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Les animaux malades de la peste

Publié le 15/01/2011

Extrait du document

Les animaux malades de la peste

 

Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie. Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux, Peut-être il obtiendra la guérison commune. L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents On fait de pareils dévouements : Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence L'état de notre conscience. Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons J'ai dévoré force moutons. Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense : Même il m'est arrivé quelquefois de manger Le Berger.

Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable périsse. - Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse ; Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur En les croquant beaucoup d'honneur. Et quant au Berger l'on peut dire Qu'il était digne de tous maux, Etant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire. Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir. On n'osa trop approfondir Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances, Les moins pardonnables offenses. Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints. L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance Qu'en un pré de Moines passant, La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu'il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! Rien que la mort n'était capable D'expier son forfait : on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

 

 

 

I Analyser la versification de cet apologue

 

On relève des octosyllabe pour les vers les plus courts et des alexandrins pour les plus long. La Fontaine emploie particulièrement des césures.  On remarque au milieu de ce poème un vers très court «  le berger » l.29 c’est un trisyllabe. Les « longueurs » des vers sont donc irrégulières.

Les rimes sont diverses mais on repère surtout des rimes embrassés (ad bc) .

On peut limiter seulement 3 voir 4 strophes l1 à l14(un quatorzain), l15 à l.29(quatorzain) ,l.29 à 62 (33vers)et l.63 à 64 (distique).

Les rimes sont plutôt suffisantes voir pauvres et sont masculines.

A la ligne 29 on observe un enjambement à la fin du vers 29 le mot « berger » est rejeté de même qu’avec le mot peste .

Le rythme est plutôt accéléré.

L’auteur utilise plusieurs allitérations dont une en « r » dans le champ lexical de la dramatisation : «répand »-« terreur » « guerre ».

Dans les premiers vers le mot mal est répété , il s’agit d’une anaphore , accentuant la dramatisation.

On relève une analogie durant toute l’œuvre et un chiasme ligne 7.

 

 

 

II Lecture – Compréhension

 

Vocabulaire :

D’après le Petit Robert (version électronique 2001)

 

Dévouer : Se dévouer à (vieilli) : se consacrer entièrement à.  Se dévouer corps et âme à une noble cause. Les femmes « se dévouent à des êtres souffrants, dégradés, criminels, qu'elles veulent consoler, relever, racheter » (Balzac). — Mod. Absolt Faire une chose pénible (effort, privation) au profit d'une personne, d'une cause.  se sacrifier. Il est toujours prêt à se dévouer. Elle s'est dévouée pour le soigner. Fam. Personne ne veut aller chercher le pain ? Allons, dévoue-toi !

 

Achéron : Terme de mythologie. Fleuve des enfers. Les poètes le prennent pour l'enfer ou pour la mort. Un mal qui répand la terreur.... La peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom, Capable d'enrichir en un jour l'Achéron. [La Fontaine, Fables]

 

Couroux :  Littér. Irritation véhémente contre un offenseur.   colère, emportement, fureur. S'abandonner au courroux. « Le sort, les démons, et le Ciel en courroux » (Molière). — Fig. et poét. « Comme Neptune de son trident apaise les flots en courroux » (Fénelon). 

 

Harot : Cri d'appel à l'aide, poussé par la victime d'un flagrant délit, rendant obligatoire l'intervention des auditeurs

 

Harangue : 1 Discours solennel prononcé devant une assemblée, un haut personnage. Harangue violente.  catilinaire, philippique. Faire, prononcer une harangue. La tribune aux harangues d'Athènes.  

2 Discours pompeux et ennuyeux; remontrance interminable ( sermon).

 

Peccadille : Faute sans gravité. Emprisonné pour une peccadille. « Sa peccadille fut jugée un cas pendable » (La Fontaine). « La peccadille du soldat est un crime chez le général, et réciproquement » (Balzac).

 

 

 

III Découpage en parties + titres

 

I Récit mythologique (vers 1 à 14) , un tableau terrifiant.

II (Vers 15 à 33), la parole du lion.

III(Vers 34 à 48), la parole du renard

IV (Vers 49 à 60), l’innocence de l’âne

V L’épilogue moral( Résumé à la fin d'un discours, d'un poème)

 

IV Pscychologie des personnages

 

Le lion : aissance à la parole. On peut reconnaitre dans ce personnage la personnalité du roi. Comme l’auteur nous l’indique le lion est au centre vers 15 : « le lion tint conseil  Il occupe la plus grande partie du dialogue (19 vers) et c’est lui qui comme à prendre la parole.»

L’âne : honnête

Le renard : langage flatteur envers le roi

 

V Plan du commentaire

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