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Le travail est-il le principal facteur d'intégration sociale actuellement ?

Publié le 16/01/2011

Extrait du document

travail

Introduction :

 

      « Si la division du travail produit de la solidarité, […] ; c’est qu’elle crée entre les hommes tout un système de droits et de devoirs qui les lient les uns aux autres de manière durable. «, Emile Durkheim, De la division du travail social.

Un facteur d’intégration est une instance, une forme d’organisation qui structure les relations sociales entre les individus et qui contribue à l’intégration sociale, telle que le travail par exemple. Celle-ci génère donc une socialisation, source d’intégration et de cohésion sociale. Ainsi, le travail est générateur de liens sociaux et, du fait qu’il soit omniprésent de nos jours, c’est un des principaux facteurs d’intégration sociale.

En quoi le travail constitue-t-il un facteur d’intégration sociale primordial ? Comment les évolutions actuelles sur le marché du travail affectent-elles ce constat ? Y a-t-il d’autres facteurs d’intégration sociale ?

Dans un premier temps, nous montrerons que le travail est un facteur d’intégration social. Puis, dans un second temps, nous expliquerons en quoi la précarisation croissante du marché du travail fragilise ce rôle.

 

     I- Le travail est un facteur d’intégration

 

   Ainsi, le travail étant un agent de socialisation secondaire, il est, par définition, un facteur d’intégration dans la mesure où il permet aux personnes actives de participer et de prendre part à la vie sociale. Ce phénomène était particulièrement remarquable dans les sociétés industrielles au début de l’organisation scientifique du travail et du taylorisme fordisme. Celui-ci s’est traduit de différentes manières.

 

   A) Le travail est le principal vecteur d’intégration sociale dans les sociétés industrielles

 

   En effet, les bouleversements scientifiques, techniques, démographiques, politiques et juridiques survenus à la fin du XVIIIème siècle ont provoqué des changements dans la vie sociale. Ainsi, ce type de société était basé sur une solidarité organique, c’est-à-dire qu’elle procède de la division du travail. Les individus sont spécialisés dans des fonctions particulières, et la complémentarité entre ces organes est créatrice de solidarité. Dans une logique de division des tâches, chacun a besoin des autres pour que son travail soit reconnu, utile (document 2). C’est ce qu’Emile Durkheim appelle l’interdépendance. Il met en avant le fait que le passage à une société industrielle ou moderne a induit un développement de la conscience individuelle et donc une montée de l’individualisme, c’est-à-dire que les sociétés modernes reconnaissent à l’individu un droit à l’autonomie prévalant sur l’appartenance à la collectivité. Avec la division du travail, les individus sont alors complémentaires et plus libres.

Le travail représente aussi, dans les sociétés industrielles, un signe d’appartenance à une classe, ce qui avait une grande importance à cette époque. De fait, la division bipolaire entre les prolétaires et la bourgeoisie était à l’origine d’une grande cohésion et solidarité entre les ouvriers.

La division du travail, tant sur le plan horizontal que vertical, est ainsi à l’origine de nouveaux liens sociaux et elle est donc un facteur d’intégration qui occupe une place de plus en plus importante.

 

   B) Il a de multiples dimensions intégratrices

 

   Le travail permet aussi la création de différents types de liens entre les individus.

En effet, d’une part, le fait de travailler permet aux actifs de se sentir utile dans la société et dans la création de croissance. On dit alors qu’ils ont une « utilité sociale « (document 2). Une profession procure aussi un statut social. C’est aussi un lieu d’apprentissage de normes et de valeurs, d’engagement et de sociabilité. Toutes ces composantes sont fondamentales à une personne afin qu’elle trouve sa place dans sa société.

De plus, la perception un revenu offre aux travailleurs un pouvoir d’achat. Ils deviennent alors consommateurs et s’intègrent à la société de consommation. Il existe donc un lien économique entre eux, ils répondent à une norme de consommation.

D’autre part, le fait de toucher un salaire implique le versement d’un certain nombre de cotisations sociales, pour le paiement des retraites par exemple, qui mettent en place dans la société des liens de solidarité, par exemple entre les générations.

Enfin, le travail permet, au sein même des catégories professionnelles et des corps de métiers, de créer une cohésion autour d’intérêts communs entre les actifs (document 3). Par exemple, les grèves sont représentatives de tels liens de solidarité (grève des employés de Total contre la fermeture d’une des raffineries de pétrole en mars 2010).

Ainsi, la pratique d’une profession est à l’origine de liens tant sociaux, de solidarité, ou encore économiques.

 

    II- Mais la précarisation croissante du marché du travail fragilise ce rôle

 

   Le travail est donc indéniablement à l’origine d’une intégration sociale sous différentes formes. Cependant, la configuration actuelle du marché du travail, très affecté par la crise économique et par la précarisation, c’est-à-dire que les emplois et les revenus sont de moins en moins stables, fragilise ce rôle intégrateur. De nouvelles instances d’intégrations prennent alors de plus en plus de place.

 

   A) Précarisation et flexibilité croissante du marché du travail fragilisent le lien social

 

   On observe depuis une vingtaine d’années une hausse du chômage et une montée des processus de précarité de l’emploi. Les emplois précaires sont, pour la plupart, des contrats à durée déterminée, de l’intérim, des stages, des emplois à temps partiel subi et des contrats aidés (contrats emploi solidarité, contrats emploi jeunes). Ils permettent aux entreprises d’adapter leur volant de main d’œuvre au volume de la production. Ce principe est appelé la flexibilité. Tout se passe comme si les emplois précaires servaient d’amortisseurs de conjoncture. Leurs conditions de travail et leurs salaires sont moins confortables ceux des emplois dits stables. Cette configuration crée donc une scission parmi les travailleurs du fait notamment de ces inégalités de revenus et de reconnaissance sociale. Les documents 6 et 7 mettent par exemple en avant le fait que les individus sont répartis dans les quartiers urbains en fonction de leurs revenus. Ils soulignent également l’importance du déterminisme social dans l’acquisition d’un emploi et surtout dans le choix de l’orientation, ce qui montre l’existence d’une certaine forme de division en classes pouvant être amenées à être en conflit dans la société.

On assiste aussi à une fragilisation du rapport employé/employeur. Le sociologue français Robert Castel nomme ce phénomène l’effritement du rapport salarial.

Tout ceci conduit à l’émergence de travailleurs pauvres souvent victimes d’exclusion. La configuration actuelle du marché du travail conduit donc à une moindre importance de la conscience collective, c’est-à-dire des valeurs communes au sein d’un même groupe. Le travail n’occupe donc plus dans les sociétés post industrielles le même rôle intégrateur que dans les sociétés industrielles. Cependant, d’autres institutions ont tendance à émerger et à jouer de plus en plus ce rôle.

 

   B) Le lien social évolue par rapport à cette mutation du rapport au travail

 

   En effet, il existe d’autres instances d’intégration. La famille et l’Eglise revendiquent leur action socialisatrice.

Dans la famille, l’enfant fait l’expérience des rythmes sociaux et des premières règles sociales indispensables à l’intégration sociale. Il prend conscience des rôles propres à son statut et s’efforce de les remplir. Il reçoit aussi ses premiers attributs identitaires et se les approprie. Le rôle joué par les Eglises dans le processus de socialisation s’est réduit au cours du siècle passé en raison de la laïcisation de la société. Elles perdent donc leur capacité à imposer des règles de vie, mais continuent à inspirer les pratiques privées d’une large partie des ménages.

De plus, les associations sont présentes tout au long de la vie des individus. Les enfants fréquentent des crèches, des clubs de sport ou des conservatoires de musique. Les adultes peuvent adhérer à des syndicats ou des partis politiques. Les retraités trouvent parfois dans les associations l’occasion de mettre leurs compétences à la disposition des autres. Le document 1 indique que 45% des individus adhéraient à au moins une association en 2002.

Enfin, Les médias aussi socialisent leurs spectateurs ou auditeurs en proposant des modèles de comportement qui sont la concrétisation de valeurs et de normes.

Il existe ainsi de nombreux facteurs d’intégration situés sur le parcours de chaque individu. Tous ne conviennent pas à tout le monde mais la diversité qu’ils représentent permet à chacun de faire des choix et de s’épanouir tant en tant qu’individu qu’en tant que membre d’une société.

 

Conclusion :

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