. C’est comme un arrêt dans cette dégradation mythologique du monde, sûrement pour se rendre compte du fait que la guerre va de pair avec des valeurs d’honneur, de sagesse et de justice, et pas uniquement avec la violence et la mort.

Pour les Romains, ce mythe représentait un passé meilleur, les premiers temps de Rome, ou les hommes étaient bons et où la nature s’offrait à eux. En 753 avant J.C., Romulus fonda la cité de Rome. Numitor, roi d’Albe-la-Longue, avait une fille unique : Rhéa Silvia. Amulius, l’oncle de celle-ci, l’obligea à devenir chaste pour s’assurer qu’il n’y aurait aucun prétendant au trône. Cependant, Mars, le dieu de la guerre, séduisit Rhéa Silvia, qui donna naissance à des fils jumeaux : Remus et Romulus. Amulius, furieux, donna l'ordre à ses serviteurs de tuer les deux garçons, mais ils se contentèrent de les jeter dans le fleuve Tibre. Le berceau fut emporté, puis s’arrêta sur une berge. Une louve trouva alors les deux enfants et veilla sur eux.

 

Plus tard, ils auraient été découverts dans la tanière de l'animal par un berger qui les ramena chez lui.  Ils furent élevés comme des enfants normaux, mais rapidement leur capacité à diriger les rendit célèbres. Un jour, Numitor rencontra Remus et il devina qui il était. La famille se retrouva mais les deux frères ne voulaient pas se contenter de vivre à Albe-la-Longue. Ils partirent pour fonder leur propre ville. Ils se mirent d'accord pour créer leur ville à l'endroit où ils avaient été sauvés par la louve, mais ils ne savaient pas quel était cet endroit exactement, alors, pour le connaître, ils décidèrent d’interroger les présages. Romulus s’installa sur le Palatin et Remus sur l’Aventin. Remus vit en premier six vautours, mais en deuxième, Romulus, lui, en vit douze. Le ciel était donc en faveur de Romulus. Cependant, Remus ne fut pas d'accord car c’était lui qui avait vu les oiseaux en premier, même si il en avait vu moins. Romulus commença donc à construire l’enceinte de sa ville : ce fut un simple fossé creusé. Remus, déçu, se moqua de cette enceinte et il pénétra à l’intérieur. Romulus, enragé, tua son frère.

Après avoir fondé la ville de Rome, il voulu la peupler. Mais cette nouvelle ville manquait de femmes. Il  voulu mettre à exécution un plan qui consistait à enlever les femmes de ses voisins : les Sabins. Il organisa des courses de chevaux, les gens des alentours y vinrent avec leurs familles. Les hommes de Romulus enlevèrent alors toutes les jeunes filles.

 Romulus et Remus ont pu survivre et évoluer grâce à la nature et à l’action de la louve, car sans ça, ils seraient mort sans pouvoir fonder Rome. La création de Rome est en lien direct avec l’âge d’or décrit par Ovide car grâce à cette nature nourricière, en harmonie avec l’homme, ces enfants on pu grandir. Ce n’est pas proprement grâce à la nature que les jumeaux ont pu fonder la ville, mais elle y a contribué grandement, avec la louve qui sauva les enfants.

 

L’âge d’or est lié à d’autres mythes, comme celui du Bon sauvage de Montaigne ou il explique que « les peuples de la nature » on un mode de vie proche de celui des hommes de l’âge d’or.

 

B) Le rôle historique des grandes découvertes

       Vers la fin XIX° et au début du XX° Siècle , les grandes puissances Européennes partent à la conquête du monde dans un but de développer leur  économie et augmenter leurs capacités financières. Ces puissances, appelées aussi pays occidentaux ou société occidentale, colonisent tour à tour de nombreux pays ; comme certaines régions asiatiques, africaines et d’Amérique du sud. Ils les considèrent souvent comme «  inférieurs, exploitables, et barbares », ce qui, d’après eux, justifie leur colonisation.

Cependant tout ceci est bien récent : avant que la machine à colonisation ne soit mise en place, de nombreux explorateurs ont fait la rencontre de civilisations proches de la nature aux cours de leurs expéditions. C'est le cas de Jacques Cartier, Christophe Colomb ou encore Amerigo Vespucci, qui ont tous vécu entre le XV° et  le  XVI° siècle. Leurs découvertes on donné une nouvelle image de l'homme sauvage et de son mode de vie. Un mythe naquit alors: celui du bon sauvage. C'est une vision très occidentale de l'Homme avec un grand H, vivant au contact de la « mère nature ».

Au cours des découvertes géographiques suivantes, cette notion de bon sauvage à été confortée. Elle se caractérise alors par l'image du « bon sauvage » qui vit sur une terre promise pleine de richesse et de pureté, exploitable, et qui, selon certains, serait proche du paradis.

Cartier est  un navigateur et explorateur Français, connu pour avoir été l'auteur de cartes montrant les eaux du golfe et du fleuve de Saint-Laurent. Au XVI° lors de son deuxième voyage en terre neuve au Canada, il passe par une région nommée Holchelaga, où se trouve non loin une colline qu'il nommera Mont Royal, l'actuel Montréal. Il y fit la rencontre de peuples autochtones, que l'on appelait également Amérindiens ou Iroquois. Ces peuples tiraient leurs seules ressources de la nature et du troc avec les marins qui passaient par là : le sauvage n'est plus un barbare mais un être proche de la nature dont il sait tirer profit. Cartier considère les sauvages comme des « âmes aussi pure que des enfants ». Leur nudité et leur mode de vie sont pour lui signe de cette innocence, et de cette ouverture d'esprit. Leur langage, même rudimentaire, montre qu’ils sont aussi intelligents que les hommes de la société occidentale. Ces peuples on un système économique basé sur le troc, Cartier, lui, leur impose un système économique basé sur le commerce lucratif, pensant leur permettre de se développer et de tendre vers une société de type occidentale.

Ils sont humains mais avec une culture différente, et sur ce point, Cartier suggère que le christianisme leur soit imposé, en dépit d'un manque de religion et d'un état « sauvage », au sens de non cultivé.

Même si Cartier a un point de vue très tolérant à l'égard des autochtones, il n'en est pas moins très superficiel, contrairement à Michel de Montaigne, écrivain, philosophe et moraliste du XVI°, ayant écrit des essais qui ont influencé le monde occidental. D’après de nombreuses critiques, il prendrait la défense des peuples sauvages. Dans Des Cannibales et des coches, il défend le droit des peuples autochtones d'être à l'inverse de toute société qu'il juge corrompue et abusive, visant ainsi de très près la société Européenne du XVI° siècle. Il défend l'innocence des peuples sauvages, car ils ne savent rien du monde occidental qui est un monde porté seulement sur l’intérêt, l'argent, la domination, la corruption et le matérialisme. Seulement le point de vue de Montaigne est remis en cause en partie par l’exagération dont il fait preuve dans son essai.

En réalité le mythe du bon sauvage n'est pas une critique positive où négative, mais plutôt une confrontation entre des visions différentes de « l'étranger ». Cet essai est une énumération des caractéristiques du bon sauvage propres à la société occidentale du XV° siècle. Cela contribue à l'établissement de clichés très exagérés de civilisations dites proche de la nature.  Ces idées ont cautionné les colonisations, où les peuples, considérés comme inférieurs sur le plan intellectuel et matériel, étaient très souvent maltraités.

 

L'évolution de la société européenne, grâce aux grandes découvertes, a favorisé l'éloignement de l’homme et de la nature. Le mythe du bon sauvage  fait référence à la communion entre la nature et l'homme qui vit alors dans un paradis terrestre.

Actuellement, les hommes ont la nostalgie de cette idée, se dégoûtent et se désintéressent de la société de consommation pour se rapprocher de la Nature, pensant retrouver l'harmonie.

 

C) rejet d'une société pervertie 

 

Il est évident que l'idée du retour à la nature exprime un rejet de la société, société qui pervertit les hommes. Le fait de vouloir revenir aux origines est bien présent dans la vie de tous les jours, les écologistes, les produits biologiques montrent bien l'envie d’un retour a la nature. L'homme n'est pas satisfait de sa vie qu'il ne qualifie pas de pure, à cause de toutes ces inégalités, ces besoins matériaux, cette société de consommation.

Tout le monde a déjà pensé à ce que pourrait être la vie sans tout ce que l'homme a pu créer, on a tous eu envie de tout quitter pour échapper à des obligations. C'est le rejet de la société. Pour certaines personnes, la société a rendu les hommes faux, ils veulent toujours avoir plus, et surtout plus que le voisin. Cette société ne les rend pas plus heureux, il est donc évident que le bonheur se trouve dans l'opposé, la nature.

Le dégout envers la société et ses idées malsaines est présent dans le film de Terrence Malik « Le nouveau monde ». En effet lorsque le personnage principal du film découvre la tribu, son mode de vie, et l'endroit ou elle vit, il se rend compte qu'il n'y a aucune inégalités, que tout le monde profite de la mère nourricière qu'est la nature sans se soucier de l'argent, problème majeur de l'Homme actuellement, et du mal que la société peut faire à l'homme.

Dans cet extrait, «  Nous allons prendre un nouveau départ. Ici dame nature donne ses bienfaits à tout le monde, personne n'est dans la misère. Ici, il est constant pour tous, et sans frais, mais du travail d'une personne. Nous allons construire une vraie richesse commune, du travail acharné et de l'autonomie de nos vertus. Nous n'aurons pas les propriétaires pour nous soutirer d'énormes loyers », il parle d’une vraie richesse, pas celle que l'homme peut avoir grâce à son travail, mais la richesse de la nature, la richesse intérieure. Il explique qu'ils seront récompensés pour ce qu'ils sont, pour leur bonté, pour les personnes qu'ils sont réellement. Il évoque également les loyers, pour dire que la société cherche à appauvrir l'homme et non pas à l'aider. Les hommes naissent tous de la même façon, égaux, et la société les range dans des classes sociales, dans des cases ; c'est la que l'ont peut apercevoir toute la perversion de la société.

Jean-Jacques Rousseau était également pour un rejet de la société. Dans de nombreuses citations il a prouvé son dégout pour la société et ce qu'elle fait de nous :  «  Apprends a perdre tout ce qui peut t'être enlevé, apprends a tout quitter quand la vertu te l'ordonne, à te mettre au dessus des événements, à détacher ton cœur sans qu'ils le déchirent, à être courageux de l'adversité, afin de n'être jamais misérable, à être ferme de ton devoir, afin de n'être jamais criminel. Alors tu seras heureux malgré la fortune, et sage malgré les passions ». Rousseau tente de convaincre l'homme de retrouver ses vraies valeurs, et que c'est à partir de la qu'il sera quelqu'un de bon. L'homme est devenu superficiel, imbus de lui-même et sans valeurs. La dernière phrase de cette citation définit bien le point de vue de Rousseau sur la société, et ses conséquences. Il dicte ce que nous devrions faire pour être heureux sans penser a l'argent, la société de consommation, et tout ce qui s'en suit. « La société déprave et pervertit les hommes », avec cette phrase il définit clairement les conséquences de la société, elle nous détruit mentalement, nous devenons pervers d'argent, de mal, d'hypocrisie, d'insatisfaction, nous ne sommes parfois plus capables de profiter de ce qui nous a été offert : la vie.

De nombreux écrivains où philosophes exposaient leurs idées de rejet de la société, notamment Henry David Thoreau, qui reprochait a la société de n'être faite que de mensonges. Il voulait la liberté, la vérité. «  Il est plus désirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi. » Il est clairement opposé a tout ce que le gouvernement, l'Etat, la société nous impose. Les hommes sont pris pour des moutons, qui doivent suivre les règles, faire comme tout le monde, être comme tout le monde, dans le but que rien ne dérape. Le bonheur n'est pas la dedans. Le respect du bien est le retour aux vraies valeurs qui ne faisaient pas de mal partout comme la société peut le faire, on doit respecter le bonheur d'une personne et le nôtre, ce n'est pas en suivant les règles imposées qui nous pervertissent que l'on respectera le bien originel. Il faut s'écouter soi même, vivre, sans causer de tort. Et c'est dans la nature que cela est possible

« Plutôt que l'argent, que la foi, que la célébrité, que la justice... donnez moi la vérité » Tout ce qui fait rêver l'homme est faux, illusion, il ne s'émerveille plus devant la beauté simple de la nature, ce qu'elle nous a offert. Il a perdu toute reconnaissance, et ne se préoccupe plus de nos besoins primaires ; ses besoins sont seulement matériels et superficiels. Il n'y a plus de vérité, la seule chose présente dans nos têtes est le fait d'avoir plus que les autres. Mais, évidemment, la société n’est pas non plus toute noire, et tout les hommes ne sont pas pareils.

Le film Into the Wild, de Sean Penn, nous a inspiré ce TPE, de par son histoire à la fois merveilleuse et tragique, ou le rejet de la société est bien présent puisque Christopher McCandless (joué par Emile Hirsch) abandonne tout, sa famille, ses papiers, ses études, sa vie bourgeoise, pour partir seul dans la nature. Sa vie ne lui convient pas, il veut du « vrai ». Mais nous avons pu voir qu'avant Christopher, un autre homme a tenté une aventure similaire : Everett Ruess. Ce jeune homme est également parti seul dans la nature, sans rien. Il était insatisfait de la société. « La vie telle que la plupart des gens la vivent m'a toujours laissé insatisfait. Je veux une vie plus intense, plus riche. » disait-il, en employant le mot riche, qui a pourtant un sens contraire avec tout ce que peut penser l'homme actuellement. La richesse est pour lui la nature et ses bienfaits, le fait de vivre en harmonie avec elle en se contentant de besoins primaires.

 

Grâce a tout ces extraits, l'insatisfaction face à la société ressort bien, et le retour à l'origine est toujours présent. L'homme veut s'échapper de ce qu'il a créé, ce qui n'est pas toujours facile quand on vit dans notre société. La nature inspire le bonheur, le retour aux origines, l'égalité et la vérité.

 

 

II) Le retour à la Nature, une solution pour accéder au bonheur ?

A) Un mode de vie changé 

 

         Au cours de la transformation de notre monde par le progrès et le développement des civilisations, l'homme s'est détaché, éloigné du milieu naturel, de « Mère Nature », et des  bienfaits qu'elle procure. Tout cela au prix de construction d’immenses cités, l’absence de toute faune et flore et d’une vie axée sur le matériel, la jouissance de biens factices : société régie par l'argent et la loi du plus fort.

L'homme adopte alors des habitudes fatales et destructrices pour sa propre personne et pour le monde qui l'entoure. Sa nature propre évolue, il devient arrogant, envieux, mauvais et surtout ignorant des lois naturelles. Ces caractères finissent par créer des inégalités, les guerres, un désir de détruire son voisin pour amasser la gloire et les biens de son prochain. Pour certains, il faut changer cet état de malveillance et c’est naturellement qu’ils souhaitent retourner vers un mode de vie plus sain, plus proche de la nature. Ce changement de mode de vie semble être la seule solution pour casser la spirale infernale.

Beaucoup d'auteurs idéalisent de façon utopique le retour à la nature. Ils pensent que la Nature, et surtout la communion avec elle, est la solution à opposer au caractère néfaste de l’homme et à la satisfaction  immédiate de ses besoins. Dans son livre le Docteur Jivago, Boris Pasternak, auteur Russe du XX° siècle, parle de la grandeur, de la douceur, de la puissance, et du calme de la nature, et à quel point ceci est bénéfique face à la routine de la vie de l'homme dans la société.

 « oh, comme on souhaite parfois échapper à l'absurde monotonie de l'éloquence humaine, à toutes ces périodes sublimes, pour se réfugier dans la nature si muette en apparence, où dans un long et épuisant labeur sans paroles, dans un sommeil profond, dans une musique véritable, ou encore dans une compréhension humaine rendue silencieuse par l'émotion! »

Le silence, la beauté simple de la nature permet de se sentir bien, procure la sensation d’être chez soi. La nature nous a donné la vie, mais nous perdons cette notion en étant au contact de la société. Retourner vers la nature nous permet de trouver une sensation de plénitude. Il explique qu'il est bon d'aller se recueillir dans la nature, sans bruits, sans paroles, seul,  juste pour admirer et profiter de l’instant.

Bien que Le docteur Jivago ne soit pas un roman traitant du retour à la nature, Pasternak lui fait  référence avec une  très grande sensibilité. Le livre et son adaptation cinématographique (de David Lean en 1965, intitulé Dr.Jivago) relatent de façon romanesque la guerre, entre Soviétiques et Américains.

Il est intéressant de remarquer que les auteurs décrivent les atrocités de la guerre en leur opposant la « grandeur » de la nature. Les deux images alors opposées rendent plus fort le message de sensibilisation  qu’ils souhaitent faire passer, comme dans le film de Terrence Malik, la Ligne Rouge (1998), qui relate la  seconde guerre mondiale et le conflit entre Japonais et Américains. L’opposition de ces deux notions accentue l’importance discours. Dès les premiers instants il fait l'éloge de la nature, et de ce qu'elle dégage, on voit ces peuples vivant en harmonie avec les éléments naturels de leur milieu. Ces exemples relatent une certaine réalité : la nature représente la paix, et les sociétés « évoluées » occidentales ou autres représentent, elles, la guerre.

Les hommes souhaitent tous connaître le bonheur, leur vie se construit dans le seul but d’accéder à cet état. Pour certains la solution est le retour à  la pleine nature. Roderick Nash, professeur de l’université de Santa Barbara en Californie, étudie l'histoire et l'environnement. Il  écrit de nombreux livres dont Dans la nature et l'esprit américain, dont voici un extrait : « La nature attirait ceux qui étaient fatigués ou dégoûtés de l'homme et de ses œuvres. Elle n'offrait pas seulement un moyen d'échapper à la société, mais elle permettait aussi aux esprits romantiques de pratiquer le culte, souvent célébrés par eux, de leur propre âme. La solitude et la liberté totale dans la nature créaient des conditions parfaites, à la fois pour la mélancolie et pour la jubilation »

Il explique dans cet extrait, que la nature est une sorte d’échappatoire aux œuvres des hommes qui sont porteuses du mal. La nature permet de se reconstruire, de retrouver son âme. Redécouvrir la nature permet de redevenir pur car loin de toutes les créations de l'homme.  La nature accepte tout le monde dans un sentiment humaniste : ceux qui se sont perdu dans la société moderne croyant trouver le bonheur mais ne récoltant que le mensonge. Cet extrait nous fait comprendre que le changement peut être radical, que l'homme peut mépriser la société dans laquelle il évolue et adopter un nouveau style de vie.

Ce changement entraîne de lourds sacrifices. Dans le film Into the Wild, le retour à la nature est impitoyable, le mode de vie difficile et cela remet en cause toutes les croyances que l’éducation nous a inculquée.

 

Le mode de vie d'un homme qui veut trouver le bonheur en pleine nature doit prendre conscience du fait qu'il va changer radicalement de vie. Il cherche le bonheur, les bienfaits de la nature, mais trouvera-t-il autre chose que de simples espoirs dans cette vie, au contact de la mère nourricière ?

 

 

B) La nature, mère nourricière

 

La nature est souvent représentée comme notre mère, voire comme notre mère nourricière. En effet elle nous donne la vie, et nous donne de quoi vivre, mais nous la détruisons. Dans Into the Wild, Christopher n'avait qu'un livre « pratique » : celui des plantes avec lesquelles il pouvait se nourrir. Cela montre bien le rôle de la nature, qui l'aide ici à se nourrir. Il y avait également le « Magic Bus 142 », un bus abandonné dans la forêt, ou il « habite » en Alaska, qui avait pour lui  l'image d’un refuge semblable à un foyer.

 Dans l’extrait précédent de Dans la nature et l'esprit américain, Roderick Nash explique que la nature est un échappatoire a la société, au mal, mais il montre également le rôle de la nature envers l'homme. Elle lui permet de se construire, de chercher son âme, de la reconstruire, de redevenir pur loin de toutes les créations de l'homme. La nature attire ceux qui ont trop donnés pour recevoir mensonge et pas le bonheur, elle attire les gens bons. Elle permet aux hommes de se sentir vivre et libre. Elle est notre refuge. La nature à cette image de mère quand on est au plus mal, quand la société nous a tout enlevé, elle est toujours là, pour nous accueillir, de par ses bienfaits, son harmonie, sa beauté et surtout : sa simplicité.

Cette image de la nature est également montrée dans le Nouveau Monde de Terrence Malik, lorsqu'il dit « Ici dame nature donne ses bienfaits à tout le monde, personne n'est dans la misère », cela montre bien la bonté de la nature, qui donne sans rien demander en retour, qui donne même si on l'abîme, qui donne à tout le monde. C’est l'image de la mère qui pardonne tout, et qui ne cessera jamais de donner, quitte à se priver. La nature crée l'homme et s'en occupe  comme de son enfant, elle le nourrit, le guérit, l'accueille, et ce jusqu'à la fin de sa vie. 

Jean-Jacques Rousseau faisait également partie de ceux qui étaient bien conscients des bienfaits de celle-ci « L'homme naît naturellement bon c'est la société qui le corrompt ». On voit ici toute l'idiotie de l'homme qui n'est pas capable de profiter de sa chance, et qui détruit ce qui lui a été donné de plus beau : naître bon. La nature est à l'origine de tout, de toute vie et de toutes matières, elle est pure. C'est donc pour cela que l'homme cherche parfois à s'y évader. La Nature est le retour à l'origine, à la naissance, car sans savoir vraiment si c'est là qu'il se sent le mieux, l'homme retourne auprès de sa mère, celle qui lui a donné vie et s'est occupé de lui pour le faire naître dans un monde qui devrait être beau.  Ses repères sont auprès d'elle, loin de toute société moderne.

Si l'homme cherche aujourd'hui à la rejoindre et à échapper à toutes les créations matérielles, c'est parce que la nature lui suffit car elle est Tout. Grâce à ses bienfaits elle peut le faire vivre, et mieux qu'il n'a jamais vécu. Elle a été crée pour l'homme et l'homme a été créé pour elle. La nature est pour l’homme une source de richesses, d’enseignement, de nourriture, de plaisirs et de découvertes. L'être humain est fait pour vivre dans la nature, et seulement dans la nature, non pas dans toutes constructions qui détruisent l'origine de tout.

On constate également une vison de la nature nourricière dans certaines tribus qui vivent loin de toute modernisation et de toute technologie. Elles cohabitent avec la nature, sans les contraintes de notre vie moderne. Toutes leurs activités évoluent autour de la nature puisqu'ils se nourrissent, s'habillent, construisent leurs maisons grâce à elle. Ceci prouve bien que l'on peut vivre dans la nature, car nous sommes issus de celle ci, comme le revendique Charles Darwin en 1930.

 

Ces peuples profitent de tous les bienfaits de la nature, sans être abîmés par toutes les inventions de l'homme. Ils se contentent de prendre ce qui leur est donné, et respectent leur lieu de vie. Ces tribus ont sans doute un mode de vie beaucoup plus sain que le notre, puisque nous n'avons pas réellement besoin de toutes ces choses futiles que nous voulons forcément acheter, acheter toujours plus, toujours consommer. Elles sont le modèle parfait de la vie proche de la nature sauvage. Elles profitent pleinement de ses bienfaits, leurs vies nous semblent plus riches, car différente de la nôtre.

 

C) Contraste entre occident et peuples proches de la nature

 

Certains peuples vivent, encore aujourd’hui, en communion complète avec la nature, ce sont des «  peuples premiers » qui vivent encore comme à l’aube de l’humanité.

Les Bochimans, par exemple, est un peuple vivant aujourd’hui dans le désert du Kalahari, en Afrique Australe. C’est un peuple de chasseurs-cueilleurs proche du monde originel. Ils ne vivent que de la nature, sans se soucier du reste. Ils vivent au jour le jour. Tout se passe dans l’instant présent. Ils ont un rapport au temps totalement différent du nôtre. Ce peuple a cependant été martyrisé dans les années 2000. Ils ont été déplacés de force, car leur territoire, riche en diamants, était convoité par le gouvernement du Botswana. Ils sont désormais dans des réserves,  éloignés de leur mode de vie traditionnel. Le monde civilisé les rattrape, certains Bochimans on décidé de retourner vivre dans le désert, mais leur droit de chasse n’est plus reconnu. Notre société, le monde moderne, détruit leur mode de vie pourtant très respectueux de la nature !

Une certaine forme de  modernité menace beaucoup de peuples qui vivent très bien sans. Par exemple, les Himbas de Namibie pourraient perdre une partie de leur territoire de par la construction d’un barrage sur le fleuve Kunene, où bien les peuples Mongols dont le nomadisme est menacé par un projet de privatisation des sols.

Certains peuples ont également perdu de leur identité, comme les Aborigènes d’Australie. Le monde moderne leur a offert la télévision et autres produits modernes, l’alcool et les drogues font des ravages. La société actuelle détruit peu à peu ces peuples. Par exemple, en Bolivie, si le tourisme ne cesse de se développer, les peuples Indiens ne pourront plus continuer à vivre au rythme du soleil comme ils l’ont toujours fait.

Par exemple, les Bishnoïs: un peuple Indien regroupant des hommes définis comme les premiers écologistes de l’histoire. Ce peuple est la représentation d’une union parfaite entre les hommes, la nature et les animaux. «  Aimez les animaux, n’abattez pas les arbres verts et vous ne connaîtrez pas l’adversité de la vie » est le précepte qui dicte leur vie.

Ils considèrent les végétaux et les animaux comme leurs égaux. Comme exemple, 363 membres de leur communauté sont morts massacrés pour empêcher l’abattage d’arbres. En 1730, le maharadjah a demandé à ses soldats de couper les plus beaux arbres pour construire une forteresse. Les Bishnoïs entourent alors les arbres menacés avec leurs bras. Les arbres furent coupés et les hommes tués. Ce peuple peut offrir sa vie pour sauver des arbres ! D’après les Bishnoïs «  une tête tranchée vaut moins qu’un arbre coupé ». Cette action montre bien l’envie de protection de la nature que ce peuple défend. Il s’oppose à la violence et respecte toute forme de vie. On peut les considérer comme un peuple «  modèle ». Cette communauté écologique est commandée par 29 principes fondamentaux auxquels il est interdit de désobéir dans la tribu. En effet, le nom de « Bishnoï » vient de bish qui signifie vingt et noï qui signifie neuf. Les 29 préceptes guident leur vie. Certains d’entre eux nous paraissent en lien avec notre sujet :

N°8-Employer l’eau filtrée, le lait et le bois de chauffage soigneusement nettoyé pour éviter que des insectes soient tués ou brûlés

Le respect des êtres vivants, même le plus petit, est complet.

N°18-être compatissant envers tout les êtres vivants

N°19-ne pas détruire les arbres verts (c’est à dire non morts)

N°28-ne pas manger de plats qui ne sont pas végétariens afin de protéger les animaux et obligation de protéger et de nourrir les animaux sauvages

N°29-ne pas porter de vêtements teint en bleu car cette couleur est obtenue grâce à un arbre sauvage, l’indigo, qu’il faut couper.

Ces principes montrent une fervente envie de protéger la terre. Ces vies sauvages peuvent paraître plutôt primitives mais c’est un symbole de liberté au sens que les lois qui les régissent sont celles de la nature. Les états politiques, dans leur course au pouvoir et à la richesse économique sans partage, semblent ignorer que nous sommes tous des êtres de la nature. Notre société ne respecte pas la Nature ni les Hommes. Un proverbe Indien dénonce notre société actuelle : « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson péché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas ». Certains hommes s’approprient la planète afin d’accroître leurs richesses, mais c’est là le problème. Nous devons vivre avec la nature, et pas la détruire en essayant de s’approprier ses biens. Nous devrions prendre exemple sur ces tribus.

 

Il n’y a pas que les tribus dites « sauvages » qui vivent en parfaite communion avec la nature. Par exemple, Norman Winther, un trappeur traditionnel du Yukon canadien. Il a fait l’objet du film documentaire Le dernier Trappeur réalisé par Nicolas Vanier en 2004. Ce film relate un an de la vie de Norman. Il vit de façon très solitaire, avec une amérindienne, Nahanni, et leurs animaux. Cet homme est totalement déconnecté de la société moderne et des besoins qu’elle crée. Lui et Nahanni se nourrissent de chasse et de pèche. Ils fabriquent eux même des cabanes, des traîneaux, des raquettes… Ils construisent tout ce qu’ils ont besoin par eux même. Il ne va qu’une fois par an en ville pour vendre des peaux de bêtes et des fourrures et pour acheter le peu dont il a besoin et qu’il ne peut fabriquer : allumettes, farine, outils, médicaments, fusils, munitions...

Ce film rassemble les moments forts de sa vie pendant un an tels que l’affrontement du froid : -55°C en hiver, descente en canoë d’un torrent, attaques d’ours et de loups… Norman Winther est l’un des derniers véritables trappeurs à entretenir une « relation » avec les montagnes Rocheuses, relation basée sur une connaissance profonde de ce milieu et un immense respect de l’équilibre naturel.

Grâce à ce film, on découvre un tout autre monde et une autre vie rythmée par les saisons, non pas par « métro boulot dodo » que connaissent grand nombre d’hommes aujourd’hui. On se rend compte, en regardant les magnifiques images de ce film, que les espaces sauvages sont incroyables, mais que peu de gens les connaissent.

 La vie de cet homme et la vie des « peuples de la nature » montrent un réel contraste entre leur vision du monde et la nôtre. Actuellement il est possible de vivre en totale communion avec la nature, mais, est-ce synonyme de bonheur ?

 

II) Finalement, le retour vers la nature, est-ce un bonheur ou une déception ?

 

A) Une réalité difficile

 

Le retour a la nature, a l'origine inspire pour beaucoup le rêve, la perfection, le bonheur. Comme nous le prouve l'histoire de Christopher McCandless, qui a tout quitté dans le but d'une vie meilleure, plus saine, dans la nature, loin de toute trace de société. Mais cette histoire le mène justement à la mort, car quand on a vécu dans la société actuelle, quand tout nous as été donné déjà fait, il est impossible de vivre sans aucune aide matérielle. Le retour à la nature est peut être seulement un mythe, une illusion. Il est évident que le fait de se ressourcer dans la nature quelque temps apporte un énorme bonheur, mais à long terme, il faut savoir y survivre. Car même si celle-ci a pour définition calme, pureté, beauté, elle peut être parfois dure, violente, et angoissante. On ne peut pas survivre dans la nature quand on a été enlevé à celle-ci dès notre naissance. Une radicalité totale amène à une impasse. 

Lorsque Christopher McCandless est en train de mourir, comme le montre la photo du film ci-dessus, on à l’impression qu’il « meurt en pleine vie », qu’il n’est pas allé jusqu’au bout de son aventure. Peu avant, il avait déposé un papier devant le Magic Bus où il demande de l'aide : « Aux visiteurs possibles : SOS, j’ai besoin de votre aide. Je suis blessé, proche de la mort, et trop faible pour partir d’ici. Je suis tout seul, ce n’est pas une plaisanterie. Au nom de Dieu, s’il vous plaît, sauvez-moi. Je suis allé ramasser des fruits à proximité, et je dois revenir ce soir. Merci, Chris McCandless. Mois d’août ? » Ce message prouve bien qu'il ne peut pas survivre seul dans la nature comme il prétend le dire. On voit aussi sa perte de toute notion du temps avec son questionnement sur le mois d’août. A chacune de ses rencontres , il restait très peu de temps auprès des personnes car il ne voulait pas s'attacher, mais dans le bus il imite la voix de son père, ce qui montre que malgré toute la volonté du monde, il a du mal à vivre tout seul. « Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé », est la citation qu'il écrit avant de mourir.

La nature apporte beaucoup de bonheur, mais pas sur une longue durée, nous avons besoin de relations humaines. Les histoires similaires de Christopher McCandless et Everett Ruess amènent à une déception car le bonheur de vivre en harmonie avec la nature est provisoire.

Henry David Thoreau démontre également grâce à cet extrait de Ktaadn qu'il est impossible de survivre dans la Nature «  Ici, la nature était une chose sauvage, effroyable, et pourtant belle. Je regardais avec une crainte mêlée d'admiration le sol sur lequel je marchais pour observer la forme, le matériau et le travail des Puissances. C'était là, cette terre dont on nous a parlé, faite de chaos et de ténèbres. Ici, nul jardin pour l'homme, mais le globe intact. Ni pelouse, ni pâture, ni prairie, ni bois, ni pré, ni terre labourée, ni friche, c'était la surface fraîche et naturelle de la planète terre, telle qu'elle fut faite pour l'éternité des temps afin d'être, croyons nous, la demeure de l'homme. Ainsi la nature l'a conçue et ainsi l'homme en use, s'il le peut. Mais il n'a pas été crée pour lui être associé. C'était une matière vaste et terrifiante (Et non la Terre mère), elle n'était pas faite pour qu'on y marche et pour qu'on y soit enterré. Non, ce serait encore se montrer trop familier que de laisser ses os y reposer. Si c'était une demeure, c'était celle de la nécessité et du destin. On pouvait clairement sentir à cet endroit la présence d'une force qui n'était pas tenue de se montrer bienveillante envers l'homme. C'était un lieu de paganisme et de rites superstitieux destiné à des êtres plus proches des rochers et des bêtes sauvages que nous le sommes...Que sont les myriades d'objets singuliers d'un musée auprès de la surface d'une étoile, auprès de quelque objet dur dans sa gangue ? Je suis là et je regarde avec respect mon corps; cette matière à laquelle je suis lié me semble maintenant tellement étrange. Je ne crains pas les esprits, les fantômes (j'en suis un), comme pourrait le faire mon corps, je crains les corps, je tremble d'en rencontrer. Qu'est ce que ce Titan qui me possède ? Parlons des mystères! Pensons à notre vie dans la nature, dont nous voyons la matière et avec laquelle nous sommes en contact chaque jour! Rocs, arbres, souffle du vent sur nos jours! La terre solide! Le monde réel! Le sens commun! En contact, en contact! Qui sommes-nous? Où sommes-nous? »  Il est ici question de l'admiration de l'homme pour la terre. Il est également intimidé par sa puissance et sa grandeur. Il la trouve terrifiante. Thoreau explique que l'homme ne peut pas se familiariser ainsi avec la nature car elle est son maître. La nature est la plus grande des puissances, des forces, on ne peut se s'y opposer, ni même essayer de l'apprivoiser, elle sera toujours plus grande, à moins de réellement savoir comment elle fonctionne, on ne peut s'y faire une place.

 

Nous pouvons en conclure que le fait de trouver le bonheur dans la nature est presque inaccessible, de par sa force, et que cela reste plus un rêve, une ambition, qu'une réalité. Mais il est possible de se sentir heureux et comblé dans la nature, quand on sait comment y survivre ou quand cela n'est pas définitif.

 

B) Un retour impossible

 

Avec le temps, l'homme est devenu dépendant de ce qu'il a créé, l'argent, le luxe, la religion. Pour ceux qui espèrent un retour vers la nature, celui ci  n'est pas acquis d'avance. Il est difficile de rompre avec nos habitudes, le retour à la nature peut être très rude. L‘homme est dépendant de nombreuses choses. Son addiction aux objets ne lui permet pas de se passer de ceux ci. Dans son souhait de retour à la nature, il va essayer de satisfaire par tout les moyens ses désirs de consommation. Peut-il passer du jour au lendemain d’un mode de vie ou les désirs sont immédiats à un système ou chaque choses se construisent pas à pas au rythme de la nature ?

L’homme doit faire le grand écart entre la société moderne et le retour à la nature. Jon Krakauer relate dans son livre, Into the Wild, la vie de Christopher McCandless, un jeune homme qui décide de quitter sa famille pour vivre au plus prés de la « vérité » qui est pour lui la Nature. Il va essayer de vivre de sa pêche, sa chasse et  des cueillettes que lui procurent l’endroit ou il a établit son campement. Il va durant son périple rencontrer des personnages qui vont l’initier à la vie dans la nature. Cette initiation et les connaissances du jeune homme ne seront pas suffisantes et c’est la mort qu’il trouvera à la fin de son voyage.

Il semble que le dégoût de la société, et la détermination à en sortir, ne sont pas suffisant pour pouvoir vivre en pleine nature. L’homme doit composer avec l’environnement quelques fois hostile de la nature. Le retour à la nature peut s’envisager si ce n’est pas en solitaire, l’homme à besoin de récréer une micro société pour résister à la rudesse de la vie en pleine nature. Micro société ne veut pas dire que l’homme va reproduire les mêmes erreurs mais il doit élaborer quelque choses qui va lui permettre d’accéder à la nature mais de manière graduelle.

On ne réforme pas un mode de vie universel comme on réforme une loi sur l'éducation. Prenons l’argent : sans celui-ci, nous n’avons pas de possibilités d’acquérir des biens. Or, nous sommes souvent dépendants de ce que peut nous offrir l’argent. En effet, les produits ou objets de tout les jours nous sont indispensables, et nous ne pourrions pas nous en passer. En revanche, dans la nature, l’argent est inutile. On utilise uniquement ce dont on a besoin, et c’est cela qui fait ressortir la difficulté de vivre dans la nature sans ce que peut nous procurer l’argent.

Le monde avance et il est certainement inutile de regarder vers le passé avec envie. Les mythes et les belles promesses utopiques du paradis naturel ne semble plus accessibles. Il faut avant tout  préserver ce qui doit être préservé : le peu de nature qui reste dans le monde pour trouver la paix intérieure.

Il est impossible d’avoir une vie parfaite, mais on peut essayer de vivre le plus sainement possible en incluant dans notre société moderne des préceptes « de Mère Nature ». L’exemple de Christopher McCandless n’est pas convainquant : il ne résiste pas à son désir de fuir la société et la nature le piège. Il faudrait plutôt repartir sur des bases plus concertes ou les deux courants de pensée se mélangeraient. Pour que le monde décadent et matérialiste dans lequel nous vivons ressemble à l'idée que nous nous faisons de la vie proche de la nature, il faudrait la notion d’écologie.

Cette notion se développe actuellement et elle est l’expression du souhait de vivre avec ce que l'on a aujourd'hui sans oublier ce qui est à notre origine. Economiser nos réserves, se contenter le plus souvent de ce que l’on a besoin, réfléchir à ce qui est nécessaire, sans passer son temps a se dire que c’était mieux avant et sans compromettre le futur.

Il faut imaginer une évolution de la société à la hauteur de nos espérances, et de nos attentes. « Un développement qui répond au besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations future a répondre au leurs ». Le développement  durable est un système basé sur le mélange de l'écologie, du social, et l'économie. Il faut utiliser ce que l’on pense être important,  puis faire des choix et ne garder que ce qui est  nécessaire à notre vie. Cette production est forcement équitable car partagée entre toutes les personnes en fonction de leurs besoins , et devient une production durable. C'est la clé d'un avenir respectueux envers notre mère nature, et le respect sera le premier pas de l'homme vers sont retour aux origines de façons réaliste.

 

Si l'homme est dans la quasi impossibilité de vivre en harmonie totale avec la nature, en se fondant sur un retour a l'état sauvage, peut-il encore espérer se réconcilier avec elle ?

 

 

 

Conclusion

 

Le retour à la nature peut être dangereux quand on ne prend pas le soin de connaître les moindres détails de l’environnement et du fonctionnement de celle ci. Tout les mythes et légendes basées sur les hommes vivants en harmonie avec la nature nous donnent l’illusion d’un retour possible. Mais la société dans laquelle nous vivons, avec tout ce qu’elle comprend, ne nous permet pas, ou du moins pas encore, de retourner à cet état de plénitude voulu en vivant en communion avec la nature.

On peut effectivement être heureux en son sein, mais même si par définition l’homme est un être issu de la nature, il n’est pas né dedans et ne peut donc certainement pas vivre dans la nature sauvage sans préparation, sans une réflexion profonde, sans aide matérielle et sans relations humaines.

Christopher McCandless disait : « si tu penses que la joie  de  vivre  vient

Seulement   ou   principalement  des  relations humaines,  tu te trompes.

Dieu l’a disposé tout  autour de nous. Elle est dans toute chose que nous

 pouvons connaître. Il faut seulement que nous ayons le courage de tourner

 le dos à  nos  habitudes et  de nous engager dans une  façon de vivre non

conventionnelle  (...) tu  es  la  seule personne que  tu  doives combattre, 

avec ta réticence  butée à t’engager dans une vie nouvelle »

 

Loin du point de vue idéaliste et romantique du film et du livre de Krakauer, certains habitant de l’Alaska portent un jugement très sévère sur l’aventure de Christopher McCandless, qui se surnommait « Alexander Supertramp » (Alexandre le Super Vagabond). Le garde Forestier du parc d’Alaska où Christopher vivait dit qu’il était insuffisamment préparé et ne possédait pas assez de matériel qui aurait pu lui permettre de survivre plus longtemps. Il estime même qu’il s’agit d’un véritable suicide. Pour lui, Christopher a agit sur un coup de tête et il n’était qu’un adolescent peu mature.

Le retour à la vie en pleine nature n’est qu’une illusion, car, ayant connu le confort matériel, l’homme ne serait pas capable de se réadapter à un environnement si sauvage. Cette notion de retour fait rêver certains car ils sont écœurés par la société qui dégrade les idées morales du passé et ne vit plus que sur l’envie d’argent et de possession. Nous avons l’impression que nous oublions nos valeurs d’origines et que le strict minimum peu suffire à une vie heureuse, même si la solitude et un paysage naturel sont des moyens de se déconnecter de ce monde empli d’ennui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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