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Lecture analytique du prêche de Paneloux dans la peste

Publié le 08/06/2011

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LECTURE ANALYTIQUE DU PRECHE DE PANELOUX

 

I-  un discours oratoire habile

 

1 la structure

 

( une démonstration construite sur un jeu entre différents discours (d’une l’impression d’une vie presqu’orale au sermon) et qui utilise deux des cinq parties du discours canonique :

    • l’exorde (du début à «  le thème de son prêche entier »).L’exorde est ici violent « vous êtes dans le malheur, vous l’avez mérité » et l’oratoire utilise la deuxième personne du pluriel, s’excluant par là-même de l’ensemble des citoyens. D’emblée est énoncée brutalement une idée choquante : si la peste sévit, c’est que les Oranais le méritent !

    • La péroraison (de « On sentait que Paneloux avait fini » jusqu’à la fin du texte) qui montre le comportement des auditeurs  et qui est écrite au discours indirect, direct libre et narrativisé.

    • Entre les deux se trouvent des arguments ou des exemples basés sur des références issues des saintes écritures : la peste frappe les ennemis de Dieu, elle sépare les bons des méchants, Dieu a détourné son regard de la ville parce que ses habitants se sont détournés de Dieu. Le but du prêche est de faire revenir les hommes dans la vérité et l’espoir : « Dieu fera le reste ». Les exemples sont donc empruntés à la Bible ou à l’histoire chrétienne, ils font autorité et se posent en tant qu’arguments.

( un orateur averti : Paneloux joue sur la polysémie des mots et ré exploite notamment le sens premier du mot « fléau » tout en conservant le sens métaphorique aussi ( renforce l’idée de calamité qui s’abat. En outre, il personnifie le mal avec Lucifer de même que la peste qui réalise des actions humaines. « A l’instant encore, la peste entre chez vous, s’assied dans votre chambre et attend votre retour…. »

 

2 les procédés de la persuasion

 

- adresses directes « Mes frères… » + « Vous »

- injonctions multiples « Méditez cela et tombez à genoux » « …le moment de réfléchir est venu »

- dévalorisation du destinataire: « vous l’avez mérité » « les orgueilleux, les aveugles »…

-  parallélismes et oppositions mettant en valeur un monde manichéen ( moyen pour capter l’auditoire qui se sent concerné.

- modalité exclamative suggérant des émotions diverses et touchant l’auditoire

- thématiques symbolistes (la punition de Dieu suite aux faute commises) qui frappe l’esprit

 

      II-  Un discours théâtralisé

 

1 un acteur / des spectateurs

 

( l’orateur :

    • est une silhouette qui « se redresse, respire profondément » et qui a des « bras courts » dont les caractéristiques dominantes restent néanmoins la puissance et la force (il est en chaire également donc dans une position supérieure) ( c’est manifestement un homme passionné.

    • Met en scène physiquement son discours par une voix forte, une attitude droite (il se redresse), par une variation de tonalité (il parle haut puis plus bas), sa gestuelle (il tend les bras) ( ascendance sur l’auditoire

( l’auditoire :

    • Des gens qui viennent à l’Eglise comme on va au spectacle ( l’auditoire réagit avec l’instinct grégaire au prêche de Paneloux (silence, obéissance ou mimétisme) ( peu de réflexion critique face au discours de la passion (et non pas de la raison)

    • Des gens impressionnables et impressionnés tant par les paroles que par le contexte du sermon

 

2 Une atmosphère

 

   ( La pluie renforce l’efficacité du sermon, « le crépitement de l’averse sur les vitraux » provoquant l’agenouillement des Oranais. Elle accompagne et scande les idées importantes du discours : « Paneloux tendit ici ses deux bras courts dans la direction du parvis, comme s’il montrait quelque chose derrière le rideau mouvant de la pluie » ( météo interprétée comme une manifestation quasi-divine (le vent fait « se courber les flammes des cierges » comme si les seules lueurs d’espoir étaient menacées. La pluie est aussi la fin du sermon, les deux ont déversé des torrents de menaces et s’apaisent simultanément.

   ( un réalisme apparent qui se teinte de symboliques profondes : le temps qu’il fait accompagne le sermon et en renforce le sens et le caractère impressionnant

 

   *** Le sermon est un discours efficace grâce à la rhétorique mise en place et à l’aide qu’apportent le vent et la pluie. Les Oranais ressortent avec matière à réflexion tout comme nous :

         - Une image de l’institution dont le discours est violent mais n’aide pas les hommes

         - Une dénonciation de l’attitude des hommes face aux dogmes, leur non-réaction

( un texte à la fois narratif, utile au reste de l’histoire et argumentatif = apologue

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