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Le Roman et ses personnages

Publié le 28/05/2011

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FICHE RÉSUMÉ SUR LE ROMAN ET SES PERSONNAGES

 

VISION DE L'HOMME ET DU MONDE

 

 

 

1 : Introduction : Le roman est le « bâtard » de la littérature ( Baudelaire ). Son domaine romanesque est presque illimité, son identité et sa généalogie sont incertaines, son illégitimité à été maintenue longtemps. Le roman dérive de l'épopée, il devient la forme principale de la fiction narrative par opposition au théâtre ou à la poésie. Le roman est à distinguer du récit, de la nouvelle, de l'essai. C'est une forme littéraire privilégié, particulièrement expressive par rapport aux autres formes dans le sens où il n'a pas vraiment de limites. A l'origine le terme Roman désigne tout ouvrage écris en langue romane ( 12e siècle – rédigés en octosyllabes et racontent un histoire sous la forme d'un récit très construit, pris en charge avec un narrateur qui ne se prive pas d'intervenir ) et il faut attendre le 17e pour voir apparaître les premières définitions stable du genre. Au Moyen-Age, la littérature narrative épique s'impose à travers un genre très particulier qu'on appelle la chanson de geste, forme de poésie destinée au chant ( Chanson de Roland ). Ce genre valorise le côté sublime du héros. Le roman se différencie des autres par le fait qu'il échappe à toutes codifications strictes. Le roman est récit, le mode de représentation est indirecte contrairement au théâtre. La parodie est particulièrement présente dans le roman, parfois il se parodie lui-même ( Jacques le Fataliste qui se moque de l'arbitraire du récit ). Le roman est également perçu comme le « parent pauvre de la littérature ». On a longtemps soutenu que c'était un genre réservé au femmes et qui pouvait être dangereux pour les jeunes filles à cause des idées qu'il véhiculait. Aucuns codes ne limitent le roman. Aucun sujet n'est interdit. Diversité infinies des catégories romanesques : policier, aventure, fantaisies, science fiction... Aujourd'hui, le roman est exclusivement une œuvre en prose mettant en jeu un narrateur, des personnages et une trame narrative.

 

 

2 : Les catégories romanesques : Le roman a clef qui transporte des personnages et des faits réels. Le roman animalier dont les personnages sont des animaux. Le roman à thèse, illustration d'une thèse philosophique, politique. Le roman d'analyse, surtout consacré à l'analyse des sentiments. Le roman d'aventures, considéré comme l'ancêtre du roman. Le roman de mœurs qui étudie les conduites humaines dans une société donnée ( roman réaliste ). Le roman historique, marque un dépaysement dans l'histoire, l'auteur n'est jamais contemporain des faits qu'il évoque. Le roman épistolaire, particulièrement en vogue au 18e siècle. Le roman policier, genre qui se développe en France entre les deux guerre ( Boileau ), le roman rustique dont le cadre et les personnages tiennent à la campagne et à la paysannerie, le roman populaire, garants d'intrigue complexes, de rebondissement de mystères, à la la limites du vraisemblable, le roman de formation qui retrace la manière dont le héros se forme au contact du monde...

 

 

3 : Le personnage du roman : le personnage porte-parole, double du romancier, traduit ses opinions, les personnages identitaires, auxquels le romancier prête des fragments de son identité, les personnages distanciés considérés dans leur existence propre, objective, eux-même objet d'étude comme les personnages de Zola ou de Camus, les personnages contesté, renonciation au personnage traditionnel, à la psychologie classique.

 

 

4 : Le roman, représentation du réel ou pure marque d'imagination ? : Certains romanciers ont délibérément laissé le champ libre à l'imagination la plus folle et s'engagent dans une fiction peu crédible. En revanche, il en est d'autres qui revendiquent au contraire de transcrire fidèlement le réel, ne ménageant pas leurs efforts pour cacher la fiction. Cependant, le roman est une œuvre d'art : les moyens qu'utilise l'artiste ne peuvent donc que le conduire à interpréter la réalité et non à la copier purement et simplement.

 

Dans les romans de Chrétien de Troyes par exemple, le récit commence toujours par une réunion des chevaliers de la Table Ronde autour du Roi Arthur, dans le royaume de Logres. Or ce roi et son royaume sont issus d'anciennes légendes celte. A noter qu'Arthur ne vieillit pas d'un roman à l'autre, ressemble physique aux chevaliers du 12e siècle, se démarque par les nombreuses épreuves qu'il lui faut surmonter, relevant pour la plupart du merveilleux. Il en est de même dans Le Chevalier à la charrette avec le protagoniste Lancelot à qui rien n'est impossible. Au 16e siècle, les romans de Rabelais font preuve d'une imagination encore plus débridée. Ils mettent en scène des géants pour le moins extraordinaires, au vrai sens du terme... Il est en d'ailleurs d'autres sous-genres romanesques qui se plaisent à recourir à l'imaginaire, tel le roman fantastique à partir du 19e siècle. À la lecture de Frankenstein de Mary Shelley, personne ne peut croire à la réalité du monstre issu du génie du docteur. Or ce personnage a fasciné dès 1818 un très large public, attiré non seulement par sa force et sa laideur bestiales, mais aussi par sa sensibilité et son intelligence humaines. En 1897, c'est le comte Dracula qui entre dans le roman et qui va incarner définitivement le vampire. Comme le roman fantastique, le roman d'anticipation annonce lui aussi clairement les règles du jeu en prétendant présenter comme vrais des faits qui n'ont pas encore eu lieu ( Jules Verne – Voyage au centre de la terre – Voyage de la terre à la lune ). Il en est de même pour le meilleur des mondes d'Huxley ou 1984 d'Orwell qui ne sauraient être pris à la lettre. Quant à nos contemporain, les tendances éditoriales prouvent qu'ils apprécient de plus en plus les romans qui font un pied de nez à la réalité. Le développement du virtuel aidant, ils sélectionnent avec délices des œuvres qui les font pénétrer dans un univers où l'imaginaire est roi ( Seigneurs des anneaux de Tolkien, Harry Potter de JK Rowling ).

 

 

Cependant, bien que le roman revendique à ses origines d'avoir recours à l'imaginaire, nombreux sont par la suite les romanciers qui affirment n'être plus que de simples « secrétaires » au service de la seule réalité. Telle est la position de mouvements littéraires comme le réalisme ou le naturalisme par exemple. D'autres sous-genres romanesque comme les romans historiques et policiers ou encore l'autofiction tendent également vers cet objectif. Les écrivains réalistes refusent de faire rêver : ils entendent au contraire renvoyer une image exacte du monde dans lequel ils vivent. Les histoires qu'ils racontent sont donc vérifiables. Balzac dans son ambitieux projet de La Comédie humaine rend compte de la société françaises dans ses moindres détails. L'observation remplace donc l'imagination et c'est pourquoi les descriptions balzaciennes sont toujours très fouillées ( Père Goriot où est très exactement représenté la pension Vauquer et ses pensionnaires ). Quand à Flaubert, il s'est appuyé sur ses propres recherches médicales pour décrire l'empoisonnement d'Emma dans Madame Bovary qui se suicide faute d'avoir vécu la vie romanesque dont elle rêvait. Le naturalisme rejoint le réalisme. Comme les frères Goncourt, Zola veut être un raconteur du présent, c'est pourquoi l'action de La Curée se situant sous le Second Empire met en scène les spéculations foncières qui se sont développées autour des transformations de la capitale par le baron Haussmann. Maupassant dans Bel-Ami rend compte de la même période. Dans ces deux cas, le temps de l'histoire est contemporain de celui de l'écriture. Pour retranscrire le réel, la technique est identique : les descriptions prolifèrent pour créer l'illusion du réel. Elles occupent très souvent un paragraphe car elles s'appuient sur un besoin de précision presque excessif. D'autres romans répondent au même désir de décrire une certaine réalité. Les romans historiques par exemple, s'appuient souvent sur des faits avérés : Dans le Roman de Dumas, la Reine Margot suit parfaitement l'ascension du futur Henry IV vers le trône. Quand ils ne font pas état de faits connus, les romans historiques recréent un contexte daté. Le roman policier présente la plupart du temps, une apparence de réalité qui repose non sur les dates mais sur les lieux. Les romans écrits à la première personne établissent également avec le lecteur cette sorte de pacte d'authenticité. Dans L'Étranger de Camus par exemple, l'emploi de la première personne restitue dans tricherie la médiocrité de l'existence quotidienne de Meursault. Il en est de même pour le Dernier Jour d'un condamné de Victor Hugo.

 

Néanmoins, le roman ne parvient jamais à être la copie conforme de la réalité. Le romancier ne peut en effet rendre compte de toute la réalité car il lui faut mentir par omission, en opérant des choix. Or choisir c'est forcément trahir. Par ailleurs, il bouleverse la temporalité ce qui n'est pas possible dans la vie. Le romancier doit également jouer sur le rythme de son récit. Or, si une scène semble bien apte à restituer la réalité dans la mesure où elle raconte les faits en temps réel, un roman ne saurait être constitué que de scènes. Qu'il le veuille ou non, le romancier doit aussi utiliser les procédés que sont le sommaire ou l'ellipse. Le roman peut avoir la tentation d'être réaliste mais il ne l'est jamais complètement. Tout au plus peut-il donner un effet de réel, mais ce dernier ne sera en définitive qu'une illusion car le romancier comme tout artiste interprète la réalité. Cette interprétation devient manifeste grâce aux procédés dont il joue. La réalité n'est donc qu'un leurre dans tout roman, qu'il l'avoue ou non. Cependant n'est-ce pas tout de même l'interprétation de l'artiste qui donne un sens au réel ? ( idées pour élargir si le sujet le permet ).

 

 

5 : Pour créer l'illusion du réel, les romanciers ont à disposition toute une palette de procédés susceptibles de créer un effet de réel. Le technique de l'incipit in medias res comme Zola qui commence l'Assomoir par cette phrase : « Gervaise avait attendu Lantier jusqu'à deux heures du matin ». Le lecteur est d'emblée projeté dans l'histoire. La description très détaillée est un autre procédé qui crée un effet de réel. Du reste, la scène peut prendre encore d'avantage de relief par l'insertion de dialogue, qui en restituant le langage de personnages leur donne une existence. En fin, le jeu sur la focalisation contribue à créer lui aussi l'illusion du réel : Un incipit en focalisation externe incite le lecteur à se glisser dans la peau d'un spectateur indiscret pour assister à la scène. L'emploi de la focalisation interne permet par contre de mettre à jour la vérité du personnage ( Maupassant et Zola ). Parfois enfin, c'est l'emploi des temps qui permet d'impliquer le lecteur : célèbre incipit de L'Étranger, dans lequel Camus utilise de façon brutale le présent : « Aujourd'hui, Maman est morte ».

 

 

6 : Le personnage de roman donne un accès privilégié à la connaissance du cœur humain. Le roman permet au lecteur de pénétrer dans l'intériorité du personnage ( accès aux sentiments, aux pensées les plus profondes → La princesse de Clèves qui donne un effort d'analyse psychologique ). Le personnage est un stéréotype : le personnage romanesque est souvent figé dans son temps, il ne peut être généralisé puisqu'il représente une époque, un contexte. Le personnage romanesque est un miroir déformant de l'homme : deux types de déformations de l'homme : - Le personnage qui est un héros et réalise des exploits fabuleux, dépassant alors la banalité du commun des mortels. - Le personnage romanesque est une caricature de l'homme, ses vices et défauts sont notamment mis en relief grâce à des procédés stylistiques tels l'ironie, la satire, la caricature ou encore le blâme... Le personnage romanesque est en fait crée à l'image de l'homme. Les romans présentent des personnages diversifiés : diversité des personnalités où chaque homme peut se reconnaître en un personnage, diversité des états affectifs avec les personnages romanesque qui connaissent différents sentiments au cours du roman. Le personnage peut toutefois être assimilé à un modèle idéal, un archétype puisqu'il est crée par un homme. En effet, le romancier peut se servir de sa propre expérience de vie, de sa propre expérience sentimentale pour les dépasser et créer ainsi un personnage qui représentera un type pour l'homme banal, une sorte de quasi perfection émanant d'une mure réflexion.

 

 

7 : L'évolution du personnage : Le héros classique commencera dans l'antiquité avec les héros mythologiques d'origine divine ou semi-divine avec des œuvres épiques ou inspirées par Homère. Il se distingue par ses exploits guerriers, tel Héraclès terrassant le lion de Némée ou Thésée tuant le Minotaure. Il doit faire preuve de bravoure et courage au combat et est souvent confronté à des forces extérieures pouvant l'écraser mais devant lesquelles son triomphe est possible. Dans son épopée, Homère met en scène ce conflit surmontable symbolisant la gigantesque lutte de l'homme contre son destin. Si on regarde la littérature médiévale, on y retrouve un personnage de roman tout aussi extraordinaire même s'il a perdu ses attributs divins au profit de ses vertus chevaleresques. Avec l'apparition de la chanson de geste, un nouveau héros apparaît. Ce héros médiévale est humain, mais possède tout comme le héros antique des qualités exceptionnelles : il fait preuve de courage dans des situations de combat ainsi que dans sa manière d'affronter les épreuves de la vie. Son intrépidité au combat est assez remarquable car il arrive à faire abstraction de sa fatigue, de sa peur et du danger face à l'ennemi : Lancelot, le Roi Arthur... Ce sont des héros épiques qui incarne l'idéal chevaleresque. Il apparaît donc que le héros antique et le héros médiéval sont des personnages épiques, ce qui peut donner envie au lecteur de s'y identifier.

 

Cependant, on retrouve dans le roman du 17e siècle, de nouveaux héros, bien différents de ceux que l'on connaissait jusqu'ici et qui sont peut être plus réalistes. A partir du 18e, le héros mis en scène dans les romans est un personnage qui se caractérise par ses vertus héroïques qu'il doit en partie au modèle du héros mythologiques. Mais contrairement au héros classique, ce héros obéit à la loi du changement : il suit un chemin jalonné d'obstacles qui le modifient ou le transforment, ce qui l'aide à se construire : Rastignac, Madame Bovary. Jusqu'au 18e, le héros de roman est un personnage noble sous toutes les coutures. Il associe noblesse de rang et noblesse morale : Princesse de Clèves. Le fait que ces personnages soit si parfait est dû à l'apparition du classicisme qui se définit principalement par un ensemble de valeurs visant à la recherche de la perfection. Toujours au 18e, les personnages de romans commencent à faire partie du peuple et sont toujours présentés sous une forme péjoratives comme Jacques le Fataliste. Dès le début du 17e, on retrouve des antihéros avec notamment le personnage de Cervantès : Don Quichotte. Ce nouveau personnage se définit en comparaison avec le héros. Il ne se distingue par aucune qualité particulière, il ressemble un peu à monsieur tout le monde et est banale voir méprisable comme L'Étranger. Il peut aussi être affligé d'une tare, tel Don Quichotte qui est fou ce qui empêche toute admiration devant les actions qu'on lui voit commettre. Les antihéros peuvent être des personnages qui n'effectue par une noble quête, n'est pas animé par des sentiments altruistes etc. Il peut aussi tout simplement être un personnage dont les caractéristiques physiques diffèrent de celles du héros « classique » qui est jeune, beau gosse etc.

 

 

8 : L'identification du lecteur : Le héros classique ne présente que peu de points communs avec le lecteur, ce qui ne lui permet pas de s'y identifier. Dans le cas du héros antique, mis à part son orgueil rien ne le rapproche du lecteur. De ce fait, il paraît difficile de pouvoir s'identifier à un personnage qui ne nous ressemble en rien. Le héros médiéval est aussi peu reprochable car en dépit de son apparence humaine, il en arrive à s'en sortir de situation perdu d'avance. Ces héros représentent plus un idéal qu'une réalité ce qui ne peut nous permettre une quelconque identification à ceux-ci. De ce fait, nous pouvons nous demander si le lecteur croyant s'identifier à ces personnages ne se force pas inconsciemment à le faire par désir d'y ressembler.

 

L'apparition du héros moderne permet de nous y identifier complètement. Il n'est plus forcément un héros héroïque, son parcours est souvent chaotique ce qui lui permet d'évoluer, il démarre parfois avec trois fois rien pour finir par atteindre la gloire absolue ( Bel-Ami ). Le fait que ces personnages soit de plus issus du peuple facilite aussi l'identification. L'apparition du antihéros, qui ne possède aucun talent particulier et ne se distingue en rien de la société nous est beaucoup plus proche qu'un preux chevalier sauvant des belles dames en détresses et tuant de terrifiants dragons. Nous pouvons ainsi dire que l'évolution du personnage romanesque a permis de faciliter l'identification du lecteur à celui-ci.

 

 

9 : Le Nouveau Roman : Les romanciers des années 50, ceux qui ont participé au mouvement appelé le « Nouveau Roman » ont remis volontairement en cause le personnage romanesque auquel ils ne croyaient plus. Ils vivent avec le souvenir très récent de la seconde guerre mondiale qui a mis en lumière la faillite de l'humanité : dans cette perspective, le personnage n'avait plus aucune raison d'être plus humain qu'un homme soumis au hasard.

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