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L'Enfer, Clément Marot

Publié le 12/09/2006

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marot

 

Genre : poésie Mouvement : XVI siècle Registre : didactique, politique, polémique Discours : argumentatif, cynique, ironique, métaphorique Thème : la justice Introduction Clément Marot est un poète du XVI siècle, il est à l’origine d’un renouvellement des formes poétiques qui s’écartent de l’éloquence au profit de la sincérité et de la justesse. Nous lui devons les 1ères poésies engagées. Dans l’Enfer écrit en 1526, il dénonce la justice de son temps. Il était alors emprisonné au Chatelet, pour n’avoir pas respecté le jeune du carême, attitude alors jugée comme hérétique. Ce récit allégorique ou Marot empreinte à la mythologie le nom de la prison « l’Hadès « (séjour des morts), le nom des juges Miros et Rhadamanthe), le nom de son gardien (Cerberus, l’horrible chien à 3 têtes qui garde les enfers). Au début du texte, Cerberus décrit à son nouveau prisonnier l’univers de la prison. Dans cet extrait, nous pouvons nous demander comment le langage poétique se met au service de l’argumentation. I) Le langage poétique et sa force argumentative II) Une critique des mœurs judiciaires I) Le langage poétique et se force argumentative Poème à rimes suivies et plates avec une alternance de rimes féminines (« e « muet) et masculine. 1) Un langage poétique polémique • Poème fait de décasyllabes avec deux accents forts, à la 4ème en 10ème syllabe, donnant une impression de martellement, le ton est d’emblée incisif. • Figure d’insistance : la reprise anaphorique « là « représente l’enfer, la prison mais aussi une justice inéquitable • Enjambement du vers 4 donne effet de continuité et amplifie le mouvement : la lenteur de la justice est dénoncée • Enjambement également au vers 9, 10 où il n’y a pas de reprise anaphorique. Amplifie l’effet de spectacle. Le v.10 : allitération en m « mauvaiseté de ce monde maudit «, effet de sonorité insiste sur ce spectacle mettant en scène les hommes de loi et leurs HYPOCRISIE • Rimes internes dans les vers 7 et 8, donne un effet de jeu de mots et dénonce ainsi le cynisme des hommes de loi concernant l’argent et la justice. La satire est ici généralisée au fonctionnement même de la justice. • Tout au long du texte on note une provocation réciproque du son et du sens des mots mettant en évidence l’aspect POLEMIQUE 2) Un langage poétique antithétique • Les figures d’opposition jalonnent le texte mettant en relief la critique et la satire • Chiasme vers 1 et 2 « grand et petit «. reprise inversée dans le vers 2 insiste sur l’aspect injuste, la domination des grands suer les petits, l’absence d’équité • Vers 3 et 4, antithèse entre les termes prolonger et abréger, permet de dénoncer les procès interminables • Suivi vers 4 d’une formule oxymorique « argent pauvreté « : paradoxe qui traduit avec force le côté injuste où petits et pauvres n’ont aucune chance dans ce système judiciaire II) Une critique des mœurs judiciaires 1) Une justice de classe • Mise en opposition dès les 1er vers, de la corruption de la justice : pauvres et petits n’ont aucune chance d’avoir raison. • Dès ces 1ers vers, les valeurs, fondamentales de la justice c'est-à-dire l’EQUITE sont pervertis 2) Une justice ou l’argent règne en maître • Justice corrompue qui donne raison à ceux qui peuvent payer • Justice conduisant à la ruine « détruit mainte bonnes maisons «, « les causes s’entrevendent «, les procès sont jugés comme de bonnes affaires. Absence totale de sentiments d’empathie pour les victimes, le langage est cynique. • L’intérêt des hommes de loi ne réside pas dans la paix mais au contraire, ils ont intérêt à la discorde du mal car pour eux c’est source de profit (v 15 et 16). Paradoxe par rapport aux valeurs fondamentales de la justice. • Métaphore : les avocats sont appelées les mordants, leur profession est critiquée tout au long du texte mais aussi leur corruption, leurs mauvaises intentions (intérêt pour eux que les hommes ce fassent du mal) • Champ lexical du mal (maudit, mauvaiseté, mauvais, détruisent, nuisent), de l’argent (argent, bonne maison, profit), de la chicane (discord, discordant, méfasse) Conclusion Au travers de ce texte, Clément Marot dresse un portrait cynique de la justice, il met en évidence dans son poème son immoralité, absolue, son fonctionnement contraire aux valeurs fondamentales qu’elle devait représenter. L’absence totale de sentiments humains, le ton incisif et les deux derniers vers semblant conclure qu’elle ne vit et ne s’enrichit que par le mal, laisse une impression de noirceur qui peut être aussi un aspect de la nature humaine. Ouverture : Encore d’actualité ?

 

 

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