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LES BUTS DE L'ECRIVAIN

Publié le 27/02/2008

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Il y a plusieurs siècles, les gens n’étaient pas aussi cultivés qu’aujourd’hui : l’éducation était parfois inexistante et réservée aux plus riches. Afin de faire comprendre au lecteur ses pensées et ses jugements critiques, l’écrivain devait donc utiliser des subterfuges pour que le lecteur intègre son opinion. Il utilisait donc la fiction et le merveilleux afin d’interpeller le lecteur sur des faits plus concrets et plus contemporains. Mais était-ce le seul motif de l’écrivain pour utiliser le conte ou la fable dans un but ludique ? Quels sont réellement les avantages de ces genres ? Et quels sont leurs inconvénients ?

 

I les Avantages.

L’auteur d’un conte d’une fable ou d’un apologue a plusieurs buts : intéresser son lecteur, le faire réfléchir et lui donner un regard critique sur la société dans laquelle il vit.

Comme le disait Voltaire « tous les genres sont bons sauf les genres ennuyeux ». En effet, le lecteur préfère lire un texte intéressant, qui relate les aventures et péripéties d’une personnage. Dans la plupart de ses contes philosophiques, comme Zadig, Candide ou l’ingénu, Voltaire raconte l’histoire d’un jeune homme sur qui le sort s’acharne et dont la vie est bouleversée par une suite de malheurs. Dans Candide, le héros est convaincu que « tout est au mieux dans le meilleur des mondes » et pourtant les catastrophes s’enchaînent : la mort de ses amis, l’exil, la guerre et même des catastrophes naturelles(tempête, tremblement de terre). Et c’est à travers ces péripéties que Voltaire sensibilise son lecteur et lui donne envie de continuer sa lecture. Les fables de La Fontaine, dont les personnages sont caricaturés par des animaux, empruntent au merveilleux et divertissent le lecteur. Souvent, par exemples dans la fable, Les Animaux Malades De La Peste, le lion symbolise le roi. La Fontaine utilise donc la personnification. De plus le rythme de la fable apporté grâce aux rimes rend le texte encore plus plaisant à lire.

L’apologue ou la fable ont pour but, de démontrer une idée au lecteur mais sans que le texte ne soit compliqué et puisse toucher un grand nombre de lecteurs qui ne sont pas a priori enthousiasmé par la philosophie. Dans Zadig, Voltaire montre qu’on apprend plus en réfléchissant par soi même qu’en posant des questions : notamment dans le chapitre ou Zadig décrit un cheval qu’il n’a même pas vu simplement en analysant les éléments qui l’entourent. Chaque fable comprend une morale qui donne une leçon sur la vie au lecteur. Ainsi la fable de la fontaine, « le corbeau et le renard » qui semble très populaire, que l’on fait lire et apprendre aux enfants à l’école, a un fond ludique et livre un enseignement au lecteur : pour cette fable, la « leçon » est qu’il ne fait pas être trop fier de soi et faire attention au flatteurs.

Mais le plus grand rôle de la littérature à idée, est de faire la critique de la société à une époque où la monarchie est de plus en plus contestée par le peuple. La voie de la fiction et du merveilleux permet à un auteur de se protéger contre la censure mais de tout de même communiquer son point de vue au lecteur. Dans Les Obsèques de la lionne, le roi symbolisé par le lion est peint par La Fontaine comme un être orgueilleux et naïf alors que la cour est les nobles sont décrits comme des êtres hypocrites et qui se plient aux exigences du roi. La caricature des personnes par des animaux assure à La Fontaine une sécurité contre la censure et les poursuites. Mais le lecteur peut facilement voir la relation entre ces personnages de fictions et des personnes réelles. Voltaire quant à lui préfère, pour se protéger soit dépeindre une civilisation lointaine dans le temps ou l’espace, soit décrire la société actuelle par un regard extérieur. C’est le cas dans l’ingénu : le héros, un huron arrive d’Amérique du Nord, sans préjugés et s’étonne des mœurs occidentaux. Dans les Lettres Persanes, Montesquieu utilise ce même principe et relate la correspondance d’un persan installé à Paris qui décrit les mœurs parisiennes.

La fiction et le merveilleux permettent donc à l’auteur d’exprimer sa pensée tout en plaisant au lecteur et en se protégeant de la censure. Mais par cet éloignement de la réalité l’auteur ne se limite t-il pas ?

 

 

On peut se demander si la fiction et le merveilleux dans la littérature d’idée ne limite pas l’auteur à une réflexion qui n’a pas toujours de fondements scientifiques et si les arguments qu’il tente de développer sont assez crédibles

L’utilisation de la fiction pour démontrer une idée est très critiquable : par exemple, dans Candide, Voltaire raconte l’histoire inventée d’un jeune homme pour critiquer l’optimisme. Même si le contexte est parfois historique, comme le tremblement de terre à Lisbonne, les faits relatés sont purement imaginaires voire extraordinaires (cf. épisode avec les moutons volants) et on peut donc remettre en question les arguments de voltaire puisqu’ils ne reposent pas sur des faits réels. Un ouvrage comme l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert qui est basé sur des études scientifiques et rigoureuses, est beaucoup plus crédible et authentique. Les propos avancés sont détaillés et prouvés à l’aide d’expériences ou de faits concrets : Il s’agit de l’empirisme. C’est une doctrine qui vise à vérifier par l’expérience des hypothèses explicatives. La méthode scientifique permet une grande rigueur dans l’argumentation. Celle-ci est limitée par la fiction et le merveilleux.

Dans certains contes ou fables, les exemples proposés ne sont pas toujours très convaincants. Certains écrits ne permettent pas l’adhésion du lecteur à la pensée de l’auteur. Dans la fable de La Fontaine, Le Savetier et le Financier, le savetier, est malheureux parce qu’il ne peut plus chanter. On peut se demander si il n’existe pas d’autres moyens que le chant qui pourraient lui permettre une vie agréable et heureuse. D’autre part, il dispose d’une somme d’argent assez importante qui pourrait lui permettre des conditions de vie aisées. Dans Candide de Voltaire, la suite de malheurs qui s’abattent sur le héros peut paraître extrême et exagérée et aller à l’encontre de l’effet recherché. Au lieu d’inspirer de la compassion et de mettre en évidence des problèmes politique, le texte peut susciter de l’exaspération de la part du lecteur.

 

 

La fiction, le merveilleux et la vulgarisation de la pensée philosophique à travers la fable, le conte et l’apologue, permettent donc tout d’abord une protection contre la censure mais surtout une simplicité qui ouvre la réflexion à un public plus large ; en particulier à une époque où l’éducation n’est pas très répandue. Par le biais du divertissement et sur un ton léger voire fantastique, l’auteur peut transmettre ses convictions et ses pensées sur des sujets plus sérieux. Mais contrairement à la démarche empirique, les arguments ne sont pas démontrés et reposent uniquement sur la réflexion de l’auteur. L’implicite de ces écrits d’idées peut limiter voire fausser la compréhension de la pensée de l’auteur. Le message n’est pas toujours évident. L’intention de l’écrivain peut ne pas être décodés à bon escient par un lecteur non averti. La pratique de la fiction et du merveilleux demande surtout un recul et une finesse de la part du lecteur. Ce moyen d’expression n’est donc pas forcément ouvert à n’importe quel public. De nos jours, la littérature d’idée passe à travers des genres beaucoup récents tels que la science-fiction – on pense bien sûr à Aldous Huxley et George Ornwell voire Ray Bradbury – ou le fantastique.

 

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