Le roman doit-il présenter des héros et des situations d'exceptions ou la vie réelle?

Nous pouvons nous demander si les romans doivent présenter des personnages et des situations d'exceptions, ou nous renvoyer une image du monde tel qu'il va?

Pour traiter cette question, nous verrons dans un premier temps qu'un roman a besoin d'intéresser le lecteur, et donc de mettre en scène des « héros » faisant face à des évènements innatendus, puis, dans une seconde partie, nous développerons le fait qu'il existe de nombreux romans plus réalistes et sans fantaisie, qui n'en demeurent pas moins tout aussi intéressant.

Tout d'abord, la fonction principal d'un roman est de plaire à ses lecteurs, lesquels cherchent à s'évader de la réalité de tous les jours, à rêver.

Quoi de mieux pour cela que leur présenter un protagoniste d'exception, vivant de multiples aventures hors du commun? En effet, le public désire un vrai héros, de l'imaginaire. Ainsi, les romanciers mettent en scène dans leurs romans des personnages plus puissants et admirables les uns que les autres: ils sont courageux, intelligents, souvent parfaits, en bref ils sont supérieurs aux autres êtres humains.

Par les qualités propres au personnage, l'auteur donne donc déjà un point fort à son roman. D'ailleurs les romanciers ont bien compris ce goût du public pour les personnages exceptionnels depuis l'Antiquité déjà, avec des héros tels Hercule ou Ulysse, puis au Moyen-Age avec le roi Arthur, à l'époque moderne avec, entre autre, les Mousquetaires, et de nos jours surtout avec des héros de Fantasy tels Harry Potter ou encore l'aventurier Aragorn du Seigneur des Anneaux. Bien entendu la notion de « héros » a bien évolué au fil du temps, mais le principal c'est qu'il suscite toujours une réelle fascination chez le lecteur, qui n'est pas près de l'oublier. Comment oublier des personnages aussi talentueux que Sherlock Holmes?

Mais il faut aussi que ce héros est un destin unique: il doit braver des épreuves exceptionnelles, vivre des passions... L'intrigue doit alors être bien définit et les péripéties omniprésentes.

Le rôle de l’intrigue est d’éveiller la curiosité du lecteur et de le tenir en haleine, pour cela elle doit être originale et structurée. Grâce à l'enchaînement de plusieurs actions, le personnage se retrouvera dans des situations qui lui permettront de montrer ses capacités face à l'adversité.

Nous l'avons vu, un roman doit mettre en scène des personnages hors du commun, évoluant dans des situations singulières, toutefois si il souhaite captiver son auditoire. En effet, quel intérêt y a t'il à lire un ouvrage sans aventures et personnages exceptionnels, à lire un livre banal et sans originalité en fin de compte?

Mais, ce n'est pas parce-qu'un roman ne présente pas des situations et personnages spectaculaires qu'il est moins intéressant qu'un autre, c'est ce que nous allons constater dans notre seconde partie.

Effectivement, certains romanciers ont choisit de faire primer le réalisme dans leurs oeuvres.

Le but est de refléter une époque, ce qui permettra de dénoncer les moeurs de la société .

Le réalisme peut aussi être une « peinture » de situations et de personnes réelles, afin de permettre aux gens de se reconnaître et de s'identifier à travers les personnages évoqués, et par la même occassion d'apprendre des choses sur eux mêmes. On peut ici citer le personnage Georges Duroy dans Bel-Ami de Maupassant.

La psychologie dans les romans réalistes est également ce qui va susciter l'intérêt des lecteurs: Madame Bovary de Flaubert en est un bon exemple, car bien qu'Emma soit un personnage plutôt médiocre, elle est devenue un véritable mythe de la littérature.

Enfin, le roman va commencer à être utilisé afin de montrer l'absurdité de la vie et des êtres humains, notamment pour décrire la guerre: ainsi, Bardamu dans Voyage au Bout de la Nuit de Céline nous entraîne dans la découverte d'un monde noirci qui illustre bien l'absurdité et la cruauté de la condition humaine, à travers des thèmes tels le dégoût, la désillusion et la violence de la vie.

En résumé, la littérature ne vise pas seulement à montrer le « beau » et l'exceptionnel, mais son but est aussi de faire voir le réel.

Nous l'avons vu, un roman peut présenter des personnages et des situations d'exception ou renvoyer une image du monde tel qu'il va. En réalité, tout dépend de ce dont il veut nous faire part: veut il montrer? Dénoncer? Ou faire rêver? C'est au romancier de décider si il fera un roman imaginaire ou réaliste, dans les deux cas il a son utilité. De plus, comme le dirait Jean Ricardou: « le roman n'est plus l'écriture d'un aventure mais l'aventure d'une écriture ». C'est à dire que c'est surtout le talent de l'écrivain qui rendra l'oeuvre originale par sa seule écriture, par son style propre...