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« [L'écrivain engagé] sait qu'il est l'homme qui nomme ce qui n'a pas encore été nommé ou ce qui n'ose dire son nom, il sait qu'il fait « surgir » le mot d'amour et de haine, et avec eux l'amour et la haine entre les hommes qui n'avaient pas décidé de leurs sentiments. » Jean Paul Sartre.

Publié le 26/09/2010

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Les poètes ont toujours cherché l'origine de leur art. En particulier, ils se sont demandé quelle était la source de leur inspiration, ce qu'ils ont appelé leur muse. Il s'agit pour eux de déterminer le rôle de l'artiste, son utilité sociale: être le guide inspiré découvrant les liens invisibles entre le moi et l'univers. Les écrivains, eux, sont des hommes qui participent étroitement aux affaires de leur temps et qui de fait mettent et ont mis leur art au service d'une cause politique ou d'un courant de pensées, on parlera ici de  littérature engagée. En effet plusieurs hommes de lettres, comme Sartre, ont joué un rôle politique à leur époque. Sartre dit que l'écrivain fait  « surgir ce qui n'a pas encore été nommé «. Est-ce que l'acte d'écrire devient un acte d'engagement ? Dans une écriture engagée, quelles relations entre le lecteur et l'écrivain ? Quelle distinction entre le prosateur et le poète ? Nous nous attarderons dans un premier temps sur le cas de l'écrivain engagé et dans un second lieu sur le poète et sa relation au monde.    "La littérature, la prose avant tout, est un élément de combat pour un homme qui a choisi d'écrire". Sartre pense qu'un écrivain est avant tout un homme qui se sert de l'écriture comme d'un mode d'action, un mode d'action contre la condition humaine. Puisque, contrairement au peintre et au musicien, il a le pouvoir de guider son lecteur, il a le devoir de le faire. Il doit se battre avec le monde et la réalité qui s'impose à lui ; il est chargé de témoigner sur son temps, d'historialiser son écriture, de transformer ses exigences de forme et de style en revendications matérielles et datées. L'engagement apparait presque comme une obligation, on ne peut pas, pour Sartre, ne pas être engagé, et c'est particulièrement le cas pour l'écrivain, qui, parce qu'il a le pouvoir de dévoiler le monde, doit s'y engager.  « L'écrivain « engagé « sait que le parole est action : il sait que dévoiler c'est changer et qu'on ne peut dévoiler qu'en projetant de changer «. Selon Sartre la littérature est avant tout un moyen de communication. Que doit-on communiquer ? Qu'est-ce que l'écrivain « engagé « doit communiquer à son lecteur ? Il doit « révéler « le monde de façon à ce que personne ne puisse s'en moquer, puisque toute chose sera nommée on ne pourra pas rester neutre, indifférent. C'est cela la littérature engagée, nommer ce qui ne l'est pas encore pour l'exposer au monde, et de cette façon le public est en lien direct avec celui-ci et ne peux pas s'en déjouer. La littérature doit se montrer comme opération révélatrice de ce qu'est la société, la montrer à elle-même, la faire (se) réfléchir. La littérature devient alors une lutte pour atteindre connaissance et liberté. « Ainsi le prosateur est un homme qui a choisi un certain mode d'action secondaire qu'on pourrait nommer l'action par dévoilement. «  De ce « dévoilement « pour atteindre la liberté va naitre un lien entre le lecteur et l'écrivain. En effet pour que celui-ci ait lieu il faut qu'il soit lu; l'activité du lecteur est donc créatrice. C'est le lecteur qui crée et dévoile l'œuvre. Ecrire un livre, c'est écrire une lecture, une création dirigée qui emprunte les chemins de la subjectivité du lecteur pour être achevée.  C'est un appel rendant le dévoilement objectif, un appel à la liberté du lecteur. Le livre n'est pas un moyen pour cela mais « se propose comme une fin à la liberté du créateur «.    Bien qu'elle aussi nous aide à élucider le monde, la poésie, elle, est « hors du langage « : « L'homme qui parle est au-delà des mots, près de l'objet; le poète est en deçà. «. Même si on peut penser que, tout comme la prose, elle puise son origine dans la passion, la colère ou même l'indignation sociale, elle est simplement l'art d'exprimer les émotions et les sentiments, les rêves, les pensées... tout ce qui inspire l'homme en général.  Le poète semble doté de pouvoirs, il est capable de percer le secret des choses, de déchiffrer la réalité du monde et de l'exprimer sous une forme inattendue. Il sait, par sa musique et par la force incantatoire de ses mélodies, enchanter la nature, il sait révéler ce que nous ne voyons plus. La poésie cherche à agir sur le monde, elle est remplie d'allusions, si on peut dire, qui nous ouvre les yeux sur la beauté du monde, sur nous-mêmes. Le poème Le pont Mirabeau, de Guillaume Apollinaire par exemple symbolise la brièveté des relations amoureuses par apport au temps qui passe, que l'auteur représente grâce à la métaphore de l'eau qui coule. Ici, assembler certains mots, que nous n'aurions pas eu l'idée de dire, peut aller jusqu'à éveiller en nous des sentiments forts dans nos cœurs, nous ramener en arrière peut-être.  Mais on peut évoquer le cas particulier du spleen de paris, de Baudelaire, et noter que, même si, comme son nom l'indique (Petits poèmes en prose), il s'agit d'une forme prosaïque, nous sommes quand même face à de la poésie. Baudelaire y évoque le « miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience «. C'est dans cette lignée que s'inscrit par exemple Le Mauvais Vitrier, dont le texte assez bref, décomposé en paragraphes, propose une définition problématique de l'énergie, renouvelant le topo de la rêverie poétique.  On peut donc dire que les poètes sont des guides, des porte-parole qui savent donner forme aux pr ute;occupations, aux soucis et aux espoirs. Ils recherchent l'explication ultime du monde, dans un langage souvent obscur, par l'évasion ou encore l'insouciance. Et parfois eux-aussi arrivent à atteindre la liberté.    Les écrivains, notamment lorsque l'histoire se fait tragique, à l'heure des convulsions politiques, ont mis leur art au service de leur indignation ou de leur pitié. Mais le travail de base à exercer sur le langage est de nature synthétique: il faut élargir, approfondir, ouvrir les portes et laisser entrer les idées neuves, aller vers une littérature innovante. Et il ne faut pas confondre littérature et engagement, c'est d'ailleurs en ça que Sartre a subit de nombreuses critiques, la littérature reste un mode d'action face au monde. Mais aujourd'hui, ce qui complique tout est que nous vivons en un siècle de propagande.

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