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Le thème de la liberté dans Les Mouches de J-P Sartre

Publié le 28/09/2011

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Les Mouches

Dans ce chapitre, nous devons commencer de nouveau par le peuple d´Argos. Nous ne pouvons pas dire qu´ils n´auraient aucune possibilité d´être libres ou aucun moyen pour devenir libres, mais nous pouvons dire qu´ils n´essaient pas du tout de changer leur situation. En plus, nous osons constater que les habitants d´Argos ne connaissent pas (dans la pièce) la liberté : depuis le crime de Clytemnestre et d´Égisthe, leurs vies sont déterminées par les actes des autres : c´est donc le meurtre d´Agamemnon et la décision des Dieux à cause desquels ils sont entourés par les mouches et plus tard c´est la vengeance exercée par Oreste grâce à laquelle le peuple d´Argos devient de nouveau libre. Seul moment où nous pouvons trouver une marque de la liberté, c´est dans le temps devant le meurtre d´Agamemnon : les habitants regardent passivement l´acte cruel et sans réagir. C´est leur unique « décision » qui témoigne de leur lâcheté. Jean-Paul Sartre affirme que l´homme est condamné à être libre et qu´il est responsable de ses actes : ici, nous pouvons sans hésitation dire que le peuple d´Argos est un contraire absolu de ces idées. Il joue un rôle de l´individu qui n´a aucune tendance de changer sa vie, il est le représentant de la soumission totale à son sort. La présentation de ce peuple est la critique de la néantise, de la « médiocrité » et de l´indifférence. Et selon nous, ce sont les qualités qui sont en opposition absolue avec la doctrine de l´existentialisme et par l´intermédiaire de la description des habitants d´Argos, Jean-Paul Sartre souligne l´existentialisme d´Oreste : sa responsabilité, son indépendance aux Dieux et son aptitude de prendre une décision. Finalement, c´est Jupiter qui dévoile la situation réelle des habitants d´Argos et en effet de tous les hommes : « Le secret douloureux des Dieux et des rois : c´est que les hommes sont libres. Ils sont libres, Égisthe. Tu le sais, et ils ne le savent pas. » (M, p. 200.) – cette phrase est dans une harmonie totale avec la doctrine de l´existentialisme : l´homme est libre. Ce n´est pas une chose de la croyance, des Dieux, des autres, l´homme est au fond libre, son unique problème est de rendre compte de cette liberté. Jupiter dit : « Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d´homme, les Dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là. » (M, p. 203.) Le problème principal des habitants d´Argos, c´est leur indifférence, lâcheté et paresse. Et comme Oreste dit : « …chacun doit inventer son chemin. » (M, p. 237.)

 Il est aussi intéressant d´analyser le thème de la liberté chez Électre. Elle, une fille de Clytemnestre, est au fait une bonne dans le palais royal. Sa liberté est limitée par la volonté de sa mère-reine. Clytemnestre déteste sa mère (pareillement comme elle déteste Jupiter), elle a beaucoup de rumeurs de mécontentement, mais c´est tout. Oreste lui demande pourquoi elle ne fuit pas – « je n´ai pas ce courage-là. […] j´attends quelque chose. » (M, p. 132.) Elle-même se sent faible pour la vengeance et pour la fuite, elle attend l´aide de son frère. Plus tard, Électre est persuadée par Oreste d´enfuir, mais elle ne le veut pas. Ce n´est pas la liberté qu´elle l´attire. La raison pourquoi elle reste en Argos est toujours simple : venger la mort de son père. C´est une décision très intéressante : Électre préfère la vengeance à la possibilité d´être libre. En ce qui concerne l´existentialisme, c´est une situation remarquable : Électre est libre du point de vue de sa décision : comme le souligne Václav Černý, le choix est un moment privilégié de l´existence car nous ne savons jamais quelles seront les conséquences de l´acte. Mais en effet, du point de vue de sa vie réelle, Électre n´est pas tout à fait libre : sa vie est influencée par le crime de sa mère et en plus, elle est toujours influencée par la situation sans issue dans sa ville. Électre attend de la vengeance le sentiment de la satisfaction, mais nous devons constater qu´elle ne sait pas ce qui viendra après ce crime, elle ne le réalise pas. Si Électre n´a pas senti la liberté avant la vengeance de la mort de son père, la situation du point de vue de la liberté se change beaucoup après ce crime – elle s´aggrave. Immédiatement après cet acte, Électre commence à se rendre compte de la profonde et de la gravité de cet acte qu´il devient pour elle un péché ineffaçable : « Libre ? Moi, je ne me sens pas libre. […] Quelque chose est arrivée que nous ne sommes plus libres de défaire. » (M, p. 210.) Et c´est pourquoi Électre est l´un des personnages de Sartre qu´il a fait une décision, mais qu´il ne sait pas le défendre et qu´il n´est pas aussi capable d´être responsable de cet acte. Oreste même dit d´Électre : « […] ses souffrances viennent d´elle, c´est elle seule qui peut s´en délivrer : elle est libre. » (M, p. 227.) Électre est une prisonnière de leur acte commun et de ses propres reproches.

Maintenant, passons à l´analyse de la liberté du personnage principal des Mouches, Oreste. Il vient en Argos absolument immaculé par le crime originel, il ne sait rien du peuple d´Argos et de la situation dans la ville. Comme nous avons déjà écrit, il prêche avant tout la liberté, c´est la valeur la plus importante dans sa vie. Mais en même temps, il sent le désir d´avoir sa patrie natale, d´appartenir quelque part. Ce désir augmente jusqu´au moment où Oreste dit : « Il faut que je me leste d´un forfait bien lourd qui me fasse couler à pic, jusqu´au fond d´Argos. » (M, p. 181.) – Oreste renonce apparemment à sa liberté propre, il préfère le sentiment de l´appartenance. Ici, c´est de nouveau la situation intéressante du point de vue de la doctrine existentialiste : Oreste est depuis le but de la pièce une personne qui est libre. Maintenant, il prend une décision d´être comme les habitants d´Argos qui ne sont pas absolument libres. Nous pourrions comprendre cette situation comme le renoncement à la liberté, mais en effet Oreste résout librement et dans cette résolution il y a sa liberté. « ni Égisthe, ni même Jupiter ne pourront, en effet, empêcher qu´Oreste accède à cette liberté qui consiste dans le choix de son engagement. »28 Jean-Paul Sartre commente cette situation ainsi : « Oreste est libre pour le crime et par-delà le crime : je l´ai montré en proie à la liberté… »29 Après le meurtre d´Agamemnon, il ne sent aucun reproche : « Des remords ? Pourquoi ? Je fais se qui est juste » (M, p. 205.) Oreste sent que la vengeance de la mort de son père lui rend libre : « Nous sommes libres, Électre. » (M, p. 209.) et puis : « Et plus il [son acte] sera lourd à porter, plus je me réjouirai, car ma liberté, c´est lui. » (M, p. 210.) Oreste trouve la liberté de sa vie dans le meurtrier de sa mère et d´Égisthe. Et en ce qui concerne la doctrine de l´existentialisme, nous devons dire que le comportement d´Oreste est en accord avec elle – Oreste a fait quelque décision, il est apte de le justifier et en même temps il sait qu´il est absolument responsable de son acte. Oreste même décrit son état le mieux : « Libre. Et d´accord avec moi. » (M, p. 224.) Son attitude est le contraire total de l´attitude d´Électre et grâce à cette différence nous pouvons mieux rendre compte des éléments existentialistes chez ces deux personnes.

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