L'homme a-t-il une nature ?
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
«
d’un
côtésurlavieille façade noireetridée delaMaison-aux-Piliers, del’autre surlesbras depierre dugibet.
Parmi lesmille visages quecette lueur teignait d’écarlate, ilyen avait unqui semblait plusencore quetous
les autres absorbé danslacontemplation deladanseuse.
C’étaitunefigure d’homme, austère,calmeetsombre.
Cet homme, dontlecostume étaitcaché parlafoule quil’entourait, neparaissait pasavoir plusdetrente-cinq
ans ; cependant ilétait chauve ; àpeine avait-il auxtempes quelques touffesdecheveux raresetdéjà gris ; son
front largeethaut commençait àse creuser derides ; maisdanssesyeux enfoncés éclataitunejeunesse
extraordinaire, unevieardente, unepassion profonde.
Illes tenait sanscesse attachés surlabohémienne, et
tandis quelafolle jeune filledeseize ansdansait etvoltigeait auplaisir detous, sarêverie, àlui, semblait devenir
de plus enplus sombre.
Detemps entemps unsourire etun soupir serencontraient surseslèvres, maisle
sourire étaitplusdouloureux quelesoupir.
La jeune fille,essoufflée, s’arrêtaenfin,etlepeuple l’applaudit avecamour.
« Djali », ditlabohémienne.
Alors Gringoire vitarriver unejolie petite chèvre blanche, alerte,éveillée, lustrée,avecdescornes dorées,
avec despieds dorés, avecuncollier doré,qu’iln’avait pasencore aperçue, etqui était restée jusque-là accroupie
sur uncoin dutapis etregardant dansersamaîtresse.
« Djali, ditladanseuse, àvotre tour. »
Et s’asseyant, elleprésenta gracieusement àla chèvre sontambour debasque.
« Djali, continua-t-elle, àquel mois sommes-nous del’année ? »
La chèvre levasonpied dedevant etfrappa uncoup surletambour.
Onétait eneffet aupremier mois.La
foule applaudit.
« Djali, repritlajeune filleentournant sontambour debasque d’unautre côté,àquel jourdumois sommes-
nous ? »
Djali levasonpetit piedd’oretfrappa sixcoups surletambour.
« Djali, poursuivit l’égyptienne toujoursavecunnouveau manègedutambour, àquelle heuredujour
sommes-nous ? »
Djali frappa septcoups.
Aumême moment l’horloge delaMaison-aux-Piliers sonnaseptheures.
Le peuple étaitémerveillé.
« Il ya de lasorcellerie là-dessous », ditune voix sinistre danslafoule.
C’était celledel’homme chauvequine
quittait paslabohémienne desyeux.
Elle tressaillit, sedétourna ; maislesapplaudissements éclatèrentetcouvrirent lamorose exclamation.
Ils l’effacèrent mêmesicomplètement danssonesprit qu’elle continua d’interpeller sachèvre.
« Djali, comment faitmaître Guichard Grand-Remy, capitainedespistoliers delaville, àla procession dela
Chandeleur ? »
Djali sedressa sursespattes dederrière etse mit àbêler, enmarchant avecunesigentille gravitéquele
cercle entier desspectateurs éclataderire àcette parodie deladévotion intéressée ducapitaine despistoliers.
« Djali, repritlajeune filleenhardie parlesuccès croissant, commentprêchemaîtreJacques Charmolue,
procureur duroi encour d’église ? »
La chèvre pritséance surson derrière, etse mit àbêler, enagitant sespattes dedevant d’unesiétrange façon
que, hormis lemauvais françaisetlemauvais latin,geste, accent, attitude, toutJacques Charmolue yétait.
Et lafoule d’applaudir deplus belle.
« Sacrilège ! profanation ! » repritlavoix del’homme chauve.
La bohémienne seretourna encoreunefois.
« Ah ! dit-elle, c’estcevilain homme ! » puis,allongeant salèvre inférieure audelà delalèvre supérieure, elle
fit une petite mouequiparaissait luiêtre familière, pirouettasurletalon, etse mit àrecueillir dansuntambour
de basque lesdons delamultitude.
Les grands-blancs, lespetits-blancs, lestarges, lesliards-à-l’aigle pleuvaient.Toutàcoup ellepassa devant
Gringoire.
Gringoiremitsiétourdiment lamain àsa poche qu’elle s’arrêta.
« Diable ! » ditlepoète entrouvant
au fond desapoche laréalité, c’est-à-dire levide.
Cependant lajolie filleétait là,leregardant avecsesgrands
yeux, luitendant sontambour, etattendant.
Gringoiresuaitàgrosses gouttes.
S’ilavait eulePérou danssa
poche, certainement ill’eût donné àla danseuse ; maisGringoire n’avaitpaslePérou, etd’ailleurs l’Amérique
n’était pasencore découverte.
Heureusement unincident inattendu vintàson secours..
»
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