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les 2 coqs - Fables de la Fontaine

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

fontaine

LE TEXTE :

Les deux Coqs

Deux Coqs vivaient en paix : une Poule survint, Et voilà la guerre allumée. Amour, tu perdis Troie ; et c'est de toi que vint Cette querelle envenimée, Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint. Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint : Le bruit s'en répandit par tout le voisinage. La gent qui porte crête au spectacle accourut. Plus d'une Hélène au beau plumage Fut le prix du vainqueur ; le vaincu disparut. Il alla se cacher au fond de sa retraite, Pleura sa gloire et ses amours, Ses amours qu'un rival tout fier de sa défaite Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours Cet objet rallumer sa haine et son courage. Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs, Et s'exerçant contre les vents S'armait d'une jalouse rage. Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits S'alla percher, et chanter sa victoire. Un Vautour entendit sa voix : Adieu les amours et la gloire. Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour. Enfin par un fatal retour Son rival autour de la Poule S'en revint faire le coquet : Je laisse à penser quel caquet, Car il eut des femmes en foule. La Fortune se plaît à faire de ces coups ; Tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du sort, et prenons garde à nous Après le gain d'une bataille.

La Fontaine, Les fables, livre VII.

Commentaire composé :

Introduction :

La fable « Les deux Coqs » est extraite du livre VII des Fables de La Fontaine, recueil publié entre 1668 et 1693. Elle met en scène deux coqs qui se livrent combat pour une poule. Le vainqueur crie sa victoire sur tous les toits et se fait attraper par un vautour. Le vaincu revient finalement près de la poule et gagne l’admiration de toutes les autres poules. Cette fable assez courte livre une morale à travers un combat de gallinacés : chanter victoire peut s’avérer dangereux, et mieux vaut parfois rester discret. Cette fable, mettant en scène des animaux sur un mode burlesque pour délivrer une morale plus profonde, n’a en cela rien de particulier par rapport aux autres fables, plus connues, de la Fontaine. L’originalité de cette fable tient dans le travail sur l’intertexte nettement plus développé et affiché que dans les autres fables du recueil. Si La Fontaine a pu dire « Mon imitation n’est point un esclavage », il n’en reste pas moins que le fabuliste du XVII°s reste souvent très proche d’Esope, fabuliste grec. C’est d’ailleurs à partir des fables de ce dernier que La Fontaine a rédigé les siennes. Il conviendra donc de voir en quoi celui-ci parvient à créer une nouvelle œuvre littéraire à partir de l’apologue grec souvent bref et sentencieux.

 

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