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Les Mille et Une Nuits (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Les Mille et Une Nuits (extrait). Les contes des Mille et Une Nuits se trouvent enchâssés dans un récit-cadre qui sert d'alibi et d'argument à leur narration. La résolution de Schéhérazade (orthographié Chahrazade dans la traduction d'Antoine Galland) de se donner au roi Schahriar (Chahriyâr), lequel a conçu pour le sexe faible autant de passion que de haine après avoir été trompé par son épouse, est à la fois le thème d'un conte et la fable qui les contient tous. Les Mille et Une Nuits [...] Le vizir chargé de veiller à l'exécution des épouses du roi avait, on le sait, deux filles : l'aînée avait nom Chahrazade, et la plus jeune Dounyazade. Chahrazade avait lu des livres et des écrits de toutes sortes, allant jusqu'à étudier les ouvrages des Sages et les traités de médecine. Elle avait retenu en sa mémoire quantité de poèmes et de récits, elle avait appris les proverbes populaires, les sentences des philosophes, les maximes des rois. Elle ne se contentait pas en effet d'être intelligente et sage ; il lui fallait encore être instruite et formée aux belles-lettres. Quant aux livres qu'elle avait lus, il ne lui avait pas suffi de les parcourir : elle les avait tous étudiés avec soin. Un jour, elle dit à son père : -- Ô père, je voudrais te faire part de mes pensées secrètes. -- Quelles sont-elles ? demanda le vizir. -- Je désire que tu arranges mon mariage avec le roi Chahriyâr : ou bien je grandirai dans l'estime de mes semblables en les délivrant du péril qui les menace, ou bien je mourrai et périrai sans espoir de salut, partageant le sort de celles qui sont mortes et ont péri avant moi. Lorsque le vizir entendit les paroles de sa fille, il s'écria d'une voix courroucée : -- Sotte que tu es, ne sais-tu pas que le roi Chahriyâr a juré de ne dormir qu'une seule nuit avec chacune de ses épouses pour la tuer le lendemain matin ? Tu veux que je te donne à lui ! Ignores-tu qu'après avoir passé une nuit avec toi, il m'ordonnera dès le jour suivant de te faire périr ? Et tu sais bien que je serai obligé de te tuer sans pouvoir m'opposer à ses ordres ! [...] -- Si tu ne te décides pas à me présenter au roi Chahriyâr de ton plein gré, j'irai le trouver en ton absence pour lui dire que tu as refusé de consentir à ce mariage par dédain pour sa personne et par crainte de donner à ton maître une fille aussi riche que moi... -- Tu exiges donc que j'obéisse à tes injonctions ? conclut le vizir. -- Oui. Ayant épuisé tous ses arguments pour la dissuader de son projet et lassé à la fin par tant d'entêtement, le ministre se rendit donc au palais. Il se fit introduire en présence du roi Chahriyâr, baisa la terre à ses pieds, présenta la requête de sa fille et annonça à son souverain son intention de lui offrir les faveurs de celle-ci pour le soir même. Le roi s'en étonna et dit : -- Comment as-tu consenti à me céder ta fille ? Sache, par Dieu ! par le prix de Celui qui a élevé le ciel au-dessus de la terre ! que demain, à peine le jour aura-t-il paru, je te donnerai l'ordre de la tuer... et que si tu refuses, je veillerai à ce que tu sois exécuté pareillement. -- Ô sultan, notre maître, répondit le vizir, j'ai essayé de lui faire abandonner son projet en lui rappelant le sort qui l'attendait. Je l'ai avertie en termes clairs de son destin. Malgré cela, elle a maintenu sa décision ; elle désire se trouver chez toi cette nuit même. Ces mots eurent l'air de fort réjouir le roi. -- Va lui préparer tout ce qui es convenable, ordonna-t-il au vizir, et amène-la-moi au début de la nuit. Le vizir s'en alla porter la nouvelle à sa fille : -- Que Dieu me garde, dans l'avenir, de regretter ton absence ! déclara-t-il en conclusion de toutes ses paroles. Chahrazade ressentit une très vive joie en apprenant la réussite de son projet. Elle fit ses préparatifs, disposa tout ce dont elle avait besoin pour ses noces ; puis elle s'en vint trouver sa soeur Dounyazade et lui dit : -- Ma soeur, retiens bien les conseils que je vais te donner. Lorsque je serai chez le roi, il te fera demander. Tu viendras le trouver aussitôt, et lorsque tu constateras que nos ébats auront pris fin, tu me diras : « Ô ma soeur, si tu ne dors pas, raconte-moi une petite histoire. « Alors je commencerai un récit... dont l'issue coïncidera avec ma délivrance et avec elle celle de toute la communauté ! Oui, entends-tu, c'est ainsi que je compte faire oublier au roi ses habitudes sinistres... Dounyazade approuva ces paroles et promis de seconder les projets de son aînée. La nuit arriva. Le vizir prit Chahrazade et l'emmena auprès du Grand Roi Chahriyâr. Celui-ci la fit entrer dans son lit et se livra avec elle à mille jeux. À la suite de quoi la belle enfant se prit à pleurer. -- Pourquoi ces larmes ? s'étonna le roi. -- J'ai une soeur cadette, expliqua Chahrazade, et je voudrais la faire venir ici pour lui faire mes adieux et recueillir les siens avant l'apparition de l'aube. Le roi envoya chercher la soeur cadette. Dounyazade arriva dans la chambre et s'étendit au pied du lit. Lorsque l'obscurité fut complète, elle ouvrit l'oeil et attendit patiemment que le roi eût fini de mener son affaire avec sa soeur. À la fin, comme les deux conjoints reprenaient leurs esprits, elle se risqua à toussoter et murmura : -- Ô ma soeur, si tu ne dors pas, raconte-moi une de tes belles histoires, de celles qui nous aidaient à passer nos veillées. Ensuite, dès avant l'aube, je te ferai mes adieux, car je ne sais trop ce que demain te réserve... Chahrazade demanda au roi : -- Me permets-tu de lui raconter une histoire ? -- Oui, fit le roi. Chahrazade, toute à sa joie secrète, s'adressa alors à sa soeur : -- Écoute, lui dit-elle... Elle n'avait pas terminé son récit que le jour vint à paraître. Chahrazade se tut. Le roi, visiblement fort embarrassé, se demandait de quelle manière il devait s'y prendre pour connaître la fin de l'histoire. Lorsque Dounyazade aperçut la lumière de l'aube, elle s'écria : -- Ô ma soeur, que ton récit est beau et merveilleux ! -- Ce que vous venez d'entendre, insinua alors la conteuse, n'est rien en comparaison de ce que je me propose de vous révéler la nuit prochaine... si je reste en vie et si le roi m'accorde un délai pour le raconter. Mon histoire comporte en effet nombre d'épisodes plus beaux et plus merveilleux encore que ceux dont je vous ai régalés. Alors le roi se dit en lui-même : « Par Dieu ! Je ne la tuerai que lorsque j'aurai entendu la suite. Me voilà bel et bien obligé de reporter sa condamnation au lendemain... « Enfin l'aube céda la place au jour, et le soleil brilla de tout son éclat. Le roi s'en alla régler les affaires de son royaume, soucieux qu'il était du bon gouvernement de ses sujets. Quant au père de Chahrazade, son vizir, il fut bien étonné de ce que son maître n'envoyât pas à la mort sa nouvelle épousée, et ne laissa pas de s'en réjouir beaucoup. Chahriyâr cependant vaquait à ses fonctions royales, décrétant de sa bouche tout ce qu'il lui semblait bon de décréter, ce qui le tint affairé jusqu'au soir. Il regagna alors son palais, se retira dan ses appartements et admis Chahrazade dans son lit. Au coeur de la nuit, la voix de la soeur cadette se fit entendre à nouveau : -- Par Dieu ! ô ma soeur, si tu ne dors pas, raconte-moi donc une de tes belles histoires, afin d'agrémenter notre veillée. -- Oui, conte-nous vite la suite de ton récit d'hier, renchérit le roi. Qu'est-il donc arrivé à notre héros ? Je brûle de le savoir. -- Volontiers, ô roi fortuné, répondit Chahrazade. Avec amour et respect je t'obéirai. Et elle continua à dérouler ainsi le fil de ses histoires, l'interrompant à la fin de chaque nuit et le reprenant au cours de la nuit suivante, toujours avec la permission du roi Chahriyâr... Et mille et une nuits s'écoulèrent. [...] Source : les Mille et Une Nuits, trad. par Antoine Galland, Paris, éditions Phébus, 1986. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« — Ma sœur, retiens bien les conseils que je vais te donner.

Lorsque je serai chez le roi, il te fera demander.

Tu viendras le trouver aussitôt, et lorsque tu constateras que nos ébats auront pris fin, tu me diras : « Ô ma sœur, si tu ne dors pas, raconte-moi une petite histoire.

» Alors je commencerai un récit...

dont l’issue coïncidera avec ma délivrance et avec elle celle de toute la communauté ! Oui, entends-tu, c’est ainsi que je compte faire oublier au roi ses habitudes sinistres... Dounyazade approuva ces paroles et promis de seconder les projets de son aînée. La nuit arriva.

Le vizir prit Chahrazade et l’emmena auprès du Grand Roi Chahriyâr.

Celui-ci la fit entrer dans son lit et se livra avec elle à mille jeux.

À la suite de quoi la belle enfant se prit à pleurer. — Pourquoi ces larmes ? s’étonna le roi. — J’ai une sœur cadette, expliqua Chahrazade, et je voudrais la faire venir ici pour lui faire mes adieux et recueillir les siens avant l’apparition de l’aube. Le roi envoya chercher la sœur cadette.

Dounyazade arriva dans la chambre et s’étendit au pied du lit.

Lorsque l’obscurité fut complète, elle ouvrit l’œil et attendit patiemment que le roi eût fini de mener son affaire avec sa sœur.

À la fin, comme les deux conjoints reprenaient leurs esprits, elle se risqua à toussoter et murmura : — Ô ma sœur, si tu ne dors pas, raconte-moi une de tes belles histoires, de celles qui nous aidaient à passer nos veillées.

Ensuite, dès avant l’aube, je te ferai mes adieux, car je ne sais trop ce que demain te réserve... Chahrazade demanda au roi : — Me permets-tu de lui raconter une histoire ? — Oui, fit le roi. Chahrazade, toute à sa joie secrète, s’adressa alors à sa sœur : — Écoute, lui dit-elle... Elle n’avait pas terminé son récit que le jour vint à paraître.

Chahrazade se tut.

Le roi, visiblement fort embarrassé, se demandait de quelle manière il devait s’y prendre pour connaître la fin de l’histoire.

Lorsque Dounyazade aperçut la lumière de l’aube, elle s’écria : — Ô ma sœur, que ton récit est beau et merveilleux ! — Ce que vous venez d’entendre, insinua alors la conteuse, n’est rien en comparaison de ce que je me propose de vous révéler la nuit prochaine...

si je reste en vie et si le roi m’accorde un délai pour le raconter.

Mon histoire comporte en effet nombre d’épisodes plus beaux et plus merveilleux encore que ceux dont je vous ai régalés. Alors le roi se dit en lui-même : « Par Dieu ! Je ne la tuerai que lorsque j’aurai entendu la suite.

Me voilà bel et bien obligé de reporter sa condamnation au lendemain...

» Enfin l’aube céda la place au jour, et le soleil brilla de tout son éclat. Le roi s’en alla régler les affaires de son royaume, soucieux qu’il était du bon gouvernement de ses sujets.

Quant au père de Chahrazade, son vizir, il fut bien étonné de ce que son maître n’envoyât pas à la mort sa nouvelle épousée, et ne laissa pas de s’en réjouir beaucoup.

Chahriyâr cependant vaquait à ses fonctions royales, décrétant de sa bouche tout ce qu’il lui semblait bon de décréter, ce qui le tint affairé jusqu’au soir.

Il regagna alors son palais, se retira dan ses appartements et admis Chahrazade dans son lit.

Au cœur de la nuit, la voix de la sœur cadette se fit entendre à nouveau : — Par Dieu ! ô ma sœur, si tu ne dors pas, raconte-moi donc une de tes belles histoires, afin d’agrémenter notre veillée. — Oui, conte-nous vite la suite de ton récit d’hier, renchérit le roi.

Qu’est-il donc arrivé à notre héros ? Je brûle de le savoir. — Volontiers, ô roi fortuné, répondit Chahrazade.

Avec amour et respect je t’obéirai. Et elle continua à dérouler ainsi le fil de ses histoires, l’interrompant à la fin de chaque nuit et le reprenant au cours de la nuit suivante, toujours avec la permission du roi Chahriyâr...

Et mille et une nuits s’écoulèrent.

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