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L'existence

Publié le 30/03/2011

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Que l'existence soit un problème philosophique ne va de soi. Certes, la philosophie soutient des thèses sur les façons d'exister, mais comment soutenir une thèse sur l'existence elle-même sans déboucher sur ce simple constat que des choses existent et d'autres pas ? Le refus de faire de l'existence un problème correspond à la position de la philosophie classique pour laquelle il n'y a pas à s'exprimer sur l'existence. C'est ce que reflète l'opposition traditionnelle de l'essence et de l'existence.

L'essence d'une chose, c'est ce que cette chose est nécessairement si elle est. L'existence en revanche, c'est le fait même que cette chose existe . L'essence a trait au nécessaire : l'essence d'une chose contient ce que ma pensée peut affirmer comme nécessaire à cette chose. Ainsi, si je pense à un cercle, je pense qu'il est nécessairement rond, sans quoi il n'est pas un cercle. Par contre, la pensée ne peut affirmer la nécessité d'une chose. Ce n'est pas parce que je pense à une chose et à ses propriétés que cette chose existe. En d'autres termes, l'existence ne peut pas être déduite de la pensée. Pour ma pensée, l'essence d'une chose est nécessaire, mais l'existence même de cette chose est seulement possible.

Kant a parfaitement souligné ce point dans sa critique de la preuve ontologique . Pour lui, l'existence ne peut être le prédicat d'un concept. Kant explique sa thèse en considérant le concept de \" cent thalers \". Savoir que ces cent thalers sont en or ou en argent, voilà qui ajoute à ce concept. Par contre, que ces cent thalers existent ou n'existent pas, cela n'ajoute rien à l'idée de cent thalers qui reste la même. L'existence ne fait pas partie des propriétés qui appartiennent à l'essence d'une chose. Elle ne peut être l'objet que d'un constat, d'une expérience. Elle s'éprouve, elle ne se prouve pas. C'est pourquoi l'objet de la philosophie classique, ce sont les essences et non l'existence . Toutefois l'existence marque la limite de la pensée qui est incapable de démontrer l'existence de quelque chose. Pour que l'existence devienne un enjeu philosophique, il faut qu'elle soit dotée d'un sens nouveau.

L'affirmation du sens de l'existence a été formulée clairement pour la première fois par Sören Kierkegaard (1813-1855) en réaction contre le système hégélien. Pour Hegel en effet, \"tout ce qui est rationnel est réel et tout ce qui est réel est rationnel \". Cela signifie d'une part que l'apparente irrationalité du réel n'est justement qu'une apparence car tout est explicable. D'autre part, la vraie réalité n'est pas la réalité empirique mais la réalité douée de sens, c'est-à-dire telle que la présente le système. Hegel ne se soumet pas à l'épreuve de la réalité, il décide de ce qui est réel.

Kierkegaard combat la conséquence du rationalisme hégélien pour lequel le sens et la valeur de l'existence sont absolument déterminés par le système. Ce faisant, la philosophie semble pouvoir se passer de l'existence. Celle-ci doit au contraire, pouvoir être le point de départ et le but de la pensée selon Kierkegaard. Mais que trouve-t-on quand on cherche à saisir l'existence dans toute sa nudité ?

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