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Le ROMAN d’appreNTIssage

Publié le 10/09/2018

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Le ROMAN d’appreNTIssage

 

Le sujet du Bildungsroman ou roman d’apprentissage est le développement de l’esprit et du caractère d’un personnage principal qui subit des expériences variées et souvent douloureuses ; le parcours du héros culmine en une crise spirituelle qui lui apporte la maturité, la reconnaissance de son identité profonde et de son rôle dans le monde. Le roman d’apprentissage apparaît au 18e siècle avec Diderot (Jacques le fataliste et son maître), Voltaire (Candide), Sterne (Tristram Shandy) et surtout le Wilhelm Meister de Goethe, modèle du genre.

 

Dans ce type de roman, tout est mis en œuvre pour que le lecteur s’identifie au héros et croie à des péripéties qui le menacent sans cesse. Le roman d’apprentissage implique souvent une dimension morale voire messianique : la tension des péripéties culmine dans un accomplissement de l’individualité et du caractère propre du héros, de ses désirs et de sa volonté. En même temps, ce bonheur final coïncide avec un bien commun, du moins jusqu’au début du XIXe siècle. Ainsi, la leçon finale de Candide, « il faut cultiver son jardin », signifie surtout un rejet de la spéculation philosophique oiseuse et un retour dans le monde, donc parmi les hommes. Ces récits d’une recherche du bonheur aboutissent à un bonheur indissocia-blement individuel et collectif au XVIe siècle.

 

Ce projet littéraire est marqué par la foi dans le progrès de l’humanité propre au siècle des Lumières, mais les premiers auteurs allemands du genre, Goethe et Moritz, inaugurent aussi le romantisme. Alors qu’il était conçu à l’origine comme un projet pédagogique, le roman d’apprentissage du siècle n’a plus qu’une foi modérée en l’éducation ; il se focalise sur le jeu des sentiments (Flaubert, L'Éducation sentimentale) ou de l’ambition personnelle (Stendhal, La Chartreuse de Parme, Le Rouge et le Noir). Le bonheur individuel n’est dès lors plus nécessairement en adéquation avec un bonheur collectif. Ainsi, chez Stendhal, le bonheur se joue dans un dilemme entre l’amour et la reconnaissance sociale.

 

Le bonheur recherché est plus individuel encore dans les romans qui racontent le développement d’un écrivain, musicien ou sculpteur jusqu’à la reconnaissance de son destin artistique et la maîtrise de son art : chez Proust (A la recherche du temps perdu), Joyce (Portrait de l’artiste en jeune homme), Gide (Les Faux-Monnayeurs) ou Thomas Mann (Dr Faustus), l’enjeu du roman devient l’accomplissement du destin du génie créateur, parfois aux dépens de son bonheur individuel et de sa réussite sociale. Le but (la connaissance de soi) est perdu, et l’expérience de la crise métaphysique se transforme en paroxysme sentimental, en exil - temporaire - loin de la société, en doute ou en expression de la difficulté de l’artiste à se faire comprendre.

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