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Le Théâtre Est-Il Le Lieu Par Excellence Du Conflit Et De L'Affrontement ?

Publié le 02/10/2010

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Dans le théâtre, les pièces comportent très souvent un affrontement entre les différents personnages et leurs idées. Ionesco est un auteur, dont le théâtre et la vague d’innovation dramatique de l’après-guerre l'accompagnent. Il est l’auteur de La Cantatrice chauve. D’après lui, sans conflit, « il n’y aurait pas de théâtre «. On peut alors se poser la question suivante : le théâtre est-il le lieu par excellence du conflit et de l’affrontement ?

Pour répondre à cette question, nous allons d’abord nous intéresser à l’indispensabilité du conflit dans le théâtre, c'est-à-dire : l’idée du conflit qui est à l’origine des pièces de théâtre, le conflit qui est le fil rouge des pièces, et les procédés du conflit. Nous allons ensuite étudier les buts du conflit dans le théâtre, en d’autres termes : la satyre de la société, et les références au réel. 

 

          Le conflit est indispensable aux pièces de théâtre. L’idée de départ, dans certaines pièces de théâtre, est un affrontement entre différents personnages, l’auteur débute même parfois son œuvre par une scène de conflit. On peut le voir par exemple dans Tartuffe, pièce de Molière, dès l’acte I, scène 1. La pièce commence par un affrontement entre Mme Pernelle et les autres membres de la famille d’Orgon. Toute la pièce tournera autour d’un conflit dont le sujet est Tartuffe, un faux dévot, qui trompe Orgon, pour tout lui voler. Toute la famille d’Orgon fera donc tout ce qui est en son possible pour ouvrir les yeux du maître de maison qui boit les paroles de ce dévot. On pourra donc assister, dans toutes les scènes à un affrontement entre les personnages, qui essayent de faire voir la vérité à Orgon. 

          Dans la plupart des pièces, le conflit reste récurrent, il est le fil rouge de la pièce.  Le conflit pouvant être sur le même sujet, un désaccord qui ne se règlera pas avant la fin de la pièce, ou différents sujets où les personnages n’accepteront pas l’avis des autres. On peut par exemple le voir dans Les Femmes savantes, de Molière, où Trissotin, adore le sonnet sur la fièvre de la princesse Uranie et en vante les mérites auprès de Vadius qui retient que le «  sonnet ne vaut rien «, jusqu’à ce que ce dernier avoue que ce sonnet est de lui. A ce moment là, Vadius dénigre le sonnet en disant qu’il a « eu l’esprit distrait «, ou bien « que le lecteur [lui] ai gâté le sonnet «.

          Le conflit peut être présenté dans la pièce par différents procédés qui le mettent en évidence. En premier lieu, la configuration en elle-même d’un théâtre est propice aux affrontements, c’est un endroit clos où les personnages sont obligés de se rencontrer et ne peuvent « fuir « l’affrontement. En second lieu, le conflit est aussi mis en avant par la pièce. Le sujet est annoncé dans l’introduction des scènes, et on peut ensuite voir l’affrontement des personnages sur le sujet donné. On peut voir, dans Le Cid, de Pierre Corneille, le différend qui est le choix du Roi d’Espagne qui est de trouver un gouverneur pour son fils, et on voit ensuite Le Comte et Don Diègue parler du choix, et de leurs points de vues. Don Diègue pense avoir mérité d’être gouverneur, alors que Le Comte, lui, dit que le Roi a « fait honneur à [son] âge «. Certains conflits peuvent être introduits par une mise en scène, ou des didascalies. Dans l’acte IV, scène 6 de Tartuffe, Orgon caché sous la table peut tout entendre de ce que dit le dévot, et peut intervenir à tout moment, ce qui encourage l’affrontement. Quand il comprend qu’Elmire, sa femme ne lui avait pas menti, et que Tartuffe lui faisait bien des avances, Orgon sort de sous la table, pour régler ses comptes avec Tartuffe. On le voit d’ailleurs aux didascalies «  sortant de dessous la table «, v345.

 

          Le conflit est donc indispensable dans une pièce de théâtre. Il peut être à l’origine de la pièce, être le fil rouge, ou simplement un point récurrent de l’histoire. Sans affrontement, le théâtre serait vide, et sans véritable intérêt. Le théâtre, a donc différents buts que nous allons étudier ci-dessous.

 

          Le conflit a plusieurs buts dans une pièce de théâtre. Il critique dans un premier temps la société, et ses travers. Dans Tartuffe, il critique les dévots par leurs impostures, mais met en évidence le fait qu’ils critiquent tous les faits et gestes, et sont choqués par bien peu de choses. Dans Les Femmes savantes, comédie de mœurs notamment sur l'éducation des filles, les mariages de l’époque et les mœurs sont critiqués. Trissotin, faux savant est apprécié par les femmes de la famille alors que, Clitandre, amant d’Henriette est reconnu par les hommes. Le fait que la pièce soit une comédie délimite la fin heureuse de l’histoire. Dans Les Caractères, La Bruyère fait la satyre de la cour, de la noblesse, du clergé et même du Roi. 

Le conflit dans le théâtre, est une manière de faire référence au réel. Dans la vie de tout un chacun, il y a des conflits. Les textes de Molière font référence aux travers de son époque. De même pour Corneille, Ionesco, et tous les auteurs en général. L’affrontement des personnages et de leurs idées, favorise le fait que les pièces nous semblent réelles. Tous les auteurs se servent de problèmes de société, pour faire leur pièce et sous chacune d’entre-elles se trouve un travers de son époque, ce qui influence le réalisme de l’oeuvre.

 

          Le théâtre a plusieurs buts, il n’est pas seulement fait pour divertir le lecteur, mais aussi pour le faire réfléchir aux différents problèmes de la vie de tous les jours. Le conflit est un moyen de frapper le lecteur et de lui proposer une réflexion personnelle sur ses problèmes. Cela cause parfois des polémiques, comme lors de la sortie de Tartuffe, pourtant approuvée par le Roi, mais vivement critiquée par les dévots.

 

          Sans conflit, on ne pourrait pas faire la critique des travers des différentes personnes, ou de la société. Le conflit fait aussi un lien avec le réel, il est présent dans la vie de tous les jours, il y a des affrontements partout et chez tout le monde, et cela prouve que les esprits ne sont pas formatés et qu’il existe une liberté de pensée. Chacun a ses propres idées, et elles ne sont pas les même chez tout le monde, d’où le conflit permanent. Il est mis en évidence dans le théâtre, et reste le point indispensable d’une pièce. Le théâtre est donc, à mon avis, le lieu par excellence du conflit et de l’affrontement. La question que l’on pourrait se poser est de savoir si dans le théâtre d’aujourd’hui, le conflit est aussi présent que dans le théâtre de Molière, de La Bruyère ou encore de Corneille.

 

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