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Les écrivains et les artistes doivent-ils s'engager dans leur époque ?

Publié le 03/03/2011

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Sujet : ‘les écrivains et les artistes doivent-ils s’engager dans leur époque ?’

 

I.              l’artiste a une voix particulière dans le monde

  1. il est celui qui communique par des moyens différents des autres hommes.

* l’expression artistique met en œuvre des moyens qui sont particuliers et peu accessibles aux autres. Sa parole se transmet par des langages divers : sculpture, peinture, écriture, musique…

ainsi si l’on se réfère aux temps les plus anciens, les muses inspirent l’artiste, lui donnent un statut à la fois supérieur et différent => Orphée 1er poète de l’histoire de l’humanité chez les Grecs.

  • Il est donc ‘à part’ et partie prenante de l’aventure humaine même s’il l’exprime autrement. L’altérité est sa manière d’être et de dire le monde dans lequel il vit. Parfois rejeté, parfois adulé, il dit ce que nous vivons dans un langage qui atteint l’universel => les peintures de Picasso ont traversé les époques et sont lisibles quels que soient le pays, la religion ou l’âge de celui qui les regarde. Idem pour la Joconde de Vinci qui n’a a  priori pas de rôle politique ou engagé.
  • Il atteint donc une multitude de personnes et prend part à la création universelle ; sorte de nouveau dieu qui permet de transcender le quotidien, de le révéler dans sa beauté => ‘les 4 saisons’ de Vivaldi permettent de saisir la nuance et la subtilité de chacune dans une forme peu habituelle et pourtant qui dérive d’une longue et complexe observation de la nature. Les peintures de Dali qui montrent l’éphémère et  le rapport complexe de l’homme au temps.

 

  1. il peut avoir  un devoir de dire le monde sous tous ses aspects.
  • témoin de la vie et ses errements, il traduit pour tous ce qui semble caché au commun. Il aborde tous les champs possibles de la vie sous une forme artistique, c’est ainsi qu’il joue le rôle attribué selon les Grecs (cf Orphée) de transgresser les limites de quelque forme qu’elles soient.
  • Ie regard qu’il porte sur le monde est personnel, subjectif et pourtant compréhensible ; il atteint les émotions de tous parce qu’il est esthétique et recherché. Il dépasse la simple fonction de dire, il est aussi médiateur entre le monde et l’art, l’homme et la création => Picasso dans la déstructuration des formes qu’il propose via le cubisme donne à voir toutes les faces d’un même objet (années 1920).
  • Comme l’art a une portée universelle, que son langage est audible par tous, l’artiste doit dire pour tous. Il n’est pas question d’art noble ou réservé à une élite mais d’une expression qui émeut, persuade, élève l’homme quel qu’il soit. La supériorité de l’art sur l’objet de consommation se trouve dans cet écart, il dépasse les époques et les sociétés => le plafond de la Chapelle Sixtine à Rome peinte par Michel-Ange est au-delà du simple tableau religieux, il provoque l’admiration et renvoie à la création artistique comparée à celle du monde par Dieu et pose la question suivante : l’artiste est-il un nouveau dieu ou Dieu lui-même a-t-il été un artiste ?

 

II.           le devoir moral de l’artiste

  1.  l’artiste dit pour les autres.
  • pour tous ceux qui sont sans voix, il est l’unique interprète des critiques des défauts humains. Il peut ainsi passer un message qui instruit la multitude et lui permet de progresser. Les éloges et le blâme sont les ressorts d’un art qui dépasse le simple divertissement et le plaisir. Par ses pièces critiques, Molière a brossé un portrait cruel et réaliste de la société du XVIIème s. au XXème s, on peut aussi s’intéresser aux chanteurs engagés : rap, blues, slam…
  • il répond à la vision aristotélicienne de la littérature qui est de plaire et instruire, qui peut s’adapter aux autres arts. Si les grands de ce monde ne sont pas modèles, ni sociaux, ni moraux, ni religieux alors c’est à l’artiste de dire ce qui ne va pas dans le monde. Le recul qu’il affiche par rapport aux contingences du réel lui permet de mieux voir et donc de dire => Delacroix et La Liberté guidant le peuple, tableau qui met en scène le refus du 2nd Empire et ses idéaux. Ou les Clash et leur engagement à gauche contre le libéralisme qui s’installe en GB ds les années 80’.
  • La voix de l’artiste est d’ailleurs souvent reprise par l’ensemble d’un peuple. Il est facile de s’approprier le travail fait en amont pour le rendre sien et s’y reconnaître. C’est le rôle universel de l’art qui est alors reconnu => Wagner et ses œuvres sont ainsi récupérés par le parti national socialiste allemand au nom d’un arianisme mythologique et fondateur d’un peuple souverain. Attention, c’est un contre-exemple !!!!! ne vous trompez pas !!!!!!!!

 

  1. son statut particulier l’oblige à prendre parti
  • il ne peut rester sans rien dire de ce qu’il voit et donc est contraint de retranscrire le monde dans lequel il vit. La part politique ne peut être évacuée de son art, il est mû par elle. S’il est le media indispensable entre les faits et les hommes alors il doit dire pour permettre aux sociétés de s’améliorer => les débordements de l’Ancien Régime sont fortement critiqués par les philosophes des Lumières qui proposent des transformations politiques radicales ( Diderot et l’Encyclopédie, par exemple). Sartre et les manifestations de 1968 à l’usine Renault de Boulogne Billancourt.
  • L’engagement prend alors une tournure politique et l’artiste s’il n’est pas militant attesté a un droit de regard sur son époque qui devient un devoir. Il est dans sa nature et son rôle de s’impliquer dans son histoire => Picasso peint Guernica au moment où vient d’avoir lieu le drame de ce village espagnol. Il est témoin et passeur des exactions des forces fascistes qui renversent son pays même s’il vit en France. Corpus !!!!!!!!
  • L’engagement politique peut être poussé à son extrême et voir l’artiste devenir militant au point de servir un régime ou une idéologie. La dénonciation des injustices de leur époque les pousse à clamer haut et fort leurs convictions à partir de la matière de leur art => Zola qui a utilisé les ressources du journalisme pour son article J’Accuse lors de l’affaire Dreyfus. Les artistes de la Résistance lors de la 2de GM.

 

 

 

Evidemment vous pouvez aussi défendre le contraire et donner des exemples qui montrent l’absurdité de l’artiste qui devient une bête politique =>Leni Riefenstahl sous le régime hitlérien qui a mis ses talents de cinéaste au service de la propagande orchestrée par Goebbels.

Et dérouler ainsi le schéma selon lequel un artiste doit être fidèle à son art et à lui-même avant toute chose sinon, la récupération lui fait perdre son statut de médiateur entre les hommes et les dieux (selon Rimbaud) = ce qui constituerait votre 2de partie !  tout en gardant la 1ère partie nécessaire à la compréhension du statut de l’artiste dans nos sociétés.

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