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Lecture analytique

Publié le 23/06/2018

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LA Madame de Staël INTRODUCTION : Si la question du bonheur a été souvent traitée depuis l’Antiquité, elle semble se poser avec plus d’acuité lors de périodes historiques troublées. C’est ainsi qu’au lendemain de la Révolution française et des horreurs de la Terreur, Madame de Staël (1766-1817) publie De l’influence des passions sur le bonheur de l’individu et des nations, en 1796. Héritière des Lumières et représentante du Romantisme, Madame de Staël est surtout connue pour De l’Allemagne (1810), ouvrage qui popularise en France les romantiques allemands (les poètes Schiller, Goethe...) et pour ses romans Delphine (1802), Corinne ou l’Italie (1807). Elle reste une figure marquante de cette époque parce que c’est une intellectuelle qui s’est engagée politiquement (pour les idéaux de la Révolution, contre Napoléon, pour la cause des femmes, etc.). Notre texte est un extrait de l’introduction à son traité sur le bonheur (De l’influence des passions sur le bonheur de l’individu et des nations, 1796). Il s’agit d’un traité philosophique - qui relève donc de l’argumentation directe, dans lequel, pour mieux appuyer sa thèse sur le bonheur, elle réfute par avance les arguments de ses adversaires supposés. Nous verrons comment Madame de Staël, dans l’introduction de son essai sur le bonheur, défend son point de vue. PLAN POSSIBLE : Nous verrons comment l'auteure repousse les arguments de ses adversaires sur les passions, puis comment elle présente son projet de traité et sa conception du bonheur sans les passions. → au cours de l'exposé, il faudra montrer la rigueur du raisonnement et la variété des moyens employés par Mme de S. pour soutenir sa thèse (connecteurs logiques, exemple, hypothèses, concession, réfutation, questions rhétoriques, etc.). → à compléter avec le travail fait en cours, à adapter selon la question posée I] Concession et réfutations face aux « adversaires » a) concession l. 1-8 et objections réponse à une objection possible (« On m'objectera... » : ce pronom indéfini désigne ses adversaires, les moralistes, n'importe qui...)  : « en voulant dompter les passions », elle voudrait « étouffer le principe des plus belles actions des hommes... » → aspect positif des passions qu'on pourrait lui opposer, les passions permettraient « les découvertes sublimes », « les sentiments généreux » > elle admet (= concession ; = elle concède que...) « qu'il y a qqchose de grand dans la passion », que la passion conduit à utiliser sa « volonté » de façon « ferme et suivie », qu'elle est une « force », que l'homme passionné se sert de sa vie avec « plus d 'énergie » MAIS (l.7) la conséquence (marquée par « alors ») l'homme « use sa vie ». Cette concession permet en réalité à l'auteure de souligner les aspects négatifs de la passion : « pendant qu'elle dure » (l.5) → dimension éphémère de la passion (cf. la passion amoureuse par exemple). Elle est destructrice (sens du verbe USER), et plus forte que l'homme et le domine : « emporté par qqch de plus puissant que lui » → métaphore (passion = cataclysme) b) un exemple frappant : hypothèses et conclusions (persuader) l.8-17 les gladiateurs (peut-être, en plus de la référence explicite à l'Antiquité romaine, une référence implicite à la Terreur en France en 1793 ou des guerres (cf « théâtre du monde » l. 13)...) : aspect très violent de la passion (« s'entre-détruisent », « affreux combats », métaphore du feu : « enflammer » l. 12) et pitié pour les victimes (adj. « infortunés » l. 13) → question rhéthorique : « quel bien en résultera-t-il pour eux ? » >>> implicitement aucun, bien aucontraire c) réfutation de l'idée qu'il faut « diriger les passions » l. 7 et suivantes Présent de vérité générale : affirmation forte et définition de la passion : on ne peut pas diriger « ce qui n'existe qu'en dominant »(l. 18-19) + étymologie dominer vient du latin dominus, le maître... ce qui explique la suite : deux alternatives marquées par deux « ou » (l. 19-20), petite concession pour la première alternative = soit l'homme « n'a point de passion » (voir aussi l. 10 « les hommes sans passions », l. 30 « si l'on n'était pas né passionné »...), dès lors il reste le maître de sa vie et de son bonheur soit la passion « règne » (métaphore qui sera complétée l. 22-23), c'est une « puissance plus forte » que l'homme qui l'asservit (« il dépend entièrement d'elle », l. 21). Conclusion transition : en employant des moyens variés pour convaincre et persuader, l'auteure réfute de façon nuancée les arguments qu'on pourrait lui opposer. Selon elle, les passions sont négatives et nuisent au bonheur de l'homme. II] La thèse de l'auteure et son projet : les passions nuisent au bonheur individuel et collectif a) Nous avons vu que si Mme de Staël reconnaissait quelques aspects positifs aux passions (l. 1-6), elle en soulignait surtout les aspects négatifs. Dès le début du texte, elles sont présentées comme des forces sauvages qu'il faudrait « dompter » (l. 1). Elles sont présentées comme « plus puissant[es] que » l'homme (l. 7, l. 21...) et une question rhétorique montre que se livrer (ou être livré) aux passions (l. 14- 15) ne conduit pas au « bonheur général ». Pour elle, les passions sont « un mobile destructeur » (l. 17) et elle les compare à des « tyrans » (l.23) : soit elles dominent l'homme (elles sont « sur le trône », elles « règne[nt ]»), soit on les surmonte en les mettant « dans les fers » c'est-à-dire en les emprisonnant en nous. b) En effet, les passions sont difficiles à vaincre, selon Mme de Staël Pour l'homme soumis à la passion, l'homme qui « dépend entièrement d'elle » (l. 21), il faut fournir un « effort » (l. 30) pour la surmonter, voire des « sacrifices » (l. 29). Les passionnés ont dû combattre « pour (…) reprendre l'empire » (suite et fin de la métaphore filée), c'est-à-dire prendre le desssus sur la passion qui les dominait. Elle nuance en affirmant qu'elle n'a pas voulu « consacrer [son] ouvrage à la destruction de toutes les passions » : certaines, si elles restent modérées, sont positives (cf. paratexte), mais on comprend bien que les autres sont à éradiquer complètement. c) Son projet, le projet de son traité philosophique qui découle de sa thèse (selon laquelle les passions sont nuisibles au bonheur)  : aider les passionnés à « trouver un système de vie » (l. 25) qui leur permettent d'être heureux. Les hommes passionnés et donc les victimes de la passion (ceux « qui ont été malheureux » parce qu'ils sont nés « passionné[s] » (l. 30)), pourront espérer un « bonheur positif » (l. 26). On comprend que pour cela elle se propose de les aider à vaincre leurs passions, en se présentant indirectement comme une « moraliste » qui s'inquiète sur la « destinée de l'homme » (question rhétorique, l. 30 à la fin). Pour finir, elle admet toutefois qu'elle a « tâché d'offrir un système de vie qui ne fût pas sans quelques douceurs », c'est-à-dire qu'elle ne se propose pas d'être une moraliste trop rigoriste comme certains philosophes de l'Antiquité et qu'elle accorde à certaines passions des aspects positifs (si, encore une fois, elles restent modérées). CONCLUSION Selon la question, pensez à faire le bilan de votre développement et à employer les mots-clés : PASSION – BONHEUR – ARGUMENTATION DIRECTE – CONCESSION – REFUTATION – THESE, etc.

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