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L'HABITUDE

Publié le 22/02/2012

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L'habitude donne au corps de la souplesse et de la fluidité. Au contraire, le propre de la coutume, c'est la raideur. Toutes les coutumes sont par nature irritées. Chacun connaît l'obstination furieuse de l'homme de routine. Dès qu'on lui demande une action nouvelle, il se hérisse. Cette colère vient d'une maladresse profonde dans l'adresse même. Au contraire l'indifférence à ce qui va suivre caractérise l'habitude. Napoléon ne se préoccupe point de la manière dont va se présenter l'ennemi. Le bon chasseur n'est pas étonné par la fuite brusque du lièvre, car chez l'homme d'habitude le corps possède une souplesse et une fluidité admirables. Il n'y a point de raideur, aucun muscle ne travaillant avant l'action. Mais dans le corps que lie la coutume, il y a comme des noeuds. Ce sont ces noeuds, fils de colère, que poursuit la véritable gymnastique qui, par l'assouplissement du corps, prépare l'action volontaire. Le gymnase est l'école de la volonté. Le but à atteindre est de faire exactement ce qu'on veut, sans rien de plus. Ainsi, le professeur de piano enseigne d'abord à remuer ce doigt, et non point les autres, à n'utiliser pour un mouvement que les muscles strictement nécessaires. Cette analyse des mouvements détruit toute la coutume et ramène le corps à l'état de nature. Elle délivre des passions qui conduisent à faire une foule de mouvements sans rapport avec le mouvement que l'on veut faire, comme tirer la langue, jurer, frapper du pied. De cette manière, les muscles deviennent indépendants les uns des autres. Le corps est rendu à la volonté. Il est repris par l'esprit. On pourrait donc dire que l'habitude est un état de grâce retrouvé que les passions nous avaient fait perdre. (Cours inédit)

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