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Le théâtre classique

Publié le 13/11/2011

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1)      Les conventions et les règles théâtrales

Bref rappel sur les conventions théâtrales de base. Il existe des conventions théâtrales communes à l’ensemble des époques.

 

Nous allons aborder en premier lieu, la structure externe de la pièce. Celle-ci se caractérise, par la division de la pièce en plusieurs actes, sur le modèle des pièces de l’Antiquité latine, en application du précepte d’Horace, dans son Art poétique.  De plus, elle s’impose d’une part, par intérêt pour le spectacle, et d’autre part, par goût de convivialité. Elle permettait à chaque spectateur, d’engager la conversation avec son voisin pour partager des réflexions ou bien plaisanter, d’où la nécessité de créer des entractes. Cette division en actes était également nécessaire pour des raisons d’éclairage puisqu’il fallait moucher les chandelles toutes les demi-heures, période correspondant à la durée d’un acte. Chaque acte constitue une étape importante de l’action. Chacun marque une progression de l’intrigue par rapport au précédent. Les actes sont divisés en scènes. Elles se définissent par l’entrée ou la sortie d’un ou de plusieurs personnages. De plus, elles doivent être liées entre elles. Ainsi, les dramaturges ont recours à plusieurs procédés telle que la liaison de présence, c’est-à-dire, quand dans la scène suivante, il reste sur le théâtre, un acteur de la scène précédente ou la liaison de fuite, c’est-à-dire, quand l’acteur se précipite de quitter la scène afin de ne pas être vu de celui qui arrive lors de la scène suivante.

 

Nous allons aborder, à présent, la formation du texte, très spécifique au théâtre. Celle-ci se caractérise notamment, par la double énonciation. Au théâtre, le discours est marqué par la double énonciation : le spectateur admet que le personnage s’adresse aux autres personnages présents sur la scène mais qu’il s’adresse aussi à l’intention du public. Cet aspect d’interaction entre un personnage est d’ailleurs très présent lors de monologues ou d’apartés. Il existe différentes variations sur l’énonciation au théâtre. La première d’entre elles correspond à la simple réplique d’un personnage s’adressant à un autre personnage. Le monologue est un discours prononcé par un personnage qui est ou se croit seul. C’est un moyen de créer une connivence entre le personnage et le spectateur, et un subterfuge de l’auteur pour dévoiler les pensées intimes du personnage. L’aparté est une brève réplique ou un mot qu’un personnage se dit à soi même, en présence d’autres personnages, et adressé uniquement, aux spectateurs. Il dévoile souvent des sentiments secrets, informe le spectateur et crée une complicité du personnage avec le public. Il peut également provoquer un effet comique. Il est important de différencier le monologue et la tirade qui est une longue réplique qu’un personnage dit d’un seul coup à un autre personnage. On peut également trouver des didascalies qui sont des indications scéniques que porte le texte écrit à l’intention des acteurs et qui peuvent décrire des jeux de scène, des mimiques…

 

Nous allons vous parler de la structure interne de la pièce. Celle-ci se compose de trois éléments essentiels : l’exposition, le nœud ou l’intrigue et le dénouement.  L’exposition peut s’étendre sur un ou plusieurs actes. Elle fournit les éléments nécessaires à la compréhension de la situation, indique l’identité des personnages et leurs rapports et donne le  «ton « de la pièce : comédie, tragédie, etc. Le nœud ou l’intrigue correspond à une suite de péripéties. Les obstacles que doivent affronter les personnages sont de deux sortes : réels ou imaginaires. Par exemple,  le malheur d’un héros provoqué par une passion, ou un sentiment peut constituer un obstacle extérieur. En revanche, un obstacle imaginaire concerne davantage, les méprises, les malentendus, ou les quiproquos (ex de quiproquo : dans l’Avare, de Molière, lorsque Harpagon croit parler de sa cassette d’or, Valère parle de Marianne, la fille d’Harpagon dont il est amoureux). Enfin, le dénouement apporte la résolution de l’action, c’est-à-dire, qu’à la fin de la pièce, le spectateur doit être fixé sur le sort de chacun des personnages et que tout doit être élucidé.

 

Certaines règles sont spécifiques au théâtre classique. La première d’entre elles concerne le principe de vraisemblance, c’est-à-dire, tout ce qui peut paraitre vrai. L’objectif n’est pas de représenter la vérité, mais ce qui est naturel, c’est-à-dire, ce que le spectateur croît possible. Ainsi, la vraisemblance dépend de l’opinion du public, n’a pas besoin d’être réel mais ce qu’on croit possible qu’il se passe dans la pièce. Observer la vraisemblance n’est pour autant pas suffisant, les dramaturges doivent également les règles de bienséance. La pièce ne doit pas choquer les goûts, les idées morales du public. Il faut écarter tout propos déshonnête et tout spectacle pénible et désobligeant.  En effet, l’idéal artistique du théâtre classique s’accompagne d’un modèle social idéal représenté par la figure théorique de l’honnête homme. Cette expression résume toutes les qualités que l’on peut attendre d’un homme de cour : politesse, culture, humilité, raison, respect des règles. Ainsi, c’est au nom de la vraisemblance et de la bienséance, que les dramaturges ont décidé d’instaurer la règle des trois unités.  L’unité d’action se compose de l’unique intrigue dont les péripéties sont logiquement liés. L’unité de temps : le temps du spectacle varie de 1 à 4 heures mais le temps de la fiction ne doit pas excéder 24 heures dans l’esthétisme classique. L’unité de lieu :  la pièce se déroule en un même lieu.

Par conséquent, toutes ces règles peuvent être résumés en une citation , de Nicolas Boileau, Art poétique, 1674 :

« Nous voulons qu’avec art l’action se ménage :

Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli

Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli

Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable.

L e vrai peut quelque fois n’être pas vraisemblable

Une merveille absurde est pour moi sans appâts ;

L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croît pas. «

 

 

 

2)      Les genres et les thèmes correspondant

(voir  tableau). On distingue essentiellement trois genres principaux : la tragédie, le drame bourgeois et la comédie.

 

La tragédie

Connue depuis l’Antiquité, la tragédie triomphe en France au 17e siècle sous le règne de louis XIV.

Elle constitue la forme la plus noble des pièces de théâtre ; elle est écrite en 5 actes et en alexandrins.

Elle s’adresse essentiellement aux membres de la cour et aux grands du royaume.

Les personnages de la tragédie sont essentiellement des rois, des reines, des princes et des princesses empruntées à l’histoire ou mythes de l’antiquité gréco latine. Victimes de leurs passions, ils sont soumis aux exigences de leur rang, de la morale et aux devoirs de l’Etat.

Ils sont  donc confrontés à une situation tragique dont l’issue est souvent la mort, considérée comme une fin morale. Les héros sont alors poursuivis par la fatalité.

La tragédie doit  inspirée des sentiments de terreur et de pitié aux spectateurs face aux destins des héros détruits par les conséquences de leurs erreurs. Ces sentiments doivent permettre de se purger , se libérer de leurs passions  qui ont poussés le héros à agir et donc à ne pas les reproduire: c’est la catharsis.

Le registre dominant de la tragédie est caractérisée par le tragique et le pathétique. Ces tons visent  ainsi à émouvoir le lecteur ; ils sont liés à des évènements qui suscitent la pitié et la tristesse ou l’inquiétude croissante.

Les principaux auteurs classiques de ce genre sont JEAN RACINE ET PIERRE CORNEILLE.

 

 

 

La comédie :  Au XVIIe siècle, la fonction morale est la grande préoccupation de la comédie classique, c’est-à-dire, qu’elle met en scène les vices des hommes pour les corriger, tout en permettant aux spectateurs de s’amuser et de se distraire des préoccupations quotidiennes. Cette fonction est définie selon la théorie  du « castigat ridendo mores «, qui signifie « c’est en riant que l’on châtie les mœurs «. Cette pièce de théâtre divertissante représente des personnages de moyenne et de basse condition.  Néanmoins, le héros de comédie le plus utilisé est un bourgeois dont les vices menacent de désorganiser  la vie familiale si le bon sens, les intrigues de l’entourage et d’heureux hasards n’y mettaient pas bon ordre. La comédie classique est mise en avant par Molière, qui d’après lui, doit « peindre d’après nature les mœurs et les caractères , de manière à corriger les hommes  en les divertissant «.

 

De multiples procédés comiques sont employés :

-le comique de gestes . il réside dans les mouvements que font les personnages sur scènes (coups de bâton, chute…). EX : dans le Bourgeois gentilhomme, les révérences ridicules de Monsieur Jourdain, qui manque de tomber.

-le comique de situation. Cette forme de comique réside dans la situation où se trouve tel ou tel personnage, qui peut tenir des discours très sérieux, mais qui sont en décalage complet par rapport à la situation. EX : dans le Tartuffe, Molière met en scène un supposé dévot, qui feint de ne s’occuper que de religion mais qui en profite pour tenter de séduire la femme de son bienfaiteur. Le discours de  Tartuffe à la jeune femme n’est pas comique en soi, mais il le devient car celle-ci a caché son mari ; c’est la situation qui est alors comique.

-le comique de caractère. Il s’agit de la mise en scène de personnages dont le caractère est ridicule. EX : Harpagon par son avarice et ses idées fixes est ridicule.

-le comique de mots ou de langage. Il tient aux mots employés. Soit les personnages parlent un langage comique pour les spectateurs (Dans Dom Juan, les paysans parlent une sorte de patois qu peut apparaitre drole vis-à-vis de la noblesse de cour). Soit il s’agit d’une expression répétée exagérément, qui prend alors une portée comique. EX : dans les fourberies de Scapin, Molière fait répéter à son personnage : « Mais qu’allait-il faire ? «.

Néanmoins, au sein de la comédie classique, plusieurs sortes de comédie apparaissent.

 

au cours du 18 eme siecle, cette comédie connait un grand développement sous des formes variées qui renouvellent le genre tout en s’en inspirant.

L’attention est davantage portée sur les sentiments et l’émotion. L’auteur  ne cherche plus la critique systématique. Cette nouvelle forme se rapproche de plus en plus du drame bourgeois.

 

Le drame bourgeois : il né au 18 siècle sous l’impulsion de Diderot ; il se caractérise au niveau des registres par le mélange des genres et offre ainsi plus de diversité. Les intrigues ne présentent plus une destinée fatale mais hasardeuse, pleine de « coups de thêatre « on assiste à un réalisme croissant des décors et des costumes. Le drame bourgeois est une comédie sérieuse, à sujets contemporains, et à dénouement heureux.

les actions se situent essentiellement dans le milieu de la bourgeoisie ; il s’agit essentiellement d’une peinture de la société contemporaine et met en évidence les barrières sociales.

Le drame bourgeois doit toucher le spectateur et le faire pleurer ; les sentiments mis en jeu sont la haine, la sympathie et la pitié.

Les principaux auteurs sont Beaumarchais, et Marivaux. Néanmoins, Diderot a largement théorisé ce nouveau genre et a écrit quelques œuvres tel que Le père de Famille.

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