Lessing, Gotthold Ephraim - littérature.

Lessing, Gotthold Ephraim - littérature. 1 PRÉSENTATION Lessing, Gotthold Ephraim (1729-1781), critique et dramaturge allemand, auteur de Nathan le Sage (1774) et inventeur du drame bourgeois dans son pays. Figure dominante des Lumières (Aufklärung), il a contribué à l'émergence d'un idéal national dans la littérature allemande. 2 UN HOMME DE CARACTÈRE ET UN GRAND TRAVAILLEUR Né à Kamenz, en Saxe, Gotthold Ephraim Lessing, fils d'un pasteur protestant, étudie les langues anciennes et le français à Meissen (Saxe), puis la théologie à Leipzig, avant de s'orienter vers la poésie et le théâtre. En 1748, il écrit sa première pièce intitulée le Jeune Érudit. De 1748 à 1758, il partage sa vie entre Berlin et Leipzig, et se lie d'amitié avec le poète Ewald Christian von Kleist. À la suite de quelques polémiques retentissantes, il devient un critique redouté. À Berlin, il fonde, avec le philosophe Moses Mendelssohn et le critique Christoph Friedrich Nicolaï, la revue Lettres sur la littérature (1759-1765), qui, à travers une correspondance fictive, passe en revue les ouvrages contemporains. De 1760 à 1765, il est secrétaire d'un général prussien, gouverneur de la ville de Breslau. Il passe ensuite deux années à Berlin avant de participer, en 1767, à la création du théâtre national de Hambourg, en tant que dramaturge et critique ; mais cette première tentative de créer un théâtre permanent est un échec et il se retrouve sans ressources. En 1770, Lessing accepte le poste de bibliothécaire de la célèbre bibliothèque du duc de Brunswick, à Wolfenbüttel (Basse-Saxe), petite ville où il demeure confiné. Ses dernières années sont assombries par la mort de sa femme, en 1778, et par de violentes polémiques théologiques. 3 LE DRAMATURGE 3.1 La naissance du drame bourgeois allemand Les premières pièces de Lessing, parmi lesquelles le Libre Penseur (1749) et les Juifs (1749), nettement influencées par Diderot, sont déjà, malgré leur facture classique, des drames réalistes rompant avec les règles de la tragédie du XVIIe siècle. Ce choix de réalisme, autant éthique qu'esthétique, aboutit à la rédaction de la pièce en prose Miss Sara Sampson (1755), premier véritable drame bourgeois dans l'histoire du théâtre allemand. 3.2 Pour un nouveau théâtre allemand Dans la revue Lettres sur la littérature (plus particulièrement la Dix-septième lettre), Lessing soutient, contre le réformateur du théâtre allemand Johann Christoph Gottsched, l'idée selon laquelle les oeuvres rigides et froides des dramaturges français classiques ne constituent pas un modèle adéquat pour le théâtre allemand contemporain. Selon lui, le public, constitué à son époque essentiellement par la bourgeoisie, ne peut se reconnaître dans des oeuvres mythologiques et aristocratiques dans lesquelles les personnages sont aussi peu réalistes et les événements d'une aussi grande invraisemblance. En ce sens, son esthétique théâtrale reprend celle de Diderot, dont il traduit en 1760 les textes théoriques et les deux « drames bourgeois « ( le Fils naturel, 1757 et le Père de famille, 1758). Ses écrits contribuent ainsi à libérer la littérature allemande de l'influence française. 3.3 La nouvelle tragédie de Hambourg Sa Dramaturgie de Hambourg (recueil de 104 comptes rendus des pièces représentées, 1767-1769), qui reprend des éléments déjà parus dans la revue, fait référence à la Poétique d'Aristote et constitue l'un des tout premiers traités sur le métier d'auteur dramatique. Lessing y précise sa conception de la tragédie qui demeure centrée sur la notion de compassion exigeant une totale identification du spectateur au héros tragique. Il y fait également l'éloge de Shakespeare, donné comme un modèle plus approprié que les auteurs du théâtre classique français pour les auteurs allemands contemporains. 3.4 Compassion et identification Avec Minna von Barnhelm (1767), Lessing donne au théâtre allemand sa première grande comédie. La subtilité de l'analyse psychologique, le brio des dialogues font le succès de cette pièce auprès du public de l'époque qui y satisfait aussi son goût pour les scènes touchantes et les personnages vertueux. Dans Emilia Galotti (1772), « tragédie bourgeoise «, Lessing reprend l'histoire de Virginie, racontée dans l'Histoire romaine de Tite-Live. La jeune Emilia, enlevée par le souverain d'un petit État italien qui désire en faire sa maîtresse, demande à son père de la tuer pour éviter de succomber à l'attirance qu'elle éprouve pour son ravisseur. La pièce est l'un des plus grands succès populaires du dramaturge. 4 NATHAN LE SAGE À partir de 1774, Lessing publie les oeuvres posthumes d'Hermann Samuel Reimarus, partisan de la religion naturelle, qui rejette comme une imposture la « Révélation chrétienne «. Lessing prétend seulement vouloir provoquer une discussion sur les vérités de la foi mais se voit accusé par le pasteur Goeze de vouloir propager l'irréligion. Il se défend dans une série de pamphlets et choisit la scène pour exprimer son idéal d'humanisme ; Nathan le Sage (1779), drame en vers non rimés, est tout à la fois un conte oriental, une comédie et un drame. L'auteur y confronte, à l'époque des croisades, les représentants des trois grandes religions monothéistes. La « parabole des trois anneaux «, que Nathan raconte au sultan au milieu de la pièce, est une plaidoirie émouvante en faveur de la tolérance religieuse. La pièce est devenue un grand classique de la scène allemande. 5 ESTHÉTIQUE ET RELIGION Lessing a consacré beaucoup de son temps à la réflexion esthétique, s'attachant à définir avec précision chaque genre en fonction de l'effet recherché sur le lecteur ou spectateur. Ainsi, les Traités sur la fable (1759) insistent sur la nécessité de la brièveté du récit à caractère didactique et rejettent les ornementations inutiles. Dans son essai intitulé Laocoon (1766), il s'efforce de préciser les frontières et les points communs de la poésie, la sculpture et la peinture. Parmi ses autres écrits philosophiques et religieux, écrits dans la dernière période de sa vie, figurent les Dialogues maçonniques (1778-1780), consacrés à la franc-maçonnerie, et l'Éducation du genre humain (1780), testament spirituel préfigurant l'idéalisme de Schelling et Hegel, où s'exprime sa croyance en la perfectibilité de la nature humaine. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.