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Les Animaux Malades De La Peste

Publié le 10/10/2010

Extrait du document

 

Les Animaux Malades de la Peste (1678)

 

FICHE BAC / COMMENTAIRE COMPOSE

 

Objet d’étude : L’apologue, le roman, l’honnête homme

 

Auteur : Jean de La Fontaine

 

Extrait de :  Fables, Jean de La Fontaine

 

Catégorie : Fable/Apologue

 

Courant littéraire : Le Classicisme

 

Situation : Première fable du second receuil Livre VII.

 

Les Animaux malades de la peste

 

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)

Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :

On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie ;

Nul mets n'excitait leur envie ;

Ni Loups ni Renards n'épiaient

La douce et l'innocente proie.

Les Tourterelles se fuyaient :

Plus d'amour, partant plus de joie.

Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune ;

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux,

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements :

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L'état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :

Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Le Berger.

Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense

Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter selon toute justice

Que le plus coupable périsse.

- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;

Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,

Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur

En les croquant beaucoup d'honneur.

Et quant au Berger l'on peut dire

Qu'il était digne de tous maux,

Etant de ces gens-là qui sur les animaux

Se font un chimérique empire.

Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.

On n'osa trop approfondir

Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,

Les moins pardonnables offenses.

Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance

Qu'en un pré de Moines passant,

La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense

Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue

Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !

Rien que la mort n'était capable

D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

 

PLAN DETAILLE : 

 

I) Des personnages types                   II) Progression de l’action                    III) Un enseignement pessimiste

 

   1)Le lion                                                  1) Le prologue                              1) Une justice contestable

           2)Le renard                                2) Intervention des animaux          2) Mise en cause des relations humaines

           3)L’âne                                            3)La confession de l’âne            3) La fuite face aux responsabilités

           4)Le loup                                         4) Le jugement inique

           5)La communauté des animaux      5) La morale

 

BIOGRAPHIE

 

Jean de la Fontaine (1621-1695)

 

Né à la campagne, il restera toujours attaché à ce milieu rural, il est d’abord avocat puis se consacre à la litérature. Fouquet, surintendant des finances est son protecteur mais il sera emprisonné. Il devient célèbre grâce à la publication des Contes. La Fontaine vécut une vie de liberton lorqu’il était jeune mais revient plus tard a la religion.

 

I ) Des personnages types

 

1) Le lion 

 

Il apparaît puissant, brave, faisant régner la justice mais aussi malin et hypocrite. Il impose ses décisions, il décrète : « Je crois que le ciel a permis. Alternance entre alexandrins, octosyllabe et décasyllabe entre les vers 16-18. Il s’agit d’affirmer : c’est un modèle d’hypocrisie. Il se réfugie derrière la sagesse, il profite de sa situation «  Le lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis. Un roi n’a que des sujets. Il fait semblant de se dévouer «  je me dévouerais donc, s’il le faut ; mais « avec une marque de restriction « s’il le faut « et d’opposition « mais . Le ton est hypocrite. Mise en avant de « Le berger « pour mettre en avant le crime.

 

2) Le renard

 

Grande habileté : il se disculpe en flattant le roi. Atténuation des crimes du Lion « dévorer «  « croquer « . Il veut passer ses pêchés sous silence. Explication de « empire chimérique « : le berger croit avoir un pouvoir sur les animaux alors qu’il n’en a pas.

 

3) L’âne

 

Il est honnête, naïf. Il confesse sa faute Ironie de la Fontaine lorsqu’il insiste sur le fait que l’âne cherche sa faute. Il ridiculise l’âne aux yeux des « puissants « en utilisant des assonances en –i et en –an : « dit « « souvenance « « Qu’en « « passant « « occasion « 

 

4) Le loup

 

Il condamne l’âne par son discours particulièrement violent (ponctuation expressive) « Manger l’harbe d’autrui ! Quel crime abominable ! « Il y aune opposition entre forfait/crime abominable. La Fontaine utlise un vocabulaire violent « cas pendable « « abominable « « pelé « « galeux « « la mort «. Le loup est un sophiste ( = il arrive à convaincre par des aeguments faussés ). On relève du discours indirect libre, le loup appraît ici comme cruel.

 

5) La communauté des animaux

 

Ils sont regroupés par le terme « autres puissances «. Ils sont querelleurs et suivent la parole du renard : ils l’applaudissent hypocritement 

 

II ) La progression de l’action

 

On peut dire que la mise en scène est théâtrale par la rigueur avec laquelle La Fontaine mène l’action : il y a d’abord un prologue

 

1) Le prologue (début => vers 14)

 

Tout d’abord il y a l’énonciation des ravages de la peste. Alitération en « r « dans les deux premiers vers qui évoque la punition divine. Mise en valeur du mot « peste « par le rejet. Hyperbole avec «  capable d’enrichir en un jour l’Achéron « l’Achéron était un des fleuves des enfers, référence à Œdipe Roi de Sophocle.

L’auteur parle ensuite des conséquences : tout est négatif « ne… pas « ; « Ni…ni «. Chiasme «  ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés « l’interêt de ce chiasme est qu’il insiste sur le terme « tous «. Le monde paraît sans vie : plus d’amour (hirondelles) + emploi de l’imparfait.

 

2) Intervention des animaux

 

_ 19 vers pour le lion

_ 09 vers pour le renard

Il y a une inégalité.

 

3) La confession de l’âne ( vers 49 => vers 54 )

 

C’est le « deuxième acte « de la fable : renversement de l’action. Les deux confessions sont opposées. Réaction unanime et immédiate de la foule. « à ces mots «. L’âne révèle sa naïveté, son honnêteté. Il essaye de dire vrai.

 

4) Le jugement inique

 

D’un côté il y a l’âne et de l’autre tous les animaux dangereux. Répetions des voyelles brèves « i « « a « « o « au vers 55. Elles renvoient aux déchaînements de la foule. «  A ces mots on cria haro sur le baudet « Yatus avec le son [a]. l’action se précipite et le loup commence son réquisitoire en utilisant des arguments ad hominem ( = sur son physique) « pelé « « galeux «

 

5) La morale

 

Elle tient en 2 vers mais est accentué par un parralélisme : puissant/misérable et blanc/noir. La morale est abrupte, elle termine l’ensemble. Il s’agit donc d’un apologue.

 

III) Un enseignement pessimiste

 

1) une justice contestable

 

C’est la justice du plus fort, celle du roi. Référence à la fable du « loup et de l’agneau « : « la raison du plus fort est toujours la meilleure «. C’est la justice du plus fort au dépen du plus faible. Seuls les faibles peuvent être coupables (ici l’âne)

 

2) Mise en cause des relations humaines

 

L’homme cherche avant tout dans l’adversité à rejetter la faute sur une autre puissance. Marque d’ironie de La Fontaine : « Peut-être « « peuvent-être «

 

3) La fuite face aux responsabilités

 

Elle se marque lorsque les animaux cherchent un coupable, un bouc émissaire. La Fontaine dénonce la muvaise conscience de l’Homme, et qui par lâcheté se décharge de ses responsabilités en cherchant un bouc émissaire (ici l’âne).

 

Conclusion

 

La Fontaine dépeint une description du comportement humain en analysant l’Homme comme un psychologue et un sociologue moderne particulièrement pessimiste. Le 17ème siècle est le siècle où les moralistes étudient l’âme humaine.

 

Astuces et conseils pour l’épreuve orale du baccalauréat

 

_ Si l’on vous demande durant l’entretien une autre fable de La Fontaine, se rapprochant par la morale des Animaux malades de la peste, citez par exemple : le loup et l’agneau « la raison du plus fort est toujours la meilleure «.

 

_On pourrait également vous demander la différence entre morale et moralité : la morale étant les quelques vers terminant la fable et la moralité l’idée que l’auteur veut faire passer.

 

_ Pour justifier le choix de La Fontaine d’écrire une fable, un apologue, vous pouvez citer la phrase prononcer par La Fontaine lui-même : 

 

«  L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable ; l’âme, la moralité «

 

Sources : 

 

_ Cours de Français 1ère L

 

_ Laguarde & Michard

 

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