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Les souffrances du jeune Werther, Goethe

Publié le 11/01/2011

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GOETHE, « LES SOUFFRANCES DU JEUNE WERTHER »

 

Ce livre est le récit d’un amour passionné de Werther avec Lotte envers qui il se sent en parfaite harmonie. Toutefois, cet amour sera à l’origine de plusieurs contrariétés car Lotte est promise à Albert et lorsque celle-ci se marie, Werther tombe dans la tristesse la plus profonde qu’il ne supporte pas et finit par se suicider…

 

  1. I.                    LES ANNES D’APPRENTISSAGE DE GOETHE 1749-1774

 

  1. 1.      Les œuvres de Goethe ou « les stylisations de ces propres destins »:

 

  • Il semble que l’œuvre de Goethe puise son origine dans des faits véridiques.
  • On parlera alors de Goethe comme le modèle de Werther.

 

  1. 2.      L’enfance:

 

  • Goethe naît en 1749 à Francfort sur le Main.
  • Il est l’ainé d’une famille bourgeoise et aisée. Son père est conseiller de l’Etat et sa mère est la sœur du Maire.
  • Goethe héritera de son père un goût prononcé pour les études.

 

  1. 3.      Une formation universitaire encyclopédique :

 

  • Goethe fait de nombreuses études, il touche à presque tous les domaines : Droit, Philosophie, Théologie (…) Il fréquente également les théâtres et les femmes.
  • En 1768 Goethe rencontre des problèmes de santé ce qui l’obligera à revenir à Francfort. Il plonge alors dans une grande crise morale, dans un « état de naufragé » où il subira l’influence du piétisme (mouvement religieux protestant luthérien qui demande plus de piété).
  • En 1770, il va à Strasbourg où il étudie à nouveau notamment l’Histoire et la Géographie.
  • En 1771, il s’intéresse à la littérature populaire et surtout à Homère, Ossian et Shakespeare. Ces influences seront perceptibles chez Werther. Il aura également à cette époque une idylle avec Frédérique Brion.

 

  1. 4.      Le parcours professionnel:

 

 

  1. II.                  LA GENESE DE WERTHER

 

C’est à Wetzlar que l’on va retrouver les prémisses de Werther…

 

  1. 1.      Charlotte :

 

  • Mai 1772 : A Wetzlar, Goethe fréquente les salons littéraires et participe aux fêtes et notamment au bal de sa tante le 9 Juin 1772 où il rencontre Charlotte Buff = C’est elle qui va devenir l’héroïne féminine de Werther.
  • Elle est fille du Bailly et sa mère est décédée, c’est donc elle qui se charge des enfants (échos avec les pages 59-60). Goethe aura un coup de foudre pour cette femme déjà fiancé au secrétaire de la légation de Brême, Jean-Chretien Kestner. Charlotte repousse les amours de Goethe et Kestner ne sera pas  énervé par l’amour de Goethe pour sa fiancé.
  • Ils auront une relation particulière à 3 où les sentiments d’amour et d’amitié seront distribués de façon insolite ≠ Dans Werther, Albert se méfie de Goethe vu comme un rival = On a donc bel et bien une transposition romanesque.
  • Goethe quitte Wetzlar après un étrange entretient au sujet de la mort et de la réincarnation. En Septembre 1772, il part à Coblence.
  • Charlotte devient donc la muse de Werther. Toutes les œuvres de Goethe prennent l’inspiration chez les femmes. Toutefois Christiane Vulpius, la propre femme de Goethe ne donnera aucune inspiration.

 

  1. 2.      Ses premiers écrits :

 

 

  1. III.                RECEPTION DE WERTHER

 

  1. 1.      La « Wertheromania » :

 

  • Goethe est alors inconnu et devient immédiatement célèbre. C’est le 1er roman allemand à franchir les frontières.
  • En réaction à cette œuvre, il y aura une série de suicide « Furor Wertherimus ». Par conséquent les autorités interdisent alors l’œuvre.
  • La fièvre werthérienne : L’œuvre va susciter des passions incroyables : au niveau de la mode on s’habillera à la Werther et Charlotte, les jardins ressembleront à ceux du roman (…) Toutes les classes sociales sont touchées et même l’empereur Napoléon.

 

  1. 2.      La « Wertherophobie » :

 

  • Goethe subit un véritable harcèlement : Werther est accusé d’immoraliste car pour les théologiens il y a dans cette œuvre une apologie du suicide. Werther est également rangé dans les romans du « dégoût de vivre ».
  • Apologie du suicide dans la Lettre du 12 Aout 1771 : le trop plein de malheur pour un esprit faible est une maladie maligne pour un être affaiblit = Ici le suicide semble être légitimé. Le préambule p.46 donne au lecteur le modèle d’un homme désespéré.
  • Argument contre l’apologie du suicide : La défense du suicide est faite par le personnage et non par l’auteur. Goethe dit « Ce qu’il y a de dangereux dans ce livre est que la faiblesse y est peinte comme une force ».

 

  1. 3.      L’influence littéraire de Werther :

 

  • Influence très forte sur la littérature française avec les romans de Flaubert, Lamartine, Chateaubriand…
  • Influence sur les arts plastiques.
  • Traduction retrouvée en Chine.

 

  1. IV.               L’ECRITURE DE LA PASSION

 

  1. 1.      L’Intrigue = Un amour contrarié :

 

  • Plan du livre : Préambule, Livre I, Livre II, L’éditeur au Lecteur.

-          Le préambule = Appel à la compassion du lecteur pour Werther.

-          Le Livre I = 4 Mai-30 Mai 1771 : Arrivée de Werther / 19 Juin-26 Juillet 1771 : Amours heureux / Juillet-9 Septembre : Désespoir amoureux / 10 Septembre 1771 : Départ.

-          Le Livre II = 20 Octobre 1771 : Mésaventure du secrétaire de l’ambassadeur / 9 Mai 1772 : Séjour chez le Prince de X / 18 Juin-6 Décembre 1772 : Retour auprès de Charlotte.

-          L’éditeur au lecteur = Décembre 1772 : Amplification du désespoir amoureux (baiser) /

22 Décembre 1772 : Emprunt des pistolets et préparation au suicide / 23 Décembre 1772 : Agonie et enterrement.

 

  1. 2.      La chronologie amoureuse :

 

  • Le Livre I s’étend sur 4 mois et le Livre II couvre 14 mois. Toutefois, les livres sont de même taille. Les parties sont assez autonomes et la fin de la 1ère partie s’achève comme un dénouement. Le Livre II apparait comme une reprise amplifiée de Livre I : l’idylle de 71 est la même que celle de 72 en plus négative.
  • Les amours de Werther suivent le rythme des saisons :

-          Printemps = Les prémisses.

-          Eté = L’éclat.

-          Automne = Le déclin temporaire.

-          Hiver = La mort.

La destruction de la nature correspond à la destruction interne du personnage.

Le paysage se fait miroir de l’intériorité du personnage.

 

  1. 3.      L’impuissance amoureuse :

 

  • Werther est un personnage dont l’intériorité est détruite à cause de l’impuissance amoureuse : amour marqué par le manque. Face à Charlotte se développe l’insaisissable.
  • Violence psychologique mais aussi physique : les sens sont altérés mais Werther n’admet pas cela car il prétend un amour chaste (Ex p.77, p.113, p.118 le petit canari). Il y a pourtant bel et bien la présence d’un désir physique et charnel mais qui reste inassouvi.
  • Il trouve des échappatoires : 1. Les rêves érotiques (p.138) = Ecart entre rêve et réalité / 2. Phantasme constitué par la 2ème histoire d’amour, celle du valet et de la veuve = Identification de Werther au valet (p.135 « Rien ne peut nous sauver »)

Werther symbolise l’amoureux impuissant.

 

  1. 4.      La lecture de la passion :

 

  • La lecture va devenir un objet de médiation car la séduction va passer par la lecture :

-          Klopstock (poète du XVIIIème) : Il permet le rapprochement physique et le rapprochement des âmes.

-          Goldsmith : Lettre du 16 Juin 1771.

-          Ossian : Lecture qui finit de rapprocher les 2 personnages avec l’échange d’un baiser.

Impuissance amoureuse mais série de médiations pour parvenir au rapprochement.

 

 

 

 

  1. V.                 LES ENJEUX DU ROMAN EPISTOLAIRE

 

  1. 1.      Un roman essentiellement épistolaire :

 

  • Un roman hétéroclite :

-          Un court préambule.

-          Les 3 premiers quarts de l’œuvre : 88 lettres de Werther à Wilheim (2 Livres).

-          Dernier quart de l’œuvre : L’éditeur au lecteur = Récit à la 3ème personne avec des brides du discours de Werther.

Werther écrit en 18 mois 92 lettres.

  • Un choix littéraire banal mais une manière de le traiter original : Le roman épistolaire n’est pas une originalité de Goethe, il reprend un genre en vogue (Richardson, Rousseau…). Ici Goethe ne se fait pas novateur car son choix n’est pas original mais c’est dans la façon dont il le traite que le genre va devenir original :

-          Le roman n’est pas essentiellement épistolaire.

-          Le jeu des 2 narrateurs : Werther = Narrateur homodiégétique (Remise en question de l’objectivité car il raconte les choses comme il les ressent) + L’éditeur = Narrateur hétérodiégétique (Fonction précisée à la p.131 : Il se fonde sur une enquête auprès des proches de Werther = Objectivité du discours mais subjectivité dans ses sources).

 

  1. 2.      Le soliloque épistolaire :

 

  • Mise en place du soliloque : Originalité de Goethe qui ne met pas en place une correspondance mais un soliloque épistolaire. A aucun moment nous ne connaissons les réponses des destinataires. Cela renforce le point de vue subjectif car on a une focalisation sur la pensée de Werther d’autant plus que le destinataire est un personnage extradiégétique.
  • Ce soliloque renforce l’idée de solitude : Le recours au soliloque donne une caractérisation supplémentaire au personnage = Un solitaire et un introverti qui a du mal à rentrer en communication avec les autres « Comment les mots froids et morts peuvent exprimer cette fleur céleste de l’esprit ? ».

Une communication non verbale.

 

  1. 3.      Le primat de la subjectivité sur l’action :

 

  • Le portrait de l’âme de Werther : Dans ce roman il ne se passe presque rien parce que ce qui est important ce n’est pas ce qui se passe à l’extérieur mais  à l’intérieur. Ce qui se passe, ce qui est vrai, c’est l’âme de Werther. Le roman épistolaire correspond à cet objectif : « La lettre, c’est le portrait de l’âme » (Laclos).
  • La lettre, Genre narratif et lyrique : La tonalité lyrique s’impose face aux méandres de l’extérieur :

-          Une esthétique de l’immédiateté : Lorsque Werther écrit, il raconte des événements très proches dans le temps ce qui a une incidence sur son écriture. L’écriture cherche à suivre les mouvements de la pensée et parfois la ponctuation marque une difficulté à écrire qui vient elle-même d’une difficulté à penser.

-          Une écriture qui ne cherche pas la perfection stylistique mais qui cherche à exprimer les sentiments. La lettre semble donc la forme la plus appropriée à dire la passion.

 

  1. 4.      Passion et passivité :

 

  • Ce n’est pas l’histoire de Werther mais c’est l’histoire de la passion de Werther : On en sait plus sur ce qu’il ressent que sur ce qu’il fait = Sa seule véritable action est celle d’écrire et son seul acte spectaculaire est celui de se donner la mort.

 

  • Die Leiden des jungen Werthers : Significations de Leiden =

-          Souffrances, peines.

-          Passions.

-          Passivité.

3 Strates du caractère de Werther par la polysémie du terme.

 

  1. VI.               WERTHER : EXPRESSION DES AFFRES D’UNE INDIVIDUALITE, D’UNE GENERATION, D’UN AGE

 

  1. 1.      Miroir d’un désespoir personnel :

 

  • Tensions dans la vie de Goethe : Goethe a 25 ans lorsqu’il écrit son roman. Il a tout pour être heureux (avocat…) mais il n’a pas envie de mener cette vie-là, il rêve d’un destin hors-du-commun. Il y a donc une tension entre ce qu’il va devenir et ce qu’il veut devenir. Cela va le plonger dans un profond désespoir et le pousser à des tentatives de suicide. Même Goethe lui-même ne veut pas relire ce livre à cause de l’état pathologique dans lequel il a pris naissance.
  • Werther comme catharsis : Goethe a échappé au suicide peut-être grâce à cette œuvre qui aura été une sorte de catharsis « J’ai nourri ce personnage du sang de mon cœur ». Ici l’écriture est donc un geste thérapeutique : mise en mots de la souffrance pour la dégager.

 

  1. 2.      Miroir d’une génération fin de siècle :

 

  • La jeune génération de la fin du XVIIIème siècle : En Europe, la jeune génération connaît un fort sentiment de malaise car elle est en colère et remet en cause les valeurs héritées = Une jeunesse tourmentée et insatisfaite.
  • Le Strum und Drang (1770-1785) : Précurseur du romantisme qui signifie Tempêtes et Assauts. C’est une réaction contre le rationalisme des Lumières :

-          Exaltation du subjectivisme piétiste.

-          Primauté du sentiment, des émotions, de l’instinct. 

-          Refus des règles politiques, sociales et esthétiques et opposition aux règles artistiques.

-          Opposition aux règles du classicisme : culte de la nature, culte du génie et des génies (Homère, Pindare, Shakespeare…)

 

  1. 3.      Un document anthropologique :

 

  • La crise d’adolescence : Document qui renvoie à la crise d’adolescence on l’on refuse de rester dans l’enfance et l’on s’insurge contre le monde adulte. Dimension universelle qui tient à la représentation d’un âge de l’homme = Remise en question sur soi, période de rejet.
  • Le rejet de la société : Werther est hostile à la société : il la critique, la refuse = notion de conformisme qui prime sur les individus, société pleine de préjugés (p.78, 20 Juillet)… Werther est dans une haine de la société ce qui explique peut-être son goût pour la solitude. La rivalité amoureuse contre Albert est également due à une raison bourgeoise.
  • Werther ou le libre génie : Werther c’est le primat de l’individu = C’est un artiste complet qui peint, écrit et lit, un personnage qui fuit la société mais qui essaie d’être en symbiose avec la nature. Le suicide va d’ailleurs être une révolte contre la bourgeoisie.

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